Aëla - La Légende de la Princ...

By Aela_Stories

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Au printemps 1680, les journaux relayent un mystérieux phénomène. A Paris, un mystérieux bandit masqué, armé... More

Avant-propos
Galerie des Personnages
Extrait d'Aëla: La légende de la Princesse de Moret
Prologue
👑 - Première Partie - 👑
1 - Ennemis ou Amis
2 - L'art de la séduction
3 - Deux Sœurs Différentes (1)
3 - Deux Sœurs Différentes (2)
4 - La Voix de Paris
5 - Que la Chasse commence
6 - Une rebelle malgré elle
7 - L'étrangère de la Cour des Miracles
✨ Note ✨
9 - La flamboyante Rousse
10 - Le précieux du Roy ?
11 - L'homme au fleuret
12 - Une étoile filante
13 - Un prince en danger ?
☄J'ai besoin de Vous ☄
14 - Une Impétueuse Rencontre
15 - Les Enfants Terribles
16 - Retrouvailles Explosives (1/3)
16 - Retrouvailles Explosives (2/3)
16 - Retrouvailles Explosives (3/3)
17 - Le Mystérieux Cavalier - Partie 1
17 - Le Mystérieux Cavalier - Partie 2
17 - (3)
Note de remerciements - Un an
Chapitre 18 - (1)
Chapitre 18 - (2)
Chapitre 18 - (3/3)
Chapitre 19
Chapitre 19 - (2)
Chapitre 19 - (3)
Chapitre 20 (I)
Chapitre 20 - partie 2
Chapitre 20 - partie 3

8 - Une brume de mystère à la Cour des Miracles

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By Aela_Stories

Aëla s'enfonça dans le dédale de ruelles. Elle finit par tomber sur une lugubre et étroite artère où résonnaient les croassements des grands corbeaux aux plumes noires, perchés sur les toits de chaume.

Son poing tenait fermement la figurine en bois que Bellevue avait habillement glissé dans sa paume. Une petite voix dans sa tête la culpabilisait un peu mais rapidement chassée par la curiosité. Pourquoi avait-il l'air si inquiet ? Pourquoi lui avait-il fait un totem ? Que trouverait-elle donc ? Elle, qui pensait connaître la Cour des Miracles, comment se faisait-il qu'elle n'y avait jamais été ?

Un craquement sous son pied retint son attention. Elle baissa les yeux pour découvrir qu'elle avait marché sur un petit os parmi tant d'autres qui jonchaient le sol. Son sang se glaça.

Où était-elle tombée ?

Aëla sursauta aux braillements déchirants qui faisaient écho dans la ruelle glaciale où le soleil ne pénétrait pas. Le totem du cagoux tomba à terre.

Calme-toi, Aëla. Ce n'est qu'un enfant qui pleure, se rassura-t-elle en ramassant la figurine.

En se relevant, la jeune femme distingua des étranges traces couvrant les graffitis sur les murs sales en pierre. Avec prudence, la jeune femme toucha le mur puis elle constata avec effroi qu'il était couvert de sang, encore humide et frais. Elle s'empressa de s'essuyer ses doigts rapidement sur son jupon.

Aëla regretta pendant un court instant de ne pas avoir écouté sa jument qui s'était agitée subitement ou le chef de la bande la plus respectée de la Cour. Cependant, ce n'était pas le moment de regretter. Elle ravala sa peur et sortit un petit couteau caché dans son caban, déterminée à débusquer le redoutable Berbère afin de trouver les réponses à toutes ses interrogations.

Une odeur aigre du sang en putréfaction happât sa gorge. Aëla passa devant une mère aussi maigrelette que l'enfant qu'elle portait sur son bras. Une fillette en haillons sur le seuil de la porte tendait un objet alors qu'une autre enfant serrait la jambe de sa mère.

« Grinte* (personne avec un physique peu avantageux) ! Et, que veux-tu que je fasse avec ça? »

La mère de famille colla une violente gifle provoquant les pleurs du marmot.

« J'aurais dû te solir* (vendre) plus tôt. Ne reviens pas ou tu pionceras dans la trime (rue) avec les loups et les cabes (chiens) ! »

Aëla, peinée, regarda la fillette aux jambes extrêmement fines s'enfuir à toute enjambée.

« Tu veux mon portrait, sorcière, cracha-t-elle à l'étrangère. Riffaude (brûle) au pacquelin du Raboin* (Enfer), finit-elle en claquant la porte.

― Formidable l'accueil. », marmonna sèchement Aëla.

Celle-ci passa devant des taudis empilés les uns sur les autres et accolés comme des alcôves. Des sanglotements l'interrompirent dans sa course. Elle essaya d'identifier d'où cela provenait. Derrière un tas de morceaux de bois empilés, Aëla reconnut la fillette malingre recroquevillée sur elle-même, le nez rougi.

« Ne me fais pas de mal ! s'épouvanta la fillette apeurée en portant la main sur son visage.

― Ne t'inquiète pas, momacque* (enfant). Je ne suis pas labago* (là) pour te faire du mal.

― Que fais-tu avec ce poignard, alors ? Est-ce mes patrons*( parents) qui t'envoie lago pour me rabâtir*(tuer) et solir* (vendre) mon corps . Je promets....

― Quoi ? Bien sûr que non ! »

Aëla suivit le regard apeurée de la fillette vers le poignard qu'elle tenait. Il était vrai que les circonstances étaient contre elle.

« Je suis là pour t'aider. », soupira-t-elle simplement en rangeant le poignard dans sa bottine.

Les cheveux en bataille, la fillette toute menue se leva intriguée, sécha une larme qui dévalait le long de ses joues creuses. Aëla s'aperçut que l'enfant flottait dans sa robe et ses bras étaient beaucoup trop fins pour une enfant de son âge. De là où elle était, la jolie brune pouvait entendre les gargouillements provenant du ventre de la fillette cernée et d'une pâleur extrême. Celle-ci, gênée, baissa les yeux vers son ventre et y planqua ses deux mains.

« Depuis combien de temps n'as-tu pas mangé ?

― Trois reluits ( jours)* , marquise, répliqua la fillette levant les pommettes saillantes vers Aëla. Je meurs de faim.

― Comment t'appelles-tu, gamine ?

― Louison.

― Voudrais-tu me rendre un service ?

― Que gagnerais-je ?

― Je te promets que je t'rabatis (tue) pas ? »

Louison


Louison prit un moment de réfléchir puis étudia l'étrange personne devant elle, encapuchonnée dont quelques mèches de cheveux dépassaient et dont les yeux verts luisaient de malice. Devait-elle lui faire confiance ? Est-ce une des femmes qui volait les enfants dénommée par le nom de cerf-volant ? Son ventre hurla à nouveau la faisant capituler.

« J'accepte.

― Bien, accepta Aëla en croisant ses bras. Saurais-tu garder un secret, Louison? »

Cette dernière hocha la tête frénétiquement avec une étincelle d'espoir tandis qu'Aëla fouilla ses poches.

« Va te rendre à la grande place de l'église, demande à voir Carlita, une grande brune.

― La favorite du cagoux ? Jamais, refusa l'enfant. Elle va me rosser ....

― Dis-lui que tu viens de la part d'Aëla et elle ne te fera rien. Elle t'amènera dans un gîte où tu pourras biffer (manger goulûment) et prendre quelques couvertures.

― C'est tout ? demanda Louison incrédule. Et, mes frères et sœurs ?

― A quoi t'attendais-tu ? Ai-je l'air d'un cerf-volant ou d'une tante ?

― Plutôt à une sorcière, une devineresse, dévisagea Louison. Me jetteras-tu un sort ?

― Seulement si tu ne m'obéis pas, s'amusa Aëla. Tiens, va t'acheter des enfants de chœur (pains sucrés) pour tes frères et sœurs, ce soir, dit-elle en mettant cents pistoles dans sa main osseuse. Et la prochaine fois, tu les emmèneras labago. Tu dis bien que tu viens de la part....

― D'Aëla, j'ai compris ! Je ne suis pas stupide.

― Je n'attendais pas plus de toi, répliqua Aëla avec un petit sourire. Mais tu ne dis rien à ta patronne (mère), Louison.

― J'le jure sur la tête de Dorian Blaise*. Croix fer, croix bois.

― Si tu as un problème un jour, tu n'as qu'à demander Aëla. Tiens, garde précieusement ce petit cheval prêt de toi. Il te protégera. Qu'attends-tu, file! »

Louison courut avec l'énergie de l'espoir vers la place de la Cour des Miracles où quelques rayons de soleil perçaient l'obscurité.

« Merci, Aëla ! Tu es un ange tombé du ciel. », se retourna-t-elle en secouant sa main.

Louison reprit sa course en jouant avec le cheval en bois tandis qu'Aëla resta bouche bée sur place.

« Tu entends ça je suis un ange », se réjouit-elle fière d'elle en sifflotant.

A présent, elle tripota son pendentif en forme de lune en inspectant les alentours. Par où devait-elle aller ? La jeune femme prit une nouvelle fois à droite comme lui avait indiquait le cagoux. Elle aperçut une ancienne galerie délabrée, ce qui signifiait que la boutique ne se situait pas loin.

Pendant qu'elle se dirigeait vers la boutique, elle repensa à l'esseulée Louison. Elle fut touchée par la scène dont elle avait été témoin, par le sort de la frêle fillette. Aëla s'était reconnue dans Louison.

Pourquoi avait-elle été retrouvée à moitié battue dans la rue ? Est-ce à cause de son apparence hideuse? Qui étaient sa mère et son père ?

Inconsciemment dans cette cour des Miracles, elle avait tenté de chercher des réponses sur son passé, mais en vain. Rien ne lui revenait en mémoire comme si sa vie avait commencé le jour où elle se réveilla chez les Du Berry. A chaque fois qu'elle voyait une femme aux yeux verts, des cheveux longs et châtains ou un homme brun au coin de la rue, son cœur s'emballait espérant que ce soit sa mère ou son père.

Cet once d'espoir qui ne se taisait, qui la torturait et la consumait à petit feu un peu plus chaque jour. Aëla attendait un signe, n'importe quoi pour avoir un souvenir de son passé. Ce seul lien était son pendentif. Elle ne cessait de se demander ce qu'elle avait de sa mère ou de son père ?

Elle aurait aimé qu'on lui dise qu'elle avait le même sourire, la même grâce naturelle que sa mère comme Pénélope ou le regard franc, fier de son grand-père comme Gabriel. Ou bien encore, qu'on lui dise qu'elle avait hérité des talents de sa famille comme ses parents adoptifs, Jeanne et Joseph. Ou tout simplement qu'elle ressemblait à s'y méprendre à sa sœur comme Volupia ?

Malgré l'amour que lui portait ses proches, les Béjart et les de Berry, Aëla avait conscience que cela ne remplacerait jamais les liens du sang. Et elle craignait le jour où ils l'abandonneraient, eux aussi.

Puis, elle voyait bien les réactions autour d'elle. Les gens la méprisaient, la surnommant la diablesse parce qu'elle avait les yeux verts, la Maure ou la mulâtre pour sa peau foncée, même le Mousquetaire eût du mal à l'accepter au début. Elle n'était pas stupide, elle ne serait jamais la sœur rêvée de Pénélope ni l'enfant parfait que désiraient tant Jeanne et Joseph.

Perdue dans ses flots de pensées, elle n'avait pas vue la jeune femme à la chevelure de feu qui tombait jusqu'à ses hanches qui s'avançait vers elle. Celle-ci la bouscula violemment.

« N'y va pas. Ne te rends pas chez lui. »

Aëla croisa le regard d'acier surmonté de longs cils roux. Elle détailla le pâle visage couvert de tâches de rousseurs de l'étrange femme.

« Chez le berbère, répéta l'inconnue si doucement qu'Aëla dut tendre l'oreille

― Les nouvelles vont vite ici, répliqua celle-ci sans surprise. Est-ce Bellevue qui t'envoie?

― Bellevue? Même lui n'ose pas venir, ici. Je vois que tu ne me crois pas mais des terribles choses s'y déroulent. »

Un étrange frisson lui parcourra le long de son échine, elle pouvait jurer que le ciel s'était soudainement assombri. La flamboyante demoiselle observa le pendentif d'Aëla qui se balançait sur sa chemise.

« C-Ce collier ...»

A sa grande surprise, la rouquine l'agrippa brutalement puis divagua. Elle se balança d'avant en arrière comme si son esprit sortait de son corps en prononçant ses paroles :

« Ton destin est lié au Soleil étincelant.

― Cesse ton charabia, cela ne prend pas avec moi, coupa court Aëla.

Il faut te rendre là où le Soleil se lève et se couche mais attention il blesse les yeux de ses adorateurs, continua-t-elle. Là où il y a de la lumière, l'obscurité n'est pas loin. Cache-toi, orpheline car le vautour rôde. »

Agacée, Aëla tenta de s'échapper de l'emprise de la femme mais celle-ci planta ses ongles acérés dans les manches du caban d'Aëla:

« Où est la bague ? Tu es venue pour cette bague.

― Comment le sais-tu ?

Ne te débarrasse point de la bague. Elle est le lien entre ton passé et ton présent. Il te la faut. Elle t'ouvrira les portes ton passé secret. Retrouve son propriétaire car si elle tombe dans des mauvaises mains, ce sera la fin.

― A qui appartient-elle ? Quelle fin ? Quelles mains ?

Fais attention aux monstres assoiffés de sang qui te cherchent. Tu les as réveillés par tes actions. C'est pour bientôt, ne le sens-tu pas ? »

Cela en était trop pour Aëla. Avec brutalité, elle se détacha de l'emprise de la jeune femme aux pupilles dilatées et qui décida de poursuivre sa route, elle avait bien des choses à faire au lieu d'écouter une femme qui divaguait sous l'effet de l'opium.

« Ne rate pas l'éclipse ou il sera trop tard. Tout dépend de toi. Les chiens sont lâchés, ton destin est scellé, Dorian.

― Qu'as-tu dit ? se retourna Aëla, interloquée.

Chaque action a des conséquences. L'équilibre doit être rétabli. Les démons vont bientôt se déchaîner Dorian Blaise. N'est-ce pas ton identité ? », dit-elle en soulevant sa tête vers Aëla, la regardant droit dans les yeux sans une once de doute ou de peur.

Aëla se pétrifia. Comment pouvait-elle savoir ? Ceci était impossible. Elle faisait extrêmement attention.

Soudainement, le cri perçant d'une fillette retentit. Désorientée, Aëla scruta autour d'elle pour identifier d'où provenait ce hurlement.

Mais, lorsque cette dernière se retourna vers la mystérieuse rousse pour des explications, elle se rendit compte que celle-ci s'était volatilisée comme par magie.

*** ***

Fin du chapitre 7

En média: La mystérieuse rousse.

Merci d'avoir lu ce chapitre

NdA: Alors qu'avez-vous pensé de la seconde partie chapitre? Il est peut-être plus long et plus sombre que les autres ! Étiez-vous plongés dans l'univers de la Cour des Miracles ?

N'oubliez pas de commenter ou de me faire part de vos suggestions ou d'éventuelles fautes :)

Excusez-moi pour les fautes d'orthographes et n'hésitez pas à me les signaler.

Restez connectés :)

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