Mme Abbot revient avec l'antidote du philtre d'amour. Quand Noëlle en boit une dose, son expression de béatitude profonde disparait peu à peu.
- Qu'est-ce qui m'est arrivé? demande Noëlle en regardant partout autour d'elle pour essayer de reconnaitre l'endroit.
- Juste une niaiserie de McLaggen pour me faire rentrer dans l'équipe. Une niaiserie qui n'a pas marchée.
- Il est quelle heure, là?
- T'inquiète pas, il te reste une bonne dizaine de minutes avant le cours.
Elle descend du lit et marche en dodelinant vers la sortie.
- Attention, les effets secondaires de l'antidote donnent des vertiges et des pertes de connaissance pendant une heure! prévient l'infirmière.
Mais Noëlle ne semble pas s'en soucier. Elle marche de plus en plus rapidement vers l'escalier. Teddy l'attrape juste à temps avant qu'elle déboule.
- Pourquoi t'es autant pressée? demande-t-il en la faisant assoir sur une marche.
- J'ai oublié d'étudier pour l'examen de défense contre les forces du Mal!
- Voyons, Noëlle, dis-je en m'asseyant à côté d'elle. L'examen, c'était hier.
- Ah...
Elle descend l'escalier avec l'aide de Teddy, Al et moi. La cloche sonne au moment même où on arrive à la Grande Salle pour continuer de déjeuner. On s'en va directement au cours de défense contre les forces du Mal parce que la prof nous a avertis qu'on n'aurait pas besoin de notre matériel, juste de notre baguette magique.
Notre prof, Mlle Hawkins, est l'une des profs les plus jeunes de l'école. Elle a des cheveux noirs d'encre sont attachés en une tresse qui descend jusqu'à sa taille. Elle porte des lunettes et une robe de sorcière verte émeraude, de la même couleur que le blason de la maison dont elle est la directrice, c'est-à-dire, Serpentard.
Quand on rentre dans la classe, on remarque tout de suite une différence majeure. Les tables, brunes où deux élèves s'y assoient côtes à côtes, d'habitude alignées devant la fenêtre au fond de la salle, sont maintenant tassées sur les murs avec tout le reste des meubles pour laisser un grand espace vide qui fait paraitre la salle plus grande. Au fonc se dresse une armoire en bois foncée.
- Bonjour, classe, dit la prof quand la cloche sonne. Les Gryffondor de cette année avance vraiment rapidement en défense contre les forces du Mal. Nous avons déjà terminé le programme de la première étape! J'ai donc décidé de faire un petit cadeau à la classe : Un cours pratique.
Pour l'instant, on a toujours eu des cours théoriques, alors ça explique pourquoi les élèves sont aussi heureux.
- Aujourd'hui, je vais vous apprendre comment neutraliser un épouvantard, continue Mlle Hawkins. D'habitude, on vous l'apprend en troisième année, mais c'est très simple et amusant, alors j'ai décidé de vous montrer comment faire maintenant. D'abord, qui peut me dire ce qu'est un épouvantard?
- Un épouvantard est une créature du statut de « non-être » qui vit dans les endroits sombres, comme une armoire, et qui a le pouvoir de changer d'apparence selon les peurs des gens, récite Rose en levant sa main.
- Bravo! dix points à Gryffondor! Comme l'a dit Rose, l'épouvantard qui s'est installé dans cette armoire et n'a encore pris aucune forme car il n'a personne à effrayer. Personne ne peut dire à quoi ressemble un épouvantard quand il est tout seul mais, lorsque je le laisserai sortir, il prendra immédiatement la forme qui fera le plus peur à chacun d'entre nous.
Les élèves se mettent à chuchoter frénétiquement.
- Imaginez que j'arrive devant l'épouvantard pis qu'il se change en rien du tout parce que j'ai aucune peur! chuchote Al, sûr de lui.
- C'est ce qui s'appelle l'impossible, fait Teddy.
La prof essaye de faire revenir le calme, en vain. Mais quand elle menace d'annuler le cours, on pourrait entendre une mouche voler.
- Commençons! Mlle An, Lisa, venez-ici.
La fille – qui est dans la même chambre que moi – s'avance timidement.
- Mlle An, qu'est-ce qui vous fait le plus peur?
- Euh... Ben... Je crois que c'est les marionnettes...
- C'est vrai qu'elles font froid dans le dos. En tout cas, quand l'épouvantard sortira de l'armoire, il va sans doute se transformer en marionnette. La formule qui va le neutraliser est Riddikulus, explique-t-elle. Mais ce n'est pas tout, il faudra que vous vous imaginiez la marionnette d'une façon amusante, vous sentez-vous capable?
Lisa hoche la tête.
- Attention, j'ouvre l'armoire, dit Mlle Hawkins en mettant en pratique ses paroles.
Rien ne se passe. Puis on entend un murmure discret et des bruits de frictions. Une marionnette grande à peu près de cinquante centimètres en sort discrètement en marchant de façon boiteuse.
Lisa se met à crier et recule de plusieurs pas.
- Calmez-vous. Imaginer une façon de la transformer pour qu'elle vous fasse rire!
Lisa prend sa baguette d'une main tremblante et la pointe sur la marionnette qui, je dois l'avouer, nous fait tous un peu peur.
- Riddikulus! crie Lisa.
Les fils de la marionnette s'emmêlent soudainement et elle s'écrase au sol. La classe éclate de rire tandis que la poupée se précipite vers l'armoire dont la porte se ferme derrière elle.
- Magnifique! s'exclame Mlle Hawkins. Qui veut passer le prochain?
Les élèves se précipitent en donnant des coups de coudes pour former une ligne. Le premier, qui se trouve être Al, s'avance quand la prof ouvre l'armoire.
L'épouvantard est un serpent géant avec des crocs, une langue sifflante et des yeux jaunes globuleux.
- Riddikulus! crie-t-il en tremblant.
Une pomme apparait. Le serpent va la manger, mais la pomme disparait et elle est remplacée par le bout de sa queue. Comme dans le jeu auquel jouait mon père sur son ordinateur quand il se reposait.
La personne suivante est Rose. Sa plus grande peur semble être qu'on lui annonce qu'elle a coulé son année. Un Riddikulus plus tard, son 16% se retourne pour devenir 91%. Je commence à penser que ma classe à vraiment trop le sens de l'humour. Parce que ce n'est pas drôle du tout, mais ils éclatent de rire pareil.
Après plusieurs élèves, qui ont peur entre autre d'araignées monstrueuses ou d'autres insectes et animaux géants, c'est le tour de Noëlle. Je sais qu'elle a peur du vide, mais comment l'épouvantard va pourvoir représenter le vide? La porte de l'armoire s'ouvre dans un grincement. J'étire mon cou pour essayer de mieux voir. C'est un balai! Noëlle réagit vite en criant Riddikulus, puis le balai s'enflamme et tombe en un tas de cendre.
Un peu plus tard, c'est le tour de Teddy. L'épouvantard devient une sorte de boule blanche lumineuse. Je suppose que c'est la Lune. Teddy la fait se transformer en ballon et elle se dégonfle dans un bruit de pet.
- T'as peur de la Lune? lui demandé-je quand il revient.
- Ouais...
- Son père était un loup-garou, et il a peur d'en être un aussi! chuchote Al.
- Al! Arrête de raconter tous mes secrets à tout le monde!
J'attends pendant un moment qui me parait très long que mon tour arrive. Je n'ai aucune idée de ce que pourrait être ma peur. Ça fait quand même un bon bout de temps que j'y pense, mais je ne trouve rien.
Quand la porte de l'armoire s'ouvre devant moi, il ne se passe rien. J'attends longtemps devant mais rien ne sort. Je repense à ce qu'a dit Al plus tôt : « Imaginez que l'épouvantard se change en rien parce que j'ai aucune peur! » Je me retourne vers les autres pour me venter un peu... Sauf qu'il n'y a personne. Ok... C'est étrange... Je tourne sur moi-même pour voir tout autour de moi. Je commence à angoisser.
- Heu... Où est-ce que tout le monde est passé?
Je commence vraiment à m'inquiéter. Je lance un rapide coup d'œil vers la porte... La porte?! Il n'y en a plus!
Un homme en capuche noir apparait de nulle part. Je le reconnais, car il n'a aucun visage, comme les souvenirs que j'ai de la mort de mon père...
- Avada Kedavra!
Je m'accroupi sur le sol en criant pendant qu'une lumière verte m'entoure.
- Maya?! Maya!
Quand j'ouvre les yeux, je vois que toute la classe est là, autour de moi.
- Maya? Ça va?
Je me relève en faisant oui de la tête. À ce moment, la cloche sonne et tout le monde, y compris moi, se précipite vers la sortie.
- Qu'est-ce qui s'est passé, au juste? demandé-je.
- C'était assez inhabituel comparé aux autres, répond Noëlle. Tu as été enrobée dans une sorte de bulle translucide.
- Au début, t'avais l'air calme, dit Teddy, même un peu fier de toi.
- La prof a supposé que l'épouvantard t'avait mis dans une sorte de bulle qui te déconnectait de la réalité, explique Al. Exemple pour simuler la claustrophobie.
- Quand tu t'es retournée vers nous, continue Noëlle, t'avais l'air surprise. Puis tu t'es mise a tourné autour de toi en disant quelque chose qu'on n'a pas entendu à cause de la bulle.
- Et ensuite, t'avais l'air d'avoir full peur. La bulle s'est remplie de vert avant d'exploser, puis on t'a retrouvée accroupie.
On arrive devant le portrait de la grosse dame.
- Et l'épouvantard? Qu'est-ce qui lui est arrivé?
- Disparu. La prof l'a fait « Riddikuluser » juste après toi pour qu'il meure, si on peut appeler ça comme ça.
Après avoir donné le mot de passe à la grosse dame, on rentre dans notre salle commune.
- En passant, l'épouvantard? demande Noëlle.
- Ben, on dirait que j'ai peur de l'assassin de mon père...
Ils s'arrêtent tous d'un coup.
- Quoi?! Comment ça, t'as jamais trouvé l'occasion de nous le dire?! s'exclame Teddy, ahuri.
- C'est pas comme si ça se plaçait facilement dans une conversation!
- Mais quand même! Il fallait nous avertir!
- Est-ce que t'as d'autres secrets comme ça? fait Al, scandalisé. Genre que ta mère t'a abandonné, pis que tu vivais dans un orphelinat avant de venir à Poudlard...
Il dit ça sur un ton de blague, pourtant...
- C'est pas mal proche de la réalité, dis-je.
Je ne sais pas si ça existe des expressions faciales plus étonnées que celles que j'ai devant moi.
- Ok, puisque c'est le temps des aveux, dis-je pour détendre l'atmosphère, à votre tour!
Mais ils sont trop choquée pour répondre.