Noah sous les étoiles

By JoRileyBlack

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Quand son cousin a été fauché par un chauffard, Louison a tout perdu : son meilleur ami, sa passion pour la m... More

Présentation
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6 - Noah
Chapitre 7
Chapitre 8 - Noah
Chapitre 9
Chapitre 10 - Noah
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 15
Chapitre 16 - Noah
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19 - Noah
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22 - Noah
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27*
Chapitre 28 - Noah
Chapitre 29

Chapitre 14 - Noah

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By JoRileyBlack

C'est Romy qui se charge d'ouvrir la porte pendant que je fais les cent pas dans le salon. C'est horrible l'état de stress dans lequel je me trouve. Avec Romy on a décidé qu'on parlerait de notre projet ce soir. On ne peut plus repousser l'échéance. On a besoin de savoir où on en est avant d'envisager la suite. Il y a trop de choses à prendre en compte avant de finaliser la chose.

Louison a à peine le temps de mettre un pied dans le hall, que Romy l'attrape par les épaules pour lui faire la bise :

—   Ça va, t'as pas trop galéré à trouver ?

—   Non, ça va. J'ai mis le GPS.

Elle est raide comme un piquet et je la vois jeter un regard circulaire au salon. Son regard se pose enfin sur moi, je m'arrête net. À la place de faire des allers-retours à travers la pièce, je me mets à jouer avec le bracelet de ma montre et mon piercing à la lèvre. Puis je lui souris. Quand elle me le rend, mon cœur loupe un battement (juste un).

Je me rappelle quand tout était plus simple entre nous. On débarquait les uns chez les autres comme si on habitait-là, on se mettait à rigoler avant même de se dire bonjour. Il y a une simplicité dans nos gestes qui me manque. Renoncer aux choses a toujours été compliqué pour moi, plus que pour Romy. Je me suis attaché trop vite, trop fort, et maintenant, j'ai l'impression qu'on m'a à nouveau abandonné.

—   Tu veux quelque chose à boire ? je finis enfin par prononcer, histoire de ne pas rester là comme un idiot avec un sourire sur les lèvres.

Ce soir, il n'y a pas de paquet de chips éventré à même la table ni de gobelets en plastique premier prix. Non, les chips sont dans un bol. Il y a des crudités et de la sauce pour les tremper, des olives et du saucisson déjà découpé. Par contre, pour nos verres, rien à faire : ils sont dépareillés. Il faudra que Louison se contente de nos vieux pots de Nutella et de moutarde recyclés.

Je la vois hésiter. L'anniversaire de Louis me revient en mémoire : il ne lui en a pas fallu beaucoup pour être éméchée, pourtant avant, elle faisait des concours avec Romy et elles nous mettaient à terre.

—   Si t'as de la limonade, j'en veux bien un, s'il te plait.

—   Tu me prends pour qui ? Il y a toujours de la limonade chez nous.

Et il y a une raison à ça : c'était le carburant préféré de Louis et Louison. Avec Romy, on a fini par devenir accro (alors que j'étais moi-même un fervent défenseur de l'Orangina).

—   On a acheté des pizzas, enchaîne Romy. Loulou, tes préférés, c'est toujours celles au pepperoni, hein ?

—   Euh, oui.

—   Nickel. Noah, tu peux t'occuper de faire chauffer le four, s'teup ?

J'observe Louison dans le reflet du miroir qui donne dans le salon. Elle n'arrête pas de gigoter sur sa chaise. Elle a baissé légèrement la fermeture Éclair de son sweat. Autour de son cou, contre sa peau mate, je remarque la cloche porte bonheur de Louis. Je ravale la boule qui commence à se former dans ma gorge, avant de me forcer à détacher les yeux de sa peau.

Je laisse leur conversation me glisser dessus jusqu'à se transformer en un bourdonnement rythmé. Je suis présent et ailleurs à la fois – perdu entre mes pensées et mes souvenirs, jusqu'à ce que la voix alarmée de Louison me tire de mes pensées :

—   Noah ! La pizza !

—   Oh merde !

J'ouvre le four et de la fumée s'en échappe. Je tousse et tente de la chasser en agitant ma main devant mon visage.

—   Fait chier, putain. Aïe !

J'ai (encore) oublié d'utiliser la manique et je viens de me brûler les doigts sur la grille. J'ai envie de hurler. La soirée n'est pas censée se dérouler comme ça ! Quand je suis stressé, le moindre désagrément me déstabilise. Je serre les dents, je ne vais pas m'énerver, tout va bien se passer.

Je ne me suis même pas rendu compte que Louison m'avait pris la pizza des mains.

—   Hey, ça va ? Tu t'es fait mal ?

—   Je... Non, c'est bon, je grince.

—   Montre-moi.

—   C'est bon, j'ai dit.

—   Noah, laisse-là jeter un œil.

Je souffle et tends ma main à contrecœur. Comme si je ne pouvais pas me soigner tout seul... Mais je vais éviter de contredire Romy. Je sais reconnaître quand je ne suis pas en position de force.

—   C'est bon, c'est rien. Y a pas besoin d'en faire tout un flan.

Louison, c'était celle qui prenait toujours soin de nous. D'après Louis, c'est parce qu'il se cassait tellement la gueule quand ils étaient gosses, que Louison en avait marre qu'ils se fassent engueuler par leurs parents, alors elle a pris les choses en main. Je sais qu'elle a toujours des pansements avec elle, par exemple.

—   Euh, t'as déjà une cloque...

—   Hein ! Où ça ?

Louison tient ma main dans la sienne puis fait glisser ses doigts jusqu'à mon avant-bras. La fraicheur de sa peau me fait frissonner. Mon pouls s'emballe, j'ai peur qu'elle le remarque, mais si elle le sent, elle n'en dit rien. Ses doigts s'enroulent autour de mon poignet et elle soulève mon bras pour que ma paume soit au niveau de mes yeux. Puis elle l'agite sous mes yeux.

—   Là.

Effectivement, une jolie cloque s'est formée et la peau tout autour est rougie. Je grimace.

—   Viens mettre ta main sous l'eau.

Elle ne me lâche pas et me tire jusqu'à l'évier. Elle remonte ses manches puis me positionne de façon à ce que l'eau ne coule pas directement sur ma brûlure, mais légèrement en amont.

—   Romy, est-ce que vous avez de la vaseline et des compresses ?

—   On doit avoir ça.

Louison ne me lâche toujours pas, ni du regard ni du bout des doigts. Elle a l'air soucieux et une ride d'inquiétude barre son front.

Je suis si près d'elle que je sens le parfum que dégagent ses cheveux et celle, plus sucrée, de sa peau. Je ne sais plus où fixer mes yeux. Ça fait si longtemps que j'ai l'impression de devoir réapprendre les lignes de son visage.

Elle a changé en deux ans, et maintenant qu'elle est à quelques centimètres de moi, je remarque le grain de beauté sur sa pommette gauche. Je suis sûr qu'elle ne l'avait pas avant.

—   C'est bon, j'ai trouvé !

Je sursaute tellement fort que je retire brusquement ma main de dessous le robinet. J'envoie de l'eau partout et par-dessus le marché, je donne un coup à Louison... Pile sur la poitrine. Du coin de l'œil, je vois Romy se retenir de rigoler. J'ai envie de me terrer quelque part.

—   Pardon. J'ai pas fait exprès, j'te jure. C'est Romy, elle m'a fait peur et du coup...

—   Bah tiens, ça va être ma faute, maintenant.

Je jette un regard noir à Romy, ce qui n'échappe pas à Louison, qui laisse échapper un petit rire avant de plaquer une main contre sa bouche.

—   Pardon, marmonne-t-elle.

—   Ne t'excuse pas de te moquer de Noah, s'te plait. C'est trop marrant, je commençais à m'ennuyer à être la seule à me foutre de sa gueule.

C'est à partir de cet instant que l'ambiance s'est détendue. Au moins, ma pizza cramée, ma main brûlée et moi, on aura été utiles, même si ce n'est pas encore la grande marrade comme avant.

J'observe Louison et Romy discuter en sirotant ma limonade, avachi sur le canapé. Romy peut dire ce qu'elle veut, avoir une meuf avec qui discuter lui manque grave.

—   Bon, je vais fumer une clope. Loulou, tu ne fumes toujours pas ?

—   Nope.

—   J'te laisse avec notre grand blessé, alors. Ne t'inquiète pas, mon bichon, tu vas t'en remettre, rigole Romy en m'ébouriffant les cheveux.

Une fois seuls, le silence retombe – du moins dans la pièce, parce que dans ma tête, c'est un bordel sans nom. J'ai 10 débuts de phrases, 8 sujets de conversation différents, 3 monologues sur des sujets qui me passionnent et pourtant rien ne sort de ma bouche.

Tout ça pour qu'au final, ce soit Louison qui brise la glace :

—   Alors, ça fait longtemps que vous avez déménagé ici ?

—   Un an, un truc comme ça.

Elle me sourit en fronçant légèrement le nez. Il y a tellement de petits détails qui me reviennent sur sa façon d'être, de parler, de se tenir. Pourtant, il y a comme un voile qui a été jeté dessus et qui atténue qui elle a été un jour.

C'est égoïste, mais je déteste le changement. J'ai eu ma dose pendant l'enfance. J'ai enfoui l'amertume que me provoque la situation pendant deux ans, mais ça devient de plus en plus difficile de contenir ce que je ressens face à la situation. J'ai envie d'ôter cette barrière entre Louison et nous pour que tout redevienne comme avant. Je veux pouvoir déconner avec elle sans me demander si j'ai dit de la merde, si elle va me trouver bizarre. J'ai envie de la voir rire et faire la conne avec nous. Le fantôme de Louis sera toujours une ombre au-dessus de nous, mais je suis sûr qu'il pourrait faire un fantôme sympa, je ne le vois pas nous hanter sauf pour nous faire des blagues.

—   C'est cool, j'espère que t'as ta propre chambre maintenant !

—   Haha, oui. Tu veux que je te fasse visiter ? Enfin, euh, pas ma chambre, pas que ma chambre, genre toute la maison, je rectifie en me levant. Et toi, ça se passe chez tes parents ?

Elle grimace.

—   C'est pas comme si j'avais vraiment le choix...

—   Pourquoi ?

Elle me lance un regard qui signifie « t'es con ou tu le fais exprès » ? Avant de baisser les yeux sur ses mains dont seuls les doigts dépassent de l'ourlet de ses manches.

—   Quand tu fais un petit tour en HP, ils n'aiment pas trop te relâcher dans la nature...

—   Ah.

—   Ah, comme tu dis... Mais pour te répondre, ça se passe... Ni bien ni mal. Y a juste mon père qui... Bref, j'espère pouvoir reprendre un studio bientôt. Bon, tu me fais visiter ?

Je lui fais faire le tour, en commençant par la chambre de Romy et en terminant par la mienne.

—   Hmm, je vois que t'es toujours pas un adepte du minimalisme ni du rangement.

—   Ouais, bon, avec les études et tout, j'ai pas eu le temps de...

Je me recule, prêt à faire sortir Louison, parce que c'est franchement la honte qu'elle soit témoin de l'état de ma chambre. Il y a des pulls et des t-shirts empilés sur la chaise, mon casque et mon pantalon de moto balancés au milieu du lit, et mon bureau croule sous tout et n'importe quoi. Je ne sais même pas comment j'arrive à m'y retrouver pour bosser.

En revanche, malgré le bazar, elle est propre. Je déteste la saleté.

—   Voilà voilà, on peut retourner dans le salon. Désolé pour le bordel.

—   Attends !

Je suis près de la porte, dans le dos de Louison. Elle s'est arrêtée entre mon lit et le bureau. Ses doigts effleurent mes draps, pourtant, sans voir son visage, je sais que ce qui l'intéresse se trouve sur l'étagère au-dessus de mon bureau. Elle fait un pas en avant, la tête un peu penchée sur la droite. Je l'imagine plisser le front, froncer les sourcils, se mordre l'intérieur de lèvre. Je remarque sa respiration qui déraille – à peine, juste de quoi faire tressaillir son corps.

Je ne sais pas ce qu'elle a repéré. Instinctivement, je me rapproche. Si je me penche ne serait-ce qu'un tout petit peu, je la toucherai. D'où je me tiens, je sens la chaleur irradier de son corps et l'odeur de ses cheveux qui me chatouille les narines.

—   Qu'est-ce qui se passe ? je finis par demander, ce qui la fait sursauter.

Elle se déséquilibre vers l'arrière. D'un bras autour de sa taille, je la stabilise et m'attarde plus longtemps que nécessaire. Je sens son ventre se soulever le temps de deux respirations saccadées, avant qu'elle ne s'écarte.

—   Pardon, tu m'as fait peur...

—   Pas grave... Tu regardais quoi ? je redemande d'une voix plus rauque que tout à l'heure.

—   Ça !

Elle pointe du doigt la seule photo exposée. C'est une photo de nous quatre, sur nos motos ; on dirait les Power Rangers : Louison sur sa moto vert Kawasaki, moi sur ma Yamaha bleue, Romy sur sa BMW rouge et Louis sur sa KTM orange. On n'a pas encore enfilé nos casques et d'énormes sourires barrent nos visages.

J'attrape le cadre par-dessus son épaule et le lui tends.

Quand elle rouvre la bouche, sa voix est teintée d'émotion :

—   Je... Je ne me rappelais plus de cette photo.

—   C'était pas longtemps après ton permis, je crois. On s'était fait une virée jusqu'à la plage et ta tante avait tenu à nous prendre en photo avant qu'on parte.

Louison émet un petit bruit entre le rire et le couinement.

—   Ça ressemble bien à tata Émilie...

—   Si tu veux la prendre, vas-y, je la referai imprimer.

Elle jette un rapide coup d'œil par-dessus son épaule, son visage est tellement proche du mien... C'est à ce moment précis que Romy déboule dans ma chambre avec la délicatesse d'une moto sans chicane.

—   Ah vous êtes là ! Je vous cherchais.

Louison repose le cadre à la va-vite sur mon bureau puis se retourne vers Romy.

—   Je crève la dalle, et que je pense que Noah aussi, et tu sais qu'il se transforme en monstre quand il a faim...

—   Je vois que ça non plus ça n'a pas changé.

—   Je te l'ai déjà dit, presque rien n'a changé, lui répond Romy avec douceur.

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