Le paradis a brulé mes ailes. Je les ai vu se désintégrer, se consumer et recouvrir le sol de cendres. Mes ailes ont recouvert le monde, mon monde. J'ai cru qu'elles étaient toujours en feu, me dévorant et me torturant le corps toute une vie. J'ai cru que j'éprouverais cette souffrance sans arrêt. Sans pouvoir éteindre l'incendie.
Et puis j'ai senti une autre chaleur, une de celle agréable, une sorte de rayon de soleil. Comme si on avait recouvert mes épaules et mes blessures d'une couverture. Comme si on avait empêché le fin tissus de mon corps de se désintégrer.
J'ai arrêter de hurler, de m'agiter, de dire que ma vie était injuste.
J'ai compris qu'elle l'était et qu'elle ne l'était pas à la fois. J'ai entendu une voix qui me disait que tout dépendait de moi.
J'ai arrêter de dire que j'avais déjà fait assez d'effort, que j'étais fatiguée. Que sans mes ailes je ne pouvais plus vivre.
Je me sentais réellement comme un ange déchu, rejetée de partout. Je crois que je le suis, mais que les autres êtres célestes n'y sont pour rien. Que ça aurait pu arriver à n'importe qui et que je me serais comporté autrement.
Cette lumière a changé le cours de ma vie, elle a redonné espoir et fait couler de l'eau sur mes blessures.
Sans mes ailes je pensais être trop imparfaite, Que quoi que je tente rien ne pourrait remplacer ce bonheur qu'on m'avait retiré, que tout ce qui comptait c'était ce qu'il y avait quant elles étaient là pour me porter : de la joie, aucune question, de l'innocence, aucune résistance...
je regardais mon passé et je me disais que tout était désormais impossible.
Alors ils se sont dit qu'ils allaient me fabriquer des ailes. J'ai trouvé ça absurde et je les ai rejeté. Je pensais que ce futur était trop décevant pour que je puisse m'envoler à nouveau.
Puis ils me les ont donné. Ils m'ont accroché au dos mes nouvelles ailes, imparfaites à mon image. Je les ai laissé me faire décoller du monde. Je les laisse me faire planer, je les laisse reprendre le contrôle de ma vie.
Ce que j'ai peur à présent c'est de la chute libre.
J'ai surement une fois déjà voler trop près du soleil, ce qui m'a plongé dans une chute sans fin.
Maintenant j'essaye de sortir de ce gouffre, parce que voler est tout ce que je désirais...