DÉMON
La douleur, c'est la seule chose que Crowley ressent en cet instant précis. Les brûlures sur ses bras, la chaleur menaçante à travers sa chemise. Il a arrêté de perdre son temps à se débattre depuis que Muriel et Seven sont partis.
Il est enlacé fermement par une corde bénite, tenue par deux anges à chacun de ses côtés, traîné dans les couloirs du Ciel. Malgré qu'elles soient invisibles, ses ailes le démangent encore dans son dos à cause de leurs quelques plumes carbonisées. Il scrute les alentours avec ses yeux jaunâtres, non à travers ses sombres montures comme il a l'habitude de le faire et cela depuis qu'elles ont été brisées lors de la pagaille précédente. Il grimace à la lumière éclatante se reflétant de part et d'autre sur les multiples parois polies. Le Metatron se tient quelques mètres devant lui, menant fièrement le groupe.
Uriel et Michael apparaissent soudainement à l'angle d'une allée, pressant le pas vers lui. Le Metatron fait signe aux anges de se stopper. Ils attendent ainsi que les deux archanges arrivent à leur niveau.
– Alors ? demande la main de Dieu.
– Rien, c'est comme si elles s'étaient volatilisées, répond Michael haletante.
– La librairie ?
– Entièrement vide, enchaîne Uriel. Tout comme le studio du démon.
Le Metatron serre le poing, tentant en vain de contenir son irritation. Il jette un bref coup d'œil à Crowley en grinçant des dents.
– De plus, aucun usage de miracle n'a été recensé ces derniers jours, ajoute l'archange.
– Eh bien que faites vous là alors ? Continuez de chercher et ramenez-moi ce Livre !
Uriel ne peut s'empêcher de frémir à ces mots, elle échange un bref regard avec Michael avant de de nouveau partir. À peine ont-elles disparu que le Metatron fait volte face vers Crowley.
– Où sont-elles ? grogne-t-il presque.
– Je ne sais pas.
– Oh, vraiment ? Votre petite équipe n'aurait pas préparé tout ça bien minutieusement ?
– Je ne mens pas, contrairement à certain.
La main de dieu ricane malicieusement.
– Un ange ne ment pas.
– Non, un ange ne devrait pas mentir, souligne Crowley en le foudroyant du regard.
– Tu ne suggérerais pas sincèrement que moi, voix de Dieu, je mentirai.
– Simplement que vous manipulez habilement la vérité, mais vous n'êtes pas un menteur, en tout cas pas le pire menteur ça je vous l'accorde.
Le Metatron l'observe en silence avant d'éclater d'un rire sombre et froid.
– Il me suffit d'un simple miracle pour te pousser à dire la vérité.
Crowley ricane, laissant un sifflement de serpent traverser ses lèvres sèches.
– Oh je vous en prie, ne vous gênez pas. Je ne serais sûrement pas le premier sur votre liste.
Le Metatron émet un léger mouvement de recul, au plus grand bonheur du démon. Il sait. Et il sait qu'il le sait.
– Comment ?
– Vous passerez vos remerciements à Seven.
– J'aurais dû m'occuper de cette insolente il y a des siècles, marmonne-t-il irrité, ne pouvant s'empêcher de serrer les poings. Quant à toi, démon, crache-t-il. Il me tarde que je règle ton cas.
– Allez y, avec plaisir, le nargue-t-il.
– Oh toi petit-
– Hum, Bonjour ? interrompt une petite voix.
Ils font volte face et se retrouvent nez à nez avec nul autre que Aziraphale. Les deux anges s'inclinent légèrement par respect.
– Que se passe-t-il ici ?
Ses yeux gris se baladent de personnes en personnes avant d'enfin se poser sur Crowley. Son souffle semble s'arrêter un instant. Il ne le quitte plus du regard et le démon en fait de même, ses yeux de serpent plongés dans l'argenté profond de ceux de l'ange.
– Archange Suprême, souffle-t-il en claquant froidement la dernière syllabe sur le bout de sa langue.
Aziraphale pince ses lèvres. Pas un surnom, pas d'angelot, même pas de prénom. Juste un simple titre. Ces mots lui paraissent soudain beaucoup plus douloureux et lui percent violemment le cœur malgré lui. Pourquoi est-ce que ça lui faisait aussi mal ?
Il ne le reconnaît plus, pas même ses cheveux qui semblent avoir terni, tirant maintenant vers le brun. Pas même sa peau grisonnante. Pas même ses yeux sombres, sans leur éclat de doré familier. Jamais, oh jamais, en six mille ans d'existence, Crowley n'avait autant ressemblé à un démon.
– Crowley, murmure-t-il à peine.
Le démon hausse un sourcil alors que l'Archange semble figé sur place.
– Archange Suprême ! grogne le Metatron.
Ce dernier secoue vivement la tête, comme pour revenir à la réalité, et s'éclaircit la gorge.
– Pardonnez moi votre grâce, j'ai entendu du brouhaha je voulais venir voir de quoi il... s'agissait, se justifie-t-il en adressant un bref coup d'œil au démon.
– Eh bien retournez à votre poste, je vais m'occuper rapidement de ce parasite.
– Sauf votre respect votre éminence, avec le retardement du Second Avènement les journées se font plutôt longues et calmes. Mais tenant compte de ma position je pourrais peut-être tenter de soutirer quelques informations quant à la localisation actuelle du Christ. De plus, vous semblez quelque peu occupé avec des affaires plus urgentes.
Le Metatron fronce les sourcils un court instant, laissant son regard passer d'un œil à l'autre de l'Archange, peut-être pour tenter de savoir si oui ou non ce dernier est sincère. Il soupire, légèrement, avant de réaliser un rapide geste du bout des doigts.
– Bien, mais attachez le, fermement, ordonne-t-il de sa voix rauque aux deux anges qui encadrent Crowley.
Aziraphale hoche brièvement la tête en souriant, bien que pendant un instant il ne peut s'empêcher de se demander pourquoi la perspective d'être aux côtés du démon le réjouirait autant, ni pourquoi il a autant insisté pour le garder en sa compagnie.
Il bat des cils rapidement. Non, ce n'était que pour son devoir, rien de plus. C'était pour le Ciel avant tout. Il fait volte face en direction de son bureau, les anges sur ses pas. D'un claquement de doigt, il y miracule un fauteuil face aux baies vitrées. Les deux anges s'empressent d'y attacher Crowley, fermement, avant de s'éclipser ne laissant derrière eux qu'un Archange quelque peu dérouté et un démon exténué, le tout dans un silence céleste. Ce dernier se tortille dans sa place tentant en vain d'atténuer la douleur des cordes qui le retiennent. Aziraphale semble le remarquer car en à peine un mouvement elles se métamorphosent en simple cordage en chanvre.
– De simple cordes humaines ne m'empêcheront pas de réaliser quelques miracles, ricane sombrement le démon.
– Alors peut-être devrait-je leur rendre leur vraie nature, comme je pourrais le faire à n'importe quelle seconde en un battement de cil, répond simplement Aziraphale sans une once d'émotion. Dans le pire des cas, si l'esprit démoniaque qu'est le tien tentait quoi que ce soit, nous sommes au Ciel, pas en Enfers. Tu es seul face à... nous.
Étrangement ce dernier mot laisse un goût amer sur sa langue, presque comme s'il sonnait faux. Mais plus il s'y attarde, plus cet éternel mal de tête s'intensifie davantage. Il plisse les yeux avant de se retourner vers l'horizon. Le démon ne reste pas aveugle à cette réaction, il se détend contre le dossier de son assise.
– Si son altesse souhaitait savoir où se trouve le Christ, je suis bien désolé de devoir le décevoir à ce point, souligne le démon ironiquement. Malheureusement il se pourrait que je n'en ai pas la moindre idée.
A la surprise de Crowley, l'Archange Suprême ricane à ces mots.
– Inutile de mentir, tu sais pertinemment où il se trouve, sûrement mieux que quiconque.
Le démon ne peut s'empêcher de tressaillir lorsque le regard gris de l'ange rencontre ses iris.
– Votre-
– Oh je t'en supplie assez avec ce « votre altesse » Crowley, le coupe-t-il exaspéré.
– Tu sais où il est.
– Bien sûr que je le sais, je ne suis pas stupide !
Le démon lève les yeux au Ciel.
– Le pouvoir t'as vraiment rendu aveugle.
– Excuses moi ?! Si je fais tout ça c'est pour un monde meilleur, pour la Lumière, pour le-
– Er, par pitié évite de finir cette phrase, grogne Crowley.
– Pour le Ciel ! s'exclame Aziraphale en l'ignorant, définitivement à bout.
– Six milles ans à éviter leurs règles et tout d'un coup ils sont devenus ta raison de vivre ?
– Crowley je suis un ange, je suis l'Archange Suprême !
– Et tu étais mon ami !
L'emploi bien trop instinctif du passé dans sa phrase le surprend lui-même. Il détourne le regard en grinçant des dents. Qu'est ce qu'il regrettait de ne pas avoir ses lunettes en cet instant. Sans elles il avait l'impression d'être vulnérable, sincère. Il lève les doigts un instant, espérant ne pas se faire remarquer. Mais à peine a-t-il réalisé un millimètre qu'Aziraphale le stoppe.
– Pas de miracles ! rugit-il presque.
Crowley l'ignore, miraculant ses lunettes sur le bout de son nez en un claquement.
– C'est bon ?
– Tu es exaspérant.
– Venant de l'ancien toi je l'aurais sûrement pris comme un compliment, marmonne le démon.
– Le seul qui a changé ici c'est toi.
– Pardon ?
– Tu étais prêt à t'enfuir, mettre tous tes problèmes derrière toi.
– Non j'étais prêt à vivre, avec toi, juste nous.
– Crowley il n'y a jamais eu de nous ! s'époumone Aziraphale, le visage fendu par la colère.
Comme la dernière fois, pendant un bref instant ses yeux semblent reprendre leur teinte de bleu habituel.
– Il n'y a jamais... répète-t-il mais cette fois le doute semble se mêler à sa voix. Il-
Il porte une main à sa tête alors que ses pensées vrillent une à une. Le bourdonnement s'intensifie encore et encore, puis comme à chaque fois, lorsqu'il atteint son pic, tout reprend son cours en un souffle. Néanmoins cette sensation désagréable demeure, celle de l'oubli. Comme si une part de sa mémoire s'envolait à chaque fois. Il l'ignore rapidement et se redresse, plongeant de nouveau son regard glacial dans celui du démon.
– Il est temps pour toi de tourner la page, ajoute-t-il froidement.
Jamais Aziraphale ne lui avait lancé un tel regard, au point qu'il puisse ressentir une once de peur au fond de lui, son cœur esquissant un battement. L'Archange Suprême lui fait dos, sans un mot de plus, admirant le paysage qui s'offre à lui. Quelque part, tapis dans ses pensées, une partie de lui avait envie de hurler, s'enfuir, se libérer. Mais la prison qui le retenait était bien trop puissante.
Le démon était prêt à abandonner, énerver Aziraphale ne pouvait pas être la seule solution, il ne veut pas y croire. Mais par-dessus tout, ce qu'il l'effrayait le plus, c'était de le blesser.
« Soit contre le Ciel, soit contre lui, devient le démon que tu n'as jamais été »
Les mots de Seven résonnent dans son esprit, les derniers qu'elle a prononcé avant le lancement de leur stratagème. Il devait suivre le plan, coûte que coûte, Aziraphale devait tomber. Il tomberait quoi qu'il arrive, Crowley le sait. Mais il espérait qu'il y ait un autre moyen. Il le voulait plus que tout. Il ne cessait de se remémorer toutes ces années passées à ses côtés. Même si ressasser le passé ne l'aiderait pas dans sa mission, ça l'aidait en quelque sorte à tenir le coup, à s'accrocher au filet d'espoir qu'il lui restait.
« devient le démon que tu n'as jamais été »
Peut-être qu'il était enfin temps qu'il soit honnête envers lui-même. Il grimace d'avoir simplement eu cette pensée. Mais au fond de lui il le savait, Aziraphale avait toujours eu raison, il avait du bon en lui, peut-être pas totalement mais une part c'était sûr.
Il balance sa tête en arrière, scrutant le plafond à travers ses montures. Si ça permettait de sauver Aziraphale, si ça empêchait le Second Avènement, il allait devenir ce qu'il a toujours redouté malgré lui, un démon.
– Je supposes que le Metatron n'est pas au courant !
L'Archange Suprême se retourne vers lui, les sourcils froncés.
– De quoi ?
Crowley baisse la tête, laissant un ricanement obscur franchir ses lèvres alors qu'il retire ses lunettes du bout des doigts. Il lève ses yeux de serpent vers l'ange, sinistres, injectés de venins.
– Que tu as péché, sourit-il malicieusement.
Ces mots donnent la chair de poule à Aziraphale malgré lui.
– Comment ? demande-t-il comme s'il n'avait pas entendu, feignant lamentablement sa supposée « ignorance ».
– Oh je pense que tu sais très bien de quoi je parle. Après tout... tu n'es pas stupide.
L'Archange déglutit avec peine. L'attitude de Crowley avait changé du tout au tout. Il laisse ses lunettes tomber sur le sol, leur verre noir se brisant sur le coup, avant de se lever calmement de son fauteuil alors que les cordes glissent à ses pieds comme si elles n'étaient que des vulgaires fils d'araignée.
– Je me demande bien qu'elle pourrait-être les conséquences pour un ange possédant une position comme la tienne, continu le démon sans laisser son sourire flancher un instant et s'avançant calmement vers l'Archange.
– N-ne fais pas un pas de plus ou-
– Ou quoi ? Tu me brûleras ? M'extermineras ? Laisseras enfin toute la rage qui est en toi parler ?
Les traits d'Aziraphale se tordent alors qu'il s'avance dangereusement vers le démon, un doigt accusateur tendu vers son visage.
– Oh mais je ne suis pas en colère... marmonne-t-il les dents serrées.
– Je croyais que les anges ne mentaient pas. Pourtant on dirait bien que tu ne fais que de te mentir à toi-même, siffle Crowley en scrutant son visage qui n'est maintenant plus qu'à quelques millimètres du sien.
Aziraphale lève les yeux au ciel sarcastiquement.
– Je ne me mens pas, rit-il nerveusement.
– Oh vraiment mon ange ?
Aziraphale déglutit avec peine.
– Que-
Le démon s'approche un peu plus de lui, forçant l'Archange à reculer s'il ne veut pas que leur nez se rencontre.
– Q-Qu'est ce que tu fais ?! Bégaye-t-il en continuant maladroitement ses pas à reculons.
– Ça s'appelle de la tentation, angelot, sourit-il diaboliquement.
Au fond de lui, il grimaçait amèrement. Le voilà à faire ce qu'il avait toujours détesté. Mais il était trop tard pour faire marche arrière.
Aziraphale frémit lorsque son dos rencontre les vitres gelées, bien trop rapidement à son goût. Ses yeux balayent nerveusement les environs à la recherche d'une issue alors que le démon s'approche dangereusement de lui, bien trop dangereusement. Son cœur ne cesse d'accélérer dans sa poitrine. Par peur, sûrement... Ou du moins il espérait.
– Ces jeux futiles de démons ne m'auront pas si facilement, je suis l'Archange Suprême, dit-il en vain, même ses propres mots ne le convainquent pas, alors comment pourraient-ils convaincrent Crowley ?
Il ravale sa salive douloureusement lorsque le démon penche son visage vers le sien.
– Oh... Vraiment ?
Crowley fait au mieux pour tenir sa façade démoniaque. Au fond de lui, son cœur bat dangereusement, et péniblement. Le souffle rauque d'Azirapahle caresse son visage et ses yeux ne cessent de scruter les siens, tour à tour. Crowley grimace presque imperceptiblement. Ce qu'il s'apprête à faire, il en a autant envie qu'il le redoute.
Pardonne moi mais, si je suis à ce point l'origine de ta colère, laisse moi jouer avec le feu.
– Crowley...
C'est le seul mot que Aziraphale à le temps de prononcer avant que ses lèvres ne se retrouvent sur les siennes. C'est un baiser bref, doux, simple. Mais il est brûlant, paraissant comme une trahison aux premières secondes puis comme une vérité sur les dernières. Car lorsque Aziraphale ouvre de nouveau les paupières, ses iris sont aussi bleus que le ciel d'été.
– Crowley, répète-t-il.
Mais cette fois, ce nom sonne juste. Sa voix semble avoir légèrement changé, ayant repris sa douceur et son innocence habituelle. Crowley soupire de soulagement avant de s'écarter de son ami.
– Je suis désolé, s'excuses-t-il instantanément en détournant le regard.
– Je... Je ne comprends pas, qu'est ce qu'il-
Les pensées de l'ange se démêlent avant de sembler s'emmêler d'aussitôt, ne créant que de nouveaux nœuds, encore plus serrés que les précédents. Le bourdonnement qui les accompagne est insupportable. Aziraphale grimace, portant une main à son front.
– Az- Angelot ? s'inquiète Crowley, toujours incapable de se résigner à l'appeler par son nom.
Quelque chose n'allait pas, ce n'était pas fini, le démon le sentait.
– Le Metatron il m'a- s'écrie simplement Aziraphale en faisant volte face vers Crowley, la réalisation brillant dans ses yeux.
– Oui, acquiesce ce dernier.
– Je-je n'ai pas beaucoup de temps...
Il est forcé de s'arrêter un court instant sous l'effet de la douleur.
– Son miracle, il ne cesse de revenir. Je ne peux pas l'en empêcher, je... je n'y arrive pas !
– Hey, angel, tu peux le faire j'ai confiance en toi, tente de le rassurer Crowley en posant ses mains sur ses épaules.
– Crowley c'est trop puissant, ce n'est qu'une question de secondes avant que je... il hésite brièvement. Qu'il ne revienne.
– Alors enfuyons nous, maintenant !
– Pas... le... temps ! arrive à peine à articuler Aziraphale.
Il s'agrippe de toutes ses forces à la chemise de Crowley, l'effroi perlant son regard alors que ses iris deviennent de plus en plus grisonnants.
– Crowley, s-sauves moi ! le supplie-t-il.
Ses yeux scrutent une dernière fois le dorés de ceux de Crowley, comme pour en retenir les moindres détails.
– Par tous les moyens possibles, soupire-t-il avant de s'écrouler dans les bras du démon.
– Angelot !
Au même moment, le Metatron débarque en furie dans la pièce, accompagné d'une poignée d'anges. Il aperçoit instantanément Crowley au côté de l'Archange Suprême, à moitié évanoui sur le sol. Ses traits se tordent de colère.
– Ramenez moi ce démon, IMMÉDIATEMENT !
Crowley évite de justesse leur lassos de cordes bénites. Néanmoins l'une d'entre elles parvient tout de même à lui érafler la joue, brûlant sa peau au passage. De loin il aperçoit le Metatron s'agenouiller auprès d'Aziraphale.
– Que... que se passe-t-il ? demande fébrilement ce dernier à l'attention du Metatron.
– Le démon à tenté de se jouer de vous votre Altesse. Mais ne vous inquiétez pas... il jette un regard des plus noirs à Crowley. Cette fois je vais m'occuper de lui personnellement.
Le démon grince des dents, se résignant à prendre ses jambes à son cou. S'il avait vraiment écouté son cœur, il aurait emmené l'Archange Suprême avec lui. Histoire de le capturer et de donner une bonne leçon au Ciel. Mais si Aziraphale disait vrai, le miracle du Metatron était bien trop puissant pour que quiconque puisse l'en défaire, si ce n'est son créateur lui-même. Il l'avait vu de lui-même, le miracle, emplit de nœuds bien trop complexes. Au moins il avait suivi le plan presque sans accroc.
Se laisser capturer par le Ciel et tenter d'énerver sa « Majesté », pour citer Seven.
Phase cinq.
Il court le plus vite possible en direction des ascenseurs, bousculant quelques anges au passage. Malheureusement pour lui, il fait l'erreur de se retourner un bref instant. Juste assez pour apercevoir le Metatron, sourire aux lèvres, sortant furtivement une boule de sa poche, translucide, empli d'un liquide qui ne peut être qu'une chose. De l'eau bénite.
Quoi qu'il tente, il allait l'avoir, Crowley le savait pertinemment.
– Je supposes que c'est maintenant ou jamais, soupire le démon, haletant.
Il fait volte face et dégaine un petit objet métallique de sa poche. Au même instant, le Metatron lance sa sphère. Crowley n'a pas le droit à l'erreur. Il frotte son pouce sur la roulette de son briquet et de l'autre main balaye l'air en ligne droite devant lui. Une barrière de feu se dresse entre lui et la main de Dieu alors que son allumoir tombe au sol en un bruit sourd. L'eau s'évapore instantanément au contact des flammes de l'Enfer. Crowley s'arrête quelques instants le souffle rauque et les yeux plongés dans la rage du regard de son némésis. Il laisse un bref sourire s'étendre sur ses lèvres en levant les yeux au Ciel, conscient qu'il venait de sauver sa vie au dernier instant. Il se redresse et étire son cou en un craquement glaçant. Face aux flammes éblouissantes il grimace un instant, miraculant une énième paire de lunettes sur son nez.
– Ramène ce livre Crowley ! ordonne le Metatron à bout à travers la barrière brûlante qui les sépare.
Le démon se contente simplement de le foudroyer du regard avant de continuer son chemin. Mais les mots qui suivent le forcent malgré lui à se stopper quelques secondes.
– Si tu me l'amène, si tu acceptes d'enfin de te rendre, je libérerais Aziraphale, c'est une promesse.
Il grince des dents, non pas parce que c'est des paroles en l'air mais bien au contraire, parce qu'un ange ne ment pas. En principe. Sans un mot de plus, il presse de nouveau le pas. Sa tête tournait, suivant milles directions à la fois, et aucune ne semblait être la bonne. Aucune fin ne semblait heureuse. Ni pour lui, ni pour Aziraphale.
Pourtant on lui offrait enfin une manière de sauver tout son monde, de le sauver. Mais était-il prêt à prendre ce risque ?
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✨ Tin... tin... tiiiiiinnnn ✨
Publication quoi que tardive, je l'admets, mais je tenais vraiment à faire cette update avant d'amorcer une troisième semaine sans nouveau chapitre.
Alors le voilà, mon petit chapitre IX, et l'un de mes préférés à écrire jusqu'à maintenant (aussi l'un des plus longs 😅) !
De quoi finir la semaine en beauté (ou la commencer pour ceux qui lisent ça un lundi).
Bye bye !!!