Une lumière un peu plus sombre s'installe. Les nuages voilent le ciel. Une couleur grise s'impose dans ce paysage déjà maussade. Une goutte puis deux, viennent s'écraser sur le sol froid de la ville. Il n'y a personne dans les rues. Chacun reste chez soi. Seul le bruit de l'eau percutant le béton, les tuiles des toits, les bancs en métal, se fait entendre. On pourrait même entendre une petite mélodie.
Seulement, personne ne l'entend.
Sauf une jeune fille, loin de ces villes. Elle est dehors, debout, les pieds dans des bottes en caoutchouc enfoncés dans la terre qui se transforme petit à petit en boue. Elle reste là. Les gouttes tombent sur elle, glissent le long de ses cheveux, roulent sur ses joues, s'infiltrent dans le tissu de ses vêtements.
Une odeur de pluie et d'herbe parvient à elle. Elle aime cette odeur. Elle aime ce "mauvais temps".
Pourtant elle a froid. Ses vêtements lui collent à la peau.
Elle ferme les yeux et pleure. Ses larmes salées et chaudes se mêlent à la pluie douce et froide. Elle ne ressent pas de la tristesse. Loin de là. C'est peut-être de la mélancolie, peut-être de la nostalgie, peut-être un sentiment plus profond mais c'est en fait une sorte de bonheur. Un bien-être qui passe par le bruit de la pluie, son odeur, son ruissellement sur son visage. Comme si, en coulant le long d'elle, cette pluie emportait tout ce qui ne va pas en elle. C'est comme si c'était elle qui pleuvait, déversait tous ce qui la tracasse, qui enlevait le surplus qu'elle porte.
Tout ce qu'elle ressent en cet instant, elle ne peut pas l'expliquer. Tout ce qu'elle veut, c'est laisser tomber la pluie.
Mais après la pluie vient le beau temps. Le soleil peut refaire apparition une fois que les nuages se vident de leur eau.
***
Ce que cette jeune fille ressent lorsqu'il pleut, c'est ce qu'elle ressent lorsqu'elle pleure.
Lorsque rien ne va, il faut se laisser pleurer. Tout vider pour que ces nuages disparaissent et pour que le soleil réapparaisse.
Alors, ne retiens pas toute cette eau en toi :
laisse tomber la pluie.