Lost on you
Let's raise a glass or two
To all the things I lost on you
Oh oh
Tell me are they lost on you?
Oh oh
Just that you could cut me loose
Oh oh
After everything I've lost on you
Is that lost on you?
Oh oh
Is that lost on you?
Oh oh
Baby is that lost on you?
Is that lost on you?
Les nuits d'insomnie semblaient s'intensifier, j'errais comme une âme en peine dans la noirceur de la nuit, seule la lune me tenait compagnie, amie silencieuse qui éclairait mes ténèbres. Sur la terrasse, je profitais des bruits de la nature, de la douceur de la nuit, qui chassaient partiellement mes idées noires. Je me tournais vers la maison, où l'obscurité me semblait malveillante. J'avais l'impression d'étouffer, d'être une prisonnière.
J'avais toujours fais ce que l'on attendait de moi, que ce soient mes parents, mes professeurs, Greg... Je planifiais ma vie comme une horlogerie bien pensée. Je ne me souvenais même pas comment tout cela a commencé, quand ce sentiment d'être prise au piège s'est manifesté. J'avais raté quelque chose, un virage, un tournent, une décision et j'étais engluée dans une vie qui n'était pas la mienne. Je voudrais tant faire machine arrière, mais la perspective de décevoir mes proches, de les faire souffrir... Il valait mieux que ce soit moi. Après tout, je n'avais pas à me plaindre. J'avais tout pour être heureuse, seulement...je n'y arrivais pas. Les gens disent que certaines personnes ne sont pas faites pour le bonheur, peut-être que j'en fais partie. Je cherchais peut-être toutes les raisons d'être malheureuse.
Après ma troisième tasse de tisane, je ressassais la conversation que j'avais surprise. Ces paroles tranchantes m'avaient plus blessée qu'elles n'auraient du. Il n'était rien pour moi, pourtant son opinion me heurtait. J'étais assez stupide pour avoir les larmes aux yeux. J'avais l'impression que d'une certaine façon, il avait raison, et cela m'effrayait. Ce n'était pas l'argent de Gregory qui m'avait attiré chez lui, mais c'était définitivement les mauvaises raisons. Je ne savais plus où j'en étais, j'avais l'impression d'être seule dans le noir. Plus je repensais à Rémi, plus la suggestion de Cécile m'obnubilait. Il avait quelque chose de sauvage, de sensuel dans ses gestes. Sa confiance en lui, la sureté de ses gestes avaient quelque chose d'érotique. Mon crâne allait exploser. Pourquoi étais-je attirée par un homme que je n'aimais pas et qui me méprisait ? Pourquoi ne ressentais-je rien pour Greg ? J'étais passée d'une affection amicale au néant sentiment puis à l'exaspération. La moindre de ses paroles, le moindre de ses gestes m'agaçaient au plus au point. Ce devait être une passade, tout finirait par s'apaiser, du moins je l'espérais.
Pour le moment, je n'avais qu'une envie, partir loin et pour longtemps ! Je pourrais appeler Cécile et passer un weekend à Lyon avec elle. Elle m'entrainerait surement dans des lieux que je ne voulais pas connaitre mais elle me changerait les idées à coup sur. Je l'appellerais à une heure un peu plus décente pour organiser cela.
J'allais me préparer une autre tisane quand je tombais sur un paquet de cigarettes laissé par un ami de Greg. Je marquais un temps d'hésitation avant de me décider. J'embarquais mon butin et retournais me lover sur le fauteuil en rotin. Je ramenais mes genoux contre ma poitrine et craquait la première allumette.
La brûlure le long de ma gorge me détourna de mes angoisses. Je laissais la fumée emplir mes poumons et mon esprit vagabonder.
Aux lueurs de l'aube, le paquet était vide tout comme mon cœur. Je n'avais toujours pas de réponse à mes questions. En soupirant, je me dépliais douloureusement et me dirigeais vers la machine à café. Je regardais le liquide noir coulé quand j'entendis Greg descendre lourdement les escaliers.
-Tu n'as encore pas dormi ? me demanda-t-il en baillant à s'en décrocher la mâchoire.
-Sans blague, commentais-je avec une mauvaise humeur mordante.
Il me frôla pour récupérer du café et ce simple contact m'irrita. Un peu plus et il me passait sur le corps pour son café et même pas un merci !
Après son café, il se plaignit qu'il faisait trop chaud et se vautra devant le home cinéma. Il passa sa matinée à crier devant l'écran où un film apocalyptique débile lui ravageait le cerveau. J'eus beau lui proposer d'aller à la plage, de se promener à l'ombre...rien n'y fut. Il resta scotché à la télévision.
Peu avant midi son père téléphona. Il jura avant de mettre le film sur pause. Il marcha dans le sol que je venais de laver et j'étouffais un juron. Il revint quelques instants plus tard, en râlant.
-Que se passe-t-il ?
-Il me fait chier, voilà ce qui se passe !
-Comme il offre une bague à maman pour son anniversaire, il faut que je trouve un cadeau de mon côté, au lieu d'un cadeau commun !
-Et alors ?
-J'ai pas envie de me prendre la tête à chercher un cadeau ! s'énerva-t-il, en appuyant sur lecture.
Je pensais à Cynthia et eus de la peine. Elle était adorable et elle était folle de son fils.
-Je vais m'en occuper, m'entendis-je décidée.
Elle avait bien le droit à un bel anniversaire. Il hocha la tête et me remercia sans détourner les yeux de son fils. Le mépris m'envahit devant son attitude d'enfant pourri gâté qui préférait regarder la télévision plutôt que chercher à faire plaisir à sa mère.
Ma mauvaise humeur ne s'arrangea pas au fil de la journée. Je pensais à Rémi constamment. Son corps, ses mains, sa bouche... Plus j'essaye de penser à autre chose, plus il s'imposait à mon esprit tourmenté. J'étais excitée mais Greg était venu à me dégouter. Je ne savais plus où j'en étais, j'avais l'impression d'être happée dans un tourbillon sans fin.
J'étouffais ici. J'avais besoin de sortir, de m'aérer, mais je ne voulais pas prendre le risque de croiser Rémi, ni l'un de ses collègues. A force de tourner en rond, je pris la bonne résolution de me faire belle. Cela m'occupera avant le départ des ouvriers et j'avais bien besoin de redorer mon image. Je me fis couler un bain, chose rare vu la quantité d'eau gâchée. Je choisis avec soin une huile essentielle relaxante et installais quelques bougies. Déjà je me sentais mieux. Je me laissais glisser dans l'eau chaude et fermais les yeux.
Je ne sais combien de temps, je restais ainsi mais une main chaude se posa sur mon genou et je me redressais subitement. Des yeux noisette bien trop reconnaissables me fixaient avec amusement. Sa bouche était incurvée en un sourire carnassier.
-On fait la sieste, se moqua-t-il en encerclant mon genou de l'extérieur vers l'intérieur.
Des frissons remontèrent le long de ma cuisse et je devins aussi immobile qu'une statue.
-Qu'est-ce...Qu'est ce que vous faites là ? demandais-je en tremblant.
Sa main glissa, aérienne sur ma peau.
-Oh, tu le sais très bien, susurra-t-il, impétueux.
Son autre main s'enroula autour de ma nuque alors que ses lèvres se greffaient aux miennes.
Je sursautais et me réveillais d'un bond, me cognant ainsi à la fonte de la baignoire. Il ne manquait plus que ça, il occupait mon esprit même quand je dormais. Si mon subconscient si mettait aussi, je n'avais aucune chance. Je n'étais plus du tout apaisée. Je m'enroulais dans une grande serviette et n'osais plus regarder dans la direction de la baignoire. Je m'appliquais à recouvrir mes jambes de lait d'amande douce, refusant d'analyser ce qui venait de se passer. J'apercevais mon reflet dans le miroir et toutes mes bonnes résolutions s'envolèrent.
Je n'avais jamais eu un physique à tomber par terre mais mes études n'avaient rien arrangé. Mes hanches étaient trop développées, mes muscles avaient bien fondu à force d'être assise à un bureau, mes cheveux et mon teint étaient devenus ternes... Je pris le temps de faire une manucure et mis un vernis clair qui faisait légèrement briller mes ongles. Je rinçais le masque que j'avais sur les cheveux et utilisais pour la première fois depuis une éternité, une mousse démêlante sublimatoire. J'enchainais avec un brushing et un maquillage de compét ! Quand je me scrutais à nouveau dans le miroir, je ne me reconnaissais plus. Je faisais plus âgée, plus sure de moi, plus féminine. Munie d'un grand sourire, j'appelais une amie pour l'inviter à boire un verre. Nous nous étions peu vues depuis le lycée et je savais qu'elle était aussi de retour à Mougins. C'était l'occasion de rattraper le temps perdu !
J'optais pour un chemisier ample au décolleté léger et un jean blanc. J'ajoutais un large bracelet et récupérais mes talons préférés. Avec anxiété, je vérifiais ma montre. Ils devaient tous être partis depuis un bon quart d'heure. J'annonçais à Greg que je sortais rejoindre Paola, et il acquiesça sans quitter la télévision des yeux. Sans nul doute, il se demanderait où j'étais dès la fin du film. Je haussais les épaules et repris mon chemin.
J'ouvris la porte en cherchant mes clés dans mon sac et me heurtais à un mur en béton armé. Sonnée, je me reculais et faillis tomber. Je regardais Rémi qui se tenait devant moi, hébétée. Qu'est ce qu'il faisait là ? Et surtout pourquoi ressemblait-il à un taureau prêt à charger ?
Sa main posée sur le mur se déplaça si vite qu'elle devint transparente. Il m'attira dehors et ferma la porte derrière nous.
-Qu'est ce qui vous arrive ? me demanda-t-il en se contenant à grande peine.
-Rien, balbutiais-je complètement dépassée par les événements.
-Rien ?! Vous ne sortez plus !
Il sembla remarquer ma tenue.
-Vous allez où comme ça ? reprit-il son interrogatoire.
Je tirais sèchement sur mon bras.
-Non mais de quoi je me mêle ?!
Je baissais le ton et m'éloignais de la maison.
-De votre sécurité ! riposta-t-il.
-Ma ... quoi ? Qu'est ce qui vous arrive à a fin ? marmonnais-je en croisant les bras.
J'étais tombée sur un fou, c'était bien ma veine.
-Vous nous éviter comme la peste. Du jour au lendemain, vous restez cloitrée chez vous ! On a fait quelque chose de mal ? Un collègue ? Ou moi ?
-Mais non, je ne savais plus où me mettre.
-C'est votre ami alors ? Il y a un souci ? Il regarda la maison avec une animosité farouche.
-Non ! me dépêchais-je de répondre. Je vais bien. Calmez-vous maintenant.
-Je ne vous crois pas !
-Soit ! Ne me croyez pas si cela vous chante mais laissez-moi passer, j'ai un rendez-vous !
J'allais enfin le dépasser quand il se matérialisa devant moi. Son sourire taquin était revenu mais à moindre mesure.
-Un rendez-vous ? Votre mec est dans la maison.
-J'ai rendez-vous avec une amie, soufflais-je agacée.
-Vraiment ? leva-t-il un sourcil peu convaincu. Fringuée comme cela ?
-Je m'habille comme je le souhaite il me semble !
-Ah bon ? Vous l'avez dis à votre mère ? railla-t-il.
-Ca suffit, j'en ai ras le bol de vos idioties, laissez-moi passer !
Ma voix se brisa dans un cri rauque. Il me regarda avec compassion.
-Vous voyez que cela ne va pas.
Il me bloqua le bras, m'empêchant de fuir.
-Je ne peux pas vous aider si vous ne me dites pas ce qui ne va pas, annonça-t-il doucement.
-Je ne veux pas de votre aide.
-Mais vous en avez besoin...
-Non, répondis-je boudeuse.
-Menteuse, chuchota-t-il comme un secret. C'est votre copain ?
Je le regardais sans répondre.
-Nous alors ? tenta-t-il.
Mon regard du se troubler car il y décela une réponse.
-Qui ? exigea-t-il plus qu'il ne demanda.
J'évitais son regard. Il finirait bien par me lâcher, je n'allais quand même pas lui raconter que son opinion comptait.
-On vous à fait du mal ?
-Quoi ? Non ! Bien sur que non.
-Dites-moi !
-Foutez-moi la paix !
Je me détournais et me retrouvais plaquée contre lui. Bon Dieu, il avait plus de muscles qu'il n'était humainement possible.
-C'est moi ? trembla-t-il. J'ai fais quelque chose de mal ?
Sa voix blessée me chagrina. J'étais stupide.
-Vous n'avez rien fais de mal, m'entendis-je répondre calmement. Maintenant laissez-moi partir, je fais vraiment être en retard.
Il hésita, sembla se rendre compte de son comportement démesuré.
-Peu importe ce que j'ai fais de mal, je m'en excuse, dit-il d'une voix solennelle.
Je soufflais.
-Vous n'avez rien fais de mal, ok.
Il me regarda sans répondre et je rejoignais mon véhicule. Quand je regardais dans le rétroviseur, il n'avait pas bougé. Les mains dans les poches, il fixait ma voiture, l'air pensif.
Finalement, je ne sais plus quoi penser. Il m'agaçait, il m'avait blessée et je me sentais pourtant désolée pour lui. Qu'est ce que cela pouvait lui faire que je reste enfermée ? Je ne savais plus quoi penser, et décidais d'occulter cette rencontre, du moins, le temps de mes retrouvailles avec Paola.