CHAPITRE CINQ
'PIQÛRE'
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8 février 2061 | 20:35
Assise par-terre, dos au gigantesque mur qui nous séparait du Labyrinthe, j'observai Newt faire des allers-retours devant-moi.
« Quel abruti, quel abruti, quel abruti... » répétait-il sans cesser de s'agiter.
« On a compris, Newt » souffla Billy, un des cuisiniers.
Le blond lui lança un regard assassin.
Cela faisait environ un quart d'heure que les portes du Labyrinthe s'étaient refermées. Un quart d'heure que tout le monde paniquait. La plupart des blocards, dépités de ce qu'ils venaient de voir, étaient retournés à leurs occupations, préférant passer à autre chose. Si bien qu'à présent, nous étions environ une dizaine, toujours agglutinés devant les portes, à chercher des solutions. Et tandis que Newt, Zart et tous les autres matons cherchaient un moyen de récupérer les garçons enfermés dans le Labyrinthe pour la nuit, Chuck et moi étions assis côte à côte entrain de les observer.
Le jeune garçon était entrain de m'assurer que Minho, Alby et Thomas allaient rentrer à l'aide de plans complexes dont Chuck seul avait le secret. Je m'étais personnellement résignée à chercher des solutions. J'étais en pleine panique, malgré que j'essayais de le cacher tant bien que mal. Car si ce qu'on m'avait raconté sur le Labyrinthe était vrai, j'avais peur que les garçons ne soient foutus.
« Minho est badass » me répétait Chuck. « Il trouvera un moyen de les garder en vie.
-Je ne pense pas que ce soit lui qui leur sauvera les miches... » soufflai-je finalement.
Chuck fronça les sourcils.
« Hein ?
-Minho est fort » repris-je. « Mais il est trop explosif pour réfléchir posément à ce qu'il faut faire. C'est une vraie tête brûlée, et c'est ça qui va le pousser dans les pattes des griffeurs.
-Comment ils vont s'en sortir, alors ? » me questionna le jeune garçon.
Je levai le regard vers le ciel.
« Thomas est débrouillard. Il trouvera un moyen de survivre.
-Tu trouve encore un moyen de le défendre ? »s'exclama soudain une voix en face de moi. « Après la connerie qu'il vient de faire ? »
Je baissai les yeux vers mon interlocuteur, et vis sans surprise que c'était Gally. Je soupirai. Il commençait sérieusement à me gonfler.
« Pourquoi est-ce que tu m'adresses la parole ? »questionnai-je le bâtisseur en me relevant. « Je croyais que la bête noire du bloc te faisait trembler.
-Parce que tu crois que tu me fais peur ? »rétorqua-t-il.
Je levai les yeux au ciel. Gally se lançait dans une discussion enfantine dont je n'avais ni le temps ni l'envie.
« Tout ce que je dis, c'est que les garçons sont intelligents, et Thomas le premier. » repris-je, croisant les bras sur ma poitrine. « S'il y a bien quelqu'un pour survivre là-bas dehors, c'est lui.
-Parce que tu penses que Minho et Alby en sont incapables ? » attaqua-t-il à nouveau.
Je m'approchai un peu plus de lui, tandis que ma colère montait au fur et à mesure que le jeune homme déblatérait des bêtises.
« Je n'ai jamais dis ça » pestai-je. « Mais Alby est à moitié-mort et oses me dire que Minho n'a pas peur. Tu l'as vu comme moi avant que les portes ne se referment. Il était terrifié, ça se voyait. Et même si je ne doute pas que Minho soit courageux, Thomas s'est rendu dans le Labyrinthe pour leur sauver les miches sans même se poser de questions. Alors oui, s'ils s'en sortent, je pense fortement que Thomas y sera pour quelque chose.
-S'ils s'en sortent » déclara une voix sur ma droite.
Gally et moi nous nous retournâmes pour voir Newt avancer vers nous.
« Newt » soufflai-je en me tournant vers ce dernier. « Ils reviendront sains et saufs, j'en suis sûre.
-J'aimerais bien te croire » répondit le blond. « Et même s'il faut garder espoir, il ne faut pas non plus se voiler la face. Personne n'a jamais survécu une nuit dans le Labyrinthe. »
Sur ce, il baissa la tête, et ses traits anxieux me firent un pincement au cœur. Ils tenaient beaucoup aux trois garçons là-dehors et s'ils ne revenaient pas je savais que Newt n'allait pas pouvoir le supporter.
« Vous savez quoi ? » reprit Gally en levant les mains en l'air. « Je vais me coucher. Les attendre devant la porte ne va pas changer les choses. Bonne nuit. »
J'eus du mal à l'admettre, mais le jeune homme marquait un point. Sur ce, il se retourna, et partit en direction des cabanons. Newt soupira alors, et je posai ma main sur son épaule.
« Ils iront bien. J'en suis sûre. »
Le blond me lança un regard en coin, et un sourire chaleureux étira ses lèvres.
Mais malgré les paroles rassurantes que je venais de dire à Newt, en réalité j'étais totalement terrifiée à l'idée que les trois garçons ne réussissent pas à revenir le lendemain. Depuis mes trois jours au bloc, on m'avait raconté mille histoires à propos du Labyrinthe et chacune se terminait par la mort de quelqu'un. Je priai pour que cette fois, il y est une exception. Parce que bien que je ne les connaissais pas depuis longtemps, j'appréciais beaucoup les trois adolescents, et savoir qu'ils ne reviendraient peut-être pas m'attristait fortement.
À présent, il nous fallait juste attendre.
Attendre de voir si nos amis étaient encore en vie.
*
Quelques heures plus tard, nous étions toujours devant l'immense porte, mais cette fois, nous étions tous allongés sur le sol, prêts à passer la nuit ici. Newt avait déclaré que nous pouvions aller dormir, mais presque tout le monde avait préféré rester près de l'ouverture pour être aux premières loges lorsque celle-ci s'ouvrirait le lendemain matin.
Et tandis que la nuit était finalement tombée, les blocards s'étaient endormis comme des bébés : mais ce n'était pas mon cas. Je me trouvai allongée à côté de Chuck, ce dernier ronflant légèrement, et je ne pouvais m'empêcher de penser à Alby, Minho et Thomas qui se trouvaient dans le Labyrinthe. Est-ce qu'ils étaient déjà morts ? Sûrement. Et bien que je tentais désespérément de la chasser, cette pensée flottait dans mon esprit, m'empêchant de trouver le sommeil.
Soudain, un soupir retentit derrière-moi, et je me retournai vivement pour voir Newt, assis par-terre, le dos contre le mur de pierre. Je fus étonnée de ne pas le voir encore endormi, et tandis que je me redressai, le blond posa les yeux sur moi avant de froncer les sourcils.
« Tu ne dors toujours pas ? » me questionna Newt tout en chuchotant pour ne pas réveiller les blocards autour.
Je me mis debout, et commençai à enjamber les garçons au sol pour rejoindre mon ami.
« Je te retourne la question » chuchotai-je tout en m'installant à la droite du blond.
Le silence se fit tandis que je m'asseyais.
« Je n'arrive pas à dormir » m'avoua finalement Newt. « J'arrête pas de penser aux trois tocards qui sont bloqués dehors.
-On est dans le même cas » admis-je à mon tour. J'ai peur pour eux.
-Surtout pour Thomas, hein ? »
Je me tournai vers Newt, les sourcils froncés.
« Quoi ?
-Fais pas l'étonnée » souffla Newt. « Vous êtes tout le temps fourrés ensemble depuis que tu es arrivée.
-Et... ? »
-D'habitude, Tommy est plutôt timide avec les gens qu'il ne connaît pas » m'apprit Newt. « Enfin, pas timide, mais il a juste été un peu distant quand il est arrivé ici à cause de l'Effacement et parce qu'il ne connaissait personne. Mais avec toi... il ne te connaissait pas il y a encore quelques jours de ça, mais je suis sûre qu'il tient plus à toi qu'à la plupart des gars d'ici. Je ne l'avais jamais vu sourire comme il le fait quand il est avec toi. »
Je baissai la tête. Est-ce que Newt disait vrai ? Si oui, j'étais sûre d'une chose : Thomas avait le même effet sur moi que j'avais apparemment sur lui. En sa compagnie... le bloc, le Labyrinthe, tout semblait plus simple.
« C'est sûrement à cause de ce qui est arrivé quand j'ai débarqué » supposai-je.
Newt fronça les sourcils.
« De quoi tu parles ? » m'interrogea-t-il.
« Eh bien... » commençai-je. « Déjà, la phrase qui m'est venue à l'esprit quand je me suis réveillée dans la boîte. "Il faut que je trouve Tom". Et puis, la première fois que je l'ai vu, j'ai eu un sentiment étrange... comme si je connaissais déjà Thomas. Il m'était familier, sans que je ne puisse l'expliquer. D'ailleurs, il m'a avoué qu'il avait eu la même sensation quand il m'avait vu dans la boîte. Comme si... comme si avant d'arriver ici, on s'était déjà vu.
Newt ne répondit rien, et je m'esclaffai.
« Je sais, c'est bizarre. Peut-être qu'on était dans la même école avant. Ou qu'on était voisins.
-Ou peut-être que tu l'aimais » proposa Newt.
Je lui envoyai un léger coup de poing dans l'épaule tandis qu'il lâcha un rire discret.
« On est pas dans une comédie romantique, Newt » le réprimandai-je. « Garde plutôt ça pour Chuck, c'est de son âge.
-Peut-être » répondit le blond. « Mais j'ai peut-être raison. Peut-être que votre lien était si fort qu'il a résisté à l'Effacement.
-En tout cas, ce lien n'existera plus du tout si lui et les autres ne reviennent pas. »
Newt baissa la tête suite à mon changement de conversation, tandis que je levai les yeux vers le ciel.
« J'espère vraiment qu'ils vont s'en sortir »soufflai-je.
« Moi aussi » ajouta Newt. « Vraiment. »
Sur ces paroles, le silence se fit, tandis que nous imaginions à nouveau les dangers qui peuplaient le Labyrinthe à ce moment précis. Mais au bout d'un moment, la fatigue me tomba dessus d'un coup et mes paupières se fermèrent lentement.
Après quelques minutes de somnolence, je m'endormis, toujours assise contre le mur.
*
Le lendemain matin, je fus réveillée par un énorme bruit ainsi que par un mouvement dans mon dos. Je me redressai alors en sursaut, et vis avec surprise le mur dans mon dos bouger vers ma droite, signe que la porte Nord était entrain de s'ouvrir. Je me mis alors debout, suivie par le reste des blocards autour de moi, eux aussi réveillés par le boucan qui retentissait en face de nous. Une lueur d'espoir s'alluma alors en moi, espérant voir les trois garçons manquant apparaître derrière l'issue. Mais mes espérances s'éteignirent bien vite lorsque je vis que personne ne se trouvait dans le couloir en face de nous. Je jetai alors un regard vers Newt qui baissa la tête, son visage se transformant en une mine dépitée.
« Je vous l'avez dis » marmonna-t-il. « Ils ne reviendront pas. »
Ça ne pouvait pas se terminer comme ça. Les garçons devaient bien se trouver quelque part, attendant qu'on vienne les chercher. Il fallait envoyer quelqu'un pour les trouver, ils devaient forcément être vivants.
Alors que je me berçai d'illusions, les blocards derrière-moi commencèrent à s'éloigner de la porte et à partir en direction du centre du bloc. Seuls restaient Chuck et moi et je lançai un regard triste au garçon tandis que je compris que nos amis n'allaient définitivement pas revenir. Mais ce dernier garda les yeux rivés vers l'ouverture, gardant espoir. Et soudain, alors que j'allais lui dire que c'était fini, les yeux du jeune garçon s'illuminèrent et il leva le bras en indiquant le couloir en face de nous du doigt. Je me tournai alors vers l'endroit qu'il pointait, et découvris avec surprise Thomas et Minho, entrain de porter Alby à l'aide de leurs épaules, dans le fond de l'allée.
« Yes ! » s'exclama Chuck, alertant les blocards derrière-nous. « Yes ! Je le savais ! »
Tandis que le garçon sautait légèrement sur place pour montrer sa joie, je ne pris pas le temps de réfléchir et tapai un sprint vers le trio en face de moi, me fichant de dépasser les limites du Labyrinthe.
« Maya ! » s'écria soudain une voix dans mon dos. « Tu ne peux pas... »
J'ignorai la personne derrière-moi, et continuai de courir.
« Bande de malades » soufflai-je tandis que j'atterrissais au niveau des jeunes hommes.
Je tentai alors de seconder Minho pour porter Alby, mais ce dernier secoua la tête avant d'indiquer Thomas du menton, signe que ce dernier peinait plus que lui. Je m'exécutai alors, et Thomas se décala d'Alby tandis que je pris sa place pour soutenir le garçon. Nous nous dirigeâmes alors tous les quatre vers l'entrée du bloc, là où se tenait à présent le blocards qui étaient revenus sur leurs pas.
« Doucement » ordonna Newt qui, avec mon aide et celle des blocards, déposa Alby sur le sol.
Ce dernier finalement allongé, je me retournai vers les deux revenants qui paraissaient épuisés.
« Vous avez vu un griffeur ? » questionna Chuck qui se tenait en face de moi.
Les garçons levèrent les yeux vers lui.
« Ouais » souffla Thomas. « J'en ai vu un. »
Minho lui lança un regard avant de secouer la tête.
« Il l'a pas juste vu » renchérit-il. « Il l'a tué. »
Tous les regards convergèrent alors vers Thomas, et celui-ci nous observa tous d'un air gêné.
« O.K. » commença Newt en se relevant. « Les questions seront pour plus tard. »
Il se tourna alors vers Thomas et Minho, ceux-ci toujours accroupis au sol.
« Vous deux, direction la nouvelle infirmerie » ordonna-t-il. « Et Clint, Jeff, amenez Alby là-bas aussi. Il a besoin de soins. »
Les Med-jacks hochèrent la tête, et soulevèrent à nouveau Alby avant de faire passer ses bras sur leurs épaules. Ils commencèrent alors à se diriger vers la nouvelle infirmerie, comme l'avait appelé Newt, qui n'était autre qu'un bâtiment en bois que les bâtisseurs avaient bricolé à la va-vite hier.
« Attendez ! » criai-je aux deux Med-jacks qui s'éloignaient peu à peu.
Je me dépêchai les rejoindre et me plaçai à la droite de Clint.
« Qu'est-ce que tu fais ? » m'interrogea Jeff qui avait le visage crispé par l'effort.
« Je viens donner un coup de main » répondis-je. « Et osez me dire qu'avec Alby et les deux autres gars sur les bras, vous n'allez pas avoir du travail sur le dos. »
Tandis que j'attendais l'approbation des garçons pour les rejoindre, Jeff lança un regard à Clint, et ce dernier hocha la tête.
« C'est vrai qu'un peu d'aide ne serait pas de refus » abdiqua finalement Clint.
Mes lèvres s'étirèrent en un léger sourire, et j'acquiesçai. Nous arrivâmes quelques minutes plus tard dans l'infirmerie de fortune, et les garçons déposèrent Alby sur un des lits en bois qui trônaient dans la pièce. Tandis qu'ils s'affairèrent automatiquement à fouiller dans des boites situées sur le bureau jouxtant la porte, je m'occupai de déchirer le t-shirt d'Alby. Ceci fait, je pus remarquer l'énorme piqûre striée de veines violettes et noires qui lui décorait le ventre.
« Fais chier » pestai-je.
Soudain, deux silhouettes apparurent dans l'encadrement de la porte, et je relevai les yeux pour voir que ce n'était autre que Thomas et Minho.
« Maya » m'appela Jeff dans mon dos. « Occupe-toi d'eux, on se charge d'Alby. »
Je hochai la tête, et tandis que les deux coureurs s'assirent chacun sur les deux lits restant, je me rendis au bureau. J'y récupérai quelques bandages, des chutes d'un tissu étrange ainsi qu'une petit bouteille contenant un liquide jaunâtre sur lequel était inscrit grossièrement le mot « Alcool ». Je soupirai. Si c'était ce qu'il leur servait de désinfectant ici, les garçons n'avaient pas fini de douiller.
Je m'approchai de ces derniers, et commençai à imbiber un bout de tissu avec de l'acool.
« Alors ? » commençai-je. « Qu'est-ce que vous avez foutu cette nuit pour revenir en vie ?
-Demande à cette tête de plonk » me répondit Minho en indiquant Thomas du menton.
Je me dirigeai vers l'intéressé et approchai le tissu de son visage, là où grouillaient une bonne dizaine de coupures et de plaies, certaines saignant encore.
« Je te préviens » soufflai-je. « Ça risque de piquer. »
Thomas hocha la tête, mais lorsque le tissu toucha une de ses plaies, il grimaça et serra les dents pour s'empêcher de lâcher un petit cri.
« Comment est-ce que vous vous en êtes sortis, sérieusement ? » questionnai-je tout en continuant de soigner Thomas. « Et je veux chaque putain de détail. »
Le brun posa son regard sur moi.
« Au début, on a caché Alby dans le lierre d'un mur, et...
-Faux » le coupa Minho. « Tu l'as caché et je me suis tiré.
-Oui, bon » reprit Thomas. « Ensuite, après que Minho soit parti, un griffeur m'a coursé, et j'ai réussi à le semer... en quelque sorte. Minho et moi on s'est finalement retrouvé et j'ai réussi à coincer le griffeur entre les deux murs d'une section qui se refermait.
-Et tu l'as tué » conclus-je. « Bravo. »
Mais tandis que je finissais de désinfecter les plaies de son visage, j'approchai soudain mon visage de son oreille.
« Mais si tu nous refais un coup pareil... » repris-je. « C'est moi qui essayera de te tuer. »
Sur ce, je me reculai, tandis que Thomas hochait la tête, un léger sourire en coin lui étirant les lèvres.
« Et ça vaut pour toi aussi, gros malin » ajoutai-je en me retournant vers Minho et en le pointant du doigt.
Ce dernier, qui souriait auparavant de toute ses dents, leva les mains en l'air pour s'innocenter.
« Je suis contente que vous soyez en vie » repris-je, commençant à soigner les plaies du visage de Minho. « On l'est tous. »
*
Environ une heure plus tard, je me trouvai à nouveau devant la porte Nord, cette fois en compagnie d'Alex.
Après avoir fini de soigner Thomas et Minho, Clint et Jeff m'avait remercié et j'étais partie chercher Alex pour lui expliquer ce que les coureurs venaient de m'expliquer, me doutant qu'il voulait sûrement savoir ce qu'il venait de se passer.
« Donc ils ont réussi à rentrer » souffla Alex qui observait le couloir qui menait au Labyrinthe.
« Ouais » acquiesçai-je tout en croisant les bras sur ma poitrine. « Mais d'après ce que m'ont dit Thomas et Minho, ça n'est pas passé loin. Enfin bon. Tant qu'ils sont revenus, c'est tout ce qui importe. »
Alex hocha la tête.
« Tu crois que ça a servi à quelque chose ? » me questionna-t-il soudain.
Je fronçai les sourcils.
« De quoi ?
-De tuer le griffeur. Tu ne penses pas que ces machines cachent quelque chose ? Qu'en tuer une fait partie du processus de fin ? »
Je lançai un regard perdu vers mon frère.
« Du processus de... mais de quoi tu parles ? »l'interrogeai-je, ne comprenant rien à son charabia.
Alex baissa la tête.
« Je fais des rêves étranges, la nuit » m'avoua-t-il. « Et... ça parle toujours d'un processus de fin. Que les choses vont changer. »
Mon regard se reposa à nouveau sur l'ouverture en face de nous tandis que j'étudiais les paroles du brun.
« Et si tout ça était planifié ? » questionnai-je, les yeux dans le vague. « Je déteste donner raison à Gally, mais si toutes les merdes qui arrivent depuis que Thomas, toi et moi on a débarqué ici faisaient partie de ce fameux processus de fin dont tu parles ? Et si tous les évènements récents étaient l'amorce de notre évasion du Labyrinthe et qu'on en serait la cause, tous les trois ?
-Ça expliquerait pas mal de chose » approuva Alex. « Mais pourquoi Thomas, toi et moi ? Qu'est-ce qu'on a de spécial comparé aux autres ?
-Je n'en sais rien. Mais je pense que notre télépathie n'y est pas pour rien.
-Sauf qu'on ne peut pas communiquer avec Thomas, à ce que je sache. »
Je baissai le regard, mon cerveau fonctionnant à toute vitesse.
« Parce qu'il doit manquer quelqu'un, repris-je. Quelqu'un de lui aussi télépathe qui serait la dernière pièce du puzzle. La pièce manquante pour que l'on puisse s'échapper d'ici. »
Soudain, alors qu'Alex et moi étions entrain de tirer les choses au clair, une énorme masse sombre se dessina dans le fond du couloir en face de nous.
Avant que nous n'ayons pu faire un pas, la chose commença à courir dans notre direction et je pus la distinguer grâce aux rayons du soleil.
Elle était énorme : je n'aurais su donner sa taille, mais elle avait l'air d'être aussi grande qu'un camion. Des pattes métalliques monstrueuses soutenait la chose qui se dirigeait droit vers nous, claquant bruyamment sur le sol. Son corps était constitué de chairs boursouflées couvertes d'un liquide étrange et elle ne paraissait pas avoir d'œils ou de nez, mais seulement une énorme gueule animale dotée de dents pointues trônant sur ce qui paraissait être son visage. Le pire restait les horribles poils longs et drus qui parsemaient la peau de la bête.
Un griffeur ?
Un GRIFFEUR ?
Qu'est-ce qu'un griffeur faisait si près du bloc en plein milieu de la journée ?
Tout se passa très vite. À peine eus-je le temps d'identifier la bête qui se ruait droit sur nous qu'elle s'arrêta à la limite du Labyrinthe et du bloc avant d'étirer son appendice pour piquer Alex dans le dos. Ce dernier hurla de douleur, et quelques instants après, le griffeur retira son membre avant de reculer et de retourner dans les entrailles du Labyrinthe.
« Alex ! » m'exclamai-je tandis que l'intéressé s'écroula au sol, se tordant de douleur.
Je me ruai vers lui, et m'accroupis à ces côtés.
« À l'aide ! » hurlai-je en me retournant vivement. « Allez chercher Clint et Jeff ! »
Priant pour que quelqu'un m'ait entendue, je me tournai à nouveau vers mon frère.
« C'est l'avant... dernière... phase » chuchota-t-il entre deux gémissements de douleur.
« Hein ?
-Le processus... de fin... »
Ce fut les derniers mots qu'Alex prononça avant de s'évanouir.
*
Après qu'Alex soit envoyé à l'infirmerie, Newt, dépassé par tous les évènements récents, avait réuni les huit matons pour une réunion de crise. Mais Thomas et moi, ayant été témoins de ces fameux évènements, avions été convié au rassemblement. Si bien que nous nous trouvions tous les deux dans le fond de la salle de Conseil, observant les neuf garçons en face de nous entrain se chamailler. Thomas venait déjà d'avoir son propre jugement : Gally avait déblatéré pendant un quart d'heure sur pourquoi il devait être puni pour avoir franchi les limites du Labyrinthe la nuit. Mais Minho lui avait ensuite très gentiment fait comprendre que si Thomas n'avait pas été là, lui et Alby y seraient sûrement restés. Au final, le brun avait été exempté de toute sanction car il était un coureur, et que de ce fait il était en mesure de se rendre dans le Labyrinthe n'importe quand, pour le plus grand malheur de Gally. Et maintenant que le sujet venait de divaguer sur Alex et sa piqûre, je sentais que le bâtisseur allait se faire un grand plaisir de relâcher toute sa frustration sur moi.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » me questionna finalement Newt tandis que tous les matons s'étaient tournés vers moi.
Je levai les yeux vers lui.
« On était devant la porte Nord, Alex et moi » expliquai-je. « On parlait de ce qu'il s'est passé ce matin. Et là, un griffeur est arrivé droit devant-nous, et nous a foncé dessus. Il a piqué Alex, puis s'est tiré aussi sec qu'il était venu.
-Pourquoi est-ce qu'il a fait ça ? » m'interrogea Zart.
Je haussai les épaules.
« Je n'en sais rien. Comme je l'ai dis, le griffeur a débarqué d'un coup, donc on a pas vraiment eut le temps de comprendre ce qu'il se passait.
-Pour se faire piquer, c'est bien que ton frangin s'est aventuré dans le Labyrinthe » déclara soudain Gally. « Ce qui est, je le rappelle, contraire à nos règles. »
Je me tournai vers le bâtisseur.
« Non, Gally » repris-je en m'avançant vers les groupe de matons. « Alex est resté dans le bloc. Mais ce foutu griffeur, lui, a bien failli dépasser la limite entre les deux. Heureusement, il s'est arrêté au dernier moment.
-Et tu vas me faire croire que le griffeur est bien gentiment venu vous voir, a piqué le nouveau, puis s'est barré ? C'est tout ?
-Tu n'es pas obligé de me croire. Mais pourtant, c'est ce qui s'est passé. »
Je fronçai les sourcils, me rappelant de quelque chose.
« Mais... avant de s'évanouir, Alex m'a parlé d'un truc. D'une « avant-dernière phase » et d'un « processus de fin ».
-Et qu'est-ce que ça veut dire ? » me questionna Thomas qui s'avança vers nous avant de se planter sur ma droite.
Je baissai les yeux, posant mon regard sur mes pieds.
« Ça veut dire qu'on va bientôt pouvoir sortir de ce trou à rat. »
Le silence se fit tandis que les garçons étudiaient mes paroles.
« Comment ? » me questionna Winston.
De là, j'expliquai aux matons la théorie à laquelle Alex et moi avions pensé avant que ce dernier ne se fasse piquer, au plus grand plaisir de Gally qui s'en servi pour accentuer ses soupçons sur les deux bruns et sur moi. Je venais volontairement de mettre une cible au-dessus de nos trois têtes, mais au point où nous en étions, nous n'avions plus rien à perdre.
Et à présent, Newt, qui était implicitement devenu notre leader maintenant qu'Alby ne pouvait plus l'être, avait le regard rivé sur Thomas et moi. Il nous scruta longuement, avant de s'avancer vers nous.
« Qu'est-ce que vous proposez ? » nous demanda finalement le blond.
Je me tournai alors vers Thomas, et ce dernier me lança un petit regard avant de prendre la parole.
« Je pense qu'il faudrait qu'on retourne voir le griffeur qu'on a tué cette nuit » déclara Thomas. « Il y a forcément un truc à trouver.
-Comme quoi ? » le questionna Fry.
« Je ne sais pas » reprit le brun. « Mais je suis sûr que ces machins cachent un truc. »
Newt se retourna alors vers Minho, et ce dernier hocha la tête, approuvant l'idée de Thomas.
« Très bien » concéda Newt. Vous allez aller voir ce tas de ferrailles, mais ne traînez pas. Qui sait s'il a rameuté ses potes à la rescousse. »
Nous hochâmes tous la tête, sauf Gally, qui déclara qu'il avait du boulot, et quitta la pièce.
« On te tient au courant si on a du nouveau » promit Minho à Newt tandis qu'il se dirigeait vers la sortie.
Zart, Frypan, Winston ainsi que Thomas suivirent le coureur et tandis que je m'apprêtai à faire de même, quelqu'un tira mon t-shirt en arrière, et je fus stoppée dans mon élan.
« Wow, wow, wow » souffla Newt tandis que je me retournai. « Où est-ce que tu comptes aller comme ça ?
-Tu viens de nous dire d'aller voir le griffeur »répondis-je. « C'est ce que je fais.
-Je leur ai demandé à eux, pas à toi. »
Je soupirai.
« Sérieusement, Newt ? Je n'ai rien à faire ici, alors si je peux aider là-bas...
-Tu peux aider ici » me coupa l'intéressé. « Va à l'infirmerie t'occuper de ton frère. Clint m'a dit que tu te débrouillais bien chez les Med-jacks, alors va les voir. »
Je scrutai Newt et comprit qu'il ne comptait pas changer d'avis. Soupirant à nouveau, je sortis finalement de la salle de Conseil avant de me rendre à l'infirmerie comme me l'avait demandé le blond. Mais quand j'entrai dans l'endroit, mes yeux devinrent ronds lorsque je vis Clint et Jeff, tous les deux au-dessus du lit d'Alex, retenant ce dernier qui était entrain de se débattre envers et contre tout. Il lâchait des grognements horribles et tenta à plusieurs reprises de mordre les jeunes hommes.
« Maya ! » s'exclama Jeff qui m'avait aperçu. « Viens nous aider ! »
Je me ruai vers les trois garçons, et me plantai à la gauche de Clint.
« Désolée, frangin » soufflai-je en levant le bras en l'air.
Puis, dans un mouvement vif, j'assenai un coup de poing dans le visage d'Alex, envoyant celui-ci dans les vapes. Le brun arrêta alors tout mouvement, et retomba sur son lit.
« Woah » souffla bruyamment Jeff tandis que lui et Clint reculait du corps de mon frère. « Merci.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » les questionnai-je. « Je croyais que vous lui aviez injecté le sérum ?
-On l'a fait » me répondit Clint. « Mais il s'est réveillé il y a quelques minutes et il a commencé à se tordre dans tous les sens en essayant de nous mordre. »
Je reportai mon regard vers Alex dont le visage endormi était à présent calme.
« Qu'est-qu'il t'arrive, Alex... » soufflai-je.
*
Le soir était finalement venu, et j'avais quitté l'infirmerie après avoir passé une heure aux côtés d'Alex. Ce dernier ne s'était toujours pas réveillé et j'en étais contente. Je n'avais pas envie qu'il agresse encore quelqu'un.
Après une heure, donc, je sortis pour partir à la recherche des matons, espérant qu'ils n'étaient pas revenus bredouilles de leur excursion. Et je n'eus pas besoin de les chercher, car en sortant de l'infirmerie, je les vis avec Newt un peu plus loin en face de moi.
Alors que je me dirigeai vers eux, le petit groupe se sépara, et resta sur place seulement Minho, un objet métallique en forme de cylindre dans la main.
« Qu'est-ce que tu trimballes ? » interrogeai-je le coureur tout en me plantant devant-lui.
Minho leva les yeux vers moi, avant de les reposer sur ce qu'il tenait dans ses mains.
« Je n'en sais rien » répondit-il. « On a trouvé ça tout à l'heure, dans le corps du griffeur que Thomas a réussi à tuer. Mais on arrive pas à savoir ce que c'est.
-Je peux le voir ? »
Minho hocha la tête, et me donna l'objet. Je le récupérai et fis une grimace lorsque mes doigts touchèrent la surface couverte d'une substance gluante.
« Erk » minaudai-je en récupérant le bibelot en métal. « Est-ce que c'est... de la bave ?
-Nop » répliqua Minho. « Les toilettes étaient bouchées, alors... »
Je fis une grimace en direction du coureur.
« Très drôle » lâchai-je tandis que le jeune homme esquissa un sourire en coin.
Je tournai l'objet dans tous les sens et ne vis rien à part un tout petit carré noir sur lequel s'affichait le nombre quatre.
« Quatre... » murmurai-je. « Qu'est-ce que ça veut dire ? »
Minho haussa les épaules et je me concentrai à nouveau sur l'engin métallique.
Après une inspection plus méticuleuse, je trouvai avec surprise une sorte de petit cran sur le dessous du cylindre. Je baissai alors celui-ci et lâchai un sursaut lorsque l'objet dans mes mains se mit à faire un petit bip. Le son persista, si bien que je compris l'utilité de la trouvaille des garçons.
« C'est un émetteur » déclarai-je.
Minho fronça les sourcils.
« Qu'est-ce que ça veut dire ? »
Je levai les yeux vers lui.
« Que ce truc va nous aider à sortir d'ici. »
*