Lucie
Je me tourne de l'autre côté du lit car la lumière provenant de la fenêtre commence à me réveiller. Ma tête me fait mal, terriblement mal. J'ai l'impression que l'on m'a assené un coup de masse sur le crâne. Je continue doucement de bouger dans ces draps chauds pour essayer de trouver une position convenable en vain. Attendez ? des draps chauds, un lit ? je m'assois d'un seul coup dans mon lit et m'aperçois que je suis belle et bien dans mon lit et plus dans cette horrible cave. Les évènements de la veille me reviennent peu à peu et me laisse surprise. Mon père a surement dû me ramener dans ma chambre suite à mon malaise.
J'attrape mon téléphone posé sur ma petite table de chevet et regarde l'heure, 7h15, je dois être au lycée dans quarante-cinq minutes. Malgré mon mal de crâne intense et mon envie de rester dans mon lit, je dois quand même aller au lycée car je ne compte pas retourner faire un tour à la cave. Le lycée est mille fois plus agréable. C'est donc avec beaucoup de mal que je me lève pour me rendre dans la salle de bain.
Lorsque je croise mon regard dans le miroir, ma tête me fait horreur. Mes cheveux sont tous emmêlés, des traces de terres sont visibles sur mes joues et mes bras puis des hématomes recouvrent la quasi-totalité de mon ventre. Le pire reste mon cou, les mains de mon père ont serrées si fort que de nombreuses traces y sont présentes. Je prends une douche rapide puis m'habile ensuite des plus basiques. Jean bleu, pull blanc à col roulé pour ne pas laisser percevoir mes bleus puis une paire de basket blanche. Je prends ensuite un antidouleur pour apaiser le mal de chien que me font tous ces bleus occasionnés pas mon père. Une fois prête, je descends les escaliers puis sors pour me rendre au lycée.
Sur le chemin pour me rendre au lycée, quelques questions viennent se heurter dans ma tête. A cause de ma petite visite imprévue dans la cave, j'ai été contrainte à rater plusieurs jours de cours. Et si quelqu'un me demandait ce qu'il m'était arrivé ? non, je ne pense pas, je n'ai pas d'amis dans ce lycée et personne ne s'intéresse à ma pitoyable et pathétique petite vie. Puis Heck, nous étions ensemble avant que tout cela n'arrive et nous nous étions plutôt bien entendus. Va-t-il m'ignorer, faire comme ci jamais nous n'avions parlez, ou justement venir me parler ? je suis perdue...
*
Ça fait maintenant quinze minutes que je suis assise à ce cours d'histoire et écouter les autres élèves passer à l'oral pour leur exposé. Même si je sais que nous avons parfaitement travaillés et fait ce qui était demandé, j'appréhende un peu de passer devant tout le monde. J'espère que Heck sera sérieux et fera ce qui est demandé sans me prendre la tête. Il n'est pas du genre très discipliné lorsqu'il est en cours.
En parlant de discipline, d'autres non plus ne connaisse pas cette valeur. Enjie, assise devant moi passe son temps à se vernir les ongles et ses deux copines derrière moi passent leur temps à se moquer des élèves qui passent à l'oral. Très respectueux, me dis-je avec ironie.
Sans que je m'y attende, Enjie se retourne vers moi puis commence à me parler, me faisant sortir de mes pensées.
- Dis-moi voir toi, ça fait longtemps que l'on ne t'a pas vu ici. Saches que tu ne m'avais pas manqué.
- Laisse la tranquille, tu vas traumatiser ce pauvre enfant.
Je tourne la tête vers la provenance de cette voix et m'aperçois que c'est Heck, un léger rictus aux lèvres. Mais de quoi il se mêle celui-ci. Je ne sais pas s'il vient de me défendre ou m'enfoncer, mais son sourire ne laisse rien paraître de bon.
- Alors tu ne me réponds pas ? Hontes d'avoir eu une petite gastro ?
Quelle pétasse celle-ci, si elle savait ce que j'ai fait de mon week-end, elle rigolerait sûrement moins.
- Allez tu peux tout nous dire, me chuchote Heck tandis que je lui lance un regard meurtrier.
Heureusement pour moi, le prof annonce à moi et Heck que nous devons passer à l'oral et me sort par la même occasion de cette situation plus que gênante. Mon binôme et moi nous levons pour aller nous installer devant le tableau puis commençons notre exposé. Par chance, Heck n'a pas fait le difficile et a correctement fait son exposé. Au moment où nous finissons cette présentation, la sonnerie retentie et nous sortons tous précipitamment de la salle.
Je suis attablée à la cantine, seule dans un coin, ma fourchette dans une main et un livre dans l'autre lorsque quelqu'un vient se poser devant moi, plateau en mains. Je lève la tête de mon livre et mon regard croise instantanément les yeux verts émeraudes de Heck. Je reste sur la défensive et entame la conversation sur un ton peu aimable.
- Tu veux quoi ? j'ai compris. Tu aimes me descendre devant tout le monde mais faire le gentil dans leurs dos alors maintenant casses toi.
- Tu lis quoi ? demande-t-il sérieusement.
Je lève la tête de mon livre, incrédule. Il l'a fait exprès de ne pas m'écouter ou pas ? Ce type est vraiment exaspérant.
Sans que je m'y attende, il me prend mon livre des mains et je reprends la parole.
- Rends-le-moi tu vas me perdre ma page.
- Alors, tu es à la page 418, me dit-il avant de reprendre d'un ton sérieux. Attends, tu es vraiment en train de lire les remerciements de l'auteur, le truc que personne ne lit ? et comme tu l'as terminé, tu peux me le prêter.
- Non Heck rends le moi je ne te le prêterais pas puisque tu me manques de respect devant tes potes pour faire le malin donc je n'ai aucune raison d'être sympa avec toi.
- Je m'excuse de t'avoir offensé, ça te va ? demande-t-il avec sarcasme. Sur ceux, au revoir, j'ai un livre à lire.
Je n'ai pas le temps de riposter quoi que ce soit qu'il part, mon livre à la main. Comment est-ce possible d'avoir aussi peu de respect envers les personnes qui nous entoure ? Ce mec n'est autre qu'un pauvre gosse pourri gâté par ses parents et qui a toujours eu ce qu'il voulait donc se croit tout permis. Pathétique...
Je termine rapidement mon repas puis pars reprendre mes cours de l'après-midi, contrarié par le manque de mon livre. Il a intérêt à me le rendre lorsqu'il l'aura terminé.
*
Comme tous les soirs, je sors du lycée puis marche en direction de chez moi. Ça fait maintenant deux semaines que ma confrontation avec Heck a eu lieux et je n'ai toujours pas eu de nouvelle de lui, ce qui n'est franchement pas dérangeant. J'ai du mal à marcher jusque chez moi car comme à son habitude, mon père a passé sa semaine à apaiser ses nerfs sur moi. De plus, j'ai aussi passer la semaine à me faire rabaisser par mes camarades de classe pour ne rien changer. C'était une semaine complètement normale pour moi.
Arrivée devant chez moi, je m'apprête à tourner la poignée pour entrer mais celle-ci s'ouvre avant que j'en ai le temps. Mon père se trouve debout devant moi, une bouteille d'alcool à la main. Je sens que ça va encore être ma fête ce soir.
- Je t'en prie jeune fille, entre.
Je ne rentre pas très rassurée. Son haleine sent l'alcool à plein nez et il m'a l'air en colère pour une raison que j'ignore totalement. A peine la porte est refermée derrière moi qu'il pose sa bouteille sur un petit meuble à côté de la porte d'entrée puis m'assène un violent coup de poing dans le ventre. Il continu encore et encore jusqu'à ce que je me retrouve allongée par terre. Désormais, se sont ses pieds qui s'en prennent à moi. Une de ses mais est en appuie sur le mur pour ne pas qu'il perdre l'équilibre pendant que l'autre récupère sa bouteille toujours posée sur le petit meuble. Je suis repliée sur moi-même, mes bras devant mon visage pour me protéger. Je tente comme je peux de le supplier d'arrêter.
- Papa arrêtes s'il te plaît tu me fais mal. Qu'est-ce que je t'ai fait pour que tu m'en veuilles autant.
- Tu es née. Voilà ce que tu as fait. Tu es née et m'a pourrie la vie. Tu n'es qu'une petite pute qui ne vaut pas mieux que sa mère. Elle, je l'ai tuée et je ferais pareil avec toi quand tu ne me seras plus utile.
Qu'est-ce qu'il raconte ? ma mère est morte d'un cancer. Instinctivement, mes larmes coulent à foison et je ne peux les arrêter.
- Non, maman est morte d'un cancer, dis-je entre mes sanglots et les coups de mon père.
- Ça c'est ce que tu crois. J'ai tué ta putain de mère parce qu'elle m'avait trompée avec son meilleur ami.
- Jamais elle n'aurait été capable d'une telle chose. Tu mens.
Ses coups deviennent de plus en plus fort et donc de plus en plus douloureux. Je hurle de douleur mais lui ne cesse pas.
- Moi mentir ? tu vas voir si je m'en !
Il me frappe encore et encore sans s'arrêter. Ses coups sont insupportables. S'il continue, je pourrais bien finir par m'évanouir ou encore pire, mourir. Je tente pour la énième fois de le supplier, espérant qu'il s'arrête là.
- Papa s'il te plaît arrêtes.
Il continu, je ne suis même pas sûr qu'il m'ait entendu tellement il s'acharne sur moi. D'un seul coup, une voix inconnue apparaît dans ce brouhaha sans que nous nous y attendions.
- Stop !
Moi et mon père nous stoppons directement puis cherchons des yeux la provenance de cette voix. Mon regard se pose sur une silhouette près de la porte et mon souffle ce coupe lorsque je le vois. Que fait -il là.
Dans l'embrasure de cette porte se trouve Heck, mon livre à la main. Les traits de son visage montrent à quel point il est énervé et dans l'incompréhension totale. Je suis très mal là...