Nos vies brisées

By eautonne

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"Il se tenait sur le bord du toit, près à sauter dans le vide. " Nymphéa, une jeune fille de 17 ans, voit un... More

Chapitre 1 : prologue
Chapitre 2 : Noah
Chapitre 3 : Mia Telbac
Chapitre 4 : T'aider
Chapitre 5 : Filature
Chapitre 6 : Accident
Chapitre 7 : Hôpital
Chapitre 8 : Interceptés
Chapitre 9 : souffle coupé
Chapitre 10 : Perdue
Chapitre 11 : Colère
Chapitre 12 : Désillusion
Chapitre 14 : Le rêvarium
Chapitre 15 : Qu'est-ce que la bonté ?
Chapitre 16 : Monstre

Chapitre 13 : Révelation

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By eautonne

Il est à peine 8h du matin lorsque je franchis le pas de la porte d'un pas décidé. Je me dirige vers le parc, où peut être trouverai-je une once de sérénité.

Cette nuit a été affreuse, peuplée de cauchemars où chaque fois, je tombais en silence, dans un gouffre sans fin. J'ai finalement erré dans l'appartement, en pleurant sans bruit pour ne pas éveiller ma famille. J'étais dans un désarroi complet.
Ce matin, j'ai simplement besoin de réfléchir, de décortiquer toute cette histoire afin de m'y repérer un peu mieux, de comprendre un peu mieux.
Comment ont-ils pu me cacher cela ? Comment Noah a-t-il pu ne rien me dire ? Je me sentais trahie.

-Il fait beau aujourd'hui n'est-ce pas ?

Je levai les yeux du sol et hochai la tête en esquissant un sourire poli vers le passant que je venais de croiser.
Il tenait un bouquet de roses blanches à la main, et semblait rayonner de joie.   Littéralement. Je crus voir une aura dorée l'entourer, comme si son bonheur ressortait, comme s'il voulait le partager au monde entier.
Il souriait, comme si c'était le seul usage de sa bouche et j'aurai pu passer des heures à le contempler, mais cette vérité me rendit triste.

Cette vérité, c'est que les gens heureux sont rares de nos jours. Très rares. Et c'était certainement la première fois de ma vie que je croisais quelqu'un de sincèrement heureux dans la rue. Quelqu'un d'inconnu qui m'adressait la parole sans aucune gêne, la voix débordante de gaité.
Cet homme fait partie des gens précieux sur Terre.

J'avance dans le parc désert. Le sol est encore humide de rosée et les branches des arbres oscillent de gauche à droite, bercés par la brise.
Je cueille au passage une pomme de pin et hume son parfum que j'aime tant. Je sens son doux arôme m'apaiser un peu l'esprit. Mon banc habituel est libre. Alors je m'assieds confortablement et sors mon carnet "éponge"

Ma mère m'a offert ce carnet de cuir marron, il y a quelques mois, en disant que je pourrais parler (ou plutôt écrire) dedans sans être interrompue. Et ça marche. J'ai découverte la fidèle alliée qu'est l'écriture. L'écriture personnelle. Je n'aime pas le mot "journal intime" mais, on peut dire que ce carnet en fait office.

J'y raconte mes petits soucis, souvent accompagnés de dessins caricaturaux lorsque je parle de personnes en particulier. Mais je ne raconte pas seulement ma vie dedans. J'y note tout. Tout ce qui modèle mon monde, toutes les petites choses que j'observe en partant la nouvelle couleur de cheveux de la boulangère jusqu'au chant des oiseaux. C'est mon échappatoire.

Alors je sors mon stylo noir et j'écris ma peine, ma colère jusqu'à en avoir mal au poignet. Je noircis les pages une à une, de mon écriture en pattes de mouches, en n'omettant aucun détail. Ma main est en transe, contrôlé par mon esprit, et parcourt à toute vitesse les lignes. Je danse avec les mots, je fais vivre toutes les personnes qui m'entourent à travers mes dessins. Je me vide.

C'est comme si tout sortait de ma tête pour se ranger dans ce carnet, cet amas de feuille assemblées qui, sous ses airs insignifiants, est d'une grande puissance.

Lorsque je le referme enfin, la matinée est déjà bien avancée, et je suis affamée, peut être parce que toute mon énergie a été aspirée par le carnet éponge. Je me sens mieux. Beaucoup mieux, même.

Mais pendant que j'écrivais, que je mettais mes idées en place, des question remontaient à la surface.
Comment mon père pouvait être sûr qu'il s'agissait bien de la mère de Louis et de Mia ? Se connaissait ils ? Et quel rapport avec l'accident ?

Ils n'avaient peut être pas terminées leurs explications. Il fallait que j'en sache plus.

                        ****

-Alice murmurai-je en entrant dans sa chambre. Je peux ?
Elle me fit un léger sourire en acquiesçant.
Je m'assis à côté d'elle, sur son lit.

-Je me demandais.. Quand est-ce que papa t'as raconté, à toi ?
-Avant-hier seulement.
-Vous ne m'avez pas tout dit hier, pas vrai ?
-La digestion de ce que tu as appris hier met un certain temps. C'est comme un repas de Noël. Sans les cadeaux peut être.
-Alice, tu ne réponds pas à ma question. M'avez-vous tout dit ?

Elle fixa ses pieds, embarrassée.

-Non, tu es partie avant qu'on puisse terminer.
-Et.. Comment êtes vous sûrs qu'il s'agit bien de la bonne personne ? Je veux dire.. Papa la connaît personnellement ? Explique toi clairement.
Elle fronça les sourcils, la mine pensive, et commença son récit.

                 

                   FLASHBACK

Rouen, décembre 2014

Il était aux environ de 19h00 lorsqu'Hélène ferma à clé son appartement.
La rue était illuminée de décorations de toutes les couleurs, de sapins aux feuillages denses et verts ainsi que de petits père Noël suspendus au balcons. L'air était glacial et le souffle d'Hélène formait un nuage blanc s'évaporant sous ses yeux embués. Elle repéra son mari en contrebas de la rue, longeant les murs, avant de tourner à gauche aux abords de la pharmacie. Elle pressa le pas afin de ne pas le perdre de vue, le cœur battant. Le bruit de ses chaussures sur le béton sec était couvert par le vrombissement ininterrompu des voitures. Hélène marcha durant une vingtaine de minutes, à quelques cinquantaines de mètres de Laurent. Elle le vit s'arrêter devant une maison illuminée de milles lumières. Des guirlandes rouges, jaunes, bleu et vertes traversaient sa face et une gigantesque couronne de lauriers était accrochée à la porte d'entrée. Les lumières de la demeure étaient allumées et une musique folklorique traversait les murs. La maison respirait la joie.. Hélène traversa la rue et se plaça derrière une voiture, de façon à voir son mari et la propriété.

Après une brève hésitation, Laurent poussa la petite barrière de bois et s'arrêta devant la porte. Il sonna. La porte s'ouvrit, dévoilant une femme à l'allure fine et élégante.

-Oh, bonsoir Laurent, dit-elle en lui serrant la main.
-Bonsoir Elisa. Il lui tendis une rose rouge.
Le coeur d'Hélène fit un bond dans sa poitrine. Elle ne put détacher son regard de ce qui se déroulait sous ses yeux.

La dénommée Elisa esquissa un sourire embarrassé.
-Merci. C'est.. Un... un magnifique cadeau de Noël en avance !
Laurent introduisît un pied dans la maison et posa sa main sur l'épaule d'Elisa.
-Ce n'est pas un cadeau de Noël, dit-il. C'est une preuve de l'amour que je te témoigne, Elisa.. Voilà, j'ai pensé que c'était le bon moment pour te le déclarer. Je t'aime.

Blottie dans l'ombre, Hélène porta sa main à sa bouche pour s'empêcher de crier. Elle eu envie de vomir. Ses genoux tremblaient et les larmes lui montaient aux yeux sans même qu'elle s'en aperçoive.

Elisa eut un mouvement de recul.

-Je.. Laurent, je suis touchée mais..
Elle lui rendit la rose, un sourire gêné au visage.
Je ne peux pas, continua t-elle. J'ai deux enfants, et je suis très heureuse avec eux. Mon compagnon vient à peine de nous quitter et.. Vous avez une famille vous aussi !
-Comment ? Elisa, non. Il ria comme si elle venait de lui faire une mauvaise blague. Je t'aime plus que tout au monde. On trouveras un arrangement avec ma famille, je nous trouverai une jolie maison, et nous seront heureux toi, moi et tes enfants !

Hélène sentit son rythme cardiaque s'accélérer, son envie de vomir s'accentuer. Elle avait envie de disparaître. De prendre Noah, son fils et de s'en aller loin, loin d'ici. Loin de ce cauchemar. Ce genre de chose n'arrivait que dans les films. 

-Laurent je suis désolée, mais nos relations sont uniquement professionnelles. Je crois qu'il s'agit d'un fâcheux quiproquo, mais c'est de ma faute je me suis peut être mal faite comprendre. Je.. Je dois te laisser.
Elle commença à refermer la porte mais Laurent mit son pied en travers.
-Elisa, je t'en prie. Cette fois ci, il ne riait plus, une lueur féroce avait remplacé son sourire.
-Je .. Nous sommes invités chez des amis ce soir, nous devons y aller. Je suis désolée, vraiment désolée.
-Non. Tu ne peux pas me faire ça. Pas après tout ce que j'ai fait pour toi, tu n'as pas le droit.
-Maman je suis prête ! Une petite voix cria depuis l'intérieur.
-Oui ma chérie, nous allons bientôt partir. Elle se retourna. Je ne te suis pas redevable Laurent, j'ai fait de longues études pour avoir ce poste. Tu as une femme, un enfant aussi je crois, et tu me demande une chose pareille ? C'est non, pardonne-moi.
-Tu sais que Pierre attends que tu libère le poste depuis longtemps n'est-ce-pas ? Je peux aussi le lui donner tu sais. Un mauvais rictus plaqué au visage, il resserra sa main sur l'épaule d'Elisa et entra un peu plus dans la maison.
-Maman, c'est qui lui ? Un garçon d'environ 16 ans apparu. Tu as besoin d'aide ?
-Non c'est bon Louis. Va mettre ton manteau et appelle Mia, on est partis. Répondit-elle d'une voix qui se voulait enjouée.
-Tu es sûre ?
-Oui. Allez, vas chercher Mia.
Elle retira la main de Laurent agrippée à son épaule d'un geste sec. Elisa se rapprocha et murmura :
-T'es qu'un salaud.
Il sourit, et se mit à enlever les pétales de la rose une à une.
-Très bien. Alors ?
-C'est non. Va t'en et laisses-nous tranquille, Laurent.
-Entendu, dit-il en repartant d'un pas tranquille, Pierre se fera un plaisir d'être mon nouvel adjoint. Il jeta la rose avant de la piétiner rageusement puis disparût dans la nuit.

Si Elisa lutta contre les larmes qui montaient, elle entra véritablement en conflit avec sa haine, pour ne pas la laisser s'échapper, pour ne pas perdre sa fierté.

Hélène, toujours tapie dans l'ombre puisa dans ses dernières ressources pour se lever et rentrer chez elle. Elle avait senti son coeur se décomposer, au fur et à mesure qu'elle voyait l'homme qu'elle aimait les délaisser, elle et Noah, pour une autre. Elle n'en voulait pas à Elisa. Mais le divorce avec Laurent était déjà chose faite dans sa tête.

****


Je regardai Alice, sidérée par ce qu'elle venait de me raconter. J'y croyais à peine.

-Je..n'imaginai pas les choses comme ça.
-Moi non plus, tu sais.

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