Là où le coeur ne parle pas

By CassandrAhaha11

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Madison à l'air d'une fille comme les autres mais elle porte sur les épaules, le poids d'un lourd passé qui s... More

Avant-propos
Prologue
NDA
Chapitre 2
NDA
Chapitre 3
NDA
Chapitre 4
NDA
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9

Chapitre 1

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By CassandrAhaha11

L'assistante sociale me fixe comme si j'étais un animal prêt à m'enfuir. J'ai 16 ans merde.

-Donc ta rue c'est bien ''rue des Champs Elysés'' ?

-Oui.

J'observe la femme de haut en bas. Une femme blonde en tailleur et talons hauts. Elle juge beaucoup du regard. Je ne l'aime pas. Depuis tout à l'heure elle entortille ses cheveux en mâchouillant trop fort son chewing-gum.

Si j'ai l'air dure c'est parce que j'ai déjà suffisamment pleuré. Des heures entières cloîtrée dans ma chambre pendant que des gens tapaient à tour de rôle à la porte de ma chambre pour essayer de m'en faire sortir. Évidemment, c'était peine perdue. Apparemment, la colère est une étape du deuil après la perte de quelqu'un. On m'a même offert un livre pour surmonter le deuil. Quelques jours après on m'avait demandé si ça m'avait aidé car il était grandement conseillé par les psychologues. Dommage qu'il aie fini dans la cheminée.

***

Ça fait maintenant deux mois que je vis sous la responsabilité de l'Etat en attendant que quelqu'un m'adopte.

Adopter.

C'est un mot que je n'aurai jamais pensé utiliser dans ma vie. En tout cas pas pour moi. Je me promène en ville, je regarde les vitrines, je m'occupe comme je peux. La famille qui m'héberge le temps que je me fasse adopter m'appelle:

-Allô?

-Viens.

C'était leur grande fille qui m'avait appelé.

-Euh ouais. Pourquoi ?

-Lol. Viens et tu verras.

J'ai aucun mot pour la décrire. À part garce. Mais après mon enquête, j'ai remarqué qu'il n'y a qu'à moi qu'elle parle comme ça. Elle se trouve drôle et supérieure. Chacun son délire.

J'arrive devant leur maison en taxi et j'entre sans frapper, ce qui exaspère Maria, la mère.

-Je t'ai déjà demandé de changer cette mauvaise habitude. De toute façon, ça s'arrêtera rapidement.

-Qu'est ce que tu veux dire ?

-Je veux dire que tu as été adoptée.

Comme ça. De but en blanc. J'ai été adoptée.

-Ok. Ok. J'imagine que je suis censée bien le prendre.

-En tout cas nous oui.

-Ça veut dire quoi ?

-Tu sais très bien ce que ça veut dire, ne te fiche pas de moi. Dis toi qu'au moins il y a une famille qui a voulu de toi rien qu'en voyant ta gueule, se moque-t-elle.

-T'es sérieuse ? T'es vraiment qu'une salope.

-OOH! Tu baisses d'un ton immédiatement, intervient cette fois le père.

-T'as aucun pouvoir sur moi.

-Tant que tu vis sous mon toit j'ai tous les droits du monde. Alors tu te la fermes et tu vas faire ta valise.

Je passe devant eux sans m'empêcher de lever mon majeur. Il n'est jamais trop tard pour montrer des signes d'affection !

***

Je sors de ma chambre, il est 5 heures du mat'. On est une semaine plus tard et c'est Amaro, le père qui m'emmène. Histoire de l'entendre râler tout le trajet. Je sais, c'est le nom d'un filtre Instagram. Cherchez pas à comprendre.

-Bon tu te bouges ? crie-t-il depuis la voiture.

-Eh relax, deux secondes ! je hurle à mon tour.

-Oh ça se la ferme la ? Il est 5 heures du matin. Juste, petit rappel.

Maintenant c'est le voisin qui crie. Son fils, a déjà essayer de faire ami-ami avec moi mais
je lui ai fait comprendre qu'il allait devoir trouver quelqu'un d'autre pour passer son été. En regardant par la fenêtre, je le vois qui me dit au revoir de la main. J'en aurai presque pitié. Je monte dans la voiture, enfonce mes air pod dans les oreilles et je me promets de ne pas les enlever jusqu'à l'arrivée, aéroport Charles de Gaulle. J'écoute du Rock'n'roll tellement fort que j'imagine qu'Amaro entend. Mais il ne dit rien. Il a l'air au bout de sa vie.

Je descend de la voiture devant l'aéroport. Je sors ma valise du coffre. C'est mon seul bagage. Je n'ai pas voulu prendre plus. Je vais habiter dans un autre continent alors autant tout recommencer à zéro. Tout ce passe bien, aucun de nous ne parle, jusqu'au contrôle des billets, où on doit se séparer. Moment très gênant au passage.

-Bon, bah, bon voyage hein.

-Ouais merci. Rentre bien.

-Tu passeras nous dire bonjour si un jour tu repasses vers Paris.

-Ouais bien sûr.

C'est mon tour de présenter mon billet et ma carte d'identité. Tout passe comme il le faut jusqu'à ce que je monte dans l'avion. Quand j'arrive vers ma place, je trouve une femme à ma place, à côté du hublot.

-Excusez-moi madame, mais c'est ma place sur laquelle vous êtes assise.
 
-Je suis arrivée la première.

-Oui mais moi j'ai payé pour être assise à côté du hublot, alors vous pouvez me sortir toutes vos excuses mais c'est MON frique qui a été dépensé pour regarder le paysage à travers de ce putain de hublot alors si vous permettez.

J'enlève sa valise et met la mienne à la place. Le cortège devant et derrière moi s'est arrêté

-Quoi ? je crie pour que tout le monde m'entende. Vous voulez un autographe ?

La foule recommence à avancer et je m'assoies à côté du hublot. La dame demande à échanger et je me retrouve à côté d'une femme âgée très sympathique qui s'endort rapidement. J'active le mode avion sur mon téléphone et ouvre mon livre.

***
 

C'est au bout de quatre heures de vol que je m'endort, mon livre sur les genoux. Une heure environ plus tard, je me réveille grâce à la femme qui me secoue avec un coca entre
ses mains.

-Tiens, c'est pour toi.

-Oh euh... merci, mais y avait pas besoin.

-C'est tout naturel.

Je sirote mon coca en me disant qu'il existe encore des personnes généreuses qui ne pensent pas qu'à elles.

-Alors, qu'est ce que tu vas faire de beau à New York ? me demande-t-elle.

-Je vais voir une amie.

Je mens, je sais. Mais quand je lui dirai que je pars dans une autre famille parce que mes vrais parents ne sont plus vivants, elle va avoir pitié de moi, et je n'ai pas besoin de sa pitié.

-Oh mais c'est sympa, dis donc.

Ouais vraiment, très sympa.

-Et vous? Qu'est ce qui vous a donné envie d'aller à New York?

-A mon âge ? La santé jeune fille. Je vais suivre un traitement pour mes douleurs au dos.

-Oh, et bien.. bonne chance.

-Merci .

-Mesdames et messieurs veuillez attacher vos ceintures nous allons bientôt atterrir à l'aéroport John Fitzgerald Kennedy de New York.

J'attache ma ceinture et mâche mon Chewing-gum le plus fort possible pour éviter les douleurs aux oreilles. On atterrit (assez violemment je trouve) et tout le monde applaudit le pilote. Et là, c'est le moment de vérité: mon anglais est-il assez bon pour des véritables New-Yorkais? J'ai toujours su parler cette langue car mes parents ont des affaires à l'étranger. Non... Mes parents avaient des affaires à l'étranger. J'inspire, j'expire et sors de l'avion avec ma valise. Le reste arrivera dans les cartons. ''Toujours voyager léger'' comme disait mon père. Je sors de l'aéroport et là je panique. Ils ont dit que celui qui viendrait me chercher était le frère de la famille mais je me rends compte que ne sais absolument pas à quoi il ressemble. Je ne connais même pas son âge. Si ça se trouve c'est un mec de vingt ans. Sur les milliards de personnes qu'il y a sur terre, fallait que se soit moi. Je tourne la tête et je vois mon nom. Sans rire. Une pancarte sur laquelle a été écrit mon prénom. Maintenant je sais que c'est lui. J'inspire, j'expire et vais dire bonjour à ma nouvelle vie.

-Hi, l'm Tobby. You speak french, right ?

-Yes. You too ?

-Oui, un peu

Son accent me ferai presque rire si je n'étais pas en train de me dire que c'est mon frère.

-Ok cool.

-Donc euh... tu t'appelle Madison c'est ça ?

-Ouais. Ouais c'est ça.

-Ok.

Silence gênant...

-T'as pris qu'une seule valise ? me demande-t-il.

-Oui le reste arrive par cartons.

-Ah ouais, ok. Alors euh... je vais mettre ta valise dans le coffre.

-Ok, super.

''Super''... vraiment très subtile. J'hésite à m'assoir devant mais bon, c'est mon frère après tout. Il démarre quelques instants plus tard et nous voilà plongés dans un silence encore plus gênant qu'avant.

-T'es déjà venue aux États-Unis ?

-Non jamais.

-Ok

Silence N°3. Je sors mon téléphone, en faisant semblant de taper un message. Évidemment personne ne m'a écrit. Personne ne sais que je suis partie. Jusqu'à ce que je ne revienne plus l'année prochaine.

-Des amis t'ont écrit ?

-Ouais, je leur répond là.

-Ok. Ça va pas trop te manquer la vie à Paris ?

Je le regarde étonnée. Il pense vraiment qu'après tout ce qu'il s'est passé, la moindre rue de Paris me manquera ? Il voit mon regard et baisse la tête.

-Je me suis dit que vu que t'as des amis ça te manquerai.

-Ah ouais, ouais t'as raison.

Ce secret va être plus dur que prévu à tenir.

On arrive devant la maison (ma nouvelle maison) et je reste bloquée. À partir du moment où j'entrerai là dedans les adultes seront considérés comme mes parents, la fille comme ma sœur et ce lieux comme mon habitat. Et l'école. Bon Dieu l'école.

-Tu sais, depuis que mes parents ont voulu t'adopter, ils parlent que de ça, essaye de me rassurer Toby (va falloir que je m'habitue au fait que mon nouveau frère à le nom de mon ancien doudou). Ils sont très sympas.

Je sors de la voiture sans répondre et récupére ma valise. Prise d'un courage soudain, je monte les escaliers du perron et m'apprête à sonner mais la main de Toby m'arrête.

-Pourquoi sonner si c'est chez toi ?

Il à l'air de l'accepter tellement facilement, contrairement à moi. Il ouvre la porte, rentre et crie:

-HI EVERYONE !

Il est motivé. J'entends des pas qui se précipitent dans les escaliers. Une femme, un homme et une jeune femme s'arrêtent sur les derniers escaliers. La femme a les larmes aux yeux. Le monde s'arrête, le temps que je découvre ces gens qui me sont inconnus. Une nouvelle parcelle de l'Univers, une autre dimension vient de s'ouvrir à moi. Tout est bien différent dans ce nouveau monde, même le sourire des adultes. La mère court vers moi et me sert dans ses bras comme si j'était un proche qu'elle avair perdu depuis longtemps. À mon grand étonnement, je me laisse aller dans ses bras, comprenant maintenant pourquoi les gens aiment autant les câlins. C'est comme une protection, une bulle qui nous protège du reste du monde. Une armure invincible. Je finis par pleurer chose qui m'arrive rarement. Mes jambes me lâchent mais elle me soutient. La jeune fille finit par nous rejoindre et me caresse les cheveux. Quand on se sépare, le père de famille est toujours en bas des escaliers, en pleurs cette fois. Il me rejoint et me prend dans ses bras aussi, mais moins longtemps.

-Viens, me dit la mère, je vais te montrer ta chambre. Ah et au fait, je m'appelle Amira, lui c'est Ethan, continue-t-elle en désignant l'homme, et notre grande fille s'appelle Sophia.
J'imagine que Toby s'est déjà présenté.

Je hoche la tête en m'efforçant de retenir tous ses noms. J'ai juste envie de m'effondrer sur un lit quel qu'il soit et dormir jusqu'à me réveiller de ce cauchemar, retourner à ma vie d'avant, qu'elle me plaise ou non. J'aimerai retourner dans mon école privée et même si j'étais souvent seule on me respectait et ça me suffisais. On monte alors au deuxième étage qui est assez spacieux. Une porte portant une grande lettre M est entrouverte ce qui laisser flirter la lumière sur le couloir. Sophia m'ouvre la porte et me dit:

-Repose-toi bien.

Ils s'en vont sans que j'ai pu dire quoi que ce soit. Je ferme la porte derrière eux et reste plantée là, presque en espérant que la gouvernant me réveille et me dis de descendre
prendre le petit déjeuner. J'entends une discussion entre les membres de la famille.

-Pourquoi est ce que tu l'a renvoyée aussi rapidement dans sa chambre? questionna une voix roque, sûrement celle du père. On dirait presque qu'elle est punie.

-Mon cerveau s'est mis en veille, je ne voulais pas qu'elle se sente gênée.

-Et elle va penser quoi de ça d'après toi ? Bienvenue dans la famille tarée ?

-Écoute, permet moi de ne pas savoir comment réagir. Je la connais à peine.

-Oui c'est vrai, désolé mon cœur.

Cet amour est bizarre. Mes parents ne se sont jamais parlé comme ça. Ils parlaient poliment, comme si ils étaient des collègues. Je me suis habituée à ça, pas à cet excés d'amour. Ne sachant comment réagir, j'en profite pour examiner ma chambre. Un grand lit trône au milieu de la chambre, en face d'une grande armoire vide aux portes coulissantes. Vers la porte, est placé un beau bureau. Une grande fenêtre juste à côté et une bibliothèque vers le lit. Une chambre bien trop remplie à mon goût par rapport à ce que j'avais avant.
Je n'ai pas la force de défaire ma valise alors je me couche sur le lit et m'endors aussitôt.

La suite à venir...

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