Point de vue Lynn.
Deux semaines maintenant que je suis ici, dans mon petit royaume. J'allume l'ordinateur, profitant de l'absence de Duncan pour tourner la vidéo. Je porte un pull rose clair et une jupe noire et mes cheveux sont relever en un chignon délicat.
« Salut tout le monde !
J'espère que tout va bien de ton côté, du mien je me porte bien. Mes journées sont bien remplies, il faut faire plein de chose soi-même. Depuis deux jours je suis sous une tempête de neige, vous pouvez le voir derrière moi. Je vous souhaite de passer une très agréable soirée à tous ceux qui me regarde.
Au revoir ! »
J'éteins la vidéo l'envoie à l'adresse, il doit y avoir un décalage de quelques heures entre ici et la côte Est. Chose faite je prends mon livre, je n'ai réussi à écrire que trois phrases, mais il y a les trois lettres que j'ai reçu du prince. Nous parlons, il m'explique comment vont les filles et toute les personnes qui s'occupaient de moi. Il ne le dit pas explicitement mais j'ai compris qu'il est heure de retrouver sa mère, cependant chaque jour qui passe il accumule une rengaine contre son père. Nous nous racontons aussi des choses toutes simples des souvenirs d'enfance. Cela nous rapproche je dois bien l'avouer. Il ne me parle pas de ses relations avec les autres prétendantes et je ne préfère pas savoir en fait. Je commence à m'attacher à ce personnage, à sa fine écriture faite à la plume. Je peux voir ses émotions dans sa façon d'écrire ou quand il se dépêche d'écrire entre deux rendez-vous avant même d'avoir vu le contenu de la lettre. Et si je ne sais pas... il se mettait avec une autre fille en m'écrivant comme il le fait...je le prendrai mal, vraiment mal.
Lorsqu'on regarde nos écritures, la sienne à l'air bien plus posée que moi, la plume donne cette impression de perfection que je n'ai pas avec mon pauvre stylo, bien que mes lettres soient plus rondes et petites le tout en italique, il garde toute la classe que doit avoir un souverain.
Et je lui mens, enfin je lui omet certains détails comme dit Duncan, pour moi cela revient à lui mentir. C'est horrible de lui faire ça mais je ne sais pas comment lui annoncer qu'il a un demi-frère, qu'il va être tonton dans les jours qui suivent, que je suis une héritière d'un trône et d'un royaume qu'on a oublié et que quoi qu'il m'en coûte je le ferai renaître.
D'après mes calculs je serai de retour quelques jours avant noël, encore un mois et demi avant que je ne revienne au château. Je dois dire que je n'en ai pas vraiment envie, mais toutes les personnes que j'ai laissées là-bas me manque et c'est sans compter ma famille. Même les plus petits courant partout dans notre appartement et cassant tout me manque. Le sourire bienveillant de ma mère, les moqueries de mes grands frères, les bras rassurants de mon père, les mots de ma sœur qui ont le don de me faire rire, la joie de son jumeau des plus contagieuse et l'animation dans ce si petit appartement me manque énormément.
Et moi je vais devenir reine, j'en rie presque face à l'ironie du sort. Toute la famille rêve de devenir plus riche, d'avoir de meilleures conditions et moi, la seule qui ne le souhaitait pas, je le deviens du jour au lendemain. Sans avoir mon mot à dire, sans rien connaître de ce monde dans lequel j'ai était jeté sans rien pour ralentir ma chute. Mais lorsque j'atterrie et que je me prends tout en pleine face je... je change de caractère, me protégeant du mieux que je le peux. Faisant face à cette nouvelle vie jamais espérée. Je garde cependant la tête haute, un faux sourire pour cacher toutes les blessures de l'atterrissage, un style bien à moi pour prouver qu'on ne m'atteint pas. Des barrières montées les unes après les autres dans le but de protéger une jeune fille bien trop faible pour vivre dans ce monde-là. Et si jamais, on me découvre moi cette petite fille je serai en total incapacité à me défendre, je le sais très bien, alors je continue à monter mes barrières, plus elles seront nombreuses et hautes et moins on arrivera à me trouver moi. Je ne suis pas forte, juste une bonne actrice, je ne suis pas moi enfin pas vraiment.