Driiiiiiiiiing
- Oh non... Pas déjà.
Je levai difficilement la main pour faire taire cet saleté de réveil. J'ai une question pour vous. Pourquoi un lit n'est-il jamais plus confortable que quand on doit le quitter ? C'est un véritable mystère pour moi. Je devrais peut-être aller en parler à mon professeur de philosophie tiens. Je me levais difficilement, mettais à fond une musique de Granrodeo et m'habillais. Une fois mes cheveux argentés coiffés je m'observais dans le miroir de ma chambre.
- Pas mal.
Pas que j'avais un petit-ami ou quelqu'un à qui plaire mais ça faisait toujours plaisir de se sentir belle. Et je faisais de mon mieux tous les jours pour l'être. Après avoir pris un rapide petit-déjeuné et souhaité une bonne journée à mes parents, je sortais de ma maison et direction le lycée. Au fait, je ne me suis pas encore présentée. Moi c'est Yuna, élève de terminale au lycée d'Eldarya, ma ville natale. Grande, fine, des yeux rouges et des cheveux aussi brillants que la lune. Oui, je sais ce que vous pensez, ce n'est pas très conventionnel comme couleurs mais je peux vous assurer que c'est cent pour cent naturel.
Je n'avais pas encore fais deux pas dans le lycée que quelqu'un me sautait déjà dessus. Je me retournais pour me retrouver, sans aucune surprise, en face de ma meilleure amie, Ykhar. Cette fille est une vraie boule d'énergie je peux vous l'assurer.
- Comment tu vas Yuna ? Prête pour le contrôle de math ?
Le... le quoi ? Non j'avais totalement oublié.
- Bon sang, faut que je trouve quelqu'un pour m'aider à réviser.
- Je vais finir par croire que c'est mon seul rôle, t'aider à réviser, dit une voix derrière moi.
Je me retournais encore une fois pour voir que mes deux autres amies étaient arrivées. Celle qui venait de parler, l'intellectuelle du groupe, Eweleïn, et Miiko.
- Coucou les filles, leur dis-je avant de me mettre devant Eweleïn pleine d'espoir. Tu vas m'aider hein ? S'il te plaît ?
Après un acquiescement de mon amie, je souris à pleine dent. Je les adore toutes les trois. La plupart des élèves nous considéraient comme le « groupe des belles filles du lycée ». Ça devait sans doute être ironique étant donné que nous étions toutes célibataires. Alors que je commençais à croire que cette journée allait finalement bien se passer, les problèmes arrivèrent. Les problèmes sous la forme d'un groupe de quatre garçons suivit d'une dizaine de filles.
- Alors Yuna, comment tu vas ? Tu vas encore réviser à la dernière minute ? Si tu veux tu peux réviser chez moi. Toi, moi, le soir, seuls.
- Plutôt crever Nevra, tu m'entends.
- Oui, je t'entend ma belle mais je ne comprend pas ce que tu me dis, me répondit-il avec un sourire de pur play-boy.
Mais qu'est-ce qu'il pouvait m'énerver celui-là. Je ne pourrai pas passer une journée sans qu'il vienne m'embêter ? Juste une seule journée ? Lui c'est Nevra, le chef du groupe des garçons du lycée. Comme vous vous en doutez, quand un établissement comprend un groupe de filles et un groupe de garçons tous deux considérés comme les « plus beaux du lycée » ça fini mal. C'est tous les jours la guerre des clans. Miiko, Eweileïn, Ykhar et moi contre Leiftan, Ezarel, Valkyon et Nevra. Je dois avouer qu'en fait c'était plutôt lui et moi qui n'arrivions pas à nous supporter. Ou même juste moi en fait.
Je le connaissais depuis longtemps, nous étions déjà ensemble au collège et même à cette époque il passait son temps à me draguer. Si encore il ne faisait que ça. Je pourrai même succomber qui sait. Le problème c'était qu'à côté il couchait avec tous ce qui bougeait. Et vu la quantité de fan-girls qui suivaient le clan des garçons il avait l'embarra du choix. Alors que nous nous éloignions pour rejoindre notre salle de cour, une voix que je détestais m'appela.
- Eh, Yuna ! Tu peux toujours rêver, tu n'auras jamais Nevra.
Cette fois-ci c'est avec une colère sans nom que je me retournai. Alajéa, la fan numéro un de Nevra. Combien de fois avait elle déjà atterrit dans son lit ? Je n'en savais rien et je ne voulais même pas le savoir, ça me ferai sans doute vomir.
- Est-ce qu'un jour tu vas finir pas comprendre qu'il ne m'intéresse pas où ton cerveau est-il trop petit pour ça ?
Devant le petit rire de Nevra vite suivit par les autres garçons, Alajéa ne répliqua pas. Cette fois-ci je m'en allais pour de bon. Cette fille avait un don incroyable pour m'énerver. Pire que Nevra, pire que mille Nevra d'un coup. Elle m'énerve !
La fin des cours arriva beaucoup trop lentement à mon goût et je rentrais chez moi après avoir dit au revoir à mes amies. Qu'est-ce que je m'ennuierais si elles n'étaient pas là. La journée avait été plutôt calme finalement. J'avais réussi à éviter Nevra et sa clique le reste de la journée. Tous allait bien. C'est ce que je pensais quand j'entendis un cri. Un cri de terreur. Il venait de la ruelle à ma gauche. Comme une idiote je courrais vers la source de ce cri pour trouver un garçon d'environ douze-treize ans, malmené par des voyous d'une vingtaine d'années. Vu les blessures qu'ils avaient, le garçon avait du résister mais là il était vraiment dans une mauvaise posture. Je pris mon courage à deux mains et mis un coup de pieds là où ça faisait mal à un des hommes. Sous le coup de la douleur il lâcha le garçon, de même que ses amis. J'en profitais et le tira par le bras.
- Vite ! On s'en va. Suis moi.
Il ne dit rien et on couru à toute vitesse s'éloignant de la ruelle et des voyous par la même occasion. Exténuée, je m'arrêtais, les mains sur les jambes, essoufflée.
- Ça va ? lui demandais-je.
- Oui, mais je n'avais pas besoin de ton aide. Je pouvais très bien me débrouiller tout seul.
Quoi ? Il se foutait de moi là. Quand je suis arrivée il était à moitié mort. D'ailleurs maintenant que je pouvais bien le regarder, il était vraiment dans un mauvais état. Allez... Je vais faire ma bonne action de la semaine.
- Où habites-tu ?
- Dans la rue des cerisiers pourquoi ?
- Je te raccompagne.
- Quoi ? Pas question, je...
Je le rattrapais juste à temps alors qu'il allait tomber dans les pommes.
- Bon, ok, je te montre le chemin.
Ben voilà. Pas si bête que ça le gamin.
- Moi c'est Yuna et toi ?
- Chrome.
Chrome n'habitait pas loin, au bout de dix minutes nous étions arrivés. Devant son état, qui ne faisait qu'empirer, je décidais d'entrer dans la maison. Au moins pour expliquer ce qu'il s'était passé à ses parents. Je m'avançais, prête à sonner.
- Ça sert à rien. Personne est à la maison à cette heure là. Mon frère va sans doute bientôt rentrer mais il traîne toujours dehors après les cours.
Voilà un frère qui n'avait pas l'air très responsable. Enfin bref, je n'avais pas le choix du coup. Je laissais Chrome ouvrir la porte grâce à sa clé et le laissa s'installer sur le canapé.
- Où est la salle de bain ? Je vais te chercher un gant de toilette mouillé.
- Elle est en haut mais tu n'as pas besoin de faire ça. Mon frère me soignera.
- Je ne sais pas quand il rentrera, il vaut mieux que je te fasse les premiers soins.
Il ne me contredit pas et je montais à l'étage. Cette maison n'était pas immense mais j'avais toujours eus le don de me perdre dans les endroits que je ne connaissais pas. J'ouvris un nombre incalculable de portes en cherchant la salle d'eau, passant par plusieurs pièces. Une chambre, qui devait sans doute être celle de Chrome, une avec un lit double, et une autre dont la porte était entrouverte. Ma curiosité prit le dessus sur ma raison et j'entrais dans la pièce. Elle n'était pas rangée, digne d'une chambre de garçon. Quelques CD traînaient pas ci, par là. Je pus remarquer que nous avions environ les même goûts musicaux. Vu les cahiers qui traînaient il avait l'air d'être en terminale comme moi. Si ça ce trouve je le connaissais. Il faudrait que je demande son nom à Chrome.
Je sortais pour finalement trouver la salle de bain. Alors que je sortais de celle-ci j'entendis une voix que je connaissais bien dans le salon.
- Chrome ! Mais qu'est-ce qui c'est passé ? Tu vas bien ?
Cette voix. Non! Impossible ! Je couru presque dans les escaliers avec mon gant de toilette pour me retrouver face à la dernière personne que je m'étais attendu à rencontrer, Nevra.
- Yuna ? C'est toi qui a ramené mon petit-frère ?
Sur le coup, j'étais trop surprise pour répondre. C'est Chrome qui brisa le silence.
- Oui, elle m'a sauvé. Mais je pouvais me débrouiller tous seul hein Nevra. Je sais me battre.
- Je le sais Chrome mais tu en fais trop.
Nevra se tourna vers moi et me fit un sourire magnifique que je ne lui avais encore jamais vu.
- Merci Yuna.
- Euh... Je t'en pris.
Cette fois je n'y tenais plus. Je donnais le gant de toilette à Chrome et sortis en courant de la maison.
- Je me disais bien que je connaissais ce prénom. C'est elle la Yuna dont tu parles tous le temps, grand-frère.
- Oh, ferme-là Chrome.
Le lendemain, alors que je me dirigeais vers le lycée, des dizaines de choses tournaient dans ma tête. Alors comme ça Nevra avait un petit frère. Et qui avait l'air de beaucoup l'aimer qui plus est. Et, du coup, ça voulait dire que je suis entrée dans sa chambre ! Mais il m'avait toujours dit qu'il détestait les groupes que j'écoutais. Et pourtant il avait leurs CD chez lui. Et il s'est tellement inquiété pour Chrome. Et ce sourire qu'il m'a fait. Rien que d'y penser ça me faisait rougir. Oh bon sang, arrête ça tout de suite Yuna. Tu ne peux pas. Non tu ne peux pas tomber amoureuse de ce mec. C'est impossible, arrête d'y penser tous de suite.
C'est des questions plein la tête que j'arrivais au lycée. Avant même de pouvoir chercher mes amies du regard on m'agrippa le bras et m'emmena dans un coin désert de la cour. Cette personne c'était Nevra. Il me plaqua contre un arbre avec un air, extrêmement sérieux.
- Yuna, il faut qu'on parle.
Non, non, non ! Cette situation était trop gênante et je n'étais pas encore prête à lui faire face. Je n'eus pourtant pas le choix. Il me prit le menton pour que je le regarde dans les yeux. De magnifiques yeux violets dans lesquels j'avais envie de me perdre. Et Ykhar qui n'arrêtait pas de me rabâcher qu'il n'y avait qu'un pas entre la haine et l'amour. J'aurais voulu ne jamais lui donner raison.
- Je suis désolée d'être entrée chez toi sans autorisation.
J'essayais de me dégager mais il me maintenait trop fortement contre l'arbre. Je n'avais plus le choix, je devais l'écouter.
- Yuna... tu te trompes sur moi.
- Ah bon ? Tu n'es pas le plus grand play-boy que le monde n'est jamais connu ? Ça pour une nouvelle.
- Arrête ! Je n'ai jamais couché avec Alajéa, avec aucune autre fille de ce lycée d'ailleurs. C'est elle qui a lancé ces rumeurs et comme ça m'amusais je n'ai jamais contredis.
- Comme si j'allais te croire. Et pourquoi tu me dis ça ?
- Parce que ça te fais mal de croire ça. Et ça me fais mal que tu le crois.
- Quoi ?...
Je n'eus pas le temps de continuer ma phrase. Nevra m'embrassa et je ne pus m'empêcher de répondre. Comment avais pu me mentir à moi-même pendant si longtemps ? Oui je l'aimais. Beaucoup, beaucoup trop.
- Je veux que tu me connaisses. Que tu me regardes comme je suis. Je t'aime, Yuna. Depuis bien longtemps.
C'est entre les larmes et les sourires que je me collais contre lui.
- Moi aussi je t'aime, Nevra.
Malgré sa déclaration je ne pouvais pas m'empêcher de me demander, pourquoi moi ? C'est vrai quoi, il était poursuivit par une horde de filles toute la journée, il avait l'embarra du choix.
- Dis Nevra. Pourquoi... enfin, je veux dire, qu'est-ce que tu aimes chez moi ?
Il me fit un magnifique sourire, plein de sous-entendu qui eut l'effet de me faire rougir jusqu'à la racine.
- Eh bien, tu es mignonne, forte, tu ne te laisses pas faire... Et tu es sans doute une des seule fille qui est réussi à me tenir tête. Depuis longtemps, qui plus est.
Je ne savais pas si je devais me réjouir ou non qu'il m'aime justement parce qu'au départ je ne l'aimais pas. Enfin, le mignonne était resté largement prioritaire dans mon esprit.
- Et, j'ai encore une question. Depuis quand tu aimes GRANRODEO ?
Cette fois-ci il me regarda d'un air surpris. Ah oui ! C'est vrai qu'il n'était pas au courant que j'étais entrée dans la chambre.
- Depuis longtemps si tu veux savoir. Je t'ai toujours dit le contraire pour t'énerver. Mais... Puis-je savoir comme avez-vous eu cette information mademoiselle ?
Je ne pus m'empêcher de rire devant cette question.
- Eh bien... Disons que j'ai atterrie par mégarde dans ta chambre quand je cherchais la salle de bain.
Il me sourie à nouveau, se pencha et m'embrassa. J'avais comme l'impression que j'allais retourner dans sa chambre d'ici peu de temps. Nous nous dirigeâmes finalement vers le centre de la cour, main dans la main. C'était bien beau de jouer aux amoureux derrière les arbres mais nos amis allaient sans aucun doute s'inquiéter. Quand je vis les deux groupes se fusiller du regard je ne pus m'empêcher de penser que c'était un peu de ma faute. C'était moi qui avait maintenu cette hostilité à l'égard des garçons. Tous ça parce je ne supportais pas Nevra. Maintenant que je savais que c'était juste de l'amour caché je trouvais ça très ironique. C'est Ykhar qui nous remarqua en premier.
- Ah, Yuna, tu es là. Je commençais à... Mais... Vous sortez ensemble !
Je rougis à l'entente de cette phrase, alors que Nevra souriait, prit d'une certaine fierté. Vu le regard de nos amis, ils ne devaient pas trop savoir comment réagir. Pendant quelques instants j'eus peur jusqu'à ce que les filles me sautent dans les bras, visiblement extrêmement heureuses. Tandis que Valkyon et Leiftan donnaient des coups amicaux dans le dos de Nevra, Ezarel sortit une blague pâteuse d'on il avait le secret et qui, pour la première fois, nous fit rire mes amies et moi. Pour la première fois, j'avais l'impression que la guerre des clans était terminée.
- Je ne suis pas d'accord avec ça !
Comme vous vous en doutez, la personne qui vient casser l'ambiance était bien évidemment Alajéa, suivit de son petit groupe de fan-girls.
- Je t'ai pourtant dit de ne pas t'approcher de Nevra. Je savais que tu finirai par l'ensorceler, sorcière !
Sorcière ? Était-elle sérieuse ? Apparemment oui. Eh bien il était temps que la sorcière contre attaque. Ce que j'allais faire quand Nevra se mit devant moi, d'un geste protecteur.
- Écoute moi bien Alajéa. Ne parles plus jamais comme ça à Yuna ! Et ne hurle plus jamais sur les toits que j'ai couché avec toi, ce qui n'est jamais arrivé. Si jamais, tu oses encore t'en prendre à ma petite-amie, je jure que je m'occuperais de toi, personnellement.
Il avait dit ça, avec un mélange de colère et de supériorité dans la voix, ce qui, entre nous, le rendait très sexy. Mais mon esprit était resté sur le « petite-amie ». Alajéa avait l'air catastrophé. Vous vous rendez compte, SON Nevra venait de lui faire des reproches et de déclarer clairement qu'il sortait avec moi. Quelle injure pour elle. Je crois que je n'ai jamais été aussi de heureuse de la voir partir loin de moi.
Le soir même, Nevra me demanda de l'accompagner chez lui pour me présenter à ses parents. Je trouvais ça légèrement rapide mais je savais que la véritable raison n'était pas ses parents mais plutôt Chrome. Le jeune garçon ne parut d'ailleurs pas si surpris de nous voir arriver ensemble et il dit une phrase qui restera à jamais dans mon esprit.
- Eh ben voilà. Je savais bien qu'aucune fille ne te résistait.
Avant même que je n'ai pu faire un mouvement, Nevra me plaqua contre lui, un grand sourire sur le visage.
- Désolé petit-frère, mais celle-là, je compte bien la garder.
Rouge pivoine, je regardais Nevra, toujours aussi fier de ce qu'il venait de faire. Il me regarda interrogateur, attendant une réaction de ma part. Je me mis sur la pointe des pieds pour l'embrasser.
- Alors, tu as de la chance que je veuille rester.