N O R U L E S

By OfMyra

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Irina ne sait plus où se placer dans ce chaos qu'est sa vie. Elle tente tant bien que mal de se défaire de se... More

Prologue
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10

Chapitre 1

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By OfMyra

Je ne m'étais que rarement pliée aux règles ; cela ne faisait plus partie de mes habitudes. Madame Wintler me le reprochait souvent, mais je n'y prêtai aucune attention. Pourquoi suivre des directives qui ne faisaient que m'étouffer et ne me convenaient pas ? J'avais été conditionnée, tout au long de mon enfance, à obéir à des ordres de plus en plus absurdes.

- C'est la dernière fois que je te vois ici.

Je lève les yeux sur son regard empli de reproches, les doigts crispés autour de son stylo doré qu'elle a reçu avec un prix d'honneur de la meilleure université de l'état du New Jersey. Mon regard s'emplit de malice et je m'approche d'elle en me penchant sur son large bureau.

- À bientôt, Sarah.
- Madame Wintler, reprit-elle le visage déformé par l'énervement que je devais lui causer. Ça me satisfaisait, elle savait que de par ma réponse nos chemins allaient se recroiser. Et pas qu'aux repas de famille.

Je me lève et laisse mes doigts glisser sur son bureau en bois massif. Je me retire et claque la porte, je l'entends jurer ce qui me fait rire, j'ai réussit !

La brise de septembre me caresse le visage. J'aime ce temps, ni trop chaud ni trop froid. C'est le moment idéal pour se lancer dans de nouvelles aventures, que ce soit des études ou un nouveau travail. On croirait que l'année commence en septembre au lieu de janvier.

- Irina ! Hurla mon amie qui se trouvait à l'autre bout de la pelouse de l'université.

Mes sourcils se froncèrent, je n'aime pas être mise en pâture.

- Quoi ?
- T'as toujours le dont pour tirer la gueule, toi, c'est pas possible. Me blâma Abby. Tu t'es décidé à rejoindre quel club ? Tu sais qu'on est obligés d'en choisir un pour valider le premier semestre, reprit-elle sans me laisser le temps de lui répondre à sa première attaque.

Abby est mon amie, ma seule amie en réalité. Je la connais depuis maintenant 4 ans, depuis nos années de lycée en 1ère. Je suis du genre à ne pas sympathiser, et comme elle l'a dit je tire la gueule, ce qui contraste parfaitement avec la gaieté d'Abby. Elle est douce, agréable, joviale et un temp soit peu simplette. Son visage semble angélique, tout droit sortie d'un rêve, comparé au mien qui avait tout d'une gueule démoniaque, tout droit sorti d'un cauchemar. Des cheveux d'un carré blond tirant vers l'or avec de magnifiques yeux ronds et bleus, une petite taille et des taches de rousseurs, elle paraît presque enfantine. En tout point, nous étions différentes. De longs cheveux noirs avec une épaisseur à en faire pâlir les chauves, une peau blanche contrastant l'encre noire à certains endroits de ma peau, une bouche pulpeuse et une mâchoire dessinée, un corps élancé et surtout des yeux noirs et tirés comme ceux d'un chat. Leur profondeur et noirceur sont comparables à celles des abysses me disait-elle.

On nous comparait au manga Nana, j'étais Nana Osaki et elle Nana Komatsu. Je m'amusais en l'appelant Hachi, ce qui lui arrachait une mine boudeuse. J'aimais bien qu'on nous compare à elles, car finalement, elle me complète.

On se décide d'avancer vers l'amphithéâtre pour le dernier cours de la journée qui commence à 18 heures et termine à 20 heures. Quel bordel de faire des cours aussi tard. Encore un coup de Madame Wintler.

- Tu t'es inscrite à quel club, toi ?
- Et bien j'hésite entre le club de dessin, Shayn y sera peut-être. Je l'ai déjà vu dessiner et puis bordel qu'il est beau ! Et le club photo, j'ai toujours eu l'œil pour prendre en cliché les belles gueules. Dit-elle en sortant son téléphone pour me montrer une photo de Shayn.
- T'es pas sérieuse, Abby ? Lui dis-je l'air exaspéré par son fanatisme pour ce mec si banale.
- Écoute, je veux l'approcher et tenter un truc, c'est tout ! Tant pis si il n'y a pas de lendemain. Je veux juste l'ajouter à ma liste.

Angélique, angélique ... pas tant que ça finalement.

Je la toise du regard et la laisse continuer son récit où elle m'expose en long, en large et en travers ses rêves avec Shayn. Il est le quaterback de l'équipe de foot de l'université, il n'est franchement pas à mon goût. Blond avec des yeux châtains je le trouve boring as fuck. Se prenant pour le roi, ayant toutes les filles à ses pieds. C'est un troisième année et nous sommes en seconde année de Psychologie. Ce qui me rassure c'est qu'Abby change de mec comme de culotte, un autre point commun avec Hachi.

Arrivées devant notre amphithéâtre, nous descendions les marches et nous nous mettions dans un coins pour nous asseoir. Le professeur de psychologie se place sur son podium, posant avec minutie ses documents et son ordinateur portable. Je détourne le regard et remarque qu'il y a à peine 20 étudiants présents.

Pauvre monsieur qui a préparé son cours pour 400 personnes se retrouvant face à une poignée d'entre eux...

Un léger rire triste secoua mes épaules, et la tristesse de cette imagine me serre le cœur.

- Pourquoi tu ris ?
- Non, pour rien, tais-toi ça va co-
- Abby ! Hurla Joshua en me coupant.

Je soupire d'exaspération.

- Salut Joshua, viens t'asseoir. Lui dit Abby accompagnée d'un sourire éclatant.

Elle devrait faire des pub pour les dentifrices, elle adore montrer sa zone buccale au monde.

- Oh, salut Irina, dit-il le sourire pendue aux lèvres.
- Salut, Joshua.

Je daigne le regarder et il se place à côté d'Abby. C'est un mec gentil mais il peut être relou et collant. Je n'aime pas les gens collants, ceux qui te pompent l'air en étant toujours derrière toi. J'ai beau être froide et parfois même odieuse avec lui, mais il continue d'être gentil et serviable à mon égard.

- Vous venez ce soir ? Propose Joshua.
- Où ça ? Se tourne Abby vers lui en chuchotant.
- Il y a une soirée spéciale étudiants au Collins.

Le Collins était l'endroit où tous les étudiants de l'université se rassemblaient. Tout le monde s'y rendait pour fêter les examens et se détendre. La plus part se noyaient dans l'alcool, la drogue et le sexe pour décompresser du stress des cours et des pressions familles.

Mon téléphone vibra et je peste à l'idée de devoir encore répondre  à l'un des nombreux messages de ma mère qui veut tout contrôler dans ma vie.

Message: Maman

- Ce week-end, tu viens au manoir.

- Et que me vaut cette invitation de ta part ?

- Tu viens, nous avons une réception, et il est hors de question que tu la rate encore une fois.

Je verrouille le téléphone en insultant tout mon arbre généalogique.

- On viendra. Répondis-je en remontant le regard et posant mon téléphone sur le banc.

Les regards surpris des deux sur moi me firent pousser un léger rire. Je n'ai pas l'habitude des soirées, je n'aime pas ça, mais ce soir je veux profiter et surtout me défoncer.

- Ok, bordel de putain, dit Joshua en me regardant hébété.
- T'es sûr que ça va Irina ? Me questionna Abby feignant de mettre sa main sur mon front pour prendre ma température.
- C'est bon, j'ai déjà été en soirée, c'est juste que j'ai envie de boire et de fumer, dis-je en retirant sa petite main de mon front.

Elle sourit et me prend dans ses bras.

- Argh, grognais-je, lâche moi. Tu vas froisser ma robe.
- Excuse-moi, le mannequin, dit elle en passant sa main mine de défroisser ma robe.

Le cours commence et le silence regagne l'amphithéâtre.

Je suis très coquette, je me maquille et m'apprête. C'est important pour moi, je n'en avais pas eu l'occasion avant mon arrivé en université. Ma mère me disait que c'était un truc de bimbo de s'apprêter, qu'on n'avait pas besoins de ça pour plaire aux hommes, mais je trouvais ça ridicule car si je voulais le faire, c'était pour moi. Elle était mal placée pour en parler, toujours vêtue d'un tailleur, de talons qui faisaient la taille du manoir et une bouche d'un rouge sang. On aurait dit qu'elle venait de boire le sang de son énième mari et que son héritage la rajeunissait. Je veux me défoncer pour éviter d'y aller et de foutre un bordel sans nom.

Un week-end, un seul, et tu reviendras à ta vie.

Je détestais me rendre au manoir, ma mère et sa « famille » organisaient des réceptions et je les fuyais, je ne voulais pas le revoir, il m'avait brisé. J'aurais préféré vivre avec le cadavre de mon père qu'être en leur présence. Argh je les hais.

Sentant la crise de nerfs me prendre en plein milieu du cours du vieux monsieur,  je décide de passer par dessus la table derrière moi, évitant ainsi  à Joshua et Abby de se lever, et je quitte l'énorme pièce en trombe.

- Putain.

19 heures à ma montre, je décide de regagner notre appartement, je vivais avec Abby, les charges étaient moins lourdes à deux. En regagnant le parking un rictus prend place sur mon visage, j'allais enfin me détendre.

- Oh que oui ...

Ma R1 m'attendait bien sagement. Je récupère mon casque, l'enfile et enjambe la bête, je fais gronder le monteur, ce qui a un effet libérateur immédiat sur moi. Je sens peu à peu mon stress quitter mon corps.

Le pigeon de ma mère m'a offert ma moto, je n'aurais jamais eu les moyens de me l'offrir seule sinon. C'était un cadeau de bienvenue dans la famille selon lui. Un cadeau qui m'éloignait plus d'eux qu'autre chose, mais ça m'allait, ça m'aillait parfaitement.

Slow down sort de mon casque et je retire le cal pieds. De ma main j'accélère et quitte l'université, vadrouillant dans la ville et ses rues qui étaient pour moi un terrain de jeu. Je flirtais avec la mort sur ce puissant moteur, j'esquive les voitures tout en me faisant insulter de tous les noms, mais bordel, que c'est libérateur. Les frissons que me procurent l'adrénaline sont mes meilleurs amis. C'est quand je sais que je peux me foutre en l'air que j'ai finalement conscience d'être en vie. J'ai l'air d'une ombre en plein couché de soleil, vêtue de mon trench en cuire et de mes dock Martins, mes longs cheveux noire et positionnée sur ma moto noire elle aussi me donnent cet aspect obscur. J'aime cette « couleur ». Arrivée au feu rouge je m'arrête en pestant.

- Tsss...

Des moteurs grondent et attirent mon attention. Deux motos m'entourent. Je scrute les modèles : une R7 et une Harley Davidson. Je remarque que finalement il s'agissait d'un convoi, ils étaient une bonne dizaine. Le détenteur de l'R7 me mime de relever la visière de mon casque. Je penche la tête tout en la déposant sur mon point comme appuie. Je toise cet homme pour le moins imposant dont le visage m'est invisible. Les moteurs grondent les uns après les autres. Je décide de la relever, ne révélant uniquement mes yeux maquillés d'un liner approfondissant la noirceur de mon regard. Le motard, l'air arrogant, croise les bras tout en agitant la tête. Le feu passe au vert, je redescends ma visière et fais gronder le monteur, je m'éloigne du convoi sans grande conviction de les semer. Je vois dans mon rétroviseur le détenteur de l'R7 qui fait signe de continuer tout droit. L'impression d'être suivie me rattrape et l'angoisse pulse dans mes veines. Déjà à une vitesse à la limite du raisonnable je redouble de vitesse afin de les semer, finalement j'en ai la conviction. J'entends l'Harley se rapprocher dangereusement. Je connais cette ville comme ma poche à force de traîner sur ma moto. J'accélère une dernière fois pour freiner et tourner dans une ruelle non loin de mon appartement. Je m'engouffre dans la pénombre ne faisant plus qu'un avec elle, je suis désormais introuvable, une simple ombre. Je fais taire le moteur, le silence prend place alors que les bruits de leur moto s'éloignent petit à petit. Ils ont dû continuer leur route.

- Petits joueurs.

Je redémarre une fois que les grondements des moteurs deviennent imperceptibles, me confirmant qu'ils n'étaient plus dans les parages. Je regagne le garage sous terrain de mon immeuble. J'aime les bâtiments du New-Jersey. Leur grandeur me rassure sur le fait que je n'étais rien, ils amoindrissaient mes problèmes et les rendaient insignifiants.

Je jette un coup d'œil à mon téléphone qui n'a pas cessé de sonner depuis mon départ précipité. J'atteins le 10 ème étage et la porte 101. Abby m'a harcelée, elle connaissait mes faiblesses et elle avait peur pour moi. Je décide de l'appeler tout en pénétrant dans mon appartement.

- All-
- Mais t'es où, bordel ? hurle-t-elle à l'autre bout du fil. Ça fait une heure que j'essaye de te joindre, tu n'as pas fa-
- Calme toi, tu vas développer un ulcère à force de stresser. Dis-je en retirant mes bottes et ma veste. J'ai juste fait un tour en moto, je suis à l'appartement.
- J'arrive, ne me refais plus cette peur.

Je souris et raccroche tout en avançant vers la baie vitrée. La nuit commence à se propager sur la ville, comme une tache de sang qui prend place sur un tissu blanc. La profondeur de la nuit, j'aime ça, je la préfère à la journée, les masques et faux semblants tombent avec elle. Je m'étire avant de m'affaler sur le canapé en cuire en attendant Aby.

J'entends le moteur de sa voiture entrer dans le parking, j'attends un peu et ...

- 3... 2... 1 ...
- Irina ! Petite emmerdeuse qui veut crever avant l'heure ! Cria-t-elle avec un doigt accusateur tout en s'approchant de moi.
- Irina ... Petite emmerdeuse qui veut crever avant l'heure ... dis-je en chuchotant en cœur avec elle.

Elle avait l'habitude de me gronder, toujours avec la même phrase.

- Ferme la porte, je ne veux pas qu'on s'infiltre chez nous. Dis-je en la contournant.
- Ne change pas de sujet, gronda-t-elle, pourquoi t'as quitté le cours en plein milieu ? Et tu ne répondais pas ? Je me suis inquiétée !

Je m'arrête et me retourne face à elle, je finis par l'enlacer, tant pis pour ma robe. Elle tremblait de peur, c'est vrai que j'avais des tendances suicidaires, elle est déjà montée avec moi en moto et ... elle n'en garde pas un très bon souvenir.

- Calme toi, j'ai juste eu une montée d'émotions que j'ai évacuée à ma manière Hachi. Rigolais-je.
- M'appelle pas comme ça ! Dit-elle, le regard me fusillant. Qu'est-ce qui t'a stressé ?

Je m'éloigne d'elle et nous nous installons sur notre grand canapé. Je pose mes jambes sur la table basse tout en les croisant, le regard vide je reprends :

- Ce week-end, je dois retourner au manoir à Cold Spring.
- Enw ! Tu vas à New-York sans moi ! Dit-elle les bras croisés de mécontentement.
- Je t'aurais bien laissé y aller à ma place, mais tu es trop petite et angélique, on remarquera que tu n'es pas moi.
- Tu vas affronter madame Wintler deuxième du nom ?
- Et oui... un soupir s'échappe de ma bouche. Pour une réception de je ne sais quoi...
- Sarah sera là ? Me demanda-t-elle l'air dubitatif.
- Certainement, elle ne louperait pour rien au monde mes retrouvailles avec ma « famille ». Je mimais des guillemets au mot famille.
- Ta tante est diabolique, comment s'appelle ta mère déjà ? Cruella d'enfer ? Ria-t-elle.
- C'est presque ça, repris-je. Elle s'appelle Cristina Wintler, l'épouse de monsieur Jackson Davis.
- Au moins elle a gardé son nom de jeune fille.
- Au moins j'ai pris le nom de famille de mon père. Un sourire triste étire mes lèvres. Irina Kavazis.

Un silence s'installe quand Hachi décide de se lever.

- Aller ! On se prépare ! Elle récupère ma main et me tire, il était déjà 20 heures passé.

Je commence par me démaquiller pour aller me doucher rapidement, le rendez-vous étant pour bientôt. Une fois que j'ai terminé, c'est au tour d'Abby de se doucher. Je reste en serviette et me dirige vers ma coiffeuse pour me maquiller. J'opte pour un liner fumé et des faux cils, avec des lèvres mates. Mon regard est toujours aussi profond et mes yeux tirés de base le sont encore plus avec ce liner. Abby passe une main sur mon dos et je lui cède la place. Je retrouve la salle de bain et me lisse mes cheveux déjà bien raides à la base. Je bombe ma frange rideau qui encadre mon visage. Une fois ma mise en beauté terminée je me brumise le corps et crème mes jambes. Je regagne ma chambre qu'Abby a déserté pour la sienne, elle devait s'habiller. Je retire ma serviette et mets mes sous-vêtements. Malgré les baies vitrés prédominantes de l'appartement, Abby a eu l'ingénieuse idée de mettre des rideaux dans nos chambres, uniquement. À l'abris des regards curieux, je me retourne sur le miroir et prend un temps pour regarder mon tatouage qui traverse ma colonne vertébrale. C'est une phrase lourde de sens pour moi, me rappelant mes tourments. Malgré tout, je l'aime. Je replace mes cheveux et balaie de la main mes idées négatives, laissons cela de côté pour ce week-end.

Je m'habille d'une combinaison noire dont le dos est nu, je retire alors mon soutien-gorge. Elle embrassait mes courbes parfaitement, le tissu des jambes est évasé. Je prends des talons hauts carrés d'une marque hors de prix. J'ai dépensé un fortune dans ces talons, ma mère m'arracherait la tête si elle l'apprenait. Je me dirige vers le sofa et je mets mes talons. En fermant la lanière de ma cheville gauche je m'arrête un instant et frôle du bout des doigts mon tatouage, une plante sous forme d'une liane l'entourant. Il les adorait.

- Irina ! On y va.

Elle me fit sursauté et je quitte mes pensées. Je me lève et la rejoins au salon en prenant soin d'éteindre les lumières. Elle oublie tout le temps de les éteindre. Elle était au pied de la porte dans sa petite robe blanche, perchée sur ses hauts talons.

- Un ange et un démon, lui dis-je en la scrutant.
- Un démon diablement irrésistible ! T'es canon, tu vas me faire changer de bord toi, dit-elle me scrutant sans gêne.
- Shayn passe au second plan ? Dis-je en m'avançant pour la suivre à l'ascenseur.
- Ne demande pas la lune non plus chérie.

Nous rions à l'idée absurde qu'elle puisse abandonner son projet flirt avec lui. Nous pénétrons dans le parking.

- J'y vais en moto.
- Non, tu monte avec moi ! Me stoppa Abby.
- Je veux y aller en moto ! Repris-je contrarié.

Elle me regarde avec un air malicieux.

- D'accord, sors les clés alors !

Je cherche les clés en activant mes mains dans ma veste en cuire.

- Quelle conne ! Rends moi mes clés, grondais-je.
- Non, non, chérie. Elles sont dans ma chambre enfermées à double tour. Allez grimpe !
- Tsss... Je conduis alors.

Elle sourit et me jette les clés de son Audi. Je grimpe derrière le volant et ajuste le siège à ma taille, d'autant plus que je suis en talons. Elle connecte son téléphone et Ariana Grande pulse dans les baffles.

Je démarre en trombe et j'accélère, la voiture ne me procure pas autant de sensations que la moto, mais je compte bien y remédier.

- SO, BABY, COME LIGHT ME UP AND MAYBE I'LL LET YOU ON IT ! Elle hurlait et nos regards se croisèrent, un sourire traversa mon visage et la rejoignit.
- A LITTLE BIT DANGEROUS BUT, BAYBY THAT'S HOW I WANT IT !

Nous chantons à tue-tête alors que je m'amuse à faire la course avec d'autres voitures.

- Moins vite ! Hurla-t-elle, sûrement affolée à l'idée que je détruise la voiture que sa mère lui avait offerte pour l'obtention de son bac.

Je ris et accélère, la pression monte à n'en plus finir.

- Je vie ! Hurlais-je.

Mon amie me regarde et éprouve de la joie me voyant ainsi. C'est tellement rare, qu'elle met ses craintes de côtés et me laisse passer la 6 ème vitesse. L'adrénaline monte lorsque je vois une moto dans le rétroviseur. Je l'envie. Elle se rapproche dangereusement et se met à même vitesse pour être à notre niveau.

- Je peux crever, c'est trop sexy un motard. Se pencha Abby pour regarder la bête.
- Si tu veux, je te dépose et tu montes derrière lui. Je lui proposai en la regardant.
- Arrête, je suis à deux doigts d'accepter.

Je vois à travers son casque qu'il me défit. J'hoche doucement la tête et regarde devant moi.

- Accroche toi, il me défie.
- Quoi ? Son corps s'enfonce dans son siège par la vitesse que je viens de mettre.

Elle s'accroche à l'accoudoir et met un bras devant elle sur le tableau de bord. J'accélère encore, on a faillit se faire faucher de peu, mais mes réflexes sont trop vifs. L'adrénaline pulse en moi, j'adore ça. Le motard est légèrement devant moi, se faufilant entre les voitures plus librement que moi grâce à la taille de son véhicule. J'arrive à le rattraper, je baisse ma vitre et il est à ma hauteur. Je dépose ma main sur ma bouche et laisse s'envoler un baiser suivie de mes doigts s'agitant comme pour dire « au revoir », puis je le dépasse.

Je le vois dans mon rétroviseur et il fait signe de baisser ma visière. Mon cœur rate un battement quand je réalise qu'il s'agit du même homme sur sa R7. Je freine progressivement et l'homme disparaît de mon champ de vision. Bordel.

- Quoi ? On dirait que t'as vu un monstre ? Dit-elle en agitant sa main devant mes yeux fixés sur le rétroviseur.
- Ah, euh... Non, tout va bien.

Je me concentre sur la route, beaucoup moins enthousiaste à l'idée d'avoir été encore suivie. Une fois arrivées nous sortons de la voiture. Je laisse ma veste à l'intérieur de peur de la perdre à l'intérieur de la boîte.

- Il y a un monde fou, grimaçais-je. En plus il y a une queue monstrueuse.
- Mais non, Joshua nous attend à l'intérieur, il va nous faire entrer.
- J'espère bien, car je n'allais pas faire la queue, quelle connerie.

Elle rit et me tire vers l'entrée, dépassant tout le monde.

- La queue, c'est par là-bas, indique le videur en pointant du doigt la file d'attente interminable.
- Notre ami nous attend à l'int-
- Dégagez dans la queue comme tout le monde. La coupa-t-il.

Mon regard est vissé sur ce bonhomme qui pèse le triple de mon poids et quatre têtes plus grand que moi.

Il manque de respect à mon amie ?

- Répète ce que tu viens dire ? Lui dis-je tout en me rapprochant de lui.
- Désolé beauté, t'es pas mon style, je préfère les petites blondes, dit-il en penchant la tête.

Un rire m'échappe et mon regard, empli de colère face à son insolence, est prêt à le brûler sur place.

Des bruits de moteurs en fanfares se font entendre.

- Tes règles à la con, tu peux te les mettre profond là où je pense. t'as l'air d'avoir l'habitude d'y recevoir des choses dedans, non ? Lui crachais-je aussi simplement qu'un bonjour.

Son sourire se transforma immédiatement en grimace et ses sourcils se froncèrent.

- Oh, et arrête de déformer ton visage. Déjà que tu n'as pas grand-chose pour ta sale gueule, tu oses mal t'adresser à des clients et en plus tu tords ton visage de colère. Regarde, chéri, tes sourcils se collent presque. Détends moi tout ça. La foule se mit à rire. Tu y réfléchiras à deux fois avant d'essayer d'humilier des gens. Fais ton taffe et ne t'essaie pas dans quelque chose qui te dépasse.
- Tu dégages. Grogne-t-il.
- N-non, attendez, je vais appeler mon ami. Il pourra venir nous chercher ! Essaya Abby d'arranger la situation.
- On ne va rien arranger du tout, on va rentrer et il va fermer sa gueule. Dis-je en croisant les bras.

Le videur m'attrape douloureusement le bras pendant qu'Abby appelle Joshua. Il lève son poing et je ferme les yeux, prête à recevoir un coup pour mon insolence. Mais il lâche prise sur mon bras. J'ouvre un œil, puis l'autre, et remarque qu'il est à terre, se tenant le nez qui saignait.

- Alors là, tu ne l'a pas raté, dit une voix derrière moi.

En me retournant je découvre un groupe d'hommes, tous aussi imposants les uns que les autres. Ils auraient pu être les titans cachés dans les murs de Snk, je n'aurais pas vu la différence. Abby me sort de mes pensées.

- Il arrive, c'est bo- elle s'arrête de parler en regardant le nombre impressionnant d'hommes en face de moi. Qu'est-ce qu'il se passe ? Me demande-t-elle, agitée.
- Je déteste la violence envers les femmes, cracha l'homme qui était le plus en avant au videur. Tu dégages, lui dit-il.

Quelle ironie, c'est lui qui me disait de dégager il y a à peine trois minutes.

- Aaron, appelle un autre videur, dit l'homme tout en s'avançant vers la porte et s'engouffrant dans la boîte suivi de tous les autres.

Aucun d'entre eux ne nous prêtait attention,  ils m'ont fait douté de mon existence et pourtant c'est à moi qu'ils ont évité une rhinoplastie. Ils avaient tous l'air d'être fiers, la tête haute et le dos droit. Ils semblaient être maîtres de ces lieux.

- Vous êtes là ! La voix de Joshua tonna dans nos oreilles, ce qui nous fit nous retourner vers l'entrée. Venez !

Nous décidons de rentrer, le deuxième videur nous sourit et nous pénétrons dans le club. Une forte chaleur m'enveloppe. Le monde à l'intérieur est horrible, je vais devoir me défoncer pour être à l'aise. Les jeux de lumières sur cette atmosphère sombre rendent les visages à peine perceptibles. Des danseuses se trouvent sur des podiums, moi qui pensais être la plus grande je me suis trompée, avec leurs hauts talons elles atteignent le mètre 90. Il y a trois bars, dont un centrale où les gens se draguent et s'offrent des verres. Il y a également un étage, sûrement un endroit dédié aux VIP. Il y a des coins fauteuils avec de grandes tables, ainsi que des endroits plus intimes. La piste de danse est énorme et presque bondée. Le DJ se trouve de l'autre côté des fauteuils juste en face de la piste de danse. Le plafond ne s'arrête pas, et donne une profondeur digne d'un château à la boite.

- Notre table est là bas. Désigna Joshua de son bras une table avec des femmes et des hommes, certainement des étudiants de l'université. Ils étaient peut-être une quinzaine.

- Il y a Shayn ! S'extasia Hachi.

Je regarde en l'air, lasse de la voire s'agiter comme une enfant à la vue de cet homme.

- Qui reste sobre ? Demanda Abby.
- Certainement pas moi, sinon je me casse.
- Buvez toutes les deux, un groupe de 5 gars  et une fille restent sobres pour les autres, profitez pour vous défoncer.

Nous acquiesçons puis nous nous dirigeâmes vers la table où tous les regards étaient braqués sur nous, l'air choqué de nous voir, ou de me voir je penses...

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