Philesta qui l'avait écouté attentivement répondit :
— Et donc quel est ton plan?
Le jeune homme leva la tête et dit en regardant l'Ercona :
— Je suis bien conscient que c'est dangereux et que nous avons bien failli perdre la vie en la descendant mais il faut que nous montions en haut de l'Ercona pour convaincre les Gratsans qu'ils sont enfermés dans une illusion et qu'ils ont été manipulés depuis le début pour une « expérience », de cette façon nous aurons une petite armée de notre côté.
La jeune femme acquiesça en silence.
Elyrian qui s'attendait à plus de réaction de sa part déglutit et dit à sa famille :
— Nous pouvons y aller, Philesta adhère à notre plan.
Sa mère et ses sœurs les rejoignirent et les sœurs d'Elyrian se présentèrent. La plus âgée qui ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans s'appelait Alysa et la plus jeune qui avait sans doute dix sept ans s'appelait Dothy.
Philesta acquiesça simplement de la tête à tout ce qu'elles lui disait. Elle ne voulait pas leur parler, leur ressemblance physique avec Elyrian les rendait antipathiques à ses yeux.
Elyrian voyant qu'une gêne commençait à s'installer prit la parole :
— Bon les présentations sont faites, allons-y !
L'ascension de l'Ercona se fit péniblement sur plusieurs jours et à l'aube du troisième jour les cinq alpinistes de fortune arrivèrent enfin sur la terre ferme.
Philesta remarqua que la neige avait fondu signe que le printemps arrivait mais surtout témoin du temps qu'elle avait passé en bas.
Elle inspira l'air de la montagne à plein poumon. Elle n'aurait jamais cru revenir ici en fuyant quelque chose puisqu'elle en était partie en fuyant le peuple des Gratsans.
A cette époque elle ne savait pas quelle était la couche caché de l'iceberg. Elle ne connaissait et ne croyait que ce qu'elle voyait alors que tout était une illusion depuis le début.
Elle vit Elyrian et sa famille avancer devant elle et elle les rattrapa en trottinant.
Ils arrivèrent peu de temps après devant l'immense entrée du peuple des Gratsans. Elle n'avait pas changée. Elle était toujours aussi imposante et impressionnante que dans ses souvenirs.
Un long frisson lui parcourut l'échine tandis qu'Elyrian criait le mot de passe que les Gratsans étaient seuls à connaitre.
Aussitôt, la lourde porte s'ouvrit sur un Gratsans qui écarquilla les yeux à leur vu. Il les laissa entrer et se mit à courir pour prévenir leur chef.
Le chef Gratsans arriva quelques minutes plus tard et fit avancer devant lui la table de procès.
Des soldats les entourèrent brusquement leur armes pointés vers des endroits vitales.
Alysa se mit à rire nerveusement et dit à son frère :
— Tu n'avais pas pensé à ça hein ?
Elyrian, lui fixait le chef Gratsans sans rien dire.
Philesta regarda autour d'elle. Ils étaient piégés.
Dothy se mit à trembler et la mère d'Elyrian passa un bras sur les épaules de sa fille pour la rassurer.
Le chef Gratsans se racla la gorge et dit :
— Nous allons avoir besoin de beaucoup de temps pour discuter de votre sort vous allez donc être enfermés en attendant, il désigna Philesta et Elyrian, en revanche les trois femmes que vous avez amenés ici seront intégrées à notre peuple car une maladie a réduit de moitié le nombre de femmes ici. Fin du procès pour aujourd'hui.
Il se leva et s'en alla avec ses conseillers dans sa maison. Aussitôt qu'il eut quitté la table de procès des soldats empoignèrent Elyrian et Philesta et les jetèrent en prison.
Philesta massa son bras endolori par la poigne du soldat et soupira en se rendant compte qu'elle allait rester dans ce petit endroit pendant plusieurs jours seule avec Elyrian.
Elle se décida à se tourner vers lui pour lui demander froidement :
— Comment fait-on s'ils décident de nous tuer ? Ca aussi ça faisait partie de ton plan ?
Le jeune homme s'assit sur l'unique couchette de la petite cellule et répondit :
— Je ne pense pas que cela se produira. Ils me sont redevable de t'avoir ramené et d'avoir amené d'autres femmes à leur peuple et toi grâce à ton don tu es bien trop précieuse à leur yeux pour qu'ils pensent à te tuer.
Philesta ne répondit rien et gratta avec une craie trouvée sur le sol le mur grisâtre.
Elyrian se racla la gorge et dit soudain pour briser le silence qui s'était installé :
— Tu sais... quand nous aurons vaincus l'Illusion et qu'elle sera détruite, tu retrouvera tous tes souvenirs et tu pourras de nouveau vivre normalement comme avant.
La jeune femme laissa tomber la craie qui se brisa au contact du sol et répondit en se retournant pour planter son regard dans les yeux bleu d'Elyrian :
— A quoi bon me souvenir ? Souffrir d'avantage en ayant encore plus de raisons de pleurer tous mes proches qui sont mort ? Mes souvenirs ne changeront de toute façon pas ce que je suis devenue.
Le jeune homme sembla peiné par la dureté de ses paroles et elle remarqua qu'il n'avait plus du tout son masque de froideur et qu'il laissait transparaître toutes ses émotions sans se contenir, chose qu'il n'avait jamais faite avant.
Elle rangea ses mains dans les poches de son sweet et lui demanda finalement :
— Pourquoi tu m'as libérée ?
Elyrian lui répondit aussitôt :
— Au nom de notre amitié.
Philesta sourit amèrement et ne répondit rien.
Le jeune homme se leva et s'approcha d'elle en disant :
— Je sais que mon attitude est difficile à accepter mais je ne pouvais pas laisser mourir ma mère et mes sœurs ! Mon père est déjà mort comme ça, je suis humain, je ne peux pas laisser mourir ma famille qu'importe la condition, tu peux comprendre ce que je ressens, non ? Tu aurais fait la même chose pour ta famille.
La jeune femme serra ses lèvres pour contenir la vague d'émotion qui la submergeait mais n'y parvint pas et éclata en sanglot.
Elle rétorqua finalement en larme :
— Et pour cela tu étais prêt à me laisser mourir ! Tu sais combien j'ai souffert ? Ce n'est pas l'Illusion qui m'aurait tué mais ta trahison, oui, elle m'aurait tuée bien avant. Moi aussi je suis humaine et j'ai été trahie par la seule personne qui me restais...
Elyrian répondit gravement:
— Je suis encore là et désormais je le resterais et puis je suis revenu te chercher, je ne t'ai pas laissée mourir aux mains de l'Illusion, je ne t'aurai jamais laissé mourir.
Philesta se racla la gorge pour reprendre contenance et ne répondit rien. Le jeune homme poursuivit :
— Maintenant l'Illusion est réellement à notre recherche et elle va déployer tous les moyens qu'elle a en sa possession pour nous retrouver, alors serrons nous les coudes pour la battre et faisons en sorte que la justice triomphe enfin.