Vagabond : La Nouvelle Ère

By Tristan7495

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Les ombres de Thonan Kha se sont dissipés et Yurghen est sur le point d'être couronné Roi à Edinwhal. Sauf qu... More

Chapitre 1 : une rencontre inattendue
Chapitre 2 : Le trône sans roi
Chapitre 3 : Arrivée sur Terre

Chapitre 4 : L'Éveil d'un Sentiment

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By Tristan7495


Le Sognefjord étendaitses eaux profondes et calmes, bordé de montagnes aux sommets voilésde neige éternelle, formant un écrin où la tranquillité régnaiten maître. Le ciel, souvent traversé par des nuages filant entreles sommets, se reflétait par vagues dans les eaux bleues, créantune étendue miroitante où le temps semblait suspendu. Yurghen etHyllis, dans ce décor naturel presque irréel, trouvaient peu à peuun rythme de vie qu'ils n'avaient jamais connu auparavant. Lefjord paraissait être un monde à part, coupé de la frénésie dureste de l'univers, comme s'il offrait à ceux qui l'habitaientune chance de renaître, une pause dans le tumulte des aventurespassées.

À l'oréedu petit village niché près du fjord, leur nouvelle demeureressemblait à un refuge en bois sombre et en pierres, surplombantl'étendue d'eau comme pour se fondre dans le paysage. C'étaitune maison simple, robuste, bâtie pour résister aux hiversimpitoyables qui venaient chaque année saisir la région dans uneétreinte glacée. Yurghen avait pris plaisir à renforcer les mursde la maison et à préparer le bois pour l'hiver, un travail qu'ilappréciait pour sa simplicité et son honnêteté.

Depuis le seuil de la maison, onpouvait voir le fjord étendre ses bras de mer vers l'infini.Yurghen, lorsqu'il sortait le matin, inspirait profondément l'airvivifiant du Nord, ses pensées emplies de la majesté de ce paysage.Ici, loin des batailles et de l'agitation, il retrouvait une paixintérieure qu'il pensait avoir perdue depuis longtemps. Le murmuredu vent entre les arbres et le cri perçant des aigles luirappelaient qu'il faisait partie de cette terre sauvage, qu'ilavait désormais un foyer dans ce monde de calme et de mystère.

Hyllis, quantà elle, semblait captiver par cette atmosphère, comme si le fjordlui-même l'enveloppait d'une protection mystérieuse. Elleprenait plaisir à marcher dans les sentiers proches, s'imprégnantdes couleurs changeantes de la forêt qui bordait le village. Lesarbres se teintaient de tons dorés et pourpres avec l'automne quiapprochait, et les feuilles tombaient en une pluie silencieuse,tapissant le sol d'un doux manteau. Hyllis passait de longuesheures à observer les formes et les couleurs, découvrant lessecrets des plantes locales et des champignons, fascinée par cettenature qui semblait à la fois immuable et en perpétuel changement.

Dans ce petit village, la vies'écoulait au rythme des saisons et des marées. Les villageoissemblaient avoir accepté Yurghen et Hyllis avec une chaleurdiscrète, les observant avec un respect empreint de curiosité.Quelques-uns venaient parfois trouver Yurghen pour un conseil sur lamanière de manier une hache ou pour lui demander son aide à couperdu bois. Sa carrure imposante, son silence tranquille, et la forcenaturelle qui émanait de lui inspiraient une confiance presqueinstinctive. Quant à Hyllis, sa connaissance des plantes et sapatience naturelle faisaient d'elle une figure aimée des enfantsdu village, qui prenaient plaisir à la suivre dans ses promenades età écouter ses récits.

En dépit deson air réservé, Hyllis sentait en elle un épanouissement nouveau,comme si cette nature sauvage et paisible éveillait un côté plussensible, plus enraciné. La sérénité des lieux lui rappelait lescontes anciens de son enfance, où les forêts et les fjords étaientpeuplés d'esprits bienveillants veillant sur ceux qui respectaientla terre. Elle passait parfois des heures au bord de l'eau,observant les reflets du soleil se briser sur la surface calme, sedemandant si cette paix qui émanait du Sognefjord pouvait réellementdurer.

La forêt, quant à elle, semblaitpresque magique, surtout au crépuscule. Les arbres centenaires sedressaient comme des gardiens silencieux, leurs ombres s'étendanten un réseau complexe de branches et de feuillages qui couvraientles sentiers. Parfois, un faisceau de lumière traversait le couvertdense, illuminant une clairière ou un rocher moussu d'un éclatpresque surnaturel. Le chant des oiseaux, le murmure du vent dans lesfeuillages et l'odeur des pins remplissaient l'air de cetteatmosphère unique qui enveloppait tout. Dans ce décor, il étaitaisé de comprendre pourquoi certains disaient que le fjord étaitvivant, qu'il possédait une âme propre.

C'étaitsouvent à la tombée de la nuit que Yurghen et Hyllis seretrouvaient ensemble, chacun imprégné des merveilles de leurjournée. Après un jour passé à abattre les arbres avec un rythmecalculé et un respect pour la terre, Yurghen revenait, ses mainscouvertes de résine et son visage réchauffé par la brise. Il laretrouvait souvent devant la maison, assise sur le seuil, enveloppéedans une étoffe pour se protéger du froid, le regard perdu dans lecrépuscule. Ils restaient là, silencieux, à observer les étoilesqui s'allumaient une à une dans le ciel.

Petit à petit, cette tranquillitépartagée les liait d'une manière nouvelle, douce et intime. Lesmots étaient rares entre eux, mais chaque geste, chaque regardéchangé semblait plus profond, plus sincère. Ils n'avaient pasbesoin de se parler pour se comprendre. Le simple fait de se savoirlà, ensemble, dans ce lieu magnifique et isolé, suffisait à créerune harmonie que ni l'un ni l'autre n'avaient jamais vraimentconnue. Les souvenirs de leurs péripéties, les dangers qu'ilsavaient surmontés, les tourments du passé semblaient s'effacerdans la douceur de ces soirées passées en silence.

Lorsque levent se levait, apportant avec lui l'air frais et parfumé de lamer, ils rentraient ensemble. Hyllis préparait souvent une infusionavec des herbes qu'elle avait cueillies dans la journée, et ils labuvaient près de la cheminée, tandis que le crépitement du feuemplissait la maison d'une chaleur douce. Yurghen l'observait ensilence, touché par la grâce avec laquelle elle s'occupait dechaque détail, ses mains fines et agiles, son sourire léger. Iln'aurait su expliquer ce qu'il ressentait, mais il savait quequelque chose d'invisible s'était tissé entre eux, un lienqu'il sentait comme une force douce, inébranlable.

Ce nouveau quotidien, où le silenceet la nature formaient un écrin protecteur autour d'eux, s'ancraitpeu à peu dans leurs cœurs. Jour après jour, le fjord et sesmystères leur offraient un refuge, une promesse de paix et desimplicité qu'ils n'avaient jamais cru possible. Et dans cettequiétude, sans le vouloir ni le dire, ils commencèrent àconstruire un amour subtil, fait de regards échangés, de souriresdiscrets, et de silences partagés.

À Sognefjord, le tempssemblait s'étirer et ralentir, laissant place à un quotidiensimple mais profondément apaisant. Yurghen et Hyllis découvraientles plaisirs d'une vie loin des tumultes de leurs aventurespassées. Le matin, les rayons doux du soleil traversaient lesrideaux de leur petite maison, baignant la pièce d'une lumièredorée. C'était le signe pour eux de se lever et de reprendreleurs rôles dans ce village paisible qui les avait accueillis.

Pour Yurghen,les journées commençaient tôt, souvent avant même que lespremiers signes de l'aube n'apparaissent. Avec une déterminationtranquille, il s'équipait de son manteau de laine épais et de sesgants, attrapant sa hache soigneusement aiguisée, puis il sortait ensilence. Le froid matinal lui mordait la peau, mais il appréciaitcette sensation, ce contact direct avec la nature brute et sauvage. Àses côtés, le bruit de la hache frappant le bois rythmait sespensées, le ramenant à une simplicité qui le réconfortait. Chaquecoup donnait naissance à des éclats de bois qui volaient dansl'air, et chaque arbre abattu devenait une offrande à la terre,dans un équilibre respectueux entre nature et survie.

Les habitants du village commençaientà lui faire confiance, certains venant même l'observer de loin,fascinés par sa force tranquille et son habileté. Sa réputation debûcheron grandissait, et son travail était désormais connu pour saprécision et son respect de la forêt environnante. Les enfants leregardaient souvent avec admiration, comme un géant d'un autretemps, taillé dans le roc. Ses bras musclés et son regard résolufaisaient de lui une figure impressionnante, presque mystique auxyeux des plus jeunes. Et pourtant, malgré cette aura, Yurghen sesentait plus humain que jamais, renouant avec des valeurs simples etsolides.

Hyllis, quant à elle, s'éveillaitplus tard, savourant la chaleur du foyer avant de se préparer poursa propre journée. En enfilant son manteau et son écharpe, ellerejoignait les enfants du village, souvent déjà rassemblés enpetits groupes joyeux. Les parents, reconnaissants pour sagentillesse et son savoir, lui confiaient leurs enfants avecconfiance. L'ancienne enchanteresse devenait, à leurs yeux, unefigure bienveillante et érudite, quelqu'un qui apportait plus quedes connaissances : elle offrait une curiosité et un respect pour lemonde.

Les cours de Hyllis ne ressemblaient àrien de conventionnel. Elle aimait emmener les enfants dans lesprairies et les forêts, leur apprenant à reconnaître les planteset à observer les cycles naturels. Elle leur racontait des histoiresdes mondes lointains qu'elle avait parcourus, attisant leurimagination et leur amour de la nature. Ses explications sur lescycles de la lune, le changement des saisons et les rituels de lanature fascinaient ses jeunes élèves, et son approche éveillaitchez eux un amour profond pour leur propre terre.

Hyllis s'épanouissait dans ce rôled'enseignante, bien différent de ce qu'elle avait connuautrefois. Transmettre son savoir, voir l'émerveillement dans lesyeux des enfants, lui donnait un sentiment de plénitude qu'ellen'avait jamais expérimenté auparavant. Parfois, elle surprenaitYurghen la regarder de loin lorsqu'elle terminait sa journée, sesyeux brillant d'un éclat presque fier. Cette attention silencieuserenforçait un sentiment nouveau en elle, comme une confiancemutuelle qui ne nécessitait ni mots ni explications.

Leurs chemins se croisaient souventdans le village ou aux abords de leur maison, alors que l'unrentrait d'une journée de travail ou que l'autre partait pourune promenade solitaire. Ces instants, où ils se rencontraientpresque par hasard, devenaient des moments privilégiés. Ilsn'avaient pas besoin de parler ; un simple regard suffisait àpartager une complicité qui se tissait chaque jour un peu plus.Yurghen, dont la carrure imposante tranchait avec la douceur de sesgestes, semblait soudain vulnérable dans ces instants. Hyllis, elle,ressentait une chaleur inattendue lorsqu'il la regardait ainsi,comme s'il voyait au-delà de ses faiblesses et de ses blessures.

Avec le temps, ce quotidien partagéles liait d'une manière subtile, profonde. Les moments de silenceentre eux n'étaient jamais pesants, mais au contraire, chargés detout ce qui n'était pas dit, comme une promesse tacite d'uneamitié qui se transformait lentement en quelque chose de plus grand.Les routines devenaient des rituels intimes, où le simple faitd'être ensemble faisait naître une chaleur silencieuse, discrètemais présente.

Les soirées prenaient une tournuretout aussi simple, et pourtant inoubliable. Souvent, après unejournée de travail, ils s'installaient dans la petite cuisine, oùHyllis préparait des infusions de plantes locales. Les parfums dementhe, de thym et de camomille remplissaient l'air, créant uneambiance apaisante, propice aux confidences. Yurghen écoutait Hyllisparler de ses découvertes avec les enfants, de la curiosité qu'ilsmanifestaient pour les plantes et les légendes locales, et parfoisil racontait des histoires de ses propres aventures dans des mondeslointains. Mais plus souvent, il préférait l'écouter, la voixdouce de Hyllis l'apaisant comme une mélodie familière.

Dans le silence qui suivait leurséchanges, ils prenaient parfois place près de la cheminée,contemplant ensemble le feu qui crépitait doucement. Les flammesdansaient et projetaient des ombres mouvantes sur les murs, rythmantle silence qui s'installait entre eux. À travers la lueur du feu,Yurghen se surprenait à détailler les traits de Hyllis, l'ovaledélicat de son visage, la profondeur de ses yeux, et ce sourireléger qui venait effleurer ses lèvres lorsqu'elle pensait êtreseule. De son côté, Hyllis ne pouvait s'empêcher de remarquer ladouceur dans les yeux de Yurghen, malgré son air renfermé et sanature solide comme la pierre.

Chaque jour, ils apprenaient às'observer différemment, à voir au-delà des apparences, et cequotidien partagé commençait à tisser des fils invisibles, un lienfait de petites attentions, de respect et de douceur. Leurs vies,autrefois marquées par des luttes et des sacrifices, prenaient iciun tournant paisible, où l'amour se manifestait sans même qu'ilsen soient pleinement conscients.

Avec le temps, ils commençaient àanticiper les besoins de l'autre sans y penser. Hyllis déposaitparfois un panier de baies fraîches devant Yurghen avant qu'il neparte travailler, et il revenait toujours avec des brassées de boisbien sec pour elle, sachant qu'elle aimait passer ses soirées aucoin du feu. Chacun veillait sur l'autre sans qu'un mot ne soitéchangé, une danse silencieuse où leurs gestes parlaient plus quede longs discours.

Ainsi, les jours passaient, et sansqu'ils aient besoin de se l'avouer, leur relations'approfondissait, devenant une source de réconfort et de bonheursimple. Leur lien, ancré dans les gestes quotidiens, se fortifiaitdoucement, comme une plante qui prend racine dans un sol fertile,prête à s'épanouir avec le temps. Ils ne se pressaient pas,conscients qu'ils avaient tout le temps du monde dans ce petitvillage, au bord du fjord, où la vie suivait le rythme de la natureet de leurs cœurs qui commençaient à battre à l'unisson.

La forêt de Sognefjord,dense et mystérieuse, semblait s'étendre à l'infini, ponctuéede fougères géantes, de troncs moussus et de clairières secrètes.C'était un lieu d'une beauté sauvage, où chaque recoin cachaitune découverte et où les murmures du vent semblaient raconter deshistoires anciennes. Hyllis et Yurghen avaient pris l'habituded'explorer ces bois ensemble, leurs pas résonnant dans le silencepaisible de l'épais couvert d'arbres. Ces promenades devinrentvite pour eux des moments privilégiés, où la nature était leurseul témoin.

Un matin oùla brume s'enroulait autour des troncs comme un voile de mystère,ils se mirent en route pour une nouvelle expédition. Yurghenmarchait en tête, son pas lourd laissant de profondes empreintes surle sol couvert de feuilles humides, tandis que Hyllis suivait aveclégèreté, attentive aux détails que seuls ses yeux semblaientcapter.

« Tu as vu ça, Yurghen ? »s'exclama-t-elle soudain, en se penchant pour observer une fleuraux pétales délicats et bleu nuit, perdue dans un lit de moussesvertes.

Yurghen se tourna, jetant un regardcurieux à la découverte de Hyllis. « On dirait... une sorte declochette bleue, non ? » dit-il, intrigué.

Elle hocha la tête, souriant devantson expression attentive. « Oui, c'est une rareté par ici. Onl'appelle 'Larme du crépuscule'. Dans certaines légendes,elle serait née des larmes d'une déesse pleurant la perte d'unamour. Elle éclot seulement à l'automne, juste avant lespremières neiges. »

Yurghen l'écoutait avec un légersourire, appréciant les histoires qui semblaient jaillir de chaqueplante sous les yeux de Hyllis. Ses récits, qu'il écoutaitreligieusement, l'emmenaient dans un univers de légendes et demystères qu'il n'avait jamais pris le temps de contempler.

« Tu donnes vie à chaque chose,Hyllis, même une fleur paraît plus précieuse quand tu en parles, »murmura-t-il.

Elle rougit légèrement, évitant sonregard en ajustant son écharpe. « Je pense que tout ici a unehistoire, quelque chose à nous apprendre... Mais peut-être est-cemon esprit d'enchanteresse qui parle. »

Ils continuèrent leur chemin,marchant en silence, chacun perdu dans ses pensées. Le sentiermontait et descendait, serpentant entre les arbres. Parfois, ils sefrayaient un chemin à travers des buissons épais, s'aidantmutuellement sans un mot de trop. Cette complicité silencieuse étaitdevenue pour eux une sorte de langage intime, une façon de secomprendre sans avoir à s'expliquer.

Au détour d'un chemin, ilsatteignirent une petite clairière baignée par une lumière douce etdorée, où les arbres semblaient s'écarter pour laisser entrerles rayons du soleil. Hyllis s'arrêta un instant, inspirantprofondément l'air frais imprégné d'un parfum de terremouillée et de résine.

« Cet endroit est incroyable, »murmura-t-elle, fascinée par l'atmosphère apaisante de laclairière. « On pourrait presque croire que le temps s'arrêteici. »

Yurghen, qui observait le paysage avecun regard pensif, répondit d'une voix douce : « C'est comme sila forêt avait ses propres secrets... Peut-être nousobserve-t-elle, elle aussi. »

Un sourire se dessina sur les lèvresde Hyllis. Elle s'assit sur un tronc d'arbre tombé, invitantYurghen à s'asseoir à ses côtés. « Et quels secretspourraient-elle nous révéler, d'après toi ? »

Il resta silencieux un moment, sonregard perdu dans les ombres des arbres, avant de répondre : « Jecrois... que cette forêt nous apprend à être présents,simplement. Ici, les soucis et les combats semblent bien lointains.Peut-être que c'est ça, le secret : vivre l'instant, sanscraindre ce qui viendra ensuite. »

Hyllis hocha doucement la tête,touchée par sa réponse. Elle réalisa combien Yurghen, malgré saforce apparente, pouvait être aussi un homme de réflexionsprofondes, capable de saisir la beauté de chaque instant.

Ils restèrent assis un moment,savourant le silence de la clairière. Le vent, doux et frais,soulevait des éclats dorés des feuilles mortes, dansant autourd'eux comme des éclats de lumière. La proximité entre euxdevenait palpable, une chaleur discrète s'installant, comme si lesarbres eux-mêmes voulaient les rapprocher.

« Hyllis, » murmura Yurghen d'unevoix hésitante, rompant finalement le silence, « avant... tout ça,as-tu déjà eu des moments comme celui-ci ? Où tout semble sisimple, si... complet ? »

Elle baissa les yeux, un sourirepensif sur les lèvres. « Pas vraiment. J'ai souvent cherchécette sérénité dans mes voyages, dans les enseignements, mais celame semblait insaisissable, comme un rêve que je poursuivais sansjamais l'atteindre. Mais ici, avec toi... » Elle leva les yeux,son regard se perdant dans le sien. « C'est différent. C'estcomme si cette paix que je cherchais était déjà là, tout autourde nous. »

Yurghen resta silencieux, mais lalumière dans ses yeux parlait pour lui. Cette confession de Hyllisle touchait au plus profond, réveillant en lui un sentiment qu'iln'avait jamais éprouvé avec cette intensité. Il était habituéà combattre, à se battre contre les ennemis, contre les obstacles,mais cette émotion-là, pure et sans défense, le désarmait.

Ils continuèrent leur promenade,laissant leurs mots flotter dans l'air comme une promessesilencieuse. Au fur et à mesure qu'ils s'aventuraient plus loindans la forêt, ils trouvaient de nouvelles merveilles à chaque pas: des champignons aux couleurs vives, des empreintes d'animauxlaissées dans la terre humide, et parfois même des sentiers cachésmenant à des points de vue imprenables sur le fjord en contrebas.

Au détour d'un chemin, Yurghentendit la main pour aider Hyllis à passer par-dessus un ruisseauétroit. Elle attrapa sa main sans hésiter, et lorsqu'elle posa lepied de l'autre côté, elle réalisa qu'il tenait sa main un peuplus longtemps que nécessaire.

« Merci, » dit-elle doucement, enretirant sa main, mais sans détacher son regard du sien.

Yurghen hésita, puis murmura, commes'il se parlait plus à lui-même qu'à elle : « Je ne sais passi je mérite cette paix... Après tout ce que j'ai fait, ce quej'ai dû affronter. Mais avec toi... ici... » Sa voix se brisalégèrement, et il détourna le regard.

Hyllis posa une main réconfortantesur son bras, une lueur de tendresse dans les yeux. « La paix n'estpas une question de mérite, Yurghen. C'est un don, et parfois, ilnous faut simplement accepter de le recevoir. »

Il hocha lentement la tête, touchépar sa douceur, par cette compréhension silencieuse qui semblait leslier de plus en plus étroitement.

Ils continuèrent à marcher ensilence, mais leurs pas se faisaient plus lents, comme s'ilscherchaient inconsciemment à prolonger ce moment. La forêt lesentourait, témoin silencieux de ce lien grandissant entre eux, decette amitié qui se muait doucement en quelque chose de plusprofond.

Alors qu'ils atteignaient la sortiede la forêt, les dernières lueurs du jour teintaient le ciel d'undégradé d'or et de rose. La silhouette imposante de Yurghen sedécoupa dans cette lumière, tandis qu'Hyllis l'observait avecun sentiment nouveau, intime.

« Un jour, peut-être, nousreviendrons ici... » murmura-t-elle, le cœur battant, sans savoirvraiment si elle parlait du lieu ou de ce qu'ils étaient en trainde bâtir ensemble.

Yurghen lui sourit, un sourire chargéd'espoir et de promesses non dites. « Oui. Je le crois aussi. »

À Sognefjord, l'arrivéede l'hiver changeait le paysage de façon spectaculaire. Lescollines, autrefois verdoyantes et couvertes de fougères,s'enveloppaient progressivement d'un manteau de neige d'uneblancheur éclatante. Les sentiers que parcouraient habituellementHyllis et Yurghen devenaient difficiles à distinguer sousl'épaisseur de la neige, transformant leurs balades en véritablesexplorations. Chaque coin de la forêt semblait redessiné par lasaison, et le silence, accentué par le froid, conférait unesolennité mystérieuse aux lieux.

Hyllis, bienemmitouflée dans son manteau de laine épaisse, observait avecfascination les flocons qui tombaient doucement. La neige l'apaisait; elle y voyait un monde en sommeil, attendant le retour de lachaleur. Elle se plaisait à contempler les branches enneigées, àobserver les animaux qui, furtivement, traversaient le paysage pourtrouver un refuge. Elle retrouvait cette paix qui, depuis quelquesmois, rythmait son quotidien, mais cette fois avec une intensitérenouvelée par la magie de l'hiver.

Yurghen, quant à lui, affrontaitl'hiver avec son habituel stoïcisme. Sa routine de bûcheron étaitdevenue plus exigeante avec le froid, mais il ne s'en plaignaitjamais. Le bois devait être coupé et stocké en grande quantitépour passer les mois les plus rudes, et il travaillait chaque jouravec acharnement, rendant leur foyer chaleureux et accueillant.Parfois, au détour d'une coupe de bois, il s'arrêtait, lesmains gantées posées sur le manche de sa hache, et observait lepaysage, comme absorbé par sa beauté immobile.

Lorsqu'il rentrait au crépuscule,une fine vapeur s'échappait de son manteau, et il secouait laneige de ses épaules avant de franchir le seuil de leur petitemaison. Hyllis l'accueillait toujours avec un sourire, une tasse detisane chaude entre les mains. C'était leur rituel hivernal, cesretrouvailles dans la chaleur du foyer, où le feu crépitaitjoyeusement, projetant des ombres dansantes sur les murs.

Une de ces soirées, alors que Yurghens'installait près de la cheminée, les mains tendues vers lesflammes, Hyllis engagea la conversation sur un sujet qui lui tenait àcœur depuis plusieurs jours.

« Tu sais, Yurghen, l'hiver atoujours été une saison que je redoutais, dans mes voyages. Lefroid, l'isolement... Je crois que c'est la première fois que jel'aborde avec autant de sérénité. »

Il hocha la tête, contemplant le feud'un regard pensif. « Ici, l'hiver fait partie de la vie, »répondit-il. « Les gens l'acceptent, l'embrassent même, parcequ'ils savent que chaque flocon, chaque souffle glacé, est unepromesse de renouveau. »

Hyllis, touchée par la poésieinattendue dans les paroles de Yurghen, esquissa un sourire. « C'estvrai... Cette perspective rend tout plus supportable. Et puis, jecrois que ta présence y est pour quelque chose aussi. »

Il la regarda, surpris, mais un éclatde douceur dans ses yeux trahit son émotion. « Je n'aurais jamaispensé que la compagnie de quelqu'un puisse rendre un lieu plusaccueillant. Pourtant... c'est ce que je ressens ici. Avec toi. »

Ils échangèrent un regard, long etprofond, où chacun pouvait lire dans les yeux de l'autre unereconnaissance silencieuse, une gratitude qui n'avait pas besoin demots. Le lien qui s'était tissé entre eux devenait plus fortchaque jour, et l'hiver, malgré sa rigueur, leur offrait un cadreintime, presque secret, pour se découvrir davantage.

Leur routine hivernale prit ainsi untour empreint de douceur et de connivence. Yurghen, lorsqu'il lepouvait, accompagnait Hyllis lors de ses cours avec les enfants duvillage. Ensemble, ils montraient aux jeunes comment suivre lestraces d'animaux dans la neige ou reconnaître les signes de laforêt en sommeil. Les enfants, curieux et émerveillés, selaissaient guider, attentifs aux histoires de Hyllis et auxdémonstrations silencieuses de Yurghen. Ils s'improvisaientpisteurs, traquant les empreintes des lièvres ou cherchant desindices sur le passage des renards.

Un après-midi, alors qu'ilsmarchaient en direction du village, Hyllis et Yurghen s'arrêtèrentprès d'un lac gelé. La surface lisse, miroitante, captait lesderniers rayons de soleil, transformant le paysage en un tableauargenté.

« Veux-tu essayer de marcher dessus ?» demanda-t-il, espiègle.

Hyllis éclata de rire. « Marcher surde la glace ? Avec toi, tout semble possible, mais... je ne suis pastrès rassurée. »

Yurghen lui tendit la main, un souriremalicieux aux lèvres. « Fais-moi confiance. Si tu tombes, je terattraperai. »

Elle acceptasa main, et ils avancèrent ensemble, doucement, le bruit de leurspas sur la glace créant une musique douce et cristalline. Ilsglissaient parfois, se tenant fermement pour ne pas perdrel'équilibre. Leurs rires résonnaient dans l'air glacé, etleurs souffles formaient de petits nuages blancs qui flottaientautour d'eux.

Lorsqu'ils atteignirent le centre dulac, Hyllis se tourna vers lui, la respiration encore courte à causedu froid. « C'est... magnifique, » murmura-t-elle, émerveilléepar la sérénité du moment.

Yurghen la regarda, son visageilluminé par le reflet du soleil couchant sur la glace. « C'estencore plus beau... quand on partage ce genre de moment. »

Hyllis rougit légèrement, baissantles yeux pour masquer son émotion. Elle sentait son cœur battreplus fort, et malgré le froid qui l'entourait, une chaleurinattendue l'envahissait. Ces moments passés ensemble, loin destumultes de leur vie d'aventures, devenaient pour elle des trésorsd'une valeur inestimable.

Leur retour vers la maison se fit dansun silence complice. Ils partageaient un sentiment de plénitude, unesensation rare de se sentir à leur place, ici, au cœur de l'hiver,dans cette petite communauté de Sognefjord. Leurs soirées autour dufeu, bercées par le crépitement des bûches, étaient comme desrituels sacrés. Ils se racontaient leurs souvenirs d'autresmondes, mais aussi leurs rêves pour l'avenir, même s'ilsn'osaient pas toujours en parler directement.

Hyllis prit souvent l'habitude detravailler sur de petits projets d'artisanat pendant que Yurghenaiguisait ses outils près de la cheminée. Elle façonnait desamulettes en bois, décorées de motifs inspirés des légendes de laforêt. Un soir, elle en tendit une à Yurghen, un sourire mystérieuxaux lèvres.

« C'est une amulette de protection,» expliqua-t-elle. « Elle est censée éloigner le mauvais sort...et te protéger, même si je ne suis pas là. »

Il la prit entre ses mains avec unedélicatesse inhabituelle, observant les détails gravés avecattention. « Merci, Hyllis. » Il la regarda, une émotion sincèredans les yeux. « Elle compte beaucoup pour moi. »

L'hiver à Sognefjord devint unesaison de tendresse et de rapprochement pour eux deux. Les nuits sefaisaient plus longues et les jours plus courts, mais chaque instantqu'ils partageaient suffisait à illuminer leur quotidien. Leursvies, autrefois remplies de batailles et d'incertitudes, trouvaientun équilibre dans cette simplicité, un bonheur silencieux, tissédans le calme d'une routine partagée.

Et lorsque les premiers signes de lafonte des neiges apparurent, ils ressentirent tous deux un pincementau cœur. L'hiver avait été pour eux un refuge, un espace dedécouvertes et de confessions, un cocon où leur lien s'étaitdoucement renforcé. Mais malgré la fin de cette saison, ilssavaient que l'amour qui avait germé entre eux ne serait pasemporté par la fonte des glaces.

Avec le retour duprintemps, Sognefjord se transformait à nouveau, passant de lablancheur hivernale à un éclat de couleurs vibrantes. Les bourgeonsémergeaient timidement sur les branches, et les premières fleursperçaient à travers les restes de neige fondue. La forêt,réveillée de sa torpeur hivernale, renaissait avec une énergiesauvage et joyeuse. Cette transition saisonnière, Hyllis et Yurghenl'observaient avec un émerveillement partagé, comme s'ilsdécouvraient une nouvelle facette de leur havre de paix.

Hyllis, qui avait repris sespromenades dans la forêt, se laissait emporter par l'effervescencede la nature. Elle observait chaque nouvelle pousse, écoutait lespremiers chants des oiseaux de retour, et sentait la terre humide quiexhalait un parfum de renouveau. Ce matin-là, elle s'était levéetôt pour profiter des premiers rayons de soleil. Elle marchait dansles sentiers humides, heureuse de redécouvrir chaque recoin sous unenouvelle lumière.

Elle s'arrêta dans une clairièreoù les primevères et les jonquilles dessinaient un tapis jaune etblanc. S'agenouillant, elle caressa les pétales d'une primevère,son visage éclairé par un sourire doux. Le bruit de pas derrièreelle la fit se retourner. Yurghen, portant une chemise légère enraison de la douceur du matin, l'observait silencieusement.

« J'ai l'impression que cetteclairière t'attirera toujours, » dit-il, un sourire en coin.

Elle lui répondit avec une étincellede malice dans le regard. « Et pourquoi pas ? C'est comme un lieuenchanté. Tout semble renaître ici... et moi aussi, d'unecertaine manière. »

Il hocha la tête, s'avançant pourse tenir à côté d'elle. « J'aime cette saison aussi. Elle merappelle que, même après les périodes les plus sombres, la viereprend toujours ses droits. »

Ils échangèrent un regardsilencieux, chacun se laissant toucher par la profondeur de cesparoles. Le printemps n'était pas seulement une saison ; c'étaitaussi un symbole de renouveau pour eux, un nouveau chapitre de leurvie ensemble. Peu à peu, sans qu'ils ne l'aient véritablementprévu, leurs habitudes de couple se dessinaient dans les gestes duquotidien. Leur complicité, née d'une amitié sincère, prenaitde nouvelles formes avec chaque jour passé.

Ilsmarchaient ensemble, leurs pas accompagnés par le chant des oiseauxet le bruissement des feuilles. Hyllis montra à Yurghen certainesplantes qui, avec le retour des beaux jours, étaient utiles pourconcocter des remèdes ou des infusions. Elle lui expliqua les vertusd'un buisson de baies qui commençait à bourgeonner.

« Et celles-ci, tu les utilises pourquoi ? » demanda-t-il en désignant les jeunes pousses du bout desdoigts.

« Ces baies-là aident à luttercontre la fatigue et renforcent les défenses du corps, »répondit-elle en souriant. « Elles sont comme des petits miraclesde la forêt. »

Il la regarda avec tendresse. « Si tun'étais pas là pour m'expliquer tout ça, je crois que jen'aurais jamais appris à voir la forêt autrement que comme unendroit où trouver du bois. »

Hyllis rit doucement. « Alorspeut-être que ma mission ici est de te montrer qu'il y a de lamagie partout, même dans les choses les plus simples. »

Ils continuèrent leur chemin, etlorsqu'ils arrivèrent près du ruisseau qui serpentait au milieude la forêt, Yurghen l'aida à franchir les pierres glissantespour atteindre la berge opposée. De l'autre côté, ils seretrouvèrent face à une vue dégagée sur les montagnes au loin,qui semblaient veiller silencieusement sur la vallée.

« Je ne pense pas avoir jamais vu unendroit aussi beau, » murmura Hyllis, subjuguée par le spectacle.

Yurghen, debout à côté d'elle,répondit en un murmure, son regard fixé sur elle. « Moi non plus.»

Elle sentit ses joues s'empourprer,mais cette fois, elle ne détourna pas le regard. Leurs regardss'accrochèrent, et un silence s'installa, chargé de cesentiment naissant qu'ils n'avaient pas encore mis en mots.

« Hyllis, » commença-t-ildoucement, « je ne sais pas comment l'expliquer, mais... depuisqu'on est ici, tout me semble plus... vivant. Et je crois que c'estgrâce à toi. »

Elle posa une main délicate sur sonbras, un geste qui se voulait rassurant. « Moi aussi, Yurghen. Cetendroit m'a transformée, mais c'est surtout ta présence qui m'aoffert ce sentiment de... d'appartenance. »

Ils restèrent ainsi, proches l'unde l'autre, leurs respirations se mêlant dans l'air frais dumatin. Le ruisseau continuait de couler à leurs pieds, et lesoiseaux chantaient autour d'eux, comme pour célébrer ce momentintime. Hyllis sentit le cœur de Yurghen battre sous sa main poséesur son bras, et cette proximité nouvelle les unissait dans unsilence complice, au-delà des mots.

Le soir même, de retour dans leurpetite maison, ils s'installèrent comme d'habitude près de lacheminée. Mais cette fois, le silence entre eux était différent.Il était empreint d'une tendresse plus profonde, d'une intimitéqui avait franchi une nouvelle étape. Hyllis lisait un anciengrimoire, tandis que Yurghen nettoyait une vieille arme retrouvéedans les bois. Chaque geste semblait faire partie d'un rituel, unquotidien qu'ils partageaient sans besoin de parole.

Puis, Yurghen posa son arme, regardantHyllis dans la lueur dansante des flammes. « Hyllis, est-ce que tute vois... rester ici, pour longtemps ? »

Elle ferma son grimoire et lui adressaun sourire doux, comme si elle avait attendu cette question. « Je neme suis jamais sentie aussi bien quelque part, Yurghen. Sognefjordest devenu ma maison, plus que je ne l'aurais imaginé. »

Il hocha latête, satisfait de sa réponse. « Alors... peut-être que jetrouverai ici quelque chose qui ressemble enfin à une vie normale.Avec toi. »

Leurs yeux se croisèrent, et ilscomprirent, sans un mot, que le printemps ne marquait pas seulementle renouveau de la nature, mais aussi le début d'une nouvelleaventure ensemble.

À Sognefjord, leretour du printemps n'était pas seulement une renaissance pour lanature ; c'était aussi l'occasion de célébrer ensemble la findes rigueurs hivernales. Dans le village, les habitants sepréparaient depuis des jours pour le grand festin de printemps, unévénement où chacun apportait des mets soigneusement préparés,inspirés des premières récoltes et de leurs réserves accumuléespendant l'hiver. Hyllis, depuis peu habitante à part entière,s'était engagée avec enthousiasme dans cette fête. Yurghen, plusréservé, l'observait s'intégrer avec une sorte d'étonnementbienveillant.

Le matin du festin, le village étaiten effervescence. Les enfants couraient d'une maison à l'autrepour aider à transporter les plats, les femmes ornaient la place defleurs et de guirlandes, tandis que les hommes installaient degrandes tables en bois sous les arbres en fleurs. La place centrale,d'habitude calme, résonnait des rires et des éclats de voix.

Hyllis, les mains couvertes de farine,s'affairait avec les villageoises à la préparation de petitestartes aux baies et de galettes de seigle parfumées aux herbesfraîches. « Attention, ne t'en laisse pas voler par les petitscurieux, » plaisanta une vieille dame en voyant un jeune garçonlorgner les tartes en préparation.

« Je veillerai à ce qu'ellesrestent intactes ! » répondit Hyllis en riant, avant de voirYurghen, en retrait, observant la scène.

Lorsqu'elle leva la main pour luifaire signe, il s'avança, un sourire en coin. « Je vois que tut'intègres parfaitement à la préparation, » fit-il remarquer.

« C'est tellement chaleureux, toutce qu'on fait ici, » répondit-elle, en s'essuyant les mains surson tablier. « Ce genre de fêtes n'existait pas dans les endroitsoù je suis passée auparavant... C'est une première pour moi. »

Il luiadressa un regard doux, surpris par l'honnêteté de sa réponse. «Alors, ce soir, tu verras qu'un festin comme celui-ci rend lesliens encore plus forts. »

Le soleil se couchait, peignant leciel de teintes dorées et roses, et les premières bougiess'allumèrent autour de la place. Hyllis et Yurghen prirent placeau milieu des villageois, à une table décorée de branchesfleuries. Les plats se succédaient, riches et variés, et lesdiscussions animées entre les convives remplissaient l'air d'unechaleur palpable. Des rires éclataient, des chants anciens semêlaient aux histoires des saisons passées. C'était unecommunion simple, mais profonde, comme si chacun ici faisait partied'un tout, d'un héritage transmis à travers les générations.

Yurghen s'était assis à côté deHyllis, l'observant alors qu'elle riait aux anecdotes racontéespar un vieil homme assis en face d'eux. Son sourire étaitlumineux, et il voyait combien elle était à l'aise au milieu deces gens qu'elle connaissait depuis peu, mais qui l'avaientacceptée sans réserve.

Le vieil homme s'interrompit soudainpour s'adresser à Yurghen. « Alors, Yurghen, dis-moi, qu'enest-il de cette forêt que tu connais si bien ? Trouveras-tu un jourautre chose à faire que couper du bois ? »

Un sourire amusé se dessina sur levisage de Yurghen. « Peut-être, peut-être... Mais chaque arbre queje coupe, je le connais, comme on connaît un vieil ami. Il meraconte des histoires, et ça, ça me suffit pour l'instant. »

Hyllis sourit à cette réponse,trouvant dans les paroles de Yurghen une profondeur qu'elle n'avaitpas soupçonnée. Elle comprenait mieux pourquoi il semblait si ancréici, pourquoi chaque geste qu'il faisait dans cette communautéavait une signification particulière.

Plus tarddans la soirée, une musique douce s'éleva, jouée sur desinstruments traditionnels. Les villageois, l'esprit léger grâce àl'ambiance festive, commencèrent à danser sous les étoiles.Hyllis, émerveillée par la scène, regardait les couples tournoyerautour de la place, leurs silhouettes se découpant dans la lumièredes bougies. Elle ressentit une main se poser délicatement sur sonépaule. Se tournant, elle croisa le regard de Yurghen, plus douxqu'elle ne l'avait jamais vu.

« Accepterais-tu de danser ? »demanda-t-il simplement.

Surprise, mais ravie, elle acquiesça.Ils s'avancèrent ensemble au milieu des autres danseurs, leursmains entrelacées. La musique était lente, et ils se laissèrentguider par le rythme. Hyllis sentit la main de Yurghen dans lasienne, forte et rassurante, et leurs pas devinrent unis, se fondantdans l'harmonie de la danse. Le monde autour d'eux semblas'effacer ; il ne restait que le contact de ses doigts contre lessiens, la chaleur de son regard, et cette proximité qui les liaitd'une manière qu'ils n'avaient encore jamais partagée.

Lesvillageois, attentifs, les regardaient danser, murmurant entre eux,observant avec bienveillance ce lien qui se révélait au grand jour.La musique se termina doucement, mais ni Yurghen ni Hyllis nebougèrent. Ils restaient là, face à face, leurs mains toujoursjointes, dans un silence éloquent.

Ce soir-là, lorsque la fête prit finet que les villageois commencèrent à quitter la place, Hyllis etYurghen restèrent en retrait, contemplant le ciel étoilé. La lunebrillait haut dans le ciel, éclairant doucement la vallée deSognefjord. Hyllis soupira, satisfaite de cette soirée, ressentantpour la première fois un sentiment d'appartenance si fort.

Yurghen se tourna vers elle, sa voixdouce brisant le silence. « Cette soirée était parfaite, grâce àtoi. »

Elle leva les yeux vers lui, touchéepar ses paroles. « Non, c'est toi qui m'as montré cette vie, cevillage, tout ce que je n'avais jamais connu. C'est ici, avectoi, que je me sens enfin à ma place. »

Ils restèrentainsi, un long moment, à partager ce silence paisible, jusqu'à ceque la fraîcheur de la nuit les rappelle à l'intérieur. Enretournant chez eux, leur complicité avait atteint une profondeurnouvelle. Le festin de printemps avait scellé leur lien, non pasavec des mots, mais avec des regards, des gestes et une présence quiallait au-delà des promesses.

Ce printemps à Sognefjord n'étaitpas seulement une saison ; il était le début d'une nouvelle vie,un tournant, le point d'ancrage de ce qui les attendait.






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