Elle est énervée aujourd'hui. Je le sens. Et ca m'énerve, quel droit a-t-elle pour être énervé tel ou tel jour. Les gens ne sont pas à sa merci. Tout le monde a ses problèmes, elle le sait mais quand elle ne va pas bien elle voudrait que tout le monde aille mal et la suive dans son malheur.
Elle souffle régulièrement, je l'entend du fond de la classe, de plus elle n'est pas aussi assidue que d'habitude. Elle note son cours d'une façon nonchalante alors qu'elle y met toujours beaucoup de soin.
Le cours sonne enfin et ses yeux ne brillent pas pour autant. Elle est lassée de tout ça. Les cours à répétition, le même emploi du temps avec les mêmes personnes dans sa classe tous les jours.
Je sors et je la laisse dans sa déprime. Je déteste quand elle est comme ça, ça me donne envie de vomir de voir son expression de lassitude qui prend la place de son sourire.
Je marche dans les couloirs mais l'air me semble saturé, saturé d'élèves et de routine. Je décide de partir sur le toit. Le toit est accessible ici, un peu comme dans toutes les séries ou le gosse se réfugie sur le toit pour pleurer ses malheurs. Mais je suis pas ce gosse, j'vais pas pleurer, je veux juste changer d'air.
Je pousse la lourde porte qui conduit à l'extérieur. Et je débouche sur le toit. Elle est là, assise au sol et regarde le ciel. Je ne fais aucun bruit et l'observe un petit peu. Des larmes perlent sur ses joues et elle les essuie à intervalle régulier.
Je me demande comment elle a fait pour s'échapper de ses amis, elle est tout le temps avec eux habituellement.
Moi aussi je veux profiter de la mélancolie de ce toit. Alors je m'assois aussi au sol parallèlement à elle mais à une distance suffisante.
Elle tourne la tête vers moi alors je la regarde.
Qu'est ce que tu fais ici ? Demande-t-elle.
Et toi ? Je répond.
Je pleure, répond-elle.
Et ben arrête de pleurer s'il te plait, je lui dis.
Qu'est ce que ça peux te faire, dit-elle sur un ton aggresif.
J'aime pas te voir pleurer.
C'est yeux s'agrandissent puis elle finit par détourner le regard. Elle ne pleure plus mais sa respiration se fait irrégulière. Elle se lève et frotte ses vêtement pour enlever les quelques grammes de saleté qui se sont incrustés.
Pourquoi tu t'intéresse à moi ? Me dit-elle sans me regarder.
Qui t'as dit que je m'intéressais à toi ? Je répond sans la regarder comme elle le fait.
Elle ne répond pas alors je tourne mon regard vers elle et je vois sur son visage qu'elle est vexée.
Elle part en me tournant le dos, et je souris, je savais qu'elle allait faire ça.
Je reste donc planté sur le toit et je regarde à nouveau le ciel. Des questions trottent dans ma tête, j'aimerais tellement savoir ce qui la tracasse et pourquoi elle pleure. Je ne l'avais jamais vu pleurer, elle n'est pas du genre à craquer devant les autres même si je me doutais que quelque chose n'allait pas.
Je reprend les escaliers pour redescendre dans le Lycée. Je foule le sol des couloirs. Ils n'y a plus personne, la fin des cours à deja sonné depuis dix minutes et tout le monde a déserté aussi vite.
Je sors de l'établissement pour rentrer chez moi. Elle est encore là, assise sur un banc à la sortie du Lycée. Je m'approche d'elle sans vraiment le vouloir, c'est le chemin que je prend pour rentrer chez moi et ce n'est pas elle qui va me faire changer.
Alors que j'approche d'elle, son visage se lève vers moi et elle me lance un regard à tomber, à tomber raide mort. Elle me foudroie littéralement du regard. Je m'abstient de faire un commentaire et je continue ma route.
Je l'entend se lever et marcher derrière moi. Mais je ne fais rien, qu'elle me suive si elle veut. Ou alors elle ne me suit pas. Elle rentre simplement chez elle.