Le problème avec le calme, c'est que ça ne dure jamais.
Le mois de juin débutait tout juste, et avec lui les dernières révisions. Il restait environ quatre semaines à Percy et ses amis pour finir de tout apprendre avant que les examens commencent, et tout le groupe s'était mis d'accord pour organiser des séances collectives de test.
C'est comme ça qu'ils s'étaient tous retrouvés autour d'une grande table au CDI du lycée mardi après-midi, travaillant par petits groupes selon les matières qui les intéressaient. Annabeth révisait son français avec Piper tandis que Léo s'occupait de donner un cours de soutien en espagnol au frères Alatir et à Hazel. Katie et Calypso s'interrogeaient mutuellement sur leurs fiches de mathématiques, et Frank prenait des notes dès que l'une d'elles parlait d'une formule qu'il n'avait pas encore apprise. Assis au bout de la table, Charles et Silena se concentraient sur la littérature, ou plutôt le jeune homme buvait les paroles de sa petite-amie en hochant de la tête, son regard ne se détachant pas un instant de son visage. Aussi surprenant que ça puisse paraître cependant, Percy était le plus efficace dans ses révisions depuis qu'ils s'étaient installés. Épaulé par Nico avec qui il enchaînait les quiz de leurs livres de biologie, il connaissait déjà les trois-quarts de son programme. L'aide combinée de son ami avec celui d'Annabeth lui avait permis de prendre une avance confortable dans son travail, ce qui lui changeait agréablement de la panique générale avec ses révisions de dernière minute qu'il avait l'habitude de vivre en général.
- Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Fit Travis en se laissant retomber contre le dossier de sa chaise, soupirant devant un extrait de texte espagnol.
- Un verbe, répondit Léo.
- Et ça c'est quoi ?
- T'es sérieux ? C'est transparent !
- Tu sais Léo, un peu d'humilité ne te tuera pas, intervint Piper en souriant.
- Serait-ce de la jalousie que j'entends par ici ? Je suis désolé que tu ne réussisses pas à avoir plus de douze en espagnol, mais si tu veux tu peux te joindre au cours que je donne.
La jeune fille lui lança une boulette de papier au visage comme réponse, et avant que quelqu'un puisse intervenir, la table se transforma en champ de bataille. Les stylos volaient dans tout les sens, et les sons de voix commençaient à devenir trop élevés pour une bibliothèque.
- Calmez-vous ou on va avoir des problèmes ! Tenta Annabeth, sans grand effet.
Elle évita tout juste un tube de colle et laissa tomber, reprenant sa lecture de fiche en dressant un livre devant elle histoire de ne rien recevoir, priant pour qu'ils ne soient pas repérés.
Autant espérer qu'il neige.
Comme on pouvait le prévoir, la chargée du CDI se leva de son bureau et s'avança vers leur table, croisant les bras en découvrant le désordre régnant.
- Le CDI n'est pas une cours de récréation, si vous voulez vous amuser, il vous suffit de sortir, dit-elle en portant sur eux un regard de désapprobation.
- Mais personne ne s'est plaint, objecta Léo en faisant tourner son stylo autour de son doigt.
Tout le reste du groupe soupira et marmonna, alors que la femme qui se tenait devant eux gagnait une teinte de rouge, offusquée que le jeune homme montre un tel aplomb.
- Ramassez vos affaires et sortez, ordonna-t-elle.
Les adolescents tentèrent de négocier, mais elle se contenta de faire un pas de côté en leur indiquant la porte de la main. Forcée de partir, la bande rangea le désordre qu'ils avaient mis et sortirent, traînant dans les couloirs.
- T'étais vraiment obligé de répondre Léo ? Demanda Katie.
- Mais personne ne s'était plaint, on avait rien fait de mal !
Certains soupirèrent, tandis que Travis et Connor riaient, comme d'habitude. Percy rattrapa Piper juste avant qu'elle ne frappe leur ami, lui tenant le poignet en l'air en riant alors qu'elle tentait de se libérer.
- Et on va faire comment pour réviser maintenant ? Parce que ça m'étonnerait qu'elle nous accepte à nouveau.
- C'est pas grave, on a qu'à s'installer là, proposa Léo.
- Là ? Tu veux dire dans les couloirs ?
- Ouais ! Y a de la place pour tout le monde, et au moins on sera pas virés !
- Léo, c'est un couloir, fit Annabeth. Non seulement ce n'est pas un lieu pour travailler, mais en plus on se fera virer à coup sûr. On va être gênés par d'autres élèves, et on va déranger des cours.
Le jeune homme se contenta de hausser les épaules, et l'adolescente soupira, laissant pendre son sac au bout de son bras. Percy rit devant la scène et se rapprocha d'elle, marchant derrière le reste du groupe.
- C'est la première fois que tu te fais virer de quelque part, n'est-ce pas ? Lui souffla-t-il en souriant.
- La deuxième en fait, répondit-elle mine de rien.
Le jeune homme marqua un arrêt, et Annabeth eut du mal à retenir son rire. Incertain de ce qu'il avait entendu, il revînt à la hauteur de la jeune fille et la fixa, attendant une explication.
- On dirait que tu es surpris, sourit-elle.
- C'est impossible, tu n'as pas pu être virée d'où que ce soit.
- Ah oui ? Et pourquoi ?
- Parce que tu es Annabeth Chase !
La blonde éclata de rire et le laissa mariner encore un petit peu, savourant l'air médusé de son petit-ami. Ce n'était pas souvent qu'elle réussissait à le surprendre quand il s'agissait d'elle, il la connaissait tellement bien maintenant que les occasions se faisaient rares.
- C'était quand j'habitais encore en Californie. J'avais quatorze ans, et mon professeur de physique s'était trompé dans une explication. Je lui ai fait remarquer son erreur, et disons qu'il ne l'a pas très bien pris. Il a nié s'être trompé, et j'ai insisté. Il m'a ensuite dit que c'était lui le professeur et que je n'avais pas mon mot à dire, et je lui ai fait comprendre que j'étais la plus qualifiée de nous deux.
- Tu n'as pas osé répondre à ton professeur quand même ? Rit Percy.
- Quand il s'agit de rétablir la vérité, aucune autorité ne peut me faire taire, répliqua-t-elle.
Le brun laissa sa tête tomber en arrière en éclatant de rire, tandis qu'Annabeth relevait le menton avec un air fière, le regard brillant de malice.
- Et il t'a viré de la salle ?
- J'ai fini chez le principal, mais ça valait le coup.
Percy secoua la tête avant de passer son bras autour des épaules de la jeune fille, lui embrassant le sommet du crâne en s'imaginant la scène avec une petite Annabeth remettant un adulte à sa place.
- Bon, on a tous fini les cours aujourd'hui ? Demanda Connor.
Tout le monde se regarda en hochant de la tête, avant de rediriger leur attention sur le garçon, attendant la suite.
- Ça vous dit qu'on sorte ? On a qu'à aller boire quelque chose en terrasse, histoire de profiter du beau temps un petit peu !
- Carrément ! S'exclama Léo en sautillant. J'en ai marre d'être enfermé à réviser.
- Même quand je suis là ? Fit Calypso en se glissant à ses côtés.
- C'est différent quand tu es là, beaucoup mieux.
- Je ne comprends toujours pas comment elle fait ça, soupira Connor.
- C'est tout le pouvoir de l'amour, lui fit Piper en lui donnant un coup de coude.
Le garçon leva les yeux au ciel, mais la jeune fille commença à lui poser des questions sur sa petite-amie idéale. Le petit groupe se dirigea vers la sortie, avançant vers les rues près du lycée. Ils trouvèrent assez facilement un café au soleil, près d'un petit parc avec une fontaine. La terrasse accueillait déjà quelques clients, mais il était encore trop tôt pour qu'elle soit bondée, ce qui les arrangea bien. Après avoir collé quelques tables, les adolescents s'installèrent et reprirent leurs discussions après avoir passé leur commande.
- Au fait, comment va Jason ? Demanda Percy à Piper.
- Bien, mais il est assez fatigué ces derniers temps. Les examens pratiques ont déjà commencé pour lui, il tient à peine une demie-heure au téléphone le soir.
- Personne ne peut tenir plus d'une demie-heure au téléphone avec toi en même temps...
La jeune fille prit un air blessé avant de le pousser, ce qui fit rire Percy. De son côté, Annabeth était en pleine conversation avec Katie à propos d'une exposition qui avait lieu en ce moment à Manhattan. Ne voulant pas les interrompre, le brun entrelaça ses doigts avec ceux de la jeune fille et attira sa main à ses lèvres, l'embrassant d'un air absent. Ce contact furtif stoppa net le fil des pensées d'Annabeth, qui fixa son amie sans entendre sa question.
- Tu en penses quoi ?
L'adolescente secoua légèrement la tête afin de sortir de sa transe et battit plusieurs fois des paupières avant de réussir à se concentrer sur la jeune fille plutôt que sur son petit-ami.
- Excuse-moi, tu disais ?
Katie ouvrit la bouche pour répondre, puis observa le couple d'un œil espiègle, souriant.
- On est distraite ? Fit-elle à la place.
Annabeth rougit alors que Percy souriait à leur amie. Il se redressa et se fit plus attentif à leur discussion, mais la jeune fille le repoussa gentiment, l'embrassant avant de retourner à sa conversation. Percy la couva du regard un moment, jusqu'à ce qu'un de leurs amis l'interpelle. Il se tourna alors et entama à son tour une discussion en sirotant son soda, mais sa main ne quitta pas un instant celle d'Annabeth.
Le ciel commençait à se teinter d'orange quand le groupe se dispersa, rejoignant leurs voitures sur le parking du lycée. Percy et Annabeth restèrent dehors un peu plus longtemps, profitant de la fin de l'après-midi pour se promener seul à seul. Le couple marcha un moment dans le quartier, regardant à travers les vitrines des boutiques, avant de faire un tour vers le petit parc par lequel ils étaient passés pour trouver le café. Le temps passa bien trop vite à leur goût, et l'heure de rentrer arriva. Percy reconduit Annabeth jusque chez elle, mais la retînt au moment où elle s'apprêtait à sortir de l'habitacle.
- Je dois vraiment rentrer Percy, rit-elle entre deux baisers, je dois vérifier les devoirs de mes petits frères.
- Ils ne sont pas à cinq minutes près, répondit-il en encadrant son visage de ses mains, lui volant un autre baiser.
La jeune fille sourit contre les lèvres du brun puis posa son front contre le sien, enserrant ses poignets de ses doigts.
- Sally et Paul vont t'attendre pour dîner si tu ne rentres pas maintenant.
- Tu ne veux pas de moi, c'est ça ? Fit-il en haussant un sourcil, une lueur amusée dans le regard.
- Arrête de dire n'importe quoi, et file.
Annabeth relâcha sa prise et recula, attrapant son sac avant de sortir de la voiture après avoir embrassé le garçon une dernière fois.
- Annabeth !
A mi-chemin entre la voiture et le perron, l'adolescente se retourna en soupirant, penchant la tête sur le côté.
- Qu'est-ce qu'il y a encore Percy ? Souffla-t-elle.
- Je peux venir ce soir ?
- Percy...
- S'il te plaît !
La jeune fille se pinça l'arête du nez, et le garçon entrevit une ouverture. Il joignit les mains devant lui et fit la moue, attendant patiemment alors qu'Annabeth le fixait, se mordillant la lèvre.
- D'accord, finit-elle par craquer.
Percy sourit de toutes ses dents et ouvrit la bouche pour lui répondre, mais elle leva la main, le stoppant dans son élan.
- Mais à une condition. Tu viens avec ton livre d'histoire, et on révisera un chapitre avant de faire quoi que ce soit d'autre.
Le jeune homme fit une grimace qui arracha un rire à sa petite-amie, puis hocha de la tête.
- Marché conclu, je serai là pour neuf heures.
- Entendu, bon appétit !
- Toi aussi, à toute à l'heure !
Annabeth secoua la main en lui faisant un clin d'œil, le regardant reprendre la route avant de rentrer, filant vers la chambre de Bobby et Matthew, s'attaquant à la correction de leurs exercices d'anglais.
Percy ne perdit pas de temps, mangeant en prenant tout juste le temps de mâcher. Les soirées qu'il passait chez Annabeth étaient ses moments préférés. Quand ils étaient seuls tout les deux, elle se permettait de lâcher complètement prise, d'être elle-même entièrement, sans avoir à se contenir de peur de faire une erreur et d'en dire trop à propos de son secret.
- Doucement Percy, tu vas finir par t'étouffer ! S'exclama Sally.
- Aucun risque, articula-t-il la bouche pleine.
Sa mère fronça les sourcils dans sa direction et il sourit avant d'avaler, ralentissant sensiblement le rythme.
- Pourquoi est-ce que tu es aussi pressé ?
- Oh, je pense qu'il a un rendez-vous, sourit Paul.
Le jeune homme rougit et acquiesça, ce qui fit rire sa mère. Après avoir avalé son verre d'eau d'une traite, il se leva et débarrassa sa place, puis fila à l'étage pour prendre une douche rapide avant de se rhabiller en vitesse, manquant de tomber en marchant sur un de ses skates.
- J'y vais ! Lança-t-il en attrapant ses clés, ouvrant la porte.
- Attend Percy !
Le garçon se stoppa et tourna la tête, gardant la main sur la poignée de la porte, jouant avec ses clés dans son autre main. Sally s'approcha de son fils après avoir posé son livre sur la table basse.
- On est en semaine, alors tu connais la règle.
- Je doit être rentré à onze heures, récita-t-il docilement.
- Bien, dit bonjour à Annabeth pour moi.
Percy hocha de la tête et embrassa sa mère sur la joue avant de filer, courant dans les escaliers en regardant l'heure pour s'assurer qu'il était dans les temps.
Comme d'habitude, il se gara au bout de la rue et la remonta à pied, se glissant le plus discrètement possible jusque sous la chambre d'Annabeth. Il se hissa ensuite en agrippant la gouttière jusqu'à la fenêtre et passa par l'ouverture, se faufilant à pas de loup jusqu'à sa petite-amie. Elle était en train de travailler comme d'habitude, et ne l'avait pas entendu rentrer à cause de ses écouteurs. Percy en profita et s'arrêta derrière la blonde, lui cachant les yeux de ses mains. La jeune fille sursauta et retira un écouteur, posant ses mains sur celles de Percy.
- Devine qui c'est ? Murmura-t-il au creux de son oreille.
Annabeth retira ses mains de ses yeux en souriant et releva la tête alors qu'il se penchait pour l'embrasser.
- Pile à l'heure, fit-elle en refermant ses cahiers, tournant sur sa chaise pour lui faire face.
- Comme toujours.
- Ou pas.
- Je suis quelqu'un de ponctuel ! Se défendit Percy.
- On sait tout les deux que ce n'est pas vrai.
- Bien sûr que si.
- Non, contra Annabeth en souriant.
- Si !
- Non, continua-t-elle sur le même ton.
- Bon d'accord, céda-t-il finalement, mais quand c'est pour toi, je suis toujours à l'heure.
- C'est vrai, sourit la blonde en se levant de sa chaise, emportant avec elle un livre qui traînait.
Passant devant le jeune homme pour aller ranger l'ouvrage à sa place, elle déposa un rapide baiser sur sa joue, ce qui le fit sourire. Il s'assit au bord du lit et la laissa remettre de l'ordre sur son bureau, l'observant silencieusement. La voir s'activer afin de laisser la surface impeccable l'amusait toujours, et il ne manquait jamais une occasion pour se moquer gentiment d'elle à propos de son goût poussé pour le rangement.
Attendant qu'elle termine, il sortit son livre d'histoire et le feuilleta, prenant de l'avance afin de pouvoir passer une maximum de temps libre avec Annabeth après.
- Alors, tu avances ? L'interrogea-t-elle en s'installant finalement sur son lit à côté du brun, jetant un œil au livre par-dessus son épaule.
- Je finis la guerre de sécession. Tu peux m'interroger, que je vois ce que ça donne ?
- Bien sûr, donne-moi ton livre.
Percy commença à réciter son cours sous la surveillance de sa petite-amie, qui en profita pour réviser en même temps. Elle corrigea les quelques fautes qu'il fit, et l'aida quand il réalisa une fiche récapitulant les points majeurs. En moins d'une heure ils étaient débarrassés des révisions, et le jeune homme ne perdit pas de temps pour passer ses bras autour de la taille d'Annabeth, la ramenant contre lui en nichant sa tête dans le creux de son cou. L'adolescente se laissa faire sans broncher, passant une de ses mains dans la nuque de son petit-ami, l'autre dans son dos, se relaxant. Elle était toujours surprise par le besoin constant d'affection qu'avait Percy, même si elle s'était aperçue de son côté tactile dès le début. Cette facette de sa personnalité se répercutait sur elle, et elle avait découvert qu'elle aimait elle aussi les contacts physiques affectueux. Quand elle avait commencé à sortir avec Percy, ils avaient déjà pris l'habitude de se tenir la main ou de s'enlacer, mais certains autres gestes lui avaient demandé un peu plus de temps avant qu'elle apprenne à les apprécier. Elle avait eu du mal à le laisser jouer avec ses cheveux en particulier, car Isabel s'en servait pour l'attraper, mais aujourd'hui elle était la première à guider la main de Percy dans ses boucles blondes quand ils étaient seuls.
La respiration de Percy commençait à ralentir, et Annabeth se demanda s'il ne s'endormait pas. Elle s'immobilisa un instant, mais le garçon ne réagit pas.
- Percy ? Appela-t-elle doucement.
Le jeune homme émit un son étouffé et réajusta sa position. Quand Annabeth retira ses mains de son dos et sa nuque, il grogna, protestant pour qu'elle les remettent à leur place, mais la jeune fille rit et s'écarta légèrement, délogeant le visage du brun de son cou.
- Percy, tu es en train de t'endormir.
- C'est pas vrai, marmonna-t-il en gardant les yeux fermés.
- Ah oui ?
Annabeth profita qu'il ait les yeux fermés pour commencer à le chatouiller, ce qui provoqua une réaction immédiate chez le jeune homme. Se contorsionnant dans tout les sens, il finit par rouler sur lui-même sous les éclats de rire de la blonde.
- Tu n'as pas idée de ce que tu viens de déclencher, fit-il en se redressant, arborant son sourire en coin aux lèvres.
- Oh non, répondit-elle en s'asseyant.
- Oh si, tu vas voir.
Percy bondit et contre-attaqua, faisant courir ses mains sur le ventre de la jeune fille qui peinait à reprendre son souffle, gesticulant dans l'espoir de se soustraire à la prise du garçon. Après quelques efforts supplémentaires, elle réussit à passer au-dessus et tenta d'immobiliser les mains de Percy, lui attrapant les poignets avant de les repousser contre le matelas en reprenant son souffle. Le jeune homme la laissa faire en souriant, faisant semblant de vouloir recommencer à plusieurs reprises pour faire réagir Annabeth, riant quand elle le fusilla du regard. Maintenu contre le lit, il observa la jeune fille encore légèrement essoufflée, et son regard coula vers un détail sur son avant-bras gauche. Son sourire s'effaça, et il fronça les sourcils pour mieux voir la coupure.
- Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-il en passant son pouce dessus.
- Oh, rien du tout, je jouais avec Bobby et je me suis coupée.
- Je ne suis pas Piper, comment est-ce que tu t'es réellement fait ça ?
Le sourire d'Annabeth disparut à son tour, mais elle garda le silence, évitant son regard. Une pensée glaça le sang de Percy.
Et si Isabel n'était pas partie ?
Il balaya l'idée en une seconde. Non, Annabeth lui avait dit que son père avait demandé le divorce, qu'il lui avait dit de partir de la maison. Elle ne pouvait plus rien lui faire, elle ne vivait ici...
Il avala sa salive avec difficulté, tentant de se convaincre que ce n'était rien, mais les images affluaient dans son esprit sans qu'il puisse les arrêter. Annabeth fît un mouvement et son tee-shirt se souleva un petit peu. Percy sentit son cœur s'arrêter avant de commencer à battre avec force, comme s'il voulait sortir de sa poitrine.
Il tendit la main vers le tissu, mais la jeune fille tenta de le repousser mollement.
- Percy, non...
Ne l'écoutant pas, il attrapa le rebord du vêtement et le releva, révélant un hématome formant une empreinte de semelle sur ses côtes. Il fixa la blessure un instant sans cligner des yeux, immobile alors qu'Annabeth soupirait en baissant la tête. Elle finit pas se redresser, s'asseyant sur le lit en gardant les yeux fixés sur ses mains, et Percy l'imita, encore sous le choc. Il s'adossa contre la tête de lit et finit par poser le regard sur Annabeth, à court de mots.
- Tu m'as menti... murmura-t-il.
- Je ne voulais pas faire ça Percy, je te le jure...
- Mais tu l'as fait.
Sa réponse sonnait plus comme un constat qu'une accusation. Son estomac semblait peser de plus en plus lourd au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient, et le silence qui régnait dans la chambre était assourdissant.
- Isabel est toujours là, c'est ça ?
Il connaissait déjà la réponse, mais il se raccrochait à l'espoir fou que peut-être, avec de la chance, la réponse serait négative. Peut-être qu'il y avait une autre explication, peut-être que...
Annabeth hocha de la tête, le regard empli de peine croisant le sien pour la première fois, et il prit une grande inspiration pour contenir le tumulte d'émotions qui l'assaillit. Tout ce temps, il avait cru qu'elle était débarrassée de sa belle-mère. Il avait pensé qu'elle allait enfin réussir à se reconstruire, passer à autre chose, mais non. Pendant des mois, elle avait continué d'endurer le même calvaire, et il n'avait rien vu.
Le jeune homme commença à se remémorer toutes les fois où un doute lui avait traversé l'esprit, toutes les fois où Annabeth lui avait semblé ailleurs, tout les petits tics, les sursauts, les grimaces quand elle se chamaillait avec quelqu'un de la bande, lui y compris. Toutes ces fois où son regard s'était voilé, tout ces soirs où elle l'avait obligé à partir un peu précipitamment. Il comprenait maintenant, mais il était trop tard.
Ne supportant pas la vérité, il se leva et longea le mur, commençant à faire des allers-retours dans la pièce, les mains derrière le crâne. Annabeth le laissa faire en gardant le silence, et il vînt se rasseoir à côté d'elle en serrant les dents, appuyant ses avants-bras sur ses cuisses en joignant les mains devant lui.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi est-ce que tu m'as dit que c'était fini ?
La jeune fille l'observa avec un sourire triste, les larmes au bord des yeux.
- Quand je suis rentrée après avoir passé le week-end chez toi, j'avais vraiment l'intention de tout dire à mon père. Je suis allée le voir dans son bureau, mais au moment où j'allais lui avouer ce qu'elle me faisait, je l'ai entendu rentrer avec les garçons. Ils ont couru vers nous pour raconter leur journée, et il les a écouté. J'ai attendu, je me suis dis que je pouvais attendre qu'ils aient fini pour lui parler, mais elle est arrivée et s'est installée contre l'encadrement de la porte. Je crois qu'elle a deviné ce que j'allais faire, et elle est restée là. Je suis repartie dans ma chambre, et à la première occasion qui s'est présentée, elle m'a rappelée qu'il valait mieux que je me tienne à carreaux...
Percy garda ses yeux plongés dans les siens, l'écoutant sans ciller, espérant à chaque mot qu'elle prononçait qu'il s'agissait d'un cauchemar et qu'il allait se réveiller. Seulement voilà, certains cauchemars étaient bien réels, et on ne pouvait pas s'en échapper juste en ouvrant les yeux après une mauvaise nuit.
- Avant-hier, elle a jugé que je n'avais pas mis la table correctement, continua Annabeth. Elle m'a coupé en m'arrachant un couteau des mains quand je faisais la vaisselle après le repas, et elle a commencé à me frapper. Je ne pouvais rien dire Percy, mes frères regardaient la télé dans le salon, juste à côté.
Une larme coula sur la joue du jeune homme, mais il resta immobile, tentant de se maîtriser. Annabeth avait vécu tout ces mois de violence sans personne à qui parler, sans personne pour la soutenir. Quel imbécile il faisait...
- Pourquoi tu ne m'as rien dit ?
- Tu avais l'air si heureux quand je t'ai annoncé que c'était fini, je n'avait pas le cœur de te faire replonger dans tout ça. Je sais que tu as l'impression de m'avoir laissé vivre tout toute seule, mais tu m'as aidé à tenir. Grâce à tout les moments qu'on a partagé, j'ai réussi à résister. Tu étais mon échappatoire, tu me donnes du courage, et avec toi j'ai l'espoir qu'un jour toute cette situation soit derrière moi. Un jour, je partirai d'ici, et elle ne pourra plus rien contre moi, je serai libre. Il ne me reste plus longtemps, ce sera bientôt du passé.
- Ça fait longtemps que tu aurais dû être libre de vivre ta vie Annabeth. Tu aurais dû me parler de tout ça, plutôt que de le vivre seule.
Les larmes continuaient de couler sur ses joues, et elle s'approcha pour les essuyer, lui caressant le visage en même temps. Il la prit dans ses bras et la serra contre lui en pleurant, tentant du mieux qu'il pouvait de se retenir alors qu'elle lui murmurait des mots de réconfort à l'oreille.
- Je suis tellement désolé, lui souffla-t-il, j'aurais dû le voir, j'aurais dû être là pour toi.
- Ne t'excuse pas Percy, tu n'as rien fait de mal, au contraire. Tu es le petit-ami idéal, sans toi je n'aurais pas tenu jusque-là.
Elle déposa un baiser sur ses lèvres, mais les larmes du jeune homme lui donnèrent une saveur amère. Elle aurait tant aimé pouvoir le tenir à l'écart, lui laisser croire que tout était fini. Elle avait prévu de tout révéler à son père une fois à l'université, quand elle serait hors d'atteinte pour Isabel, en faisant en sorte que Percy n'apprenne jamais la vérité, mais son plan avait échoué.
- Excuse-moi, articula-t-il en se levant, allant vers la fenêtre pour prendre un peu l'air et se calmer.
Annabeth le laissa un moment, avant de s'approcher avec un paquet de mouchoirs, le tendant au garçon qui avait les mains appuyées contre le rebord.
- Merci, fit-il avant de se moucher.
- Les examens sont dans moins d'un mois, et après ça elle ne pourra plus rien me faire. Je peux y arriver, ça va aller ne t'inquiète pas.
- Non Annabeth, c'est trop. Tu ne peux plus laisser passer ça, elle n'a pas le droit de te frapper, elle doit répondre de ses actes !
- Un mois, c'est tout ce que je te demande.
- Tu mérites mieux que ça, contra Percy en serrant les poings.
Annabeth effleura des doigts ses mains en cherchant son regard du sien, lui souriant.
- Un mois, et je préviens mon père.
Percy s'apprêtait à répondre, quand un bruit provenant du rez-de-chaussée attira leur attention. Le jeune homme se figea, attendant avec appréhension d'en connaître l'origine.
- Annabeth !
Entendre la voix d'Isabel lui procura un frisson désagréable le long de la colonne vertébrale, et il ferma les yeux en serrant les mâchoires.
- N'y va pas.
- Ce n'est pas comme si j'avais le choix, répondit l'adolescente.
- Annabeth, s'il te plaît, reste ici avec moi, supplia-t-il dans un souffle.
La jeune fille serra les dents. Elle aurait tellement aimé pouvoir rester avec lui, ne pas avoir à se soucier de sa belle-mère, mais elle ne pouvait pas. Elle était coincée pour le moment, obligée de lui obéir, et cette impuissance la rongeait.
- Annabeth ! Cria Isabel.
L'adolescente avança vers la porte et l'entre-ouvrit, passant la tête par l'entrebâillement pour regarder vers le bas de l'escalier où sa belle-mère l'attendait, le visage fermé.
- J'arrive tout de suite, fit-elle, consciente du regard de Percy qui pesait sur son dos.
- Il vaudrait mieux, répliqua la femme sur un ton plus bas, plus menaçant.
Repoussant la porte en se retournant, elle croisa le regard de Percy et sentit son cœur se serrer en voyant ses pupilles. D'ordinaire si brillantes et pleines de joie, elles étaient aussi sombres que l'océan lors d'une nuit de tempête.
Le jeune homme tendit la main vers la blonde, les sourcils froncés par l'inquiétude. Annabeth prit doucement sa main et la serra dans la sienne, s'avançant vers lui jusqu'à sentir son souffle saccadé sur son visage. Sans rien dire, elle se hissa sur la pointe des pieds et l'embrassa, caressant sa joue de sa main libre. Quand elle recula, il garda les yeux fermés, cramponnant ses doigts avec l'énergie du désespoir.
- Percy... Murmura Annabeth en desserrant sa prise sur sa main.
Après avoir prit une grande inspiration, il la lâcha, gardant toujours les yeux clos. La jeune fille recula jusqu'à la porte, s'arrêtant un instant après être sortie de la chambre.
- Je reviens vite, ne t'inquiète pas.
Sur ces mots, elle descendit en laissant la porte entrebâillée, rejoignant sa belle-mère. Percy s'approcha silencieusement, prenant garde de ne pas être repéré. D'où il était, il pouvait entendre la discussion presque aussi bien que s'il était en bas avec elles.
- Tu en as mis du temps, lâcha Isabel d'un ton sec.
- Je finissais un devoir.
- Je m'en fiche, quand je t'appelle, tu viens. Ce n'est pourtant pas compliqué, même pour toi.
Percy serra les dents, se retenant difficilement de descendre pour tirer Annabeth de ce cauchemar.
- Plus vite que ça, j'ai eu une longue journée et j'aimerais manger avant demain matin si ce n'est pas trop demandé !
- Je vais aussi vite que je peux, répliqua calmement la jeune fille.
Même de la chambre, Percy entendit le claquement de la gifle qu'Isabel lui asséna.
S'éloignant de la porte en se retenant de tout faire valser dans la pièce, le jeune homme sortit son portable de sa poche, fixant l'écran noir un instant avant de composer le numéro de la police, tapant du pied en attendant que quelqu'un décroche.
- Commissariat de Manhattan je vous écoute ?
- Je suis témoin de maltraitance, j'ai besoin d'aide, répondit-il.
- Est-ce que vous ou la victime courrez un danger immédiat pour vos vies ?
- Non, mais ma petite-amie va être blessée si vous ne faîtes rien.
- Nous allons envoyer une patrouille, avez-vous une adresse à me communiquer ?
Percy s'exécuta en marchant à grands pas dans la pièce, résistant non sans peine à l'envie d'intervenir par lui-même. La seule chose qui l'empêchait d'aller arrêter Isabel, c'était sa connaissance des lois sur le sujet. Il savait que, malheureusement, une arrestation en flagrant délit était la seule manière de s'assurer que la belle-mère d'Annabeth soit embarquée le soir-même et soit incriminée à coup sûr.
- Une équipe située près de vous est en route, elle sera là d'ici quelques minutes. Ne vous mettez pas en danger en tentant d'agir, attendez que les autorités arrivent.
- D'accord.
- Vous pouvez raccrocher.
Le jeune homme termina l'appel et regarda l'heure, se postant près de la fenêtre en scrutant la route. Le temps passa horriblement lentement, et même s'il essayait de ne pas écouter ce qui se passait en bas, certains sons étouffés lui parvenaient, lui soulevant l'estomac en plus de mettre ses nerfs à vif.
Quand la voiture de police entra dans son champs de vision, il passa par la fenêtre, rejoignant au plus vite la terre ferme. Les deux policiers sortirent de leur véhicule au moment où ses pieds touchèrent le sol, et ils le hélèrent, lui sommant de s'immobiliser le temps qu'ils arrivent à sa hauteur.
- C'est moi qui vous aie appelé pour le cas de maltraitance, dit-il les mains levées quand les hommes furent à portée de voix, il faut que vous vous dépêchiez, elle est à l'intérieur !
- Vous avez vu quelque chose ? Interrogea l'un des agents.
- Ma petite-amie avait une coupure au bras et un bleu fait par un coup de pied sur les côtes. Sa belle-mère est en train de la frapper en ce moment, intervenez !
- Calmez-vous jeune homme, lui demanda l'autre homme en faisant signe à son coéquipier.
- Je vous en prie, elle est en train de prendre des coups, il faut faire quelque chose.
Les deux policiers se dirigèrent vers la maison, et un bruit de fracas provenant de la cuisine les fit réagir. Ils entrèrent directement dans la maison sans prendre la peine de frapper, et arrivèrent dans la cuisine alors qu'Annabeth s'apprêtait à recevoir un nouveau coup, mettant ses bras devant son visage dans l'espoir de limiter les blessures.
- Police, éloignez-vous ! Ordonna le premier homme, tandis que le second avançait en même temps vers la jeune fille à terre.
Percy, qui avait suivi les deux agents, tenta de voir quelque chose dans l'encadrement de la porte, mais les deux agents lui barraient la vue, et il n'arrivait pas à savoir dans quel état se trouvait Annabeth.
Un bruit de bois qui craque attira son attention, et il découvrit les deux petits frères de la jeune fille, vêtus de leurs pyjamas, le regard encore lourd de sommeil.
- Maman ? Appela l'un deux.
La femme était en train de se faire menotter, et Annabeth répondait aux questions du policier qui appelait en même temps les pompiers. Personne mis à part Percy ne semblait avoir prit conscience de la présence des deux enfants, et il décida de s'occuper d'eux.
- Salut les garçons, sourit-il en les rejoignant dans l'escalier.
- T'es qui toi ? Demanda celui qui se tenait le plus haut.
- Je m'appelle Percy, je suis un ami de votre grande sœur. Toi c'est Matthew, c'est ça ?
Le petit garçon hocha de la tête, mais il ne semblait pas vraiment rassuré.
- Bobby, Matthew, vous ne devez pas rester ici, ceux sont des histoires de grands. Il vaudrait mieux que vous repartiez vos coucher.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi la police est chez nous ? Demanda Bobby, ses lèvres tremblant.
Le policier qui avait menotté Isabel sortit de la cuisine avec la femme au même moment, la guidant vers la porte d'entrée. Quand elle aperçut ses fils, elle se mit à se débattre dans tout les sens, et les deux enfants se mirent à crier en réponse, l'un d'eux explosant en sanglots, ne comprenant pas pourquoi on emmenait sa mère loin d'eux. Le policier réussit à maîtriser Isabel et la conduit dans la voiture de patrouille, et les deux garçons tentèrent de le suivre. Percy peina à les maintenir dans ses bras, et le policier qui s'occupait d'Annabeth finit par s'approcher, en prenant un par la main en lui parlant gentiment pour le calmer. Le brun l'imita avec le deuxième frère, mais il commença à réclamer Annabeth, puis son père. Après quelques minutes de négociation, ils réussirent à emmener les jumeaux dans le salon, les laissant s'installer devant la télé. Percy voulait aller voir Annabeth pour savoir comment elle allait, mais le policier lui avait donné des nouvelles, et il ne voulait pas que ses deux petits frères se retrouvent tout seuls.
- Où est votre père, demanda l'agent à l'adolescente en revenant dans la cuisine.
- Il est au travail pour le moment, mentit-elle pour éviter que l'agent n'appelle les services sociaux.
- Vous avez un moyen de le joindre ? Il doit être mis au courant des derniers événements et il va devoir se présenter au commissariat le plus rapidement possible.
L'équipe de pompiers arriva à son tour, et il vérifièrent l'état de la jeune fille, soignant ses coupures, s'assurant qu'elle n'avait rien de cassé et que son état ne nécessitait pas d'être emmenée à l'hôpital. La déposition prit un temps fou, et les pompiers vérifièrent aussi que Bobby et Matthew ne soient pas trop choqués. Le policier resta encore un moment après le départ des équipes de soin pour expliquer le déroulement de la procédure à Annabeth, puis lui donna le numéro de différents centres et associations qu'elle comptait bien ne jamais contacter.
Au terme d'une longue discussion, le policier quitta à son tour le domicile, et le silence retomba dans la maison.
Annabeth se décida enfin à quitter la cuisine, et ses frères se précipitèrent sur elle, pleurant à chaudes larmes. Retenant un grognement de douleur, elle les serra dans ses bras, leur frottant le dos alors qu'ils lui posaient des questions sur leur mère, sur la police, sur ses pansements, sur toute la situation.
- Ne vous inquiétez pas les garçon, leur souffla-t-elle avant de leur embrasser le front, tout va bien se passer. Il faut que vous alliez vous reposer maintenant, il est tard.
- Papa va bientôt rentrer ?
- Oui Bobby, il sera là pour vous lire une histoire demain soir.
- Tu peux nous en lire une maintenant s'il te plaît ?
- D'accord, maintenant direction votre chambre.
Percy avança vers eux, mais Annabeth secoua la tête, lui demandant silencieusement de la laisser seule avec ses frères.
- Je m'occupe d'eux, on parlera après, dit-elle avant de monter l'escalier, laissant le jeune homme dans l'entrée.
Il resta seul dans le salon un moment, faisant le tour de la pièce en attendant qu'Annabeth redescende. Elle mit un bon quart d'heure à calmer ses frères, leur lisant un passage de leur livre préféré avant de les border et d'éteindre la lumière. Elle fit un détour par la salle de bain après ça, évaluant l'ampleur de ses blessures avant de repartir vers l'escalier, prenant son temps pour rejoindre Percy.
- Tu vas bien, ton bras n'est pas cassé ? Je voulais venir te voir mais...
- Qu'est-ce qui t'as pris de faire ça ?! S'exclama-t-elle en entrant dans le salon, repoussant énergiquement la main du jeune homme.
Percy se figea la bouche ouverte, ne comprenant pas sa réaction. Il afficha cependant rapidement un masque neutre, réalisant qu'ils s'apprêtaient à se disputer.
- Elle te frappait Annabeth, je ne pouvais pas juste attendre que ce soit fini bien sagement dans ta chambre.
- Tu te moques de moi ?! Tout ce que je te demandais, c'était un mois ! Un mois Percy, pourquoi a-t-il fallu que tu appelles la police maintenant ?
- J'aurais dû le faire le soir où j'ai appris ce qui t'arrivait !
- Je te faisais confiance !
Percy essaya d'ignorer la douleur que provoqua le cri d'Annabeth, et il serra les dents de peur de dire quelque chose qu'il pourrait regretter.
- Je me suis confiée à toi, je t'ai tout raconté, et tu as trahi ma confiance, continua-t-elle. J'avais besoin de pouvoir compter sur toi, j'avais besoin de ton soutien...
- Tu avais besoin de mon aide ! Explosa-t-il. Je suis désolé si ça blesse ta fierté, mais tu avais besoin que quelqu'un t'aide. J'ai fait ce que tu avais trop peur de faire, et si c'était à refaire je recommencerais sans hésiter, et plutôt deux fois qu'une.
- As-tu seulement idée de ce que mes frères viennent de vivre par ta faute ?! Leur mère s'est faite embarquée sous leurs yeux !
- Et si un jour elle avait décidé de les traiter de la même manière qu'elle te traite ? Tu y as pensé ?
- Elle ne les aurait jamais touché, ce sont ses enfants !
- Le fait qu'elle ne soit pas ta mère biologique ne lui donnait pas le droit de te toucher. Je ne m'excuserai pas pour ce que j'ai fait, parce que je n'ai rien fait de mal.
- Tu as agis dans mon dos au moment où j'avais le plus besoin de toi !
- Non, j'ai répondu présent au moment où tu avais besoin de moi et j'ai agi quand tu en étais incapable ! Tu ne te rends pas compte du danger dans lequel tu te mettais en refusant de la dénoncer, et un jour, les choses auraient fini par déraper, et tu aurais eu plus que des bleus ou des coupures ! Elle aurait pu finir par te tuer, tu m'entends Annabeth ?!
Annabeth le fixa sans ciller, les bras croisés contre la poitrine, arborant une attitude froide et distante. Percy ne la reconnaissait pas à cet instant, et il n'aurait jamais imaginé qu'elle puisse se conduire de la sorte avec lui.
- Tout ce que tu veux, c'est contrôler ma vie, faire les choix à ma place. Au final, tu ne vaux pas mieux que Luke.
- Fais attention Annabeth, gronda-t-il.
- Tu me menaces ? Répliqua-t-elle en haussant un sourcil.
- Il y a des choses qu'on ne peut pas reprendre une fois qu'elles sont dites. Tout ce que je veux, c'est ton bonheur. Je sais que tu ne me crois pas en ce moment, mais je veux juste que tu sois heureuse.
- Si c'était vraiment ce que tu voulais, tu aurais respecté ma décision d'attendre un mois avant de dénoncer Isabel aux autorités. J'aurais pu prévenir mon père avant, et on aurait pu préparer les garçons au mieux.
- Je voulais t'aider, combien de fois il va falloir que je te le dise ?!
- Ça suffit, j'en ai assez entendu. Sors de chez moi.
- Quoi ?
Percy fronça les sourcils et se redressa, désarçonné par ce que venait de lui dire la jeune fille.
- Je te demande de sortir de chez moi, répéta-t-elle.
- Je sais que tu es en colère en ce moment, il s'est passé beaucoup de choses ce soir, mais je ne veux pas que tu restes toute seule...
- Dehors ! Va-t'en !
Le jeune homme observa sa petite-amie un instant en silence, mais il n'y avait rien à faire, elle s'était renfermée sur elle-même. Ils ne trouveraient pas de point d'accord ce soir, alors autant partir.
- Bien.
Il traversa la pièce jusqu'au hall d'entrée et sortit sans regarder derrière lui, rejoignant sa voiture à grands pas. Les pneus crissèrent quand il démarra, et il conduisit dans les rues de Manhattan sans vraiment prêter attention à ce qui l'entourait, essayant de se vider l'esprit. La dispute qu'il venait d'avoir avec Annabeth tournait dans sa tête encore et encore, le rendant fou alors qu'il appuyait de plus en plus fort sur l'accélérateur comme pour couvrir le vacarme qui régnait en lui.
Perdu dans ses pensées, il vit le feu rouge à la dernière seconde et pila, dérapant sur le bitume avant de s'arrêter juste au niveau du feu.
Se massant les tempes d'une main, il donna plusieurs coups dans son volant, les paroles d'Annabeth résonnant dans son esprit, empoisonnant ses pensées. Il revivait la scène en boucle, la colère ne redescendant pas. Pourquoi fallait-il qu'elle se montre à ce point obstinée ? Pourquoi ne pouvait-elle pas accepter son aide au moins une fois ?
Son portable, qu'il avait jeté sur le siège passager, s'éclaira, le prévenant qu'il venait de recevoir un message. Le garçon tendit la main et le lu, soupirant en se rendant compte qu'il n'avait pas prévenu sa mère, et que son couvre-feu était très largement dépassé. Il n'aurait plus qu'à s'expliquer en rentrant...
Le feu passa au vert, et il lâcha son téléphone pour redémarrer, enclenchant la première en repartant doucement sur la route déserte. Trop pris par ses pensées, il ne vit pas la voiture qui fonçait dans sa direction sur le côté.
L'impact fut si violent que sa tête s'écrasa contre le contour de la portière, la voiture partant en tonneau. Complètement sonné, Percy ne comprit pas ce qui se passait. Quand la voiture s'immobilisa enfin, il était recroquevillé contre la portière, des bouts de verre éclaté un peu partout sur lui. Quelque chose de chaud coula sur son visage et dans son dos. Sa vue s'obscurcit, et il ferma les yeux, le visage tombant contre la taule froissée.