J-247
Nous sommes désormais en vacances depuis une semaine. Je suis allongé sur ma terrasse au soleil. Je t'aime. Depuis ce jour j'ai évité Liam. Premièrement parce que après toutes ses révélations j'avais besoin de réfléchir et puis il y a ce je t'aime. Était-il sincère, ai-je bien entendu ? Après tout j'étais un peu soule... Tu n'étais pas soule... Ou du moins pas beaucoup alors arrête de faire ton insouciante, tu as très bien entendu... Alors dans ce cas depuis combien de temps et pourquoi ?
Mais ce n'est pas le plus important. Je dois rester concentré sur le viol. Je dois découvrir qui l'a fait et pourquoi et peut être que après j'arriverais à passer à autre chose. Il m'a dit qu'il ne m'avait pas violé et que ce n'étais pas lui près de la rivière. Pourtant je suis sûre de l'avoir vu... Mais j'étais aussi sous influence de drogues et d'alcool. Soit il ment soit j'ai deliré.
Je continue de réfléchir à tout cela quand soudain je sens comme une vive douleur dans tout mon corps. Je comprends vite de quoi il s'agit. Du manque... Je suis en manque d'alcool et de drogues. J'essaie de lutter mais c'est de plus en plus douloureux. Au fur et à mesure des heures je commence à transpirer, parfois à trembler et j'ai envie de vomir. Cela devient insupportable alors je me précipite dans la maison, cherche mon sachet rempli d'herbe pour faire une cigarette. Je l'allume, la coince entre mes lèvres et aspire doucement la fumée mortelle. Presque aussitôt mon corps cesse de trembler et l'envie de vomir s'en va aussi. C'est bon je suis prête. Mais comment retrouve-t-on un violeur après plus de 4 mois ? Je n'en ai strictement aucune idée mais j'ai besoin de voir le visage de celui qui a fait ça. Et surtout j'ai besoin de savoir si il regrette.
***
Je fixe le réveil : 4 heures. Les minutes s'écoulent tellement lentement quand il n'y a aucun artifice dans le sang. J'ai trop de questions dans la tête pour dormir. Je me lève et attrape une bouteille de je-ne-sais-quoi. Liam son prénom ne quitte plus mon esprit. Je sais que je devrais plutôt penser au viol et à comment je vais m'y prendre pour trouver le coupable mais je n'y arrive pas. J'ai besoin de savoir maintenant. Je ne sais pas si c'est très poli de faire ça mais tant pis. Je sors mon téléphone et compose le numéro de Liam. A ma grande surprise il répond au premier bip.
"- Ça devient une habitude mademoiselle de m'appeler en pleine nuit ? Ironise-t-il.
- Haha... Je te réveille ?
- Même pas pour une fois ?
- Tu fais quoi ? Je demande.
- Je pense. Mais je suppose que c'est pas ce qui t'intéresse. Qu'est ce qu'il y a ?
- La nuit sur la plage... Juste avant que je m'endorme... Qu'est ce que tu m'as dit ?
- Tu sais très bien ce que je t'ai dit...
- Alors depuis quand et pourquoi ?
- Depuis longtemps et pourquoi ? Parce que tu es toi et c'est tout... Faut pas chercher plus loin.
A l'intonation je devine qu'il sourit.
- Et toi alors ? Demande-t-il.
Et moi alors ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Il y a quelques semaines encore je le détestais et je voulais lui faire du mal... Mais maintenant il me demande si moi, Ellie, 16 ans, violée, droguée et alcoolique je l'aime ? Qu'est ce qu'il peut bien trouver à une fille comme moi ? Qu'est ce que j'ai de plus que les autres ? Je n'en ai strictement aucune idée... Mais peut être que c'est ça l'amour... Aimer quelqu'un sans savoir pourquoi précisément ? Suis-je capable de l'aimer sans le détruire ? Sans me détruire ?
- J'y ai jamais vraiment réfléchi...
- Menteuse. Je te connais Ellie et je sais que ça fait des semaines que tu te tortures l'esprit avec ça.
- Sûrement...
- Tout comme je sais que tu n'arrives plus à dormir vu l'heure qu'il est... Je dirais que c'est à cause de moi et... du viol.
- Oui.
- Et aussi pendant qu'on parle de ça je voulais te dire que j'ai compris ton petit jeu... Le fait que tu boives ect... Tu mets ta vie en danger et je veux que tu arrêtes.
Bam. En plein dans le mille. Il me connait trop bien pour que je puisse lui cacher quoi que ce soit.
- J'ai pas envie de parler de ça avec toi, je réponds assez froidement, ce sont mes problèmes pas les tiens.
- Peut-être... Sauf que t'as pas de chance parce que je suis amoureux de toi alors je ne laisserai personne et surtout pas toi de faire du mal une seconde de plus alors je t'en supplie jette cette bouteille et toutes les autres. Jette aussi tous des joints.
Je lève les yeux. Il y a en effet une bouteille sur ma table. Je ne me sens pas encore capable d'arrêter l'acool et la drogue. Pas avant d'avoir trouvé celui qui m'a fait ça.
- Je ne peux rien te promettre... Pas avant d'avoir trouvé ce putain de violeur...
- Pour l'instant je vais me contenter de ça. Et je vais t'aider à le trouver.
- Vraiment ?
- Je te dois bien ça. Et... Est-ce qu'un jour tu penses être capable de m'aimer ?
- Je ne sais pas.
-...
J'entends son souffle dans le combiné. Je ne sais pas c'est tout ce que je peux lui dire alors je raccroche.