Le Fléau d'Égypte - Tome 1 & 2

By Toyjeci

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Quand Isis se réveille à la morgue de Nicosie, elle n'a plus aucun souvenir. Qui est-elle ? Lui, semble le sa... More

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 4
Chapitre 5
PUBLICATION
Tome 2
Tome 2 - Chapitre 1
Tome 2 - Chapitre 2
Tome 2 - Chapitre 3
Tome 2 - Chapitre 4
Tome 2 - Chapitre 5
L'héritage des Highlands - Romance Historique Highlands

Chapitre 3

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By Toyjeci

Ma fureur rendit mes pas fermes et déterminés. Seuls quelques mètres nous séparaient lorsque je m'exclamai :

– C'est quoi ton problème ?

Oz se retourna lentement et me dévisagea avec froideur. Une lueur brillait au fond de ses grands yeux verts. Lueur que je n'arrivais pas à décrypter.

– Mon problème c'est que tu n'es pas capable de comprendre des mots simples. Je t'ai demandé de partir. Fais-le.

Alors qu'en temps normal cette remarque m'aurait fait rire, le sérieux dans sa voix alimenta ma rage. Il semblait bien trop habitué à être écouté. Je ne supportais pas ce genre de comportement et c'était avec un plaisir incommensurable que je comptais lui désobéir. Ma vie était ici à présent et je n'en avais rien à faire qu'il en soit mécontent.

– Alors tu vas m'écouter bien attentivement parce que je ne le répéterai pas. Je ne sais pas à quelle époque tu vis, mais je ne suis pas à ton service. Je ne partirai pas, que cela te plaise ou non.

Je vis sa mâchoire se crisper et il parut attendre que son énervement ne redescende avant de parler.

– Tu ne te rends pas compte de la stupidité dont tu fais preuve. Je ne peux malheureusement pas te mettre légalement de force dans un avion, donc je vais mettre au clair deux ou trois choses tout de suite. Tu restes ? Soit, mais je ne veux pas que tu m'approches, essaies de me parler ou établisses le moindre contact. En aucun cas je ne dois me rendre compte de ta présence dans cette ville. C'est bien clair ?

J'écarquillai les yeux et restai perplexe quelques secondes. J'eus beau détailler son visage pour essayer de comprendre ce qu'il se passait dans son esprit, cela n'eut aucun résultat. Ce n'était pas possible que, au XXIe siècle, des personne se comporte encore comme cela.

– Si ça peut te rassurer je n'ai nullement envie de te voir régulièrement. Ce serait du pur masochisme que de côtoyer un connard machiste imbu de sa personne. Je ne sais pas pour qui tu te prends, mais il va falloir redescendre un peu. Je ne t'ai rien fait, donc j'apprécierais que tu arrêtes de faire comme si tu avais une réelle raison de me haïr avec autant de vigueur.

Un rire froid perça la barrière de ses lèvres, résonnant dans la rue déserte. Des frissons parcoururent mon corps tandis qu'il faisait un pas de plus vers moi.

– Tu ne m'as rien fait ? Laisse-moi rire. Comment pourrais-tu le savoir de toute façon ?

J'eus l'impression de recevoir un violent coup dans l'abdomen. Mon sang se figea dans mes veines et ma voix prit une tonalité inquiétante.

– Que veux-tu dire ?

J'avais sincèrement peur d'avoir compris ce qu'il s'autorisait à me renvoyer au visage. Le sourire narquois qui scinda son visage carré me fit frémir.

– Comment pourrais-tu savoir si tu m'as, ou non, fait quelque chose, rétorqua-t-il. Après tout, tu es amnésique, non ?

Il avait osé.

Je comprenais ce qu'il faisait, mais pas pour quelle raison. Je ne supportais pas de rester dans l'incompréhension et cela avait malheureusement tendance à attiser ma colère.

– Donc j'avais raison, on se connaissait ?

Oz continua de me dévisager. Je me sentais sondée par ce regard vert qui paraissait fouiller au fond de mon être, en quête d'une quelconque réponse. Une lueur de fureur à l'état pure embrasa ce regard émeraude. Comme seul le silence semblait me répondre, je repris, d'autant plus furieuse qu'il m'ignorait pour la seconde fois :

– Pourquoi tu ne daignes même pas me répondre ? Es-tu lâche au point de me refuser d'en apprendre un peu plus sur ces souvenirs disparus ? Tu ne penses pas que je mérite une réponse même si elle est dure à encaisser ?

Il crispa la mâchoire, mais cette fois-ci il ne se retint pas. Les mots sortirent de sa bouche comme un poison mortel.

– Allons chérie, ça ne t'est jamais venu à l'esprit que peut-être tu n'étais rien ? Si tu ne trouves personne qui semble te connaître, c'est sûrement parce que personne ne tenait à toi. Une pauvre chose insignifiante qui ne comptait pas.

Un bruit sec retentit et résonna dans le calme environnant. La marque rouge de ma main se dessina sur sa joue. Il me fusilla du regard et je relevai le menton en signe de défi. L'odieux personnage se saisit de mes poignets, non sans une violence quelque peu contenue. Son visage s'approcha du mien et un sifflement mauvais s'écoula de sa bouche rosée :

– Je ne te permets pas de me toucher.

J'aurais dû avoir peur de lui. Il semblait... instable. La rage qui le contrôlait en cet instant était prête à exploser, destructrice. C'était très difficile à expliquer, mais je n'éprouvais aucune crainte, aussi infime soit-elle. D'un geste aussi assuré que possible, je me dégageai de cette douloureuse étreinte et le repoussais avec toute la force dont j'étais capable. Il recula, légèrement décontenancé.

– Et moi je ne te permets pas de m'insulter. Pour toi je suis peut-être une chose insignifiante, mais cela ne te donne pas le droit de me balancer toutes les atrocités qui te viennent à l'esprit. Puisque tu sais si bien le répéter, tu n'es rien pour moi et j'ose espérer que tu ne...

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'une voix grave m'interrompit :

– Qu'est-ce qui se passe ici ?

Je reconnus aisément le timbre si particulier d'Aylan. Il avait une voix rauque, presque éraillée. Comme pour confirmer ce que je savais déjà, il apparut à ma droite. Oz et moi ne nous lâchions pas du regard, nous nous regardions avec toute l'animosité que notre dispute avait réveillée. Aylan posa ses yeux noirs sur son oncle qui finit par répondre d'une voix traînante :

– Nous venons de finir de discuter.

Il rompit le contact visuel et se retourna. Il traversa la route et entra dans sa maison en claquant la porte derrière lui. J'inspirai lentement afin de me calmer et reportai mon attention sur le jeune homme. Il semblait pensif.

– Tu ferais peut-être mieux d'aller lui parler...

Je ne voulais surtout pas créer de conflit par ma simple présence. Ils avaient tous l'air si proches... Quelques instants s'écoulèrent, si bien que je crus qu'il ne me répondrait pas.

– Oh, tu peux me croire, quand il est dans cet état il vaut mieux le laisser tranquille.

Il commença à rejoindre les autres et je le suivis. Bien que je n'en n'eusse rien laissé paraître, les mots qu'il avait prononcés m'avait atteinte. Bien plus que je ne voulais bien l'admettre. Ils résonnaient au fond de moi comme une myriade de coups de couteau. Ça faisait si mal. Pourquoi cela me touchait-il autant ? Une partie de moi ne pouvait s'empêcher de penser qu'il avait raison. Comment justifier des années de recherches infructueuses ? Avec toute la technologie qui existait actuellement, je ne pouvais pas croire qu'il était impossible de retrouver quelqu'un. Tout du moins si c'était bien ce que l'on souhaitait réellement.

***

En passant l'entrée de la maison, je fus assaillie par les éclats de rire de Néphrée. Cette atmosphère étant bien trop joyeuse pour mon état d'âme actuel, je montai à l'étage aussi discrètement que le bois de l'escalier me le permit. Enfin seule dans ma chambre, je m'assis sur le lit en soupirant. Mes mains se saisirent d'elles-mêmes d'un coussin doré et le triturèrent sur mes genoux. Je ne m'aperçus de la présence de Billie que lorsque je la sentis me prendre dans ses bras. D'une voix qu'elle savait douce, elle me demanda avec précaution :

– Que t'a-t-il dit ?

Je m'écartai délicatement d'elle et lui fit face.

– Rien. Rien de bien important.

Je baissai la tête sur polochon que je tenais tout contre moi. En cet instant j'aurais aimé être comme lui : incapable de ressentir le moindre sentiment. J'avais l'impression d'être faible à tomber ainsi dans le piège. Il avait vraisemblablement prononcé ces mots pour me blesser et il était cruel de voir qu'il avait réussi son coup.

– Je sais que tu me mens. N'aies pas peur de me parler, ça ne quittera pas cette pièce.

Je relevai lentement la tête. Billie savait y faire, c'était indéniable. Tout en elle me poussait à me confier. Son regard chaleureux, sa voix aussi douce qu'une caresse et sa main qui glissait doucement sur mon dos.

– Je ne sais même pas ce qui m'a pris d'aller le confronter... Je pense que c'était la goutte de trop. Je ne supporte pas de rester dans l'incompréhension et depuis que je l'ai aperçu l'autre jour, ça me ronge. J'ai l'impression que je le connais et son comportement me laisse croire que ce n'est pas qu'une vulgaire impression. Il y a quinze ans, je me suis réveillée à la morgue. J'avais froid. Je me sentais extrêmement mal. Perdue. Sur le moment je n'ai pensé qu'à partir, je n'avais pas réalisé le lieu dans lequel je me trouvais. Rétrospectivement, je me demande ce que j'y faisais. Comment j'ai pu être victime d'une erreur médicale de cette ampleur. Visiblement je suis bien vivante. Qu'est-ce que je faisais là-bas ? Je n'arrive vraiment pas à me l'expliquer. Ne pas savoir me pèse de plus en plus au fil du temps. Je... Il me manque quelque chose. Je ne me sens pas complète. Est-ce que c'est simplement des réponse ? Je ne sais même pas, mais ce serait certainement un bon début. Il... Il y avait cet homme sur lequel je suis tombée alors que j'errais dans les rues. Le portrait craché d'Oz. Il s'set approché de moi en m'appelant par ce que je suppose être mon prénom. Il n'a pas mis longtemps à se rendre compte que je ne me rappelais de rien et il est parti. Cet homme possède toutes ces réponses que je cherche depuis quinze ans. Les clefs de mon passé. Si c'est Oz, je souhaiterais tout simplement qu'il daigne me répondre.

Je me tus, à court de souffle. J'avais débité mon histoire d'une seule traite, d'une manière probablement incompréhensible. Même en l'ayant vécue je restais perplexe, ce n'était pas peu dire. Mon amie me regarda avec intérêt.

– Et c'est cela qui te mets dans cet état ?

Je haussai les épaules avec une nonchalance que j'étais bien loin de ressentir.

– Non, il m'a dit que si personne n'avait cherché à me retrouver c'était simplement parce que personne ne tenait à moi.

Ses sourcils fins se levèrent et elle esquissa un moue outrée.

– Il a vraiment dit ça ?

J'acquiesçai silencieusement.

– Si ça se trouve il n'a pas tort...

Billie se leva prestement :

– Je vais le tuer !

Je la retins in extremis par le poignet, le regard suppliant.

– Tu m'as dit que ça resterait entre nous. Je ne veux pas lui montrer que ses paroles m'ont atteintes d'une quelconque façon que ce soit. Je me sens déjà bien trop ridicule de lui donner un tel pouvoir.

Elle se rassit à mes côtés.

– Écoute-moi bien Isis. Tu as énormément compté pour tes proches, si tu ne les as pas retrouvés c'est uniquement parce qu'eux ne t'ont pas retrouvée. Maintenant, en tout cas, tu es ici et tu as une vie à construire. Tu as rencontré des gens qui tiennent déjà à toi, alors c'était forcément le cas avant aussi. D'accord ?

J'esquissai un sourire timide. Ses mots me faisaient du bien et apaisaient mon esprit. Ils ne chassaient pas les idées noires qui embrumaient mes pensées d'un coup de baguette magique, mais cela était suffisant pour me donner envie de passer outre. 

– Merci, murmurai-je.

Elle me serra dans ses bras.

– Je suis là pour ça. Bon, nous avons des invités il me semble. Et puis... c'est l'heure du thé !

Comme elle se levait je l'imitai et nous descendîmes rejoindre le petit groupe qui n'avait pas bougé d'autour de la table. Dès que je pris place, Aylan regarda sa montre et lança joyeusement à Hector :

– Je t'avais dit qu'elle y arriverait en moins de dix minutes. Tu me dois dix balles !

Celui-ci sortit l'argent pour le donner à son frère et maugréa à l'attention de sa femme :

– Ça m'apprendra à douter de tes capacités à réconforter les autres !

Billie rapporta les tasses de thé et tira gentiment une mèche de cheveux d'Hector.

– Les garçons c'est pas super sympas de faire ce genre de pari !

Néphrée leva les mains devant elle en signe d'abandon.

– Je leur avais que tu ne serais pas contente, mais personne ne m'a écoutée !

La bouilloire siffla et mon hôte rapporta l'eau et les sachets, nous enjoignant de nous servir.

– En même temps, répliqua Mike, si on t'écoutait à chaque fois on serait vêtus comme des hippies et on jouerait les médiums au milieu d'humains crédules.

J'éclatai de rire tandis que Néphrée fit mine d'être choquée.

– Enfin Mike, est-ce que tu sais que tu fais parti de ces « humains » ? raillai-je.

Il esquissa une moue déçue.

– N'enfonces pas le couteau dans la plaie, Isis.

– En plus c'est complètement faux, râla discrètement Néphrée. Je ne ressemble pas à une hippie.

Hector lui tendit une tasse.

– Non c'est complètement vrai, assume-le.

L'après-midi se poursuivit dans une ambiance plutôt enfantine et j'appris à connaître toutes ces personnes qui allaient partager mon quotidien. Outre Billie, j'appréciais vraiment Néphrée et Aylan. Hector, quant à lui, était une personne vraiment agréable, mais j'avais un peu de mal à me détacher de cette voix qui me soufflait de me méfier. Mike était plutôt attachant, bien qu'un peu discret, et Milan paraissait avoir du mal à être lui-même, comme si ma présence le dérangeait.

En début de soirée, alors que je revenais des sanitaires, de violents coups se répercutèrent contre la porte d'entrée. En arrivant dans le hall, j'eus juste le temps de voir Billie l'ouvrir, qu'un individu d'une taille imposante fit son entrée. Ses yeux mordorés étaient éclairés d'une lueur inquiétante tandis qu'un sourire forcé étirait ses lèvres. Il prit la parole d'une voix claire :

– Excuse-moi de vous déranger Billie, mais je dois voir Néphrée. Tout de suite.

L'intéressée fit son apparition et le détailla d'un regard froid que je ne lui connaissais pas. Jusque-là je l'avais toujours vu chaleureuse et bienveillante. Billie referma la porte et me rejoignit sans faire le moindre bruit. Nous les laissâmes s'affronter en silence, toutefois je me permis de murmurer assez bas pour qu'elle seule m'entende :

– Qui est-ce ?

Elle était sur le point de me répondre lorsque son attention fut retenue par la conversation :

– Je suis étonnée que tu veuilles me voir, cingla Néphrée avec une amertume aisément audible. Tu ne devrais pas être avec l'autre pouffe ?

Je vis la mâchoire de l'homme se crisper, cependant sa voix ne reflétait pas une once d'énervement.

– Ne parles pas d'Astra comme ça !

Pendant quelques secondes il me parut même le voir esquisser un frêle sourire, mais il disparut instantanément.

– On a rien à se dire Jake. Si vraiment tu veux qu'on ait une discussion, attends ce soir, je n'ai pas que ça à faire.

Elle croisa les bras sur sa poitrine afin de lui signifier qu'il ne pourrait pas la faire changer d'avis. Il soupira et lança un regard intrigué autour de la pièce. Il salua silencieusement les quatre hommes présents autour de la table. Ils n'avaient pas fait l'ombre d'un geste et ne paraissaient pas trouver la scène digne d'intérêt. Lorsque son regard se posa sur moi, un sourire étira ses lèvres et il avança jusqu'à ma hauteur afin de me tendre sa main.

– Tu dois être Isis, commença-t-il, je suis Jake.

Je m'en saisis et la serrai dans la mienne, contente de pouvoir mettre un visage sur un nom.

– Enchantée.

Je n'avais rien trouvé d'autre à dire. Ses yeux mordorés brillaient toujours d'une lueur effrayante, bien qu'elle se soit atténuée, et cela m'ôtait toute envie de converser. Il ne sembla pas s'en formaliser et lorsqu'il jeta un dernier regard à Néphrée il soupira.

– T'as intérêt à ce qu'on ait notre discussion ce soir.

L'intéressée leva les yeux au ciel l'air profondément ennuyée et esquissa un geste de la main vers la sortie.

– Ouais c'est ça. Retourne voir Astra, elle en meurt d'envie. Remarques, maintenant que je le dis, ce serait bien que ce soit réellement le cas...

Cette dernière parole assénée, elle retourna s'asseoir autour de la table. Jake commença à sortir, mais se tourna vers moi.

– Demain matin viens me voir dans mon bureau Isis.

Sur-ce il partit, laissant un étau enserrer mon estomac. Demain était mon premier jour de travail dans cette nouvelle ville et j'avais presque réussi à oublier ce détail. Maintenant j'étais anxieuse et anticipais avec appréhension ma future journée.

Je ris intérieurement en me rendant compte de l'ironie de la situation.

Pour la première fois depuis quinze ans je regrettais de me rappeler quelque chose.

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