Je n'ai réellement repris conscience que lorsque le ciel a commencé à s'assombrir, signe que j'étais dehors depuis bien trop longtemps.
Sans m'en être rendu compte, je m'étais allongé à ses côtés et l'avais veillé.
Je détachais mon regard de Lui pour le poser sur l'étendue d'eau qui se teintait peu à peu d'orange.
Ce n'est que lorsque le froissement de son corps contre le sable se fit entendre que je reportais mon attention sur Lui.
Il toussota, de l'embarras visible dans ses yeux bleus et je compris qu'il ne devait pas avoir l'habitude d'être détaillé de la sorte.
Avant que je ne puisse ouvrir la bouche pour m'excuser, il me fit comprendre à grand renfort de gestes que je devais me retourner.
Chose que je fis alors que des sons plus humains frôlaient le sol tiédissant.
- Tu peux te retourner, entendis-je finalement après ce qui me semble une éternité.
Et c'est ce que je fis le plus calme possible et je le retrouvais à quelques pas de moi, à demi-caché derrière un buisson.
Dans le silence qui s'était réinstallé, je compris qu'il était nu et extrêmement gêné.
Comme la plupart des habitants de la côte, je portais mon short de bain en dessous de mon short de ville, je me débrassais donc de ce dernier avant de m'approcher du buisson et de lui tendre.
D'un hochement de tête, assorti d'un sourire reconnaissant, il l'enfila avant de quitter sa demi-cachette.
Et je pus admirer ses longues jambes, finement musclées et chancelantes.
- Saurais-tu où je peux dormir sans embêter quiconque ?
Je sursautais malgré moi lorsque sa voix retentit à nouveau sur la petite plage.
J'avais passé toute ma vie ici, si bien que j'avais pu entendre tous les accents du monde mais le sien m'était inconnu.
Il avait des courbures tendres qui m'hypnotisèrent un instant.
Voyant l'absence de réponse de ma part, il se posa en tailleur sur le sable, effleurant sa nuque avec la paume de sa main.
Un instant, je cru voir dans son attitude celle de ma petite cousine lorsqu'elle était prise en faute et que mon oncle lui faisait comprendre ses erreurs en haussant la voix.
- J'ai...désobéis ? Et je ne peux vraiment pas rentrer maintenant. Mère me vante depuis des années la beauté du coucher de soleil en cette saison vu depuis la plage. Et malgré l'interdiction de Père, je suis venu. Mère est partie il y a une année tout juste et je voulais...en quelque sorte honorer sa mémoire. Mais je ne pensais pas que la terre ferme était aussi loin...
Il semblait jeune même si ce n'était pas le cas de son apparence et bien trop couvé par ses parents.
Mais pouvais-je lui en vouloir ?
Je n'étais pas en position de le juger.
Cependant, j'avais beau me creuser les méninges, mon absence de sociabilisation de ces derniers de temps ne me permettait pas de demander à quelqu'un le service de l'héberger, fusse pour une nuit ou deux.
Alors après des pour et des contre pesés et le début d'un plan, je lâchais finalement :
- Tu n'as pas peur des bébés ?