Je m'appelle Raven Snotha. J'ai 17 ans, et jusqu'à ce jour, ma vie était aussi tranquille que possible pour un adolescent. On pourrait même dire ordinaire. À l’école, je suis souvent le premier de la classe, non pas par prétention, mais parce que je n’ai jamais eu besoin de faire trop d’efforts. Mon esprit semble fait pour absorber les informations. Mes amis me taquinent souvent en me disant que j’aurais dû naître avec une barbe blanche et un bâton de sage à la main. Mais au fond, je suis juste un gamin comme les autres, cherchant à naviguer à travers les hauts et les bas de l’adolescence.
Aujourd’hui, la journée avait été particulièrement calme. Mes amis, Lucas et Emma, m'avaient rejoint à la cantine pour déjeuner ensemble. Lucas, toujours le boute-en-train du groupe, nous avait fait rire aux éclats avec une histoire absurde à propos de son dernier rendez-vous raté. Emma, quant à elle, avait passé la majeure partie du repas à nous raconter les derniers potins de l’école, avec une énergie qui ne la quittait jamais. Rien dormal, rien qui ne sortait de l’ordinaire.
Les cours s'étaient déroulés sans accroc, si ce n’est cette étrange impression qui me collait à la peau depuis le matin, comme une ombre menaçante que je n'arrivais pas à définir. Mais, occupé par les leçons et les discussions avec mes amis, je n'y avais pas prêté plus d'attention. Je pensais que ce n'était qu'une de ces mauvaises sensations qui vous traversent parfois sans raison.
La sonnerie annonçant la fin des cours résonna enfin, et je me dirigeai vers la sortie. La lumière du jour commençait à faiblir, teignant le ciel de nuances d’orange et de pourpre. Alors que je m’éloignais du bâtiment de l’école, je remarquai que les rues étaient plus calmes qu’à l’habitude. Le soleil se couchait, et l’ombre des bâtiments s’étirait sur les trottoirs.
Alors que je marchais, j'étais plongé dans mes pensées, ressassant des bribes de conversations de la journée. Peut-être aurais-je dû demander à Lucas et Emma de m’accompagner sur une partie du chemin. Mais ils étaient partis dans une direction différente, et, après tout, je n'avais jamais eu peur de rentrer seul chez moi. Pourtant, à mesure que j'avançais, ce sentiment de malaise revenait, plus pressant, comme si quelque chose, quelque part, n’allait pas.
Les rues que je parcourais devenaient plus étroites, plus sombres, les lumières des lampadaires vacillaient. C’est à ce moment-là que je les ai vus, trois silhouettes qui se découpaient dans la pénombre. Ils se tenaient un peu en retrait, discutant entre eux à voix basse. Je les observai du coin de l’œil, mon instinct me murmurant de rester sur mes gardes. Mais, naïvement, je continuai d'avancer, me disant que ce n’était rien de plus que des jeunes traînant dans la rue.
“Hé, toi là !” La voix qui s’éleva derrière moi était rauque, cassée, et teintée d’une agressivité que je ne pouvais ignorer. Je me retournai lentement, me retrouvant face à face avec les trois individus que j'avais aperçus plus tôt. Leurs yeux étaient injectés de sang, et l’odeur de l’alcool et de la drogue flottait autour d’eux, rendant leur comportement imprévisible et encore plus dangereux.
“T'as l’heure ?” demanda l'un d'eux, s'approchant un peu trop près à mon goût. Il portait une veste en cuir usée, et son sourire était tout sauf amical. Ses mouvements étaient saccadés, comme s’il avait du mal à se contrôler.
“Désolé, j'ai pas de montre,” répondis-je d'une voix que j’espérais calme, bien que mon cœur battait de plus en plus fort. Je fis un pas en arrière, prêt à m’éloigner, mais ils se rapprochèrent rapidement, formant un demi-cercle autour de moi. L’un d’eux reniflait sans cesse, une lueur de folie dans le regard, et je pouvais voir que la drogue exacerbait leur violence.
“On veut juste discuter, pas besoin de te barrer si vite,” dit le deuxième, plus trapu, ses yeux brillants d’une lueur malsaine. Ses pupilles étaient dilatées, et sa voix avait une étrange intonation, comme s’il luttait pour rester cohérent.
Le troisième, plus grand, resta silencieux, ses mains enfoncées dans les poches de son blouson. Mais je pouvais sentir la tension qui émanait de lui, comme un prédateur prêt à fondre sur sa proie. Son regard était fixe, absent, comme s'il était perdu dans une hallucination que je ne pouvais même pas imaginer.
“Je dois rentrer,” dis-je, cette fois en essayant de contourner l’un d’eux pour m’échapper. Mais il me barra la route, posant une main tremblante sur mon épaule. “Pas si vite, petit gars,” murmura-t-il, sa prise se resserrant comme un étau. Son souffle empestait l'alcool, me faisant grimacer.
La peur commença à monter en moi, mais je refusai de céder. Mon cerveau tournait à toute allure, cherchant une issue, une manière de me sortir de cette situation. “Écoutez, je n'ai rien contre vous. Je veux juste rentrer chez moi.”
“Rien contre nous ?” s’esclaffa le premier, celui qui semblait être le chef du groupe. “Vous avez entendu ça, les gars ? Il veut juste rentrer chez lui. Peut-être qu’on devrait lui donner une bonne raison de rester, non ?”
Et là, tout bascula. Le premier coup partit, violent, inattendu. Mon corps réagit instinctivement, esquivant et contre-attaquant comme je pouvais. Mais ils étaient trois, et bien plus forts que moi. Je parvins à en repousser un, puis un autre, mais le troisième m’attrapa par derrière, me projetant au sol.
“Espèce de petit merdeux !” cria l’un d’eux, alors que les coups pleuvaient. Je me débattis avec toute la force et la ruse que je possédais, mais c’était inutile. Leur violence était aveugle, déchaînée. Le sang commença à couler, mon sang, tâchant mes vêtements, s'éparpillant sur le bitume.
L'un des agresseurs, fou de rage et visiblement défoncé, sortit soudainement une lame étincelante de sa poche. Mon cœur s'arrêta un instant à la vue de l'arme, et avant que je ne puisse réagir, il plongea la lame dans mon flanc avec une brutalité déconcertante.
La douleur était insupportable, un feu brûlant qui se répandait dans tout mon corps. “Arrêtez... S'il vous plaît...” soufflai-je, à bout de souffle, alors que ma vision se troublait. Mais ils n’écoutaient pas. Ils continuaient, frappant encore et encore, jusqu'à ce que tout devienne flou, et que la douleur devienne une sensation lointaine.Chaque battement de cœur devenant plus faible. Mes pensées se dispersaient, se perdait dans l'obscurité qui m'entourait. Mon corps, lourd, ne répondait plus. Tout ce que je percevais, c'était cette douleur sourde et cette sensation de chute, infinie.
Le monde autour de moi se réduisit à un point noir, une dernière lueur de conscience qui vacilla avant de s'éteindre. Et alors que je sombrais dans l'inconnu, une silhouette émergea des ténèbres, une présence que je ne pouvais comprendre...