Déjà deux semaines que je suis enfermé entre ces quatre murs.
Je deviens ouf. Je me vois pas rester trop longtemps ici.
Ma famille me manque, le doux visage de ma mère me manque, Amira et son petit ventre me manque...
Je m'accroche à la salât pour tenir... J'ai que ça ici, j'ai que Dieu à qui me confier.
Plus que sept jours avant mon jugement, sept jours durant lesquels j'ignorerai ce qu'il en sera de cette foutue histoire jusqu'à ce que le jugement tombe enfin.
J'appréhende pas pour moi mais pour ce que je laisse derrière moi, ma famille, ma mère, mon bébé et ma femme.
J'ai une famille à assumer, comment est-ce qu'ils vont faire sans moi ?
J'ai passé les sept jours suivant en cogitant, en me disant que cette fois j'y échapperai pas et que j'allai tomber pour quelques années.
[...]
J'avance menotté jusqu'au box des accusés. Je retrouve Nadjib qui est assis à quelques sièges de moi.
Il m'fait un signe de la tête pour me saluer, que je lui rend.
On est entouré de condés, le jugement commence bientôt.
Tout le monde est en place sauf le juge qui n'a pas encore fait son entrée.
Une femme arrive et finalement c'est une juge qui se chargera de l'affaire.
Ça a l'air d'être une pétasse, c'est mal barré.
Au cours du jugement la balance ne s'était pas pointée bizarrement. Cette fiotte a su parlé devant les keufs mais ça veut rester anonyme devant nous. Petite pute qui porte pas ses couilles.
[...]
Point de vue d'Amira
Imran ne voulait pas que je sois présente à son procès, il avait fortement insisté pour que je ne vienne pas.
J'attendais le verdict dans un stress insoutenable.
Je me rongeai les ongles en attendant que l'avocat m'appelle.
J'avais un mauvais pressentiment.
J'ai dû encore attendre une heure avant que l'avocat m'appelle enfin.
Il m'avait annoncé qu'Imran avait prit un an de prison ferme et un an et demi de prison avec sursis. Ils n'avaient pas de preuves contre lui mis à part son prénom qui était sorti de la bouche de quelqu'un qui l'avait "balancé". Apparemment il y avait un manque de preuve à son égard donc l'avocat m'a annoncé qu'ils allaient faire appel et tenter de modifier la durée de la peine.
Je ne comprenais pas pourquoi ils l'avaient condamné alors qu'ils manquaient clairement de preuves.
J'étais dégoûtée. Lorsque l'avocat me disait qu'ils allaient tenter de raccourcir le séjour en prison de mon mari, j'avais du mal à y croire.
Je sais que ça aurait pu être pire pourtant, mais un an loin de lui c'est énorme. Puis le savoir enfermé rend la chose encore plus difficile. Mais le pire dans tout ça c'est que notre bébé arrive bientôt et qu'il ne sera même pas la pour sa venue au monde ou pour la première année de sa vie.
J'étais réellement abattue par la nouvelle. Je le vivais vraiment mal.
Je me suis allongée dans le lit d'Imran et je me suis endormie sous mes pleurs.
Retour au point de vue d'Imran
La sentence était tombée.
J'avais plus qu'à accepter que pendant un an j'allai rester enfermé dans une cellule.
Direction la prison de Fleury-Merogis 91.
[...]
Les jours passaient très lentement, j'avais l'impression d'être ici depuis des mois déjà.
Amira voulait venir me voir mais j'ai refusé qu'elle mette les pieds ici, de même pour ma mère.
Je veux surtout pas qu'elles subissent cette humiliation par ma faute.
Une fois de plus c'est à cause de mes choix et de mes actes alors elles n'ont pas à subir à cause de moi. Même si malheureusement c'est déjà le cas indirectement.
[...]
Voilà deux mois déjà que j'suis enfermé ici, j'tiens le coup parce que malgré tout j'suis pas solo. J'vois Nadjib quand on est en promenade. Puis j'ai mon co-détenu, Noah c'est un bon gars.
Mais ce qui me donne la cefor c'est ma famille, j'ai reçu quelques lettres d'Amira et Souhayl passe me voir quelques fois au parlu. J'ai aussi la visite des potos parfois.
[...]
Aujourd'hui j'cogite, j'pense au bébé. Ça me tenait vraiment à cœur d'être là pour sa naissance...
J'attrape le petit cahier sous mon lit ainsi qu'un stylo, j'ai une forte envie de mettre des mots sur mes sentiments. Comme pour essayer d'alléger mon cœur.
« Fils, aujourd'hui j'écris ces quelques lignes parce que j'en ai besoin. Tu les liras peut-être sûrement jamais mais j'ai besoin de me vider le cœur et la tête. J'ai fais des erreurs de parcours dans ma vie, des grosses erreurs même je dirais. Mon orgueil m'a poussé à faire les mauvais choix et aujourd'hui je m'en mords les doigts. Je suis loin de ma famille, de ta mère et de toi, tout cela par ma faute donc je ne peux m'en prendre qu'à moi-même et saches que c'est très difficile à accepter. J'ai de lourds regrets, je me dis qu'il y a beaucoup de choses que j'aurais fais autrement si j'avais la possibilité de retourner en arrière. J'ai déçu mes proches et ça m'bouffe. Cependant j'assume, parce que rien n'est gratuit dans la vie, comme on dit fais du mal et il te retombe dessus. Je me fais une promesse en étant ici, jamais je ne te laisserai reproduire mes erreurs. Je te promets qu'une fois que je serai sorti d'ici je ferai en sorte que tu ne manque jamais de rien, que tu sois épanoui et surtout que ta foi en Dieu prime sur tout dans ton cœur. Je ne te laisserai pas te faire charmer par les vilains plaisirs d'ici bas. Je veux que tu sois la personne que tu mérites d'être. Nabrik. »
Ce petit n'est même pas encore né mais il a déjà une énorme place dans mon cœur. Chaque soir je rêve de son visage, j'tiens pour lui, je tiens parce qu'il maintient mon cœur en vie.
Le regard vers le ciel, troublé par les barreaux de la fenêtre, mes pensées se dirigent pour toi Beba. J'aurai aimé être une fierté pour toi, aujourd'hui tu dois bien être déçu comme tout le monde d'ailleurs... Mais je te fais la promesse de changer. Je vais être à la hauteur pour toi, pour que tu puisses être fier et que tu sois en paix là où tu es. Pas un seul jour passe sans que tu me manque. J'espère pouvoir te rejoindre dans l'au de là, te voir sourire comme lorsque j'étais petit, voir ton regard plein d'amour pour nous, Yemma, Souhayl et moi.
Le temps continue à s'écouler, j'attends qu'une seule chose, qu'on me rende ma liberté. J'en suis loin et j'en suis conscient, mon moral fait les montagnes russes. Un jour ça va mal et l'autre tout va mieux. Mais je me plains pas, j'attends puisqu'il me reste que ça à faire.
Point de vue d'Amira
J'ai beaucoup de mal sans Imran... Je fais la forte devant tout le monde mais intérieurement je souffre. Mon cœur est triste.
Plus le temps passe et plus j'ai du mal à jouer la comédie.
J'en veux secrètement à Imran, il me fait vivre des choses que je n'aurai jamais imaginé vivre. Je ne lui dis pas parce que je ne veux pas qu'il souffre plus que ce n'est déjà le cas, moi au moins je suis entourée mais lui il est seul...
J'aurai aimé vivre comme tout le monde, que tout se passe bien et simplement sans devoir passer par maintes et maintes difficultés. J'aurai aimé qu'il soit là pendant toute ma grossesse, qu'il soit là le jour de mon accouchement et qu'il soit près de moi et du bébé par la suite tout simplement.
Mais j'essaye de positiver parce qu'il y a toujours pire autour de soi, alors oui j'ai peur pour la suite je ne vais pas mentir mais il faut que j'essaye de relativiser.
Après tout qui veut souffrir souffre et qui veut être heureux l'est ?