Chapitre 43 : Nina
— C'est l'avant-dernière que je te vois alors ? Aussi rapidement ?
Ryan hoche la tête. J'ai en partie déclenché son départ et je n'en reviens même pas.
— C'est mieux pour nous, c'est mieux pour moi. J'ai besoin de m'en aller, Nina.
— Je comprends.
— Je te ramène chez toi, bien sûr, me précise-t-il ensuite. Il fait nuit.
Il me ramène chez moi et ensuite, je ne le reverrai plus avant vendredi prochain et après, je ne le reverrai plus du tout, pour ne pas dire plus jamais.
Ne jamais dire jamais. Même si je doute de le revoir un jour s'il s'en va.
Je n'ai jamais vraiment connu ça. Le fait de dire au revoir à quelqu'un. Excepté ma mère. Même si elle n'était plus vivante quand je lui ai fait mes adieux. Elle était dans un cercueil. Je me souviens encore de la sensation de ma main effleurant son cercueil marron orné de roses, mes fleurs préférées.
Le trajet en bus aurait d'habitude était long avec lui mais aujourd'hui, je suis certaine qu'il va passer vite. D'ailleurs, le bus est déjà là quand nous arrivons à l'arrêt. Nous montons dedans et je suis Ryan jusqu'au fond du véhicule. Le bus ne tarde pas à décoller et mon cœur rate des battements.
— Tu es revenu à la fac même si le cours était déjà commencé depuis longtemps pour me dire ça ? Pour me voir et me parler ?
Ryan acquiesce. La tension est palpable. Nous ne sommes pas beaucoup dans le bus et je ne peux m'empêcher d'observer les gens autour de moi. Ont-ils déjà connu ce que je suis en train de vivre ? Où vont ces gens ? Que font-ils ? Que feront-ils demain ? Et les jours d'après ?
Nous arrivons devant l'arrêt près de ma résidence avant même que je ne l'ai réalisé et je me rends compte à quel point les dernières minutes se sont transformées en secondes.
Ne pas pleurer. Tout va bien se passer.
Nous descendons et nous dirigeons vers chez moi. Mes volets sont encore ouverts et le bureau de mon père est éclairé d'une faible lueur.
— Je ne comprends pas, je lâche.
— Qu'est-ce que tu ne comprends pas ? me demande Ryan.
— Pourquoi tu t'en vas si brusquement ? Je veux dire, il y a vingt minutes encore, je ne me doutais pas que j'allais devoir te dire au revoir.
— Plus vite j'en m'en vais, moins ce sera dur pour nous deux. On a encore vendredi prochain, Nina, pour se voir. Après, je m'en vais. Tu verras, dans quelques jours, je ne serai plus qu'un mauvais souvenir. Je serais juste la ligne d'un chapitre de ton histoire.
Je ne réponds pas, c'est inutile.
— Je dois y aller, je te vois vendredi prochain, Nina. Bonne nuit.
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