Au petit matin, le soleil tente difficilement de faire son apparition entre les nuages bas qui dominent la fjärd. Le réveil de Lisbeth se met à sonner, elle qui dormait si paisiblement après une nuit plus qu'agitée, la voilà qui se lève péniblement. Elle ne prend pas le temps de se maquiller comme les autres jours, enfilant un vieux jean et un pull épais, elle court rejoindre ses camarades au rendez-vous.
Une fois sur place, elle retrouve Peter et Sven. Les autres arrivent à leur tour, traînant des pieds. Il faut dire qu'ils auraient préféré dormir pendant les vacances. Toutefois il manque le petit frère d'Hanna, celle-ci s'est arrangée pour le laisser chez elle cette fois. Sans plus attendre, Linn ouvre la porte de la cabane et entre à l'intérieur. C'est une construction rudimentaire, mais plutôt bien élaborée. Des planches récupérées ont permis de réaliser l'ossature, tandis que le toit est fait à partir de tôles assemblées. C'est l'une des plus grandes cabanes construites dans la vallée, une dizaine d'adultes peuvent y entrer sans se gêner. À la décoration pointue et habillée de frises sculptées dans le bois, on reconnait la touche féminine de celles qui ont monté les fenêtres. Seul le verre remplacé par une feuille de PVC opacifié par les intempéries rend l'aspect moins joli qu'à l'origine. Peter et son frère Sven se précipitent sur le mobilier et l'écartent près des murs pour faire un peu de place. Les chaises en pin massif et la table en fer forgé leurs ont été gracieusement données par leurs parents au fur et à mesure des années. Cependant, il fait toujours très sombre à l'intérieur. Heureusement ces cinq adolescents ne manquaient pas de génie lors de la conception de cette cabane. Un astucieux système électrique leur permet d'obtenir de la lumière et même d'écouter de la musique. En effet, dans un coffret est placée une batterie de voiture reliée à un transformateur. Celui-ci alimente une ampoule située au plafond ainsi qu'une prise murale. Seul le père de Linn électricien depuis plusieurs années, est venu s'assurer qu'il n'y avait aucun danger pendant les travaux. Hanna allume le plafonnier, aussitôt Lisbeth se place au milieu de la pièce. Elle sort de son manteau fourré la dague enveloppée dans un vieux bout de chiffon. Les autres observent avec la plus grande attention, formant un demi-cercle autour d'elle. Libérant délicatement la dague de son linge, elle la tient posée sur la paume de ses mains. Un des rubis se met alors à s'illuminer, le groupe d'adolescents n'en croit pas ses yeux. Très vite, c'est tous les rubis ornant ce précieux objet qui brillent de mille feux. Personne ne semble connaître la conduite à tenir face à tant de mystère, à l'exception de Lisbeth qui se rappelle son douloureux cauchemar. Elle hésite à reproduire le geste qui l'a plongé dans les ténèbres. Pourtant la lettre de sa grand-mère parlait d'un monde merveilleux, et si c'était ce qui les attendait de l'autre côté...
Linn lève les yeux vers son amie la voyant toujours hésitante, et la bouscule un peu.
— Je ne me suis quand même pas réveillée à cette heure pour voir un simple spectacle de couteau clignotant. Qu'est-ce qu'on fait maintenant?
Lisbeth prend alors la dague dans sa main droite et fait un pas vers le mur face à elle.
— Je sais ce que je dois faire avec cet objet, néanmoins je dois vous mettre en garde. À la moindre faille, faites demi-tour et courez aussi vite que vous pourrez. Je pense avoir vu ce qu'il y a derrière, dans mes rêves. Si tel est le cas, nous faisons une terrible erreur.
Les regards inquiets en disent long sur l'atmosphère qui règne dans la cabane. Puis les visages de chacun acquiescent dans un signe de cohésion face à l'inconnu. Peter et Hanna qui se trouvent face à Lisbeth s'écartent pour lui laisser l'accès au mur.
D'une main tremblante, elle pointe le bout de la lame sur le bois tendre et se met à dessiner un arc de cercle. Immédiatement celui-ci se dématérialise, la structure boisée du mur n'est plus qu'un reflet de son image dans une eau ondulée. La magie jusque-là ignorée de tous, vient de faire ses preuves dans un monde cartésien où tout a une signification.
La main gauche, elle aussi hésitante, pénètre lentement à travers le passage. Le bras s'enfonce jusqu'à l'épaule, une jambe suit, puis la tête, et enfin tout le corps de Lisbeth disparait dans l'inconnu. Linn et Hanna sont les suivantes. Elle s'avancent l'air craintif se tenant la main pour franchir la porte. Quant à Peter et Sven, ils n'en reviennent toujours pas. Eux qui prenaient cette histoire à la légère sont bien forcés d'admettre qu'un autre monde existe peut-être de l'autre côté. Sans perdre un instant, ils se collent aux filles qui les précèdent pour ne pas se retrouver seuls. Quelques secondes plus tard, le passage se referme doucement, de la même façon qu'il est apparu.
Ils pénètrent un à un, dans un environnement boisé et très vivant, rien à voir avec le cauchemar de Lisbeth. Celle-ci se retourne afin de s'assurer de la présence de chacun, profitant pour observer le passage par où ils sont venus. Il s'agit d'un énorme bloc de pierre recouvert de lianes au beau milieu de la forêt. Avant même de faire un pas, ils observent ce mystérieux endroit. Les arbres sont démesurément grands et couverts de fruits bleus sur leur tronc. Au pied de certains d'entre eux, des fougères ont l'air de danser à la mesure du vent, sauf que l'atmosphère est très calme. Ces plantes bougent délibérément d'elle-même. Les bruits d'animaux retentissants, rappellent ceux des rongeurs, mais de façon plus bruyante. Quant au sol, il est recouvert d'une mousse très épaisse d'où sortent ici et là quelques somptueux spécimens de fleurs dans une palette de couleurs infinie. Leur pollen doré et scintillant est propulsé avec panache, ce qui donne une légère brume recouvrant l'humus. Le cadre est vraiment apaisant et paradisiaque, se disent-ils. La douceur de l'air ambiant ne nécessitant pas de tenue chaude, le groupe se libère de ses vêtements d'hiver et les laisse au pied du rocher. Ils décident alors de s'enfoncer dans la forêt afin de découvrir d'autres merveilles. Sur le chemin, Linn aperçoit un cours d'eau en contrebas où ils pourraient se rafraîchir. Amorçant leur descente, aucun d'entre eux ne s'aperçoit qu'ils sont observés. Enthousiastes et inconscients, ils se précipitent avec ferveur vers un barrage de pierre d'où s'échappent quelques filets d'eau. Peter et Sven y pénètrent jusqu'aux genoux sous le regard inquiet des filles restées sur la berge.
— Vous pouvez venir, s'écrit Peter ! Elle est vraiment très bonne, et claire comme dans un rêve!
Les filles ne peuvent retenir le désir de goûter à un pareil bonheur; elles se laissent glisser dans cet élément pur et rejoignent les garçons.
Ils s'amusent comme des fous, jusqu'à ce que l'eau se mette à frémir, les pierres formant le barrage se rompent dans un fracas assourdissant. La masse rocheuse se met en mouvement de tous côtés déstabilisant le groupe d'adolescents à l'exception de Lisbeth, qui trouve le moyen de regagner la berge au prix d'efforts démesurés. Les autres sont propulsés hors du barrage, à plusieurs mètres de hauteur. Lisbeth, terrifiée, court aussi vite qu'elle peut pour se mettre à l'abri dans la forêt. Des larmes coulent le long de ses joues, elle gémit de peur tentant de ne pas tomber sur le sol glissant. En contrebas, ses amis sont assommés par le choc. Ils ne peuvent pas s'apercevoir du spectacle qui se créé devant eux.
La masse rocheuse s'est dressée debout, d'apparence humaine elle se tient sur ses deux jambes minérales libérant le cours d'eau qui se met à affluer puissamment. Ses mains massives se détachent lentement de sa structure, le visage brut et hostile se dessine dans la pierre au gré des fissures. La créature mesure une dizaine de mètres, elle se tient toute droite, sans bouger, face aux enfants inconscients. Lisbeth a entendu le fracas incessant de cette transformation. À bout de souffle, elle se réfugie derrière un arbre, camouflée dans une fougère géante. Tentant de reprendre ses esprits, elle pose une main sur le tronc pour prendre appui et se redresse doucement. Il ne faut pas qu'elle attire l'attention de cette chose. Elle aperçoit enfin ses amis au sol, mais ne peut intervenir. En effet, la bête s'approche lentement d'eux, s'abaissent et de ses mains énormes les attrape avec soin pour les emporter au loin. Le visage marqué de chagrin, Lisbeth s'effondre au sol.
La nuit va tomber, son ventre gronde, elle commence à ressentir les effets de la faim. Elle ne peut pas se remettre en marche maintenant, il fait trop sombre. Ses yeux se lèvent vers le ciel étoilé cherchant un réconfort. Soudain elle se fixe sur l'un des fruits collés au tronc. Tentant le tout pour le tout, elle sort la dague de son ceinturon et le perce. Un nectar se met à tomber à ses pieds. D'abord ses lèvres se posent sur la lame pour le goûter. Il est très sucré, d'un gout rappelant celui du raisin. Aussitôt, elle se penche sous la gerbe de nectar et le boit à grande gorgée. Une fois rassasiée, la forêt qui l'entoure se met à bouger dans tous les sens, le sol mousseux forme des vagues, les arbres se tordent comme des roseaux. Elle sent un malaise s'installer dans son esprit, comme des effets d'alcool ou de drogue. Et si ce nectar était empoisonné, se demande-t-elle? Tentant de faire un pas, elle trébuche sur une branche morte et roule vers le cours d'eau. Sa chute est terrible et accélérée par la mousse l'entraînant à son point de départ. La course se termine au bord du ruisseau quand sa tête heurte une pierre. Le sang s'écoule de la plaie dans l'eau limpide. La malheureuse s'est évanouie, le corps écorché et inerte dans les flots incessants.
Des mouvements la sortent de son sommeil, mais étourdit, elle referme très vite les yeux. Se sentant portée et remuée, elle tente d'observer ce qui lui arrive, mais ses forces lui jouent à nouveau des tours. Revenant à elle par saccades, elle aperçoit toutes sortes de choses étranges lors de son transport. Tout d'abord, elle est allongée sur un brancard de bois porté par des êtres étranges. Leur peau rappelle celle des grands singes et leur dos bossu, enveloppe presque toute la surface de leur corps. Les décors changent au fur et à mesure du voyage, la forêt se dissipe laissant place à de somptueuses plaines. Les végétaux qui la constituent sont des sortes de coraux à l'air libre. Leur forme est identique, mais leur taille est démesurée. Certains mesurent même plus de deux mètres de haut. Les mouvements qu'ils font au gré du vent rappellent celui d'une mer légèrement houleuse. Leur traversée se fait par un sentier parfaitement taillé. Puis, la manœuvre ralentit, ils descendent un étroit escalier de pierre en colimaçon, dissimulé dans la plaine agitée. La descente est longue et inconfortable pour Lisbeth. Les voix qui résonnent dans le dédale de couloirs sont incompréhensibles, mais pourtant humaines. Mise au centre d'une pièce, elle se redresse et contemple ce décor magnifique. Il s'agit d'une grotte immense dont les allées ont été creusées par la main de ces êtres. La lumière tamisée qui y règne est diffusée par des champignons phosphorescents ornant les parois. Le sol est recouvert de pavés parfaitement alignés et des ouvertures servant de fenêtres donnent sur une salle encore plus grande. Se levant difficilement, Lisbeth s'avance vers l'ouverture de la pièce et contemple la magnificence des lieux. Des centaines de salles comme celle-ci se rejoignent par des chemins tortueux comme une fourmilière géante. Toutes convergent vers une salle unique de cent mètres de large sur autant de haut, creusée en son centre par une chute d'eau alimentant une rivière souterraine. Un pont de bois permet de la traverser, mais aucune des créatures semblables à celles qui l'ont emmené jusque-là n'est visible.
Une minuscule tête chevelue sort quand même d'un petit trou dans la roche. C'est l'un des leurs. Sa petite taille et son visage angélique montrent qu'il s'agit d'un enfant. Ses allures d'homme singe l'humanisent un peu, tentant de faire oublier son aspect repoussant dû à sa structure corporelle. Ses membres inférieurs particulièrement raccourcis sont à peine visibles derrière le tronc massif dont fait partie sa tête. L'absence de cou rend difficile tout mouvement d'observation périphérique. Il s'approche prudemment, tendant sa main vers la petite fille apeurée. Du bout des doigts, elle touche sa peau recouverte d'un fin duvet. Puis elle joint sa main à celle du petit être, leurs visages se décrispent, un sourire timide fait son apparition. Les deux enfants s'observent sans la moindre crainte. L'enfant tronc l'amène près du sentier surplombant la grotte avec délicatesse d'où Lisbeth contemple l'ensemble de ce monde magique. Les visages hésitants sortent de leur cachette, comme s'ils n'avaient jamais vu de créature comme celle-ci. Ce sont des centaines d'hommes-troncs qui apparaissent dans la luminescence de la grotte. Leur attitude craintive prouve qu'ils ne lui veulent pas de mal. Chacun est vêtu d'habits tressés avec des lianes et quelques matières végétales tissées maladroitement.
L'un d'eux s'avance vers elle, c'est le plus âgé. Il se cramponne à un long bâton, prenant appui de sa petite taille, à chacun de ses pas. Ses cheveux longs d'une pâleur extrême sont ornés d'une couronne végétale. À quelques centimètres de Lisbeth, il s'arrête et lève les yeux vers elle. Son observation est longue et dérangeante. Puis il pose sa main sur le front de la fille inquiète et ferme les yeux comme pour deviner ses pensées.
Quelques secondes plus tard, il l'ôte et s'adresse enfin à Lisbeth :
— Je suis Nolhan, chef de cette tribu. Nous ne te voulons pas de mal. Notre peuple, les Alfats, est pacifique et maîtrise parfaitement le Dimak. C'est une sorte de magie réparatrice. Beaucoup de peuples de Toulghar font appel à nous quand les leurs sont blessés ou malades. D'ailleurs, tes blessures ont dû disparaître depuis tout ce temps.
Lisbeth pose la main sur sa tempe, cherchant ce qui devrait rester d'une plaie. À sa grande stupéfaction, il n'y a même plus une égratignure. Pourtant, elle ne doit pas s'attarder ici, ses parents vont finir par s'inquiéter et ses amis sont perdus.
— Je ne peux pas rester, je dois retrouver mes amis et rentrer chez moi.
— Tes amis sont ici et ils vont bien. Nous vous observions dans la forêt, pensant que vous veniez avec des intentions hostiles. Il faut savoir qu'à Toulghar, et particulièrement dans le royaume d'Hyprès où vous êtes en ce moment, nous sommes en parfaite symbiose avec la nature. Il vous paraît normal de vous baigner sans même vous présenter, et bien nos coutumes nous l'interdisent. Chaque fois que nous abattons un arbre ou récoltons ses fruits, nous le faisons sans mauvaises pensées et la nature nous l'accorde. Vous vous êtes retrouvés sur un griiar sans l'avertir et l'avez sorti de son sommeil. Cette créature de pierre est à l'origine de beaucoup de chose ici, même si elle est docile, un réveil de cent ans ne se passe pas sans mal. Il nous a amené tes amis pendant que nous te cherchions.
Son regard s'abaisse lentement vers la dague, un large sourire dessine son visage ridé.
— Apparemment, nous avons bien fait de t'amener en lieux sûrs! Tu dois être une gardienne, descendante de Lena, d'après le Molvar!
— Le Molvar?
— Oui c'est comme ça que se nomme la dague que tu portes. Les ancêtres d'Hyprès l'ont fabriquée autrefois, afin de mettre un terme au règne de terreur de Feulkhan, le mal en toulgharien.
— Eh bien oui, ma grand-mère me l'a légué, mes amis et moi, nous voulions savoir si tout cela était réel.
— Vous voilà convaincu à présent. J'ai bien connu ta grand-mère, elle était magnifique et d'une gentillesse incomparable, mais je te raconterais tout cela une autre fois si tu le veux bien. Comme tu me l'as précisé, il faut que vous rentriez tes amis et toi, afin de ne pas éveiller les soupçons. Le griiar va vous ramener à votre point de départ, observez bien le chemin pour nous revoir bientôt.
Sortant, d'une petite salle, les amis de Lisbeth la rejoignent dans une émotion intense. Ils partent sans un mot regagnant la surface vers la créature de pierre qui les attend. Hanna et Linn hésitent un instant à prendre place sur les mains tendues du griiar immobile. Lisbeth montre alors sa détermination, les autres la suivent un par un dans un silence humble.
Le griiar se redresse et s'aventure dans les plaines vers la forêt. En quelques minutes, ils ont rejoint leur point de départ, la créature s'arrête pour les faire descendre, puis retourne s'allonger sur le cours d'eau. Ses membres se détachent ainsi que sa tête, le tout tombant dans des gerbes d'eau immenses. Le barrage est à nouveau ce qu'il était à l'arrivée des cinq adolescents. Sans plus attendre, Lisbeth pointe sa dague vers les rochers couverts de lianes et dessine une porte. La même magie opère, un à un ils la franchissent se retrouvant dans la cabane si chère à leurs yeux. Linn et Sven sont sans voix. Quant à Peter et Hanna, ils sont autant émerveillés que Lisbeth. Tous regagnent leur foyer dans une nuit obscure et calme.
En entrant chez elle, Lisbeth sait qu'elle va passer un mauvais moment. Ses parents l'attendent avec impatience, la colère se lit sur leur visage et Henrik prend la parole :
— Mais bon sang, où étais-tu ?
— J'étais à la cabane avec les autres, et...
Elle n'avait même pas mis au point une excuse valable, ses pensées étaient tournées ailleurs.
— Monte dans ta chambre, tu es privée de sortie jusqu'à nouvel ordre!
— Mais...je dois...
— Je ne veux pas t'entendre discuter, il faut que tu comprennes que tu n'as pas encore l'âge de sortir le soir sans permission.
Aussitôt, elle monte dans sa chambre, allume son ordinateur et se met à chater avec ses amis. Apparemment, elle n'est pas la seule dans cette situation, la punition a été générale.
Des heures durant, elle tente de se rassurer, de trouver une explication logique à tout ça, mais surtout d'élaborer un plan afin de retrouver ses amis malgré sa punition. Hanna meurt d'envie de retourner à Toulghar, mais braver un interdit ne ferait qu'aggraver la situation, ils doivent laisser la colère de leurs parents redescendre afin d'éviter tout soupçon.
Les jours passent, le seul moyen de communication dont dispose Lisbeth est son ordinateur, elle y passe des heures avec ses amis, se remémorant cette folle journée qui les a marquée à vie.