Maxence ouvrit les yeux.
Son cœur battait, frappait contre sa cage thoracique. La transpiration et la crasse faisait luire son front et son cou. Son teint étaient ternes et ses joues tachées de sang. Il fixait avec des yeux encore brillants de peur la plaine en feu et en fumée. Ses oreilles bourdonnaient et il n'entendait plus qu'un long son strident et des battements frénétiques contre sa poitrine.
Il lui sembla un instant qu'on criait son nom, mais rien ne paraissait réel. Tout son corps baignait dans un flou et lui, ne savait plus s'il était vraiment relié à lui-même. Pourtant, on le secouait.
Le chatain commença à reprendre ses esprit quand il sentit une vive douleur contre sa joue. Des picotements brûlants. Puis il posa ses yeux sur le brun en face de lui qui tenait fermement ses épaules.
- Putain, bouge Max !
Le châtain regarda Lucas perplexe puis sentit qu'on le tirait pour qu'il se lève. Ses jambes tremblaient mais il ne le sentait même pas. Il tituba mais deux bras se glissèrent rapidement autour de sa taille pour le soutenir.
Ils marchèrent alors, difficilement autour de débris de nature. Maxence traînait parfois à cause de la douleur qui commençait à se faire sentir maintenant qu'il revenait à lui-même. Mais une main ferme et décidée le garder contre le corps de l'autre garçon. Maxence suivit cette main sur regard et remonta lentement avant de poser des yeux toujours perdu sur le visage de Lucas. Il avait un bleu sur la mâchoire et la lèvre fendue, ça lui allait plutôt bien.
Et il se demanda ce que Lucas faisait là. Avec un peu de mal, il réussit à remettre ses souvenirs plus ou moins en place. Il revit le sourire d'Adèle et entendit le rire de Sofyan avant qu'un choc vienne tout brouiller. Il perdu le contact visuel avec le monde lorsque tout lui revint. Comment s'en était-il sorti ? Il sentit son corps tiré puis se rendit compte qu'il avait fortement ralentis.
Au bord de la route, Lucas ne s'arrêta pas. Il entraîna Maxence jusqu'à une voiture et le fit grimper. Puis il disparut.
- Qu'est ce que c'était.. articula faiblement Maxence, glissant ses doigts sur sa joue ensanglantée.
Il devait sûrement être recouvert de bleues et de griffures, de crasse et d'amertume. Seulement il n'eut pas le temps de se poser plus de questions que Lucas ouvrit brusquement la portière, le faisant sursauter.
Le brun jeta un gros sac à dos sur la plage arrière. Il ne parlait toujours pas, sa mâchoire était contracté et ses yeux graves.
Bordel mais qu'est ce qu'il s'est passé ?
Maxence n'osa pas lui parler et détourna le regard. Un aboiement le fit à nouveau sursauter. Décidément, il était bien plus à fleur de peau qu'il ne l'aurait voulu.
Un petit chien sauta sur le siège avant de filer à l'arrière. Maxence soupira et lorsque Lucas s'assit en face du volant, il lui tourna le dos. Le brun lâcha un lourd soupire, et démarra.
Le trajet fut long, voir interminable et silencieux.. Ça en devenait tellement pesant. Maxence s 'était endormi sous les coups d'œil bienveillants du brun et au bout de quelques heures, Lucas décida de faire une pause. Il était fatigué et ses doigts peinaient à s'accrocher au volant.
Quand Maxence ouvrit les yeux et le vit, des cernes noir sous les yeux et le regard encré sur l'horizon, il s'en voulu, un peu. Il avait dormi alors que son ami souffrait en silence après lui avoir sûrement sauvé la vie.
- Merci.
Lucas ne répondit pas. Il garda les mains posées faiblement devant lui mais Maxence vit ses muscles se tendre.
Cela eut le mérite de le refroidir. Maxence fronça les sourcils en se redressant.
- Je devrais même pas te remercier, tu m'en devais une. Alors tu pourrais quand même faire un effort.
- Oui, Maxence.
Le ton de Lucas était distant, ce qui énerva encore un peu plus le chatain. Si cet abrutis se croyait au dessus de lui parce qu'il avait fait un exploit, et bien il n'avait qu'à aller se faire foutre, pensa-t-il. Il ouvrit brusquement la portière et sortit.
- Maxence qu'est ce que tu fous encore ?
Là, Lucas daignait à le regarder.
Maxence se tourna vers lui et le pointa du doigts.
- Toi, tu fermes ta gueule.
- Pardon ? Explosa Lucas d'un ton fébrile.
- T'as très bien compris et si ça te faisait tant chier d'me sauver, fallait me laisser crever. Je t'ai rien demandé, moi.
Lucas rit nerveusement en passant sa main tremblante dans ses cheveux.
- Maxence, t'es un crétin.
- Bravo la répartie Squeezie. J'aurais vraiment du te laisser crever la première fois.
Là, Lucas se pencha vers lui, puis d'un coup, il referma sa porte et démarra rapidement, laissant alors Maxence seul sur le bord de la route.
- Très mature ! Hurla-t-il à l'intention du brun.
La voiture s'arrêta quelques mètres plus loin. Maxence grogna avant de boiter jusqu'au véhicule.
Une fois devant, il voulu ouvrir la portière mais le brun l'avait verrouillé.
Le chatain soupira et bouillonnait intérieurement. Il avait bien compris ce que chercher Lucas en l'empêchant d'entrer mais c'était hors de question, il ne dirait pas un mot.
Seulement, au bout de cinq minutes le temps commença a se faire long et Maxence soupira. Il toqua à la fenêtre. Celle-ci s'entrouvrit, juste assez pour que Lucas l'entende parler.
Il fallut encore quelques lentes secondes à Maxence avant qu'il ne capitule. Il baissa la tête, de façon à ne pas regarder le brun à l'intérieur et murmura comme un enfant :
- Je m'excuse..
un silence.
Lucas ne réagissait toujours pas. Le châtain poussa un soupire de frustration avant de répéter ses excuses, plus fort. Chaque syllabe lui brûlait la gorge mais finalement, il entendit un petit bruit.
Maxence se laissa tomber à coté de Lucas sans un mot. Il croisa les bras.
Derrière, Natsu s'était mis à aboyer joyeusement. Le châtain lui lança un coup d'œil et ne pût s'empêcher de sourire.
- Tu l'as soigné ?
- Oui, Adèle m'a aidé.
Ils se turent, puis se regardèrent. Tout les deux avaient vu la jeune fille tomber au sol après un coup de feu. Leurs yeux se croisèrent et s'entrecroisèrent, humides et rouges. Seulement aucune larme ne coula. Aucun d'eux de voulait craquer devant l'autre.
- Tu l'as appelé comment ? Demanda faiblement Maxence, la voix éraillée.
- Natsu, répondit tout aussi difficilement Lucas.