À Poudlard, les examens et leurs corrections étant terminés ou quasiment, les professeurs avaient enfin le droit de goûter à un repos bien mérité, surtout une fois les élèves rentrés chez eux.
Ayant prévu de partir un mois en vacances à partir de la dernière semaine de juillet, Harry et Malefoy étaient en plein préparatifs et n'avaient aucune minute à accorder à leurs amis. Seulement, Hermione, elle, en aurait bien eut besoin de ses amis, présentement.
Le dernier week-end de juin, et après avoir expédié ses corrections, elle avait transplané à Londres et passé toute une journée à discuter avec Alexandre, cordialement, en essayant de lui faire comprendre que les choses allaient s'arranger, qu'elle était prête à quitter Poudlard sur le champ pour qu'ils se marient, etc. Elle ne lui parla pas de sa grossesse, bien évidemment, non pas par peur, mais plutôt parce qu'elle craignait qu'il ne renonce à ses propres désirs, pour la garder par pitié et la jeter ensuite quand le bébé sera né.
Cependant, ça n'avait pas fonctionné et Hermione était rentrée à Poudlard anéantie et s'était enfermée chez elle. Incapable de parler à Harry, à Ron, et encore moins à Malefoy, elle n'avait trouvé qu'une seule personne disposée à l'écouter.
Lucius Malefoy.
Partis faire quelques emplettes sur le Chemin de Traverse pour leurs vacances, Harry et Malefoy venaient de transplaner à Pré-au-Lard et arrivaient devant les grilles du château, soigneusement fermées.
Alors que le Serpentard allait donner le mot de passe au Gryffon sur la serrure, Harry lui prit le coude et l'entraîna sous le couvert des arbres proches.
— Viens par-là, dit-il. Et tais-toi.
— Mais ?
— Chut... Regarde à la porte du château... dit Harry.
Malefoy tourna la tête dans cette direction et distingua alors une grande silhouette se tenant face à une autre silhouette noire plus petite et plus fine. Un homme et une femme discutaient sur le perron du château, cependant, il n'était pas difficile de reconnaître, grâce aux longs cheveux blonds de la grande silhouette, qui elle était...
— Mais c'est mon père ! dit Drago à voix basse. Que fait-il ici ?
— Je n'en sais rien, dit Harry. Mais regarde donc avec qui il discute...
Drago tendit le cou mais secoua la tête. Le soleil l'éblouissait et ils étaient quand même assez loin du château.
— C'est une femme mais je ne sais pas qui, répondit-il au bout de quelques secondes.
— C'est Hermione... dit alors Harry.
— Hermione ? Mais...
Malefoy pinça alors la bouche et souffla par le nez.
— Tu te souviens de ces examens sanguins ? demanda-t-il alors.
— Tu as raison, dit Harry en hochant la tête. Elle nous cache quelque chose et ton père fait partie de l'histoire...
— Attends deux secondes Harry, dit Drago. Tu n'es quand même pas en train d'insinuer que mon père a une maîtresse !
Harry haussa une épaule.
— C'est courant dans votre monde, non ?
Malefoy ouvrit la bouche et la referma.
— Oui mais... Hermione ? Sérieusement ?
Le Gryffondor ne répondit pas, se contentant de grimacer. Malefoy s'ébroua soudain et les deux sorciers sur le perron du château, disparurent à l'intérieur. Le Serpentard soupira profondément.
— Maintenant que tu le dis, dit-il. Quand nous sommes allés au Manoir, le week-end dernier, ma mère était bizarre...
— Toi aussi tu as remarqué que ton père l'a un peu exclue de notre petit comité ? dit Harry.
Malefoy opina lentement.
— Est-ce que tu crois qu'elle saurait que mon père et Hermione... ?
Harry haussa les épaules.
— Honnêtement, venant de la part d'Hermione, ça me paraît vraiment bizarre qu'elle accepte un homme comme ton père dans sa vie, surtout après la façon dont il s'est comporté envers elle quand nous étions plus jeunes. Cependant, elle est brouillée avec Alexandre depuis une bonne quinzaine de jours, et elle est allée le voir, hier, mais ça n'a rien donné, il est resté sur ses positions.
— Alors ils ont rompu ?
— Quasiment... répondit Harry.
Malefoy soupira.
— Pourquoi est-ce qu'elle ne nous parle pas ? demanda-t-il, soudain agacé. Nous ne sommes pas ses amis ?
— Si, bien sûr que si, mais Hermione n'est pas comme ça, Drago, elle ne parle pas de ses problèmes, elle tente de les résoudre elle-même...
— En devenant la maîtresse de mon père, sérieusement ? Ils ont vingt-cinq ans d'écart !
Harry pinça la bouche.
— Je sais mais... Écoute, on va essayer de lui faire cracher le morceau, d'accord ? Si ça se trouve, on se plante complètement et ils sont juste restés amis depuis qu'on l'a ramené avec nous...
Malefoy junior gonfla ses jours puis grimaça.
— Je ne sais pas... dit-il. Bon, rentrons, il fait super chaud et on a encore des tonnes de trucs à faire avant de partir...
Harry opina et ils franchirent le portail avant de disparaître dans le château où une bienfaisante fraîcheur les accueillit.
Dans la l'appartement d'Hermione, cependant, celle-ci et Lucius se faisaient face, près d'une cheminée éteinte. Aucun des deux ne parlait mais on sentait Hermione tendue, agacée ou bien effondrée.
— Je n'ai aucune excuse à vous faire, Miss Granger, dit soudain Lucius en se détournant. Je suis venu parce que ça avait l'air urgent, mais vous m'accablez d'un fait qui ne me regarde pas !
— C'est de votre faute ! répliqua alors Hermione. Tout est de votre faute !
— Je vous défend de dire une telle chose !
Hermione rentra le menton et serra les dents. Elle refoula les larmes qui montaient et renifla bruyamment.
— Alexandre ne veut plus me voir, dit-elle alors. Il veut rompre nos fiançailles, il en a assez que je passe plus de temps à Poudlard que chez nous, il a l'impression d'être célibataire !
— Mais je n'ai rien à voir dans l'histoire ! répliqua Lucius.
— Si ! Bien sûr que si parce que vous m'avez fait des avances, parce que vous m'avez embrassée, et parce qu'à cause de tout ça, je me contre-fiche d'Alexandre !
Hermione avait hurlé et, levant les bras, elle noua ses mains derrière sa tête et se détourna en gémissant. Elle serra les mâchoires et soudain, pivota. Lucius, qui avait esquissé un mouvement dans sa direction, se figea.
— C'est de votre faute si mon fiancé a rompu, parce que vous m'avez subjuguée, parce que j'ai envie d'être avec vous, j'ai envie d'être votre maîtresse, Lucius !
La jeune femme se figea alors et porta une main à son ventre. Elle serra les doigts sur sa robe et chercha un appui de son autre main.
— Qu'avez-vous ? demanda aussitôt Lucius en lui prenant les bras. Hermione, qu'avez-vous ?
— Je...
Hermione glissa sur les genoux et Lucius se baissa près d'elle.
— Je suis enceinte... dit alors la Gryffondor. Je...
Elle fronça les sourcils et se crispa. Elle glissa alors sa main derrière elle, sous sa cuisse, et quand elle la ramena, ses doigts tremblaient comme s'ils étaient agités de tics nerveux.
— Non... souffla la jeune femme. Non, pas ça... !
Elle s'assit et serra ses mains sur son ventre. Lucius observa la main souillée de sang de la jeune femme puis déglutit. Il n'avait fait que quelques années de médecine quand il était jeune, bien avant de rallier Voldemort. Il connaissait les soins de base, refermer des plaies, ce genre de chose, mais empêcher une femme de perdre son bébé ?
— Je... commença-t-il.
Il approcha sa main de celles de la jeune femme qui lui enfonça ses ongles dans le poignet.
— Non, dit-elle, les mâchoires serrées. Si ça arrive c'est que ça devait arriver... Restez près de moi, c'est tout ce que vous pouvez faire...
Elle se crispa en gémissant et Lucius serra les mâchoires. Soudain, il se releva, la hissa dans ses bras et alla l'allonger sur son lit. Il s'assit près d'elle sur une chaise et lui tint la main en la regardant souffrir, ne pouvant faire mieux, malheureusement.
— Mione ?
Hermione sursauta et se mordit la lèvre en reconnaissant Harry et Malefoy.
Il était plus de minuit et les deux garçons prenaient l'air, comme une bonne partie des habitants de Poudlard qui restaient retranchés dans les ombres du vieux château.
— Qu'est-ce que tu fais là toute seule ? demanda Drago.
— Je... Je prends l'air, dit Hermione en regardant les deux garçons. Et vous ?
La jeune femme était assise sur un banc, sur un balcon, et regardait le ciel illuminé de milliers d'étoiles.
— Tu es pâle, Mione, dit alors Harry. Ça ne va pas ? Tu as à peine manger au dîner...
— Je n'avais pas faim, c'est tout, je...
Hermione se mordit la lèvre puis souffla par le nez. Soudain, elle se crispa et se mit à pleurer. Harry se précipita sur elle.
— Hey, hey ! Mais qu'est-ce que tu as ? s'alarma-t-il aussitôt. Hermione !
Le brun la prit dans ses bras et Malefoy s'assit près d'elle sur le banc en posant sa main dans son dos. Les sanglots de la jeune femme redoublèrent et bientôt, ce furent des hurlements de douleur pure qu'Harry étouffait contre son épaule...
Il fallut plusieurs longues minutes à Hermione pour recouvrer son calme et reprendre ses esprits. Un verre de Xeres ne fut pas du luxe et bientôt, elle entreprit de raconter ce qui lui était arrivé, plus tôt dans la journée.
Elle ne leur annonça cependant pas d'emblée avoir fait une fausse-couche, mais préféra commencer par le début, et par le retour de l'île de Sanday, avec Lucius Malefoy.
— Je sais que ça date de plusieurs mois en arrière, dit-elle en essayant ses yeux avec un mouchoir en papier. Mais c'est là que commencent mes problèmes...
— Des problèmes avec mon père ? demanda Drago.
— Oui et non... Disons que... Disons qu'il nous en est tellement reconnaissant de lui avait sauvé la vie, qu'il... je ne sais pas, il a changé, il n'est plus le Lucius Malefoy que nous avons connu à l'époque, il est beaucoup plus humain, il écoute et surtout il ne juge pas...
— C'est vrai qu'il a changé, dit Harry. Mais je pensais que ça venait de son séjour à Azkaban...
— Moi aussi, avoua Malefoy. Qu'est-ce qui se passe entre vous deux, demanda-t-il ensuite. On t'a vue discuter avec lui sur le perron du château cet après-midi... Pourquoi est-ce qu'il était là, sans ma mère, et sans me prévenir ?
Hermione se mordit la lèvre.
— Parce que je l'ai fait venir, répondit-elle. Mais laissez-moi vous raconter d'abord les tenants et les aboutissants de cette histoire, sinon vous n'allez rien comprendre et m'abrutir sous vos questions.
— Très bien, dit Harry. Vas-y.
Il invoqua une chaise et s'y assit. Malefoy lui jeta un coup d'œil mais ne dit rien et Hermione commença alors son récit en commençant par ses propres sentiments envers l'homme blond, qui n'avaient cessé de la tourmenter depuis qu'il avait fait preuve d'une telle gentillesse envers elle, sur l'île de Sanday, en soignant sa blessure.
Au fur et à mesure que la Gryffondor parlait, Harry remontait le fil de ses souvenirs et essayait de se mettre à la place de son amie mais il n'y arrivait pas spécialement et il eut beau faire tous les efforts du monde, il ne parvint pas à comprendre ce qu'elle pouvait trouver à cet homme de vingt-cinq ans son aîné.
Cependant, quand elle en arriva au jour où les Malefoy avaient débarqué pour voir leur fils, à peine quinze jours plus tôt, Harry commença à comprendre où Hermione voulait en venir. Et quand elle leur relata la discussion qu'elle avait entendue malgré elle entre Lucius et Narcissa, dans un couloir, Drago et Harry se jetèrent un regard.
— Et ma mère est restée stoïque ? demanda Malefoy.
— Complètement, répondit Hermione. J'ai même eu l'impression, dans le ton de sa voix, qu'elle reprochait à ton père de ne pas avoir meilleur goût en matière de maîtresse... Ça m'a choqué à un point tel que j'ai filé comme le vent me planquer dans le bureau de McGonagall...
Hermione se tut et but un peu de Xeres. Malefoy aussi et Harry les observa tous les deux un moment avant de se servir de l'alcool. Il en reversa à Hermione qui soupira profondément.
— C'est à ce moment-là que les choses se compliquent, dit-elle alors.
— Par pitié, Granger, ne me dis pas que vous avez couché ensemble ! dit alors Malefoy.
— Non ! s'exclama Hermione en bondissant sur place. Non, je te jure que non ! Je...
Elle se frotta le visage de ses deux mains et se remémora ces quelques minutes dans la Salle des Trophées.
— Non... souffla-t-elle alors. Non mais après avoir entendu cette conversation, j'ai voulu en avoir le cœur net alors j'ai cherché ton père et je l'ai trouvé dans la Salle des Trophées, je... Je n'avais aucune raison d'être là alors j'ai invoqué un Trophée factice et je suis entrée dans la salle comme si de rien. J'ai bondi de frayeur en le voyant planté là, au milieu de la pièce. C'était faux mais quand j'ai réalisé qu'il n'avait pas l'air bien, mon écran de fumée s'est dissipé et je lui ai demandé si tout allait bien...
— C'est vrai qu'à un moment donné, il s'est absenté, dit alors Malefoy en regardant Harry.
— Oui, répondit le brun en opinant. Il avait dit avoir besoin de prendre l'air mais... Vous avez fait quoi après ? demanda-t-il ensuite en regardant Hermione.
— Rien de licencieux, je vous le jure ! Il...
Elle inspira puis souffla longuement. Elle leur relata ensuite la longue discussion qu'ils avaient eue et quand, après un long silence, elle lui avait demandé pourquoi, l'homme avait été incapable de lui répondre clairement...
— Il t'a embrassée ? dit Drago. Mon père ?!
— Non, le pape ! répliqua Hermione, les sourcils froncés. Oui, il m'a embrassée et à ce moment-là je... je ne sais plus, je n'avais plus de fiancé, plus d'élèves, je n'étais plus Hermione, je...
Hermione ferma les yeux et Malefoy se leva soudain. Harry lui prit le poignet et le blond le regarda d'en haut avant de soupirer et de retourner s'asseoir.
— Je suis perdue, dit alors Hermione. Il y a deux semaines qu'Alexandre et moi, ça ne va plus, et pourtant, je m'en fiche, je me suis même dit que j'en avais rien à faire qu'il se trouve une autre nana, qu'il me trompe depuis des mois, qu'il...
— Il te trompe ?
Hermione haussa les épaules.
— Je n'en sais rien mais ce serait dans son droit, non ? Je veux dire, je suis absent dix mois sur douze, je...
Elle secoua la tête et, près d'elle, Malefoy passa une main dans ses cheveux.
— Malefoy, je suis désolée, dit alors la Gryffondor en lui prenant le poignet. Je n'ai absolument rien fait pour que tout ça arrive, et je ne sais pas comment y remédier, je ne suis même pas sûre de le vouloir...
Malefoy serra les mâchoires puis déglutit et regarda la jeune femme. Celle-ci recula lentement ses mains et le blond se leva alors.
— On en reparlera plus tard, dit-il. Avant, je dois parler à mon père. Et lui interdire de te revoir !
Sur ce, il tourna les talons et Hermione eut un sursaut. Elle émit un couinement et porta ses mains à sa bouche. Elle regarda ensuite Harry qui soupira.
— Pitié, Harry, sois de mon côté, dit-elle alors en tendant les mains vers lui. Je n'ai rien fait de mal, je ne...
— Tu as envie d'être avec lui ? demanda alors le brun. Tu te fiches de rompre avec Alexandre après trois ans de fiançailles, ça veut donc dire que tu n'as plus d'intérêt pour ton Moldu de fiancé. Tu veux être la maîtresse de Lucius Malefoy ? Tu veux devenir une femme-objet, entretenue par un homme dont le fils est le compagnon de ton meilleur ami ?
Hermione serra les lèvres, au bord des larmes.
— Harry... supplia-t-elle en se mordant la lèvre. Je t'en prie, comprends-moi, je...
— Tu me dégoûtes, Hermione, tu sais ?
— Mais, Harry...
— Tu me dégoûtes, tu crèves d'envie sur un homme qui pourrait être ton père et tu n'as aucun remords !
Harry se leva et s'éloigna. Hermione bondit alors sur ses jambes et noua ses bras autour du torse de son ami en écrasant son visage dans son dos.
— Harry... sanglota-t-elle. Ne m'abandonne pas, j'ai besoin de toi...
Le Gryffondor se figea, regarda droit devant lui puis défit les mains de la jeune femme et pivota. Elle leva les yeux vers lui et il la regarda avant de se détourner.
— Vas-y, dit-il. Vas-y et sois la maîtresse d'un aristo si ça te fait te sentir mieux ! lâcha-t-il.
Il disparut dans le noir et Hermione tomba lourdement sur les genoux, abasourdie. Elle laissa les larmes couler sur ses joues, les bras ballants, et quand deux mains se posèrent sur ses épaules pour l'aider à se relever, elle ne broncha pas et se laissa remorquer, complètement absente.
Craignant que la nouvelle ne mette à mal leurs vacances à venir, Harry décida d'avancer le départ de deux semaines. Il donna pour explication qu'ils auraient ainsi un peu plus de temps pour se remettre du voyage en rentrant deux semaines avant la rentrée des classes, plutôt que deux jours. Et personne ne trouva rien à redire. Sauf Rogue. Mais il resta silencieux. Il n'en avait pas moins lourd après Harry et Malefoy qui avaient abandonnée Hermione sur ce balcon, effondrée, une semaine plus tôt.
Il était en train de faire sa ronde habituelle quand il avait entendu des voix et, pensant à des élèves, il s'était approché silencieusement mais quand il avait découvert Hermione et Harry, la Gryffondor tentant visiblement de retenir son ami, il avait été étonné. Quand Harry l'avait repoussée et était partit, cependant, Rogue avait été choqué et il avait regardé Hermione tomber sur les genoux, anéantie. Il était ensuite aller la relever et l'avait conduite chez lui pour lui donner un remontant. Quand elle avait recouvré ses esprits, il lui avait demandé de tout lui raconter, dans les moindres détails, et en apprenant que Lucius, son meilleur ami, et elle, avaient des grandes chances de devenir amants d'ici peu, il en avait été étonné mais pas autant que Harry ou Malefoy. Cette révélation ne l'avait pas choqué, ne l'avait pas fait sortir de ses gonds. Il trouvait l'idée surprenante mais réalisable et il connaissait bien Lucius et encore plus Hermione, et il savait qu'ils pourraient s'entendre très bien, tous les deux, dans une relation amicale ou intime.
Après une bonne heure de monologue, Hermione en était arrivée à la découverte de sa grossesse. En tant que sorcière, elle pouvait à tous moments après une relation amoureuse, savoir si elle était enceinte, et ce dès la première semaine. Ce qu'elle avait fait. Elle avait cependant révélé à Rogue qu'elle n'avait pas mis Alexandre au courant, afin de ne pas provoquer de pitié chez lui, et qu'elle n'avait pas eu le temps de prévenir ses amis... avant de faire une fausse-couche.
À ces mots, Rogue avait regardé la jeune femme avec effarement. Elle était là, debout, alors qu'elle avait perdu un bébé quelques heures plus tôt, alors qu'elle devrait être couchée, pleurant tout son soûl. Le sombre professeur avait alors compris que pas plus que sa relation avec Alexandre qui menaçait de s'effondrer, elle n'avait cure de cette grossesse et de la fausse-couche qui avait suivi...
Rogue avait alors compris que Lucius avait totalement dominé la jeune femme, moralement parlant, que plus rien d'autre ne comptait pour elle. Il ne l'avait pas envoûtée, que ce soit avec un sortilège ou une potion, non. Il avait fait ça juste en étant lui et ça lui rappelait l'époque où Narcissa et Lucius étaient encore fiancés. Il s'était passé exactement la même chose. Au début, Narcissa Black refusait obstinément d'épouser Lucius Malefoy, elle n'en voulait pas, même si elle admettait volontiers qu'il était très beau. Mais elle n'en voulait pas. Elle avait cependant fini par se plier aux volontés de ses parents et l'avait épousé, contrainte et forcée. Deux ans après, elle tombait enceinte de Drago et peu importe ce que les gens pouvaient lui dire alors, elle était tombée folle amoureuse de son mari...
Une fois qu'il fut sûr que la jeune femme allait bien, Rogue l'avait éconduite chez elle en lui disant de se reposer et d'éviter le plus possible tout stress inutile, qu'elle devait mettre les choses à plat, faire le tri dans ses émotions et ses désirs.
Aujourd'hui, cependant, Rogue avait pris la décision de discuter avec Lucius et Narcissa. Le fait que Narcissa ne soit pas surprise que son propre mari envisage de prendre une maîtresse, le surprenait, mais il connaissait bien la sorcière blonde et c'était, de plus, courant dans les familles aristocrates, que l'un des deux époux, voire les deux, aient un amant et que l'autre soit au courant.
Pour le commun des mortels, c'était aberrant mais pour les autres, c'était normal.
— Entre Severus, qu'est-ce qui t'amènes ?
Rogue franchi le seuil du manoir et regarda autour de lui.
— Cissy n'est pas là ? demanda-t-il.
— Non, elle est partie en ville, c'est elle que tu viens voir ?
Le regard que Rogue jeta à son ami lui fit comprendre que non et Lucius releva le menton puis invita le sombre professeur à entrer dans le salon.
— Tu viens me parler d'Hermione, c'est ça, dit-il en s'asseyant dans le fauteuil qu'il avait quitté pour aller ouvrir.
— Oui. Voilà une semaine, j'apprenais qu'elle avait fait une fausse-couche, en ta présence, et que tu l'avais aidée à surmonter la douleur, mais le pire étant sûrement la réaction de ton fils et de Potter quand ils ont appris quelle relation leur amie entretenait avec toi, un homme de vingt-cinq ans son aîné...
— Je t'arrête tout de suite, dit Lucius en levant une main. Nous n'avons aucune relation, elle et moi.
— Ah non ? Elle m'a pourtant l'air bien accrochée, si tu vois ce que je veux dire !
Lucius serra les mâchoires et secoua la tête.
— Narcissa est au courant, j'imagine, dit alors Rogue.
— Oui, et elle... ne semble pas si horrifiée que ça par les faits, répondit l'homme blond. Disons que c'est plutôt mon choix de maîtresse qui la perturbe...
— J'ai un peu de mal à comprendre, moi aussi, avoua Rogue. Mais Miss Granger m'a expliqué que depuis qu'ils t'avaient sauvé la vie, Potter, Weasley et elle, tu avais changé.
— C'est exact. La mort a été proche, Severus, tu le sais aussi bien que moi, et dès que j'ai pu recouvrer toutes mes facultés magiques et intellectuelles, j'ai décidé de faire le tri dans ma vie. J'ai définitivement renoncé à la Magie Noire, pour commencer, et j'ai vidé mon laboratoire de tous les livres qui pourraient traiter du sujet.
Lucius agita la main comme s'il essuyait quelque chose et Rogue fronça les sourcils.
— Ensuite, mon attirance pour Miss Granger... reprit Lucius. Je ne l'ai accepté que récemment et comme Narcissa m'a avoué avoir collectionné les amants pendant que j'étais en prison, j'estime avoir au moins le droit à une amante.
— Logique, répondit Rogue. Mais pourquoi elle, Lucius ? D'accord, c'est une jolie jeune femme, elle est intelligente et fidèle, mais bon sang, elle pourrait être ta fille ! Et puis c'est Hermione Granger, la fille qui n'a eu que deux petits-amis dans sa vie toute entière !
Lucius regarda son ami de travers.
— Deux ? dit-il. Seulement ? Jolie comme elle est ?
Rogue opina.
— Je te conseille de l'oublier, Lucius, dit-il alors. Elle n'est pas pour toi, elle ne pourra pas supporter une relation avec toi. Elle est terrifiée par cette emprise que tu as sur elle, elle...
— Je sais ce qu'elle éprouve, je sais à quel point c'est le bordel dans sa tête, dit Lucius. Mais ce n'est pas de ma faute, je n'ai rien fait, strictement rien pour...
— Tu l'as embrassée.
Un silence tomba aussitôt sur la pièce et Rogue grogna.
— Tu l'as embrassée, répéta-t-il. Et ça, c'était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, Lucius. Ça n'allait pas entre Alexandre et elle depuis quelques temps, et toi tu débarques comme une fleur, tu lui fais miroiter je ne sais quoi et même si tes intentions sont louables, ce n'était pas le bon moment du tout, elle était trop fatiguée, trop blessée, trop perturbée... Elle s'est laissé embarquer dans ton histoire, corps et âme, sans rien pouvoir y faire, et aujourd'hui, elle en subit le contrecoup. Sans parler de cette fausse-couche qu'elle a faite, en ta présence !
Lucius déglutit bruyamment.
— Tu vas aller à Poudlard et régler cette histoire, dit alors Rogue, les sourcils froncés. Miss Granger est mon élève, Lucius ! Je l'ai vue grandir pendant sept longues années, je l'ai vue devenir une femme et je refuse que toi, tu me la détruises !
Lucius serra les mâchoires et soudain, bondit de son fauteuil. Rogue le regarda s'éloigner, le regard dur. Soudain, l'homme blond se retourna.
— J'ai envie d'elle, Severus, dit-il alors en serrant les poings. J'ai envie d'elle et elle aussi ! Elle me l'a dit, elle veut devenir ma maîtresse !
— Alors fais-le ! Mais pas avant d'avoir fait en sorte qu'elle règle les choses avec son fiancé ! répliqua Rogue en se levant. Elle n'est pas assez forte pour soutenir une relation avec toi sans s'être débarrassée d'Alexandre d'abord.
— Tu es... dur, Severus.
— Je sais. Mais de toute façon, c'est un Moldu, il s'en remettra.
Lucius haussa un sourcil puis soupira profondément et Rogue grimaça.
— Si tu en fais ta maîtresse, Lucius, dit-il. Ne te détourne pas de Cissy pour autant. Elle n'a pas mérité que tu la mettes de côté, d'accord ?
— C'est ma femme, Severus, c'est ma femme, c'est la mère de mon fils et je l'aime, mais j'ai besoin de voir autre chose et Miss Granger est là...
Il se tut et secoua lentement la tête.
— Règle le problème, dit alors Rogue. Va lui parler, pas maintenant, attend que Potter et ton fils soient partis pour leur voyage. Va lui parler, prenez le temps qu'il faut pour mettre les choses à plat. Quand elle aura parlé à Alexandre, quand elle l'aura rayé de sa vie, alors seulement tu pourras prétendre à la place.
Lucius grimaça puis Rogue tourna les talons et quitta le manoir à grandes enjambées. Il n'avait aucune idée de la raison pour laquelle il prenait l'histoire d'Hermione autant à cœur, mais la voir effondrée comme ça, lui avait remué quelque chose dans la poitrine...
Jusqu'à leur départ, ni Harry ni Malefoy n'adressèrent la parole à Hermione. Ron fit le lien entre eux mais il ne comprenait pas pourquoi ses amis étaient à ce point en froid. Il avait bien tenté de les faire parler, à tour de rôle, mais Hermione avait répondu qu'elle était perturbée par sa relation mourante, et Harry et Malefoy, eut, trop pris par les préparatifs de leur voyage, qu'ils n'avaient pas le temps de s'inquiéter pour les émois d'Hermione.
Le Gryffondor et le Serpentard étaient partis depuis deux semaines maintenant et Hermione profitait de ses vacances à Poudlard. Elle était allée voir ses parents à plusieurs reprises, en compagnie de Ron, et avait passé plusieurs jours au Terrier avec les Weasley, avant de retourner à Poudlard.
Seule avec Ron, elle en avait profité pour lui parler de sa relation mourante avec Alexandre et quand elle en était arrivée à la grossesse et la fausse-couche qui avait suivi, le rouquin avait été désolé pour elle et l'avait serrée si fort dans ses bras que la brunette en avait eu mal aux côtes pendant plusieurs minutes.
Aujourd'hui, c'était l'anniversaire de Harry, mais comme il était absent, aucune fête n'était organisée. Étrangement, et ce malgré les douloureuses paroles dont il l'avait gratifiée trois semaines plus tôt, Harry manquait à Hermione, ainsi que Malefoy. Parfois, elle se surprenait à les chercher pendant les repas, ou à les voir dans le parc, en train de se promener main dans la main...
Elle prévoyait de les confronter, dès qu'ils rentreraient, tous les deux, pour qu'ils s'excusent, dans un premier temps, de l'avoir traitée de la sorte, puis pour leur faire comprendre que même s'il y avait une grande différence d'âge entre elle et Lucius, qu'elle n'avait aucunement l'intention d'abandonner.
Alors qu'elle déjeunait à Pré-au-Lard en compagnie de Ron, en ce trente-et-un juillet, Hermione eut la surprise de voir arriver une serveuse avec une lettre dans la main.
— Miss Hermione Granger ? demanda-t-elle.
— C'est moi... répondit Hermione.
— Ce courrier vient d'arriver par hibou, dit alors la serveuse.
— Ah, merci...
La serveuse hocha la tête puis Hermione posa sa fourchette et regarda l'enveloppe. Aucune marque distinctive, pas de sceau, et une écriture élégante mais commune.
— Ça vient de qui ? demanda Ron en mâchonnant une frite.
— Je ne sais pas, je n'attendais pas de courrier...
Ron haussa une épaule puis lui fit un signe de menton et Hermione prit son couteau pour trancher un coin de l'enveloppe. Elle la déchira ensuite et tira le parchemin plié en deux qui se trouvait à l'intérieur.
— C'est de qui ? demanda Ron au bout de plusieurs secondes de silence.
Hermione se mordit la joue et baissa la main.
— Lucius Malefoy, dit-elle alors.
Ron haussa les sourcils.
— Et qu'est-ce qu'il veut ?
— Me voir. Il veut qu'on discute.
— Discuter... de votre... truc ?
Hermione plissa le nez et soupira ensuite.
— Non, dit-elle. Ce n'est pas le bon moment, je n'ai pas encore pu voir Alexandre, je ne sais pas où j'en suis avec lui, je...
— Ça va, dit Ron en posant une main sur son bras. Calme, Mione, ok ? Il veut juste discuter...
— Les deux dernières fois qu'on a discuté, ça s'est mal terminé, dit Hermione sur un ton suppliant. Ron, je ne sais pas quoi faire...
— Tu l'aimes ?
— Lucius ?
Ron opina et Hermione secoua la tête.
— Non, je ne suis pas amoureuse de lui, il est marié, répondit-elle. Non, je... Ce que j'éprouve, je ne sais même pas si ça a un nom, je...
— T'as juste envie de lui, quoi, en gros, répondit Ron sur un ton noc halent.
Hermione eut un hoquet et rougit violemment. Elle se racla la gorge puis enfourna un morceau de poisson pour éviter d'avoir à répondre. S'en suivit un long silence gênant pendant lequel Ron commanda un dessert et deux cafés. Hermione refusa de prendre un dessert et termina son plat lentement, si lentement que Ron avait déjà avalé son café quand elle finissait la dernière bouchée de riz...
De retour au château, Hermione alla se réfugier chez elle et Ron préféra la laisser seule. Il avait du mal à comprendre la raison pour laquelle elle était si éprise du père de Drago, mais il n'avait pas la prétention de connaître le cœur de sa meilleure amie, non plus. Il y avait séjourné quelques temps, puis Alexandre avait pris sa place pour les trois années suivantes... À présent, Alexandre s'en allait lentement mais sûrement et la place serait très certainement rapidement comblée par un puissant sorcier au charisme qui les faisait toutes fondre...
Recroquevillée dans son canapé, la lettre posée en équilibre sur son genou, Hermione ne savait pas quoi faire. Trois semaines plus tôt, elle avait fait venir Lucius chez elle pour l'accuser de tous ses problèmes, pensant que ça réglerait toute l'histoire, mais non, ça avait été encore pire après, surtout quand elle avait commencé à éprouver ces horribles crampes...
Songeant à sa fausse-couche, Hermione inspira profondément. Perdre un fœtus à deux semaines de grossesse, c'était malheureusement courant et elle s'en remettait très bien, mais le fait qu'elle l'ai caché à Alexandre la mettait mal à l'aise. Est-ce qu'elle devait le lui dire ? Est-ce qu'il ne penserait pas à une tentative désespérée de le garder auprès d'elle ? Leur dernière discussion au téléphone avait mal tourné, comme les précédentes. Ils s'étaient disputés et Alexandre avait fini par raccrocher. Hermione, en larmes, avait alors lentement pris conscience que rien ne pourrait recoller son couple et que, non de Lucius, c'était sa faute à elle s'ils en était arrivés là. C'était sa faute à elle, Hermione Granger qui, au lieu de rentrer chez elle tous les week-ends pour retrouver son fiancé et entretenir la flamme, avait préféré s'immerger dans le travail et ne rentrer chez elle que deux fois dans l'année, pour Noël, et pour les vacances d'été. Et ça, Alexandre en avait eu assez...
Jouant du bout du doigt avec la lettre, Hermione se mordit la lèvre. Elle regarda l'heure sur la petite pendule posée sur le manteau de la cheminée, et soudain, se leva et alla se changer. Il était temps de mette les choses à plat, d'abord avec Alexandre, puis avec Monsieur Malefoy. Et elle allait tout faire dans la foulée !
— Entre.
Le ton était peu invitant mais Hermione franchi le seuil de la maison et serra les mâchoires en voyant les valises dans l'entrée.
— Toutes tes affaires sont là, dit alors Alexandre.
— Je... Je suis désolée qu'on en soit arrivés là, Alex... dit alors la jeune femme. Tu sauras me pardonner un jour ?
Alexandre pinça les lèvres puis opina.
— Bien sûr, répondit-il. Je ne te déteste pas, Hermione, c'est juste qu'il apparaît clairement que nos vies ne sont plus faites pour continuer côte à côte. J'espère que tu trouveras quelqu'un qui comprenne ton besoin de travailler tout le temps et qui sera plus patient et plus compréhensif que moi. Et de préférence, un sorcier.
Hermione se mordit la lèvre. Elle tendit alors les bras et Alexandre la serra contre lui. Quand elle recula, elle baissa le nez et observa sa main droite. Elle retira l'anneau en argent et le déposa sur le meuble le plus proche.
— Tu pourras l'offrir à celle qui aura la chance de finir sa vie avec toi, dit-elle avec un mince sourire.
Un silence s'installa puis, sans un mot, Hermione tira sa baguette magique et réduisit les cinq grosses valises entassées au pied des escaliers. Elle les glissa ensuite dans la poche de son blouson et se tourna vers Alexandre.
— Prend soin de toi, dit-elle avec un mince sourire.
— Toi aussi, Hermione. Ça a été un réel plaisir de vivre avec toi pendant trois ans, mais je suis arrivé à mon maximum de patience. Tout n'est pas encore perdu, Hermione, mais tu dois faire un travail sur toi et accepter que ton couple passe avant ton travail.
— Je comprends...
La brunette tourna alors les talons et quitta la maison. Elle renifla brièvement et, après un rapide regard alentours, elle transplana. Alexandre referma la porte quand le bruit se fut estompé et passa une main sur sa joue avant de retourner devant la télévision.
Hermione reparut au sommet d'une colline qui dominait le domaine Malefoy. Le manoir était immense, planté au milieu d'un magnifique parc arboré. Au loin, derrière la maison, un bâtiment se dressait, sans doute une écurie, puis, encore plus loin, petite tache sur l'horizon, un autre manoir.
Hermione esquissa un sourire. Les riches avaient vraiment la folie des grandeurs, ou bien la phobie des voisins, l'un ou l'autre.
Observant le manoir Malefoy, la jeune femme se demanda si c'était une bonne idée d'aller parler à Lucius maintenant. Il lui avait certes envoyé une lettre dans laquelle il disait vouloir discuter avec elle mais...
Soudain, Hermione se baissa dans les hautes herbes. Elle venait de voir la porte d'entrée du manoir s'ouvrir. Quand Narcissa en sortit, affublée d'un grand chapeau de paille et habillée d'une magnifique robe blanche en soie, la jeune femme fut fascinée. Pas étonnant que Drago soit aussi beau garçon avec une mère pareille ! À presque cinquante ans, Narcissa Malefoy donnait l'impression d'en avoir trente, elle avait tout là où il fallait et Hermione ne comprenait pas Lucius quand il disait vouloir une maîtresse... Avec une épouse pareille, nul besoin d'une maîtresse !
Hermione suivit des yeux la belle limousine qui quittait le manoir en crissant sur l'allée en gravier. C'était une berline allemande, le type mastoc, tout en arêtes et sans doute blindé. La Gryffondor s'étonna dé découvrir que la famille sorcière la plus fière de ses origines, utilisait un moyen de locomotion purement Moldu...
Reportant son attention sur le manoir, Hermione se mordit la lèvre. C'était sa chance. Elle n'en aurait sans doute pas d'autre avant très longtemps. D'une pensée, elle transplana alors devant la porte de la grande maison et, plantée devant le lourd battant en bois, elle inspira et faillit renoncer. Mais elle se vit lever la main et jouer du heurtoir...
— Je vois que vous avez reçu ma lettre.
— En effet. J'ignore si je tombe au bon moment ou pas, mais nous devons discuter, vous avez raison.
Lucius haussa un sourcil puis fit entrer la jeune femme dans le salon et lui proposa quelque chose à boire. Hermione accepta un verre de thé glacé et s'assit ensuite dans le canapé que l'homme lui indiqua.
— Êtes-vous suffisamment remise pour supporter une conversation avec moi ? demanda-t-il en lui apportant son verre. Tenez... Vous avez enduré une terrible épreuve et je pourrais parfaitement concevoir que...
— Merci, répondit Hermione en le déposant sur le guéridon près d'elle. Et oui, je suis remise, j'ai fait le tri dans mes pensées, dans mes sentiments, et dans ma vie.
L'homme blond la regarda en silence.
— Alexandre m'a mise dehors, dit-elle alors. Je viens de récupérer mes affaires, elles sont toutes là, dans ma poche...
Lucius opina lentement puis soupira et alla s'asseoir près de la jeune femme qui se tourna vers lui.
— Les choses n'auraient pas dû se passer ainsi, dit-il en lui prenant la main. Je vous aurais fait mienne dans le Salle des Trophées et ensuite... Mais non, il a fallu que le charme des Malefoy fasse effet et vous retourne le cœur et le cerveau. Je suis désolé de tout ça. Vous avez raison, tout est de ma faute...
Hermione esquissa un sourire.
— J'ai eu peur, dit-elle alors. Dans la Salle des Trophées. J'ai eu peur de ce qui était en train de se passer. J'étais fiancée, vous êtes marié... Pour moi, un homme qui a une maîtresse, trompe sa femme et ça fini généralement en divorce, mais ce n'est pas ce que j'ai cru comprendre.
— Disons que la situation est exceptionnelle, dit alors Lucius. J'ai été absent pendant de longues années, Narcissa me croyait à Azkaban et comme les prisonniers là-bas sont considérés comme morts par l'administration sorcière, elle avait tous les droits de retourner fréquenter. Elle a eu de nombreux amants, certains juste quelques jours, d'autres plusieurs mois. N'allez pas croire, Hermione, mais nous nous aimons, Narcissa et moi, et je ne la quitterai pour rien au monde.
Hermione pinça la bouche.
— Elle vous a autorisé à avoir une amante, n'est-ce pas ? dit-elle doucement.
— Oui. Une et une seule. Peu importe le temps que la relation durera.
Hermione ferma les yeux et serra sa main dans celle de l'homme.
— Pourquoi moi ? demanda-t-elle. Pourquoi moi et pas... Aurora ?
Lucius ronfla.
— Aurora Sinistra est une belle femme, dit-il, amusé. Mais elle n'est pas pour moi ! Severus est pour elle.
— Sev... Mais Miss Herridge ?
Lucius haussa un sourcil et Hermione s'étouffa.
— Bon dieu ! s'exclama-t-elle. Alors là, je l'avais pas vu venir !
Lucius rigola. Il leva alors le bras et entoura les épaules d'Hermione. Elle se laissa faire quand il l'embrassa sur la tempe, puis elle recula et le regarda.
— Je suis désolée de vous avoir invectivé de cette façon, l'autre jour, dit-elle. J'étais perdue, je n'avais plus aucune emprise sur ma vie, tout m'échappait, j'étais enceinte d'un homme sur le point de me quitter...
Hermione secoua la tête.
— Que va-t-il se passer, maintenant ? demanda-t-elle.
— Eh bien, soit vous êtes d'accord pour reprendre là où nous en étions dans le Salle des Trophées, soit non et je ne vous tourmenterai plus jamais avec des telles histoires.
Hermione pinça les lèvres. Elle prit alors la main de l'homme dans la sienne et croisa ses doigts au siens.
— J'ai besoin de me changer les idées, dit-elle doucement avec un sourire.
Lucius lui adressa un sourire en retour puis la prit dans ses bras et l'étreignit farouchement.