Solange était la nièce que Suzanne avait prise au village à l'âge de neuf ans pour combler son manque d'enfant. Le comble c'est que, malgré tout le luxe qui s'était offert à elle, elle était chosifiée et réduite à des bas besognes.
Toute sa vie, elle a grandi l'idée de se mettre un jour en couplé avec Tony qui était presque son frère. Ce lien n'avait aucune barrière pour elle qui nourrissait l'idée de faire vivre les couleurs un jour à sa tante nourricière.
Très petite, elle avait été obligée, par sa tante, d'offrir sa virginité à celui qu'elle prenait pour son père, donc le mari de cette dernière, pour cause spirituel comme l'avaient signifié le couplé. La sécurité financière de son bel oncle se basait sur ce genre de pratiques et elle en a fait les frais toute sa vie. Surtout lorsqu'elle était en période de règles, elle se donnait à son oncle tous les jours malgré ses multiples protestations.
Prise en otage, sa seule vengeance résidait en Tony et elle avait même eu le courage de le demander en contre-partie à son bel oncle qui le lui avait promis dès le retour des États-Unis de Tony mais l'homme propose, Dieu dispose. Le bon monsieur avait trouvé la mort alors qu'il était en train de chavaucher Solange. Il était mort l'arme à la main comme dit un langage très courant dans le jargon du pays.
Prise en otage, Solange était soumise au silence par sa tante qui l'accusait d'avoir tué son mari. L'espoir de se marier avec le fils héritier se dissipait petit à petit mais un brin d'espoir résidait dans un petit coin de son cœur malgré tout. Durant les cinq jours du deuil avant les funérailles, Solange était obligé d'observer le rituel imposé aux veuves pour éviter de s'attirer de la malchance toute sa vie. C'était une période difficile de sa vie mais elle était obligée au risque d'être exposée comme la meurtrière qu'elle était enfin comme lui faisait croire sa tante. Avec tous les projets qui se bousculaient dans sa tête, la prison était le dernier endroit où elle voulait se retrouver.
Les regrets n'en finissaient pas et si elle était rester tranquillement au village auprès de ses parents ? Tout ceci n'allait pas avoir lieu, un véritable cauchemar. Alors que ses frères, sœurs et cousines l'enviaient au loin, s'ils pouvaient avoir une idée d'au moins un quart de ce qu'elle a vécu, ils aimeraient leur propre vie plus que tout. Après une bonne douche histoire de se requinquer, Solange fit ses bagages pour regagner le village mais devant la porte, elle s'est effondrée en pleurs.
- C'est la séance remords? Lui lança sa tante avec ironie.
- Tu me stresses tata, je veux la paix s'il te plaît.
- Tu crois pouvoir l'avoir après tout ce que tu as fait aux gens? À moi en l'occurrence ? Tu m'as rendue veuve et bientôt désargentée parce que j'ai commis la maladresse de laisser mon pauvre mari à la merci de tes coups de reins diaboliques. Jamais tu ne l'auras tant que tu n'auras accompli mes désirs. Tu vas te marier avec Tony comme prévu, ensuite on se partagera équitablement les biens et chacune de nous prendra sa route.
- Je n'ai plus envie de me mettre avec lui. Déjà, nous avons grandi ensemble comme grand frère et petite sœur et puis, son père m'a pris mon innocence et a continué à me chosifier avec ton accord. Si je puis me mettre avec lui, ce serait par vengeance et non par amour. Le pauvre, il est gentil et ne mérite pas ce que je lui ferai subir. Tu peux dire adieu à tes biens.
- N'oublies pas que je suis ta tante et je peux avoir le dernier mot dans ta vie. Ce jeu que tu es en train de vouloir mettre en musique là, je l'ai appris tu n'étais pas encore née. Avec moi on ne fait pas ce genre de blague. Tu sais très bien qu'il me suffit seulement d'un coup de fil au commissaire pour que tu sois déferrée à la maison d'arrêt. Donc réfléchis bien à ce que tu veux faire.
- Tu as vraiment le culot de me parler de la sorte. Tu crois que je suis la seule complice dans cette histoire. Si vraiment j'étais ta nièce, tu ne m'aurais pas forcée à donner ma virginité à ton mari à l'âge de 14 ans. Tu ne m'aurais pas forcée à coucher avec lui, à le supporter toutes ces nuits qui ont suivies. Et surtout, tu ne m'aurais pas obligé à donner cet enfant maudit... Sois contente que j'ai opté pour le silence mais ne pense pas que c'est une faiblesse. Laisses moi partir d'ici et l'affaire sera oubliée.
Les yeux sont embués de larmes, Solange pensait au calvaire qui lui était infligé par sa tante depuis toutes ces années vécues dans cette prison dorée. Elle tira sa valise sans savoir où aller et décida de quitter la pièce avant que la situation ne prenne une autre tournure. Elle n'aimait pas cette femme, elle est tout sauf bien. Il était plus que clair !
À la mort de ses parents alors qu'elle n'avais que neuf ans, Solange était contente d'être recueillie par cette tante si riche laissant ainsi ses deux frères et sa sœur aînée au village. Elle était très loin de se douter du calvaire qui l'attendait sur place. Elle qui pensait que son avenir allait être garantie, elle s'était largement trompée.
Au départ, tout allait si bien, c'était même trop beau pour être vrai, jusqu'au jour où, cinq ans plus tard, tout s'est transformé en cauchemar. Rien qu'en y pensant, le désir de se venger se faisait de plus en plus pressant au fond d'elle. Elle avait opté silencieusement de déposséder sa tante de cette fortune qui lui tenait à cœur.
De son côté, Tony ne supportait pas cette atmosphère morose qui régnait entre la tante et la nièce à la maison. En plus, son esprit refusait de comprendre cette absurdité venant de sa belle mère comme quoi ce serait la dernière volonté de son père de le voir se marier avec Solange pour espérer rentrer en possession de son héritage.
Un vrai cinéma, un véritable imbroglio et tout était mélangé dans sa tête. Se marier avec Solange était comme se marier avec sa petite sœur. Depuis leur enfance, Tony a toujours protégé Solange comme un grand frère fait à sa petite sœur et du jour au lendemain, que son père lui laisse comme dernière volonté de se marier à Solange était la pire absurdité qu'il n'avait jamais vécue.
Refusant de le croire, Tony avait pris contact avec le notaire de son père pour clarifier les choses. Étant en déplacement, le rendez vous était prévu dans un mois et demi et pendant ce temps, Tony passait ses journées à errer comme un fou sans but précis.
La seule chose qui avait pu lui faire plaisir entre temps, c'était sa rencontre avec Samantha mais cette dernière était aux abonnés absents depuis ce fameux jour. Tony avait fait des pieds et des mains pour la revoir, un sit-in dans sa voiture devant la faculté pour espérer la voir, des pauses-déjeuner au réfectoire de l'université, des séances de lecture à la bibliothèque du centre culturel, rien n'y fit. Samantha avait tout simplement disparu. La seule solution qui s'imposait à Tony était de se rendre à domicile. Se souviendrait-il ?
Après avoir roulé longtemps, il finit par se retrouver, il faut aussi dire que les passants à qui il se renseignait étaient gentils. Tony se gara juste à l'endroit où il avait déposé Samantha la dernière fois puis se mit à tripoter nerveusement son téléphone en attendant que le hasard fasse qu'elle sorte.
Après trente longues minutes d'attente, un jeune homme s'approcha de la voiture.
- Bonjour monsieur ! Puis-je vous être utile? Lui demanda-t-il gentiment.
- Bonjour ! Je suis Tony et je cherche Samantha. Répondit Tony tout en tendant la main pour le saluer au garçon.
- Enchanté, Brel et Samantha c'est ma soeur.
La coïncidence était juste providentielle au grand bonheur de Tony. Il y a des moments dans la vie où le hasard vient combler le puzzle et marque la fin des déboires. Après une semaine de longue haleine, Tony pouvait enfin mettre la main sur Samantha en qui il avait des sentiments naissants.
- Ok, attendez que je l'appelle. Fit le garçon avant de s'empresser vers les portail en bois.
Samantha apparut cinq minutes plus tard juste habillée d'un débardeur et d'un pagne attaché aux reins. A la vue de ses seins qui pointaient, Tony eut comme des imaginations bizarres et son cœur eut comme des crampes. Le spectacle était tellement beau à voir, un magnifique tableau pour Tony !
Samantha était naturellement belle, sans compter ses fossettes qui ajoutaient un petit plus à sa beauté même lorsqu'elle ne souriait pas. Le seul hic, c'était la proéminence des poils sous les aisselles qui présagaient qu'elle ne savait pas encore prendre soin de son corps.
Elle le regarda timidement puis baissa les yeux.
- Bonjour Sammy!
- C'est Samantha.
- Oh excuses-moi. Je suis passée te saluer vu que je reviens de chez mon ami de l'autre fois.
Tony était obligé de mentir au risque de tomber comme un cheveux dans la soupe car pour lui, Samantha faisait sciemment. Il était clair qu'elle l'évitait, qu'elle avait dû le voir ne fut ce qu'une fois pointé devant la faculté, mais elle était déterminée à lui mettre les bâtons dans les roues pour qu'il se lasse d'elle.
En tant que stratege, Tony pensa au fond de lui qu'il pouvait devenir ami à son petit frère pour se rapprocher de Samantha. Tous les moyens étaient bons pour un chasseur de se rapprocher de son appât et ça, tout bon dragueur était capable de le savoir. C'est même le BA-ba de cette affaire.
Samantha était comme un alibi pour Tony de se défaire de sa belle mère et de Solange. Au moins, s'il avait une copine officielle, les deux dames pourraient lui lâcher les baskets. En tout cas, il ne voyait qu'elle pour le sortir de la situation qui prévalait à la maison.
- Tu fais quoi maintenant ?
- Je suis en train de coiffer quelqu'un et je suis presqu'à la fin.
- Ok, je peux t'attendre? J'ai à te parler.
- Je ne crois pas que tu puisses supporter parce qu'après, j'ai deux ou trois trucs à faire.
- T'inquiète, si ton frère acceptes de me tenir compagnie dans la voiture, je ne m'ennuirai pas au contraire.