La morsure imparable des sent...

By LoupWata

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One-Shot entre Kuroro Lucilfuru et une de mes OC. C'est une histoire parallèle à l'anime, donc si vous n'avez... More

La morsure imparable des sentiments

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By LoupWata

Une plainte déchirante fend l'air orageux. Loin de là, à l'autre bout du monde, des regrets noirs et silencieux coulent sur les joues blanches d'un jeune homme. Il regarde tristement une page de son livre disparaître dans le crépuscule. Il vient de perdre à nouveau les sentiments qui le rendait vivant. Mais cette fois, il aurait voulu l'empêcher.

Deux ans auparavant...

Dans une grande ville, une fête se prépare. Tout le monde est joyeux, organise et installe en sifflotant des airs guillerets. Une étrangère est arrivée la veille et offre son aide par-ci par-là. Elle est de taille moyenne, 1 mètre 67 environ, avec de longues jambes fines. Sa peau blanche comme neige brille sous les rayons du soleil tandis qu'elle s'active. Ses longs cheveux pourpres et bleu ciel virevoltent dans tout les sens à chacun de ses mouvements. Une femme lui propose un ruban pour les attacher, ce qu'elle accepte avec un sourire léger mais long de remerciements. À la fin de la matinée, les rues sont parées de banderoles, d'affiches, remplies de musique, de commerçants et de bonheur. La jeune étrangère s'est assise dans un coin à l'ombre, un pain fourré aux framboises dans la main. Elle mord dedans avec avidité, et soulage son estomac affamé. Elle observe les habitants et les touristes discuter et rire ensemble.

« pathétique. Ces gens ne voit que le bon côtés des choses ou quoi ? Dire que je les ai aidés toute la matinée ! »

Un sourire nostalgique s'étend sur ses lèvres roses.

« il y a eu une époque où moi aussi j'étais comme ça. Mais entre-temps, je suis morte. Et les morts ne sont pas heureux. »

Une boulangère -celle qui lui a vendu le pain fourré- la retrouve dans sa petite ruelle.

« ah, c'est là que tu te caches Zia ! Vient, les festivités ont commencé, tu nous as aidé pendant des heures, ce serait dommage de les rater ! »

« oh, oui j'arrive. »

Un air faussement joyeux collé au visage, elle se mêle à la fête sans s'amuser une seule seconde. La journée défile ainsi, sans autre événement majeur. Le soir, elle s'écroule dans le lit d'une auberge traditionnelle japonaise. Elle ferme les yeux et se remémore cette période heureuse de sa vie.

Une petite fille haute comme trois pommes court dans le jardin immense d'une propriété privée. Elle rit et joue avec ses parents et sa tante. Son oncle apporte des citronnades fraîches. Son chien et elle se courent après en criant. Et c'est comme cela pendant des années. Jusqu'à ses sept ans. Ce jour-là, elle est morte. En même temps que sa petite famille. Son corps vit et grandit, mais son âme et son esprit se sont envolés avec les leurs. Elle a monté les pierres tombales dans le jardin, devant leur grande maison blanche. Elle relit une dernière fois les noms, s'attarde sur le sien. Zia Hanebi. Le serpent de l'innocence, quelle ironie.

« le jour où des assassins ont décidé de nous tuer pour de l'argent, ils n'ont pas voulu tuer une pauvre gamine innocente et en ont fait une orpheline condamnée à errer sans ambition dans ce vaste monde. Cette petite fille n'a même pas envie de se venger. C'est ridicule. Ça ne ramènera pas ses parents. Juste des problèmes pour rien. »

Ça fait maintenant douze ans que ce triste accident est arrivé. Douze ans que cette fillette évolue en se considérant comme un fantôme prisonnier du passé, qui n'a pas sa place dans le présent. Mais elle ne veut pas mettre fin à ses jours. Elle n'y a même jamais pensé. Parce que ça aussi c'est ridicule. Comme les rêves. Mais elle s'est forcée à en trouver un. Elle sait ce qu'elle veut, et elle cherche. Mais trouver un orphelin qui pourra changer leur vie à tous les deux, ça ne court pas les rues.

« faut dire que j'ai des exigences particulières que personne ne peut remplir. Que je remplisse ou non ce but, ça m'est égal. Je dois vivre en cherchant c'est tout. Ah, j'aime pas cette ville trop joyeuse. Je pars demain. Même si la nourriture est excellente. »

Comme prévu, elle quitta la ville le lendemain matin. Elle visita deux ou trois orphelinats sur la route, mais sans grande conviction. Elle finit par arriver dans un village tout petit, moins de deux-mille habitants. Une présence qui se voulait inquiétante la dissuada d'y entrer, mais elle l'ignora royalement. Elle se présenta dans un bar qui faisait aussi hôtel, et prit une chambre pour une durée indéterminée. Elle commanda un cocktail et s'assit. Une femme portant juste une veste et une jupe prune s'installa à sa table, devant elle.

« d'où tu viens avec ce pouvoir ? »

Zia s'étrangla avec sa paille. Elle avait découvert le Nen durant son périple, mais elle cachait son pouvoir le plus possible. Comment cette femme pouvait s'en rendre compte ? Perplexe, elle détailla la curieuse avec une mine renfrognée.

« tu as des compagnons de route ? »

« non. La mort finit toujours par les rattraper. »

« je vois. Tu es forte alors ? »

« pourquoi tu me poses toutes ces questions ? »

« ça te dirais de nous rejoindre ? On est forts, on ne risque pas de mourir bêtement. Tu as l'air de quelqu'un qui a vécu quelque chose de moche, et qui ne se soucie pas de tuer des gens pour ses affaires. »

« en même temps, je ne le cache pas en ce moment. Vous recrutez souvent comme ça ? »

« non, mais j'ai lu tes souvenirs quand on s'est frôlées au bar. »

Zia comprit la nature de son pouvoir. Intéressant.

« on recherche des gens comme toi. On a une place de libre. »

« vous avez un but ? »

Question piège. Dans la majorité des cas, il faut répondre oui, et préciser un but commun. Mais Zia ne veut pas d'un but imposé.

« nous sommes des voleurs. Alors on vole ce qui nous plaît. »

Bingo.

« mouais, ça pourrait être intéressant. »

« le boss est là aujourd'hui. Tu veux le rencontrer ? C'est lui qui décidera. Mais tu peux aussi refuser. »

« vous êtes la Brigade Fantôme n'est-ce pas ? J'ai senti une aura hostile en arrivant. »

« oui. Je suis Pakunoda. »

« Zia Hanebi. Enchantée. »

Les deux femmes se levèrent et montèrent dans une chambre. Pakunoda frappa deux fois, et une réponse positive lui parvint. Elle entra et invita Zia.

« boss, j'ai trouvé une fille qui pourrait nous rejoindre. Elle est forte. »

« vraiment ? »

Zia étudia le boss. Il portait un manteau noir ourlé de fourrure blanche, déboutonné. Il avait des cheveux noirs plaqués en arrière et des yeux gris/bruns. Un tatouage de croix sur le front, et la peau aussi blanche que la sienne. Un pantalon noir avec des lignes blanches aux mi-jambes. Elle posa un instant son regard sur le haut de son corps.

« il est jeune, sans doute pas plus vieux que moi. Et il est bien plus musclé que je ne le pensais. Je me demande s'il m'étudie aussi. Sans doute. »

De son côté, le boss examinait Zia sous toutes ses coutures. Il ne lui trouva rien d'anormal excepté un tatouage à peine dévoilé par sa veste.

« approche-toi, je ne vais pas te manger. »

« vous pourriez très bien être cannibale. J'en ai déjà rencontré. » affirma-t-elle un sourire moqueur en coin.

« je n'en suis pas un. Mais c'est intéressant cette histoire. »

« ils disent tous ça avant de sortir les couverts et de vous sauter dessus. M'enfin, ça serait peu probable que vous fassiez ça. »

Elle s'approcha donc, ne laissant que peu de distance entre eux. Elle entendit Pakunoda sortir et claquer doucement la porte.

« le nen hostile de tout à l'heure, c'était vous pas vrai ? C'est pas ça qui va m'empêcher de passer. »

« je n'en doute pas. C'était un test. D'après Pakunoda tu as du potentiel. »

« peut-être. Mais je m'en fiche un peu. Je ne cherche pas la puissance. Je passe juste le temps avant de mourir, une deuxième fois. »

« une deuxième fois ? »

« métaphore. J'entends par là que je n'ai plus rien à faire dans ce monde. Depuis douze ans j'erre sans vraiment savoir où je vais, sans but ni émotions, j'attends tranquillement que la mort veuille bien de moi. Servez-vous de moi si ça vous chante, ça m'importe peu. »

« tu m'intéresses. Tu acceptes de te joindre à la Brigade Fantôme ? »

« je n'ai rien à perdre, et ça fera passer le temps. Oui. »

Quelques semaines plus tard...

Zia s'est parfaitement intégrée à son nouveau groupe. Elle fait équipe avec Pakunoda ou le boss directement. Il l'autorise d'ailleurs à l'appeler Kuroro, son vrai nom. Elle vole, tue, torture et s'enfuit en brisant des vies. Elle n'a aucun remord, suivant sa théorie, les morts ne sont pas sensés en avoir. Elle a monté une liste de ses règles, les seules qu'elle respecte en plus de celles de la Brigade :

- ne pas interférer avec les affaires des vivants quelles qu'elles soient, à part celles de la Brigade.

- ne pas sauver, épargner, torturer ou tuer sans l'ordre de Kuroro Lucilfuru et lui seul.

- tester obligatoirement ses propres limites au minimum une fois par mois.

- en cas d'oubli de la règle précédente, l'exécuter dans les deux premières semaines du mois suivant.

- lors d'une mission d'infiltration sous couverture, ou d'un moment d'interaction avec les vivants autres que les membres de la Brigade, penser à émettre de (faux) sentiments.

- ne pas divulguer les secrets des membres de la Brigade, ni mes propres secrets, (identité comprise) à moins que ce ne soit justifié.

- seules les lois de la Brigade et celles écrites dans ce carnet me concerne, transgresser les lois imposées par les vivants importe peu.

- rester nomade et ne jamais se fixer (durablement ou définitivement) sur un lieu, conformément aux règles de la Brigade.

- suivre et respecter les règles consignées dans ce carnet et celles de la Brigade (dans la mesure où j'en fait partie).

Kuroro a lut ces règles, qu'elle s'est imposé des années plus tôt pour marquer sa différence avec les autres. Un peu surpris et dérouté par sa limite, il a fini par accepter son caractère effacé et simplifié. Il a remarqué qu'elle n'affichait pas plus d'émotions que nécessaire, voire pas du tout. Lire en Zia est plus complexe que comprendre une langue étrangère inconnue. Et il donnerait cher pour acquérir un dictionnaire. Mais il fait avec l'enchevêtrement des ses sentiments contradictoires, et essaie de démêler les liens compliqués de sa vie. Il y a des jours faciles, d'autres insupportables, mais son envie de la faire évoluer et de la ramener vers le monde des vivants prend le dessus sur celle de l'abandonner. Il devine petit à petit une personnalité multiple, et bien caché au fond d'elle, un caractère bien trempé. Il se découvre aussi un sentiment exclusivement réservé à la jeune fille : de l'affection. Ils apprennent à se faire confiance, ils vouent croyance absolue envers l'autre. Zia n'est pas aveugle, elle sait que Kuroro essaie de la « ressusciter ». mais elle refuse toute discussion à ce sujet. Elle n'est plus qu'un fantôme, elle ne peut pas redevenir vivante.

« je ne suis même plus humaine. Dès le premier cadavre que j'ai laissé pourrir derrière moi je n'étais plus un être humain. J'étais un fantôme qui se prenait pour un dieu, sans pouvoir atteindre un seul rêve d'enfant. »

Un an a passé. Zia recouvre peu à peu des couleurs. Outre son léger bronzage, ses joues rosissent quand Kuroro lui fait un compliment, ses doigts s'entortillent quand elle est embarrassée, ses sentiments refont surface. Lentement mais sûrement, Kuroro la fait revivre. Elle réveille en lui des facettes inespérées. Un souffle de vie balaie le gouffre incommensurable entre la vie et eux. La réconciliation des deux êtres avec les émotions, qui semblait impossible, se réalise. Et, un soir de pluie, l'expression de ses émotions refoulées prend tout son sens. Zia et Kuroro sont en mission ensemble. Pakunoda fait équipe avec Sharnalk. Ils ont tué leurs opposants, et s'abritent dans un vieil entrepôt laissé à la démolition. Trempée, Zia enlève son sweat gris et la cape accrochée à sa ceinture. Elle essore ses affaires et les pend à un clou. Kuroro retire son manteau et lui pose sur les épaules.

« merci, » souffle-t-elle, un brin timide. Torse nu, Kuroro n'a même pas froid. Zia maudit le sort de ne pas lui avoir donné une résistance comme la sienne. Même les fantômes peuvent tomber malades après tout. Mais Kuroro n'est jamais malade. Ils n'ont pas encore réalisé le changement qui s'est opéré en eux. Cette soirée va radicalement leur en faire prendre conscience. Zia est pelotonnée contre le flanc de Kuroro pour se réchauffer. Elle sent son corps s'enflammer, et sa peau rougir. Kuroro l'entoure de ses bras puissants et la serre plus près de lui. Il commence à comprendre l'alchimie qui se forme en lui quand elle se colle contre son corps. Tout doucement, il va la positionner de sorte à ce qu'elle soit face à lui. Encore plus minutieusement, il va poser ses lèvres contre les siennes. Sans réaction, Zia ne réfléchit plus. Trop de signaux s'affolent, elle ne sait pas, elle ne sait plus. Kuroro se retire, mais instinctivement, elle presse à nouveau ses lèvres pulpeuses sur celles du jeune homme. Il passe une main sur sa joue, puis dans ses cheveux pourpres. Elle enlace son cou et joue avec une mèche de ses cheveux noirs gominés. Il prend sa taille par l'autre main, et ils se retrouvent assis, enlacés, et enfin amoureux. Ils l'étaient déjà, mais ils ne le savaient pas. La raison leur hurle de s'entre-tuer pour cet affront, mais ils sont sourds à ses appels. Ils ne sont plus meurtriers ni tortionnaires, voleurs et insensibles. Ils sont humains et émotifs. Les souvenirs de ce soir-là ne les quittent pas. Ils se voient, travaillent ensemble, vivent ensemble. Leurs sentiments engloutissent l'autre, mais ils s'en repaissent allègrement. Ils ne tolèrent rien d'autre que ceux-là, c'est déjà bien suffisant. Les semaines continuent leur valse imperceptible, et transforment leur quotidien chamboulé. Une dispute, pas la première, vient secouer leur équilibre. Kuroro veut voler une technique de Zia qu'il juge trop dangereuse pour la jeune femme. Zia avait rajouté une règle dans son carnet, applicable à tous les deux :

- ne pas laisser les sentiments prendre le pas sur notre vie professionnelle.

« Tu ne respectes pas cette règle Kuroro ! »

« c'est parce que tu m'y oblige ! »

Les insultes blessantes fusent et détruisent leur relation.

« tu avais dit que jamais tu ne me volerais autre chose que mon cœur lacéré... »

Les sanglots de Zia prouvaient sa soif de vivre toute neuve. Elle finit par quitter la Brigade Fantôme, et partit loin, commençant son exil. Face à son erreur, Kuroro ne la poursuivit pas. Elle cria son désespoir dans un hurlement plaintif avant de mettre fin à ses jour d'une dague dans le cœur. Ce cœur si meurtri par la vie si cruelle qui lui a été imposée. Cette fillette malchanceuse disparut ainsi, retrouvant sa chère famille dans les nuages orangés des cieux déclinants. À Kuroro de devenir un fantôme à présent...

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