CHAPITRE 3
POV : NT
Je creusais dans l'obscurité. Le silence n'était troublé que pars mon souffle irrégulier et par le bruit des gravats tombants. Je sentais un liquide chaud s'échapper de mes mains, gouttant lentement sur le sol. Je serrai les dents et continuai, malgré la douleur. Le temps semblait impossible à déterminer. Depuis combien de temps suis-je là ? Quelques minutes ? Des heures ? Ou bien des jours ? Je ne voyais plus la différence.
Mon ventre criait famine et je n'entendais que lui. J'arrivai finalement au bout de ce supplice. Je franchissais les débris restants en priant silencieusement afin de trouver de la nourriture. Je vis une porte et une armoire que je m'empressai d'ouvrir. Mon cœur battait à tout rompre tandis que je tirais les poignés vers moi. Mon souffle se coupa. Vide. Elle était vide. Je m'écroulais à terre, m'écorchant les genoux au passage. Tout ce travail pour rien ! Mais il ne fallait pas perdre espoir, il restait cette porte. Les larmes aux yeux, je pénétrais doucement dans cette nouvelle pièce. J'écartais une toile d'araignée de la main tout en balayant la salle des yeux. Quelques boites de conserves gisaient au sol, mais cet endroit semblait avoir été vidé durant la fuite des propriétaires. Nous ne mourrons pas de faim aujourd'hui, et cela me réchauffa un peu le cœur. Je trouvai quelques planches de bois et des matériaux, ainsi que des livres empilés dans un carton. Cette fouille n'avait pas été si infructueuse que ça finalement. Je décidai de rejoindre Seb et éventuellement me reposer un peu.
Je remontais les escaliers en faisant attention à ne pas trébucher. Les lattes craquaient sous mes pas. Je me figeai en entendant un sanglot étouffé. Le bruit semblait venir de l'étage... Seb ? Je m'accroupis et marchais silencieusement vers la source de ces bruits. L'adrénaline s'insinuait doucement dans mes veines, avait-il été attaqué ? Etait-il blessé ? Je savais que les pillages étaient courant ces temps-ci... Je parcourais un couloir, les sanglots semblaient venir de la pièce à ma droite. Je collai mon dos contre le mur, le cœur battant à tout rompre. Je passai la tête par l'entrebâillement de la porte. Il était là, seul, étendu sur la moquette poussiéreuse, les genoux remontés contre son torse. Des planches de bois avaient été installées sur les fenêtres, si bien que sans le bruit de ses pleurs, on aurait presque pus croire qu'il dormait paisiblement, dans l'obscurité. Je m'approchais de lui et le pris dans les bras. Il enfouit sa tête dans mon cou, laissant aller ses pleurs.
« J'ai... J'ai essayé d'être fort, je te promets, articula-t-il entre deux sanglots. Mais j'en peux plus... C'est trop pour moi. Je veux me réveiller ! »
Il cria presque cette dernière phrase, je pouvais ressentir son désespoir et sa peur, semblable à la mienne. Je le berçais doucement et mes pleurs ne tardèrent à rejoindre les siens. Nous restâmes de longues minutes dans cette position. Petit à petit, sa respiration redevint régulière, mais il ne bougeait pas pour autant. Je l'entendis articuler :
« Que va-t-on devenir ? On n'a plus rien...
-Au moins, on est ensemble. Je n'aurais pas pu vivre tout ça seul. »
Il ne répondit pas immédiatement. Il se colla encore un peu plus à moi et releva la tête afin de me regarder dans les yeux.
« Jul... Fallait que je te dise un truc. Je ne comptais pas te le dire maintenant mais... Sa voix se mit à trembler. Mais je ne sais même pas si demain j'aurais la chance d'entendre ta voix, ou de voir tes yeux me regarder avec cette expression que j'aime tant...
-Ou veux-tu en venir ? »
Il ne répondit pas immédiatement. Il détacha ses yeux des miens et reposa sa tête contre mon torse. Je le sentais trembler légèrement, de froid ? J'inspirais profondément et son odeur vint me chatouiller les narines, envoutante, indescriptible. J'aurais tellement voulus profiter de cet instant dans un autre contexte, sans cette guerre. J'étais perdu dans mes pensées, sa voix grave me fit sursauter.
« Je t'aime Jul »
Il avait prononcé ces paroles sans me regarder, peur de ma réaction. Mais je ne savais pas quoi penser. J'avais indéniablement des sentiments pour lui, cependant tout cela allait trop vite. Cette guerre... En quelques jours elle avait déjà modifié notre quotidien à jamais et je voulais profiter de chaque instant qu'il me restait en vie et avec lui.
Je renforçai ma prise autour de lui, sa peau brûlait contre la mienne. Je ne voulais pas avoir de regrets. Je pris doucement son menton d'une main, le forçant à tourner son visage vers le mien. Ses beaux yeux étaient cernés de fatigue, il devrait se reposer. Cette réflexion me fit légèrement rire, même en temps de guerre je me souciais de son état de fatigue, alors que tout le monde était épuisé.
« Qu'es ce qu'il te fait sourir ? demanda-t-il en fronçant les sourcils, d'une moue adorable.
-Rien ne t'inquiète pas, dis-je toujours en souriant.
-Mais d... »
Je l'interrompis d'un baiser. Il était doux, parfait. Ce soudain afflux de sentiments fit bondir mon cœur si intensément qu'il en fut presque douloureux.. Sans détacher nos lèvres il s'allongea sur moi, son corps s'emboitait avec le mien à la perfection. Je gémis légèrement de plaisir, passant mes mains dans ses cheveux tandis que sa langue venait rejoindre la mienne dans une danse endiablée. Quel con j'étais. Je l'aimais. Je l'aimais comme un fou, et il m'avait fallut une guerre et des larmes pour m'en rendre compte.
Un autre sentiment s'insinua dans mes veines, l'espoir. L'espoir de sortir de tout ça vivant et de construire un futur nouveau, ensemble.
Voilaaa, alors le prochain chapitre mettra, je pense, encore plus de temps à sortir que celui-ci. En ce moment je n'arrive pas du tout à écrire, et pourtant j'ai toute l'histoire en tête... En tout cas si cela vous a plu, n'hésitez pas à laisser un com' et à me suivre sur twitter pour ne pas rater les prochaines fics ( Aegami_ )
Bisous ! :D