Marie et Aliana me fixait avec des grands yeux :
- Nan je refuse.
- Mais pourquoi ?! T'imagines la chance que tu as ?
- Marie, si j'accepte de faire ce pub, imagines la réaction de ma mère.
- On n'a qu'à ne pas la mettre au courant, proposa Mathieu.
Je lui jetais un regard furieux en levai les yeux au ciel :
- Allez je leur dis que tu acceptes ! s'extasia Marie.
J'allais protester avant de me laisser faire. Après tout, cela pouvait être sympa et si tout se passe bien, ça aiderait ma mère à mieux accepter mon androgynie. Je donnais mon accord final et Marie rappela la secrétaire qui nous avait contacté. Anthony avait également était approché par une entreprise et avait était engagé comme styliste. Il était parti à New-York pour rejoindre la maison-mère de la boîte et s'était empressé d'y trouver un petit studio.
- Voilà, le shooting photo sera la semaine prochaine, le point de rendez-vous est à Venice Beach.
- Ça promet, soupirais-je.
- Il va sans dire que l'on vous accompagne, sourit Raphaël.
- Super, comme ça je pourrais te noyais juste avant qu'ils arrivent.
- Ce n'est pas très gentil.
- Qui pourra m'emmener ? demandais-je en l'ignorant.
- Ta mère ne peut pas ?
Je pris mon portable et le portais à mon oreille :
- Oui, allô maman ? Super. Ouais, je voulais te demander si tu pouvais m'emmener à un shooting photo à Los Angeles. Comment dire c'est une longue histoire, Anhony avait besoin d'un mannequin tomboy pour son défilé de fin d'année et du coup il m'a choisit et maintenant j'ai été repéré par un marque qui veut que j'aille les rejoindre à Los Angeles. Et oui je ne t'ai pas parlé de tout ça parce que voilà. Alors c'est oui ?
J'attendais un moment avant de regarder les garçons :
- Elle m'a raccroché au nez.
- Attends, tu l'avais vraiment au téléphone ?
- Tu vois c'est pour ça que t'as cru au Père Noël jusqu'à tes 12 ans, Raphaël. Tu es trop crédule.
- Si tu veux, ma mère pourra venir te chercher, chuchota Ruby dans mon oreille.
Je la pris dans mes bras en lui souriant :
- On pourra faire des cochonneries dans le coffre ?
- Pervers.
Je raccompagnais Ruby chez elle et l'embrassais au coin de la rue, loin des regards indiscret :
- Á demain, au lycée.
- Ça marche.
Je repartais chez moi, me préparant quelques excuses qui pourrait expliquer mon expédition à Los Angeles de la semaine prochaine. Je passais devant la fenêtre du salon pour apercevoir ma mère qui regardait les infos nationales, assise sur le canapé, une tasse de café à la main. Je grimpais au mur jusqu'à la fenêtre de ma chambre que j'avais laissé ouverte au préalable. C'était une nouvelle manière pour rentrer chez moi afin de ne plus risquer d'être vu par ma mère. J'enfilais des vêtements plus féminins avant de redescendre par la fenêtre et de rentrer par l'entrée habituelle. Je saluais ma mère alors qu'elle me répondait par un grognement.
- Je vais prendre ma douche.
- On mange dans pas longtemps.
J'hochais la tête, chose idiote et inutile puisque ses yeux étaient rivés sur l'écran qui retransmettait une vue aérienne de la maison Blanche.
J'enlevais les vêtements trop collants typiquement féminins pour libérer mon corps et disparaître sous la douche. Je m'assis sur le carrelage froid et augmentait la température de l'eau , me retrouvant bientôt entouré d'une brume de vapeur d'eau brûlante.
- Samantha ! On mange !
Je me réveillais de ma transe, et me savonnais rapidement avant de sortir de mon petit paradis. Je descendais les escaliers et allais retrouver ma mère, assise à la table du salon.
- Maman, je voulais te demander quelque chose.
- Oui ma chérie ?
- Avec les garçons, on aimerait bien faire un week-end ensemble la semaine prochaine. On fêterait le premier emploi de Anthony en même temps.
- Vous iriez où ?
- On pensait faire une soirée plage à Venice Beach.
- Anthony sera avec vous ?
Je hochais la tête, pour partir je comptais sur l'amour inconditionnel que ma mère portait à Anthony.
- Je croyais qu'il était à New York ?
- C'est le cas mais il compte revenir pour fêter sa réussite dignement.
- Si Anthony est là ça ne me pose pas de problème mais c'est le week-end où ton père rentre à ma maison.
- Oui mais il reste toute la semaine, pas vrai ? J'aurai le temps de le voir alors que Anthony ne reste que deux jours.
Elle me sourit, preuve que j'avais remporté la partie.
- Mais sois prudente, d'accord ? Pas de drogue ni d'alcool.
- Maman...
- D'accord tu as le droit à un peu d'alcool mais tu ne parles pas aux inconnus ! Et un minimum d'alcool, je n'ai pas envie de recevoir un coup de téléphone en pleine nuit qui m'annonce que ma fille fait un coma éthylique.
- Puisque que tu y tiens tant, je leur demanderais de ne pas t'appeler.
Elle rit d'un rire léger et je le lui rendis. Marie m'avait promis de s'occuper de tous les détails pour savoir précisément ce que je devais emmener. Elle s'était attribuée l'étiquette de manager et je trouvais ça plutôt mignon. Une fois qu'on avait fini de manger, j'allais aider ma mère à faire la vaisselle et montais dans ma chambre , lessivée.
- Je suis sûr que le prof de gym se tape ma prof de cinéma, lança Raphaël en brisant le silence.
On se retourna tous pour le regarder, nos sourcils levés, complices. Il regardait au loin, plongé dans ses pensées pseudo-philosophiques.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
- Leurs hormones. Vous les avez vu quand ils partaient manger ? Ils roucoulaient tellement qu'on se seraient crus dans un zoo.
- Peut-être qu'ils sont mariés.
- Impossible, la prof de ciné a une bague au doigt.
- Justement raison de plus.
- Mais le prof de sport en a pas.
- Peut-être qu'il l'a perdu. C'est ce qui est arrivé à la mère d'Aliana, non ?
- Ah ouais ? Et pourquoi ils ont pas le même nom de famille, d'abord ?
Mathieu hausssa les épaules en lui répondant :
- Pour éviter que les fouineurs comme toi découvrent leur relation et s'en mêle. Tu vois c'est pour ça qu'on te confis jamais les scoops. Ça deviendrait des légendes urbaines dès le lendemain avec toi.
Je m'étouffais avec ma valise à cause du répondant acerbe de mon meilleur ami. Raphaël était friant des théories du complot et restait persuadé que notre président était le cousin par alliance de Raptor Jésus. Cela pouvait être drôle comme déplaisant et agaçant. Cela dépendait des jours.
- Bon les gars, je préfère retourner en cours avant qu'il voit un rapport entre le couple professoral et une invasion prochaine des lolcats. Et j'emmène ma petite amie avec moi pour éviter qu'il la corrompe.
Aliana me fit un clin d'œil alors qu'elle essayait de rester calme pendant que j'emmenais Ruby loin du groupe.