Lily
Je me retourne et les battements de mon cœur accélèrent quand j'aperçois l'homme imposant à quelques mètres de moi.
- Je... Je... Je peux vous aider? bredouillais-je intimidée en jouant avec mes doigts
Il m'adresse un sourire avant de me rejoindre aux pieds des escaliers.
- Je n'arrive pas à trouver le bureau de monsieur Williams, il m'a pourtant indiqué sont emplacement mais j'ai l'impression que ces couloirs se ressemblent tous. me confie-t-il amusé
Sa voix me paraît irréel tant elle est rauque et grave et je prend quelques secondes avant de lui répondre.
- Je... Je... Je peux vous y conduire si vous voulez. soufflais-je toujours autant impressionnée par l'aura qu'il dégage
- Si cela ne vous dérange pas. me dit-il avec un grand sourire
- Non... Non... C'est bon. dis-je en glissant des mèches de me cheveux derrière mon oreille droite
Nous commençons à avancer et je lui jette un rapide coup d'œil.
Il est grand, plutôt grand, je dirais au alentours d'un mètre quatre-vingt-dix, il porte un costume bleu marine ajusté à son corps, il doit sûrement avoir les moyens de se payer un costume sur-mesure.
De ce que j'ai pu apercevoir tout à l'heure il a les yeux verts.
Il n'a pas de barbe apparente comme s'il s'était rasé avant de venir.
Ces cheveux ne sont ni trop courts ni trop longs. La plupart des ses cheveux bruns cendrée sont d'ailleurs plaqués en arrière naturellement.
Il ne porte ni d'alliance, ni de bijoux. Il paraît plutôt jeune, il ne doit pas avoir plus de 25 ans, qu'est-ce qu'un homme aussi jeune que lui vient-il faire ici?
- Au fait je ne me suis pas présenté, je suis monsieur Jackson. dit-il la voix grave en me tendant sa main
C'est lui dont nous parle monsieur Williams depuis une semaine. Je me redresse un peu en essayant de prendre un air détendu, il faut que je me souvienne que cet homme vient ici pour adopter un enfant.
C'est peut-être ma chance après tout. Cet instant peut décider s'il y a une chance qu'il m'adopte ou s'il passera à la personne suivante.
- Je m'appelle Lily, Lily tout court. dis-je en répondant à sa présentation
Je lève mon bras dans sa direction et mes sourcils se froncent pendant plusieurs secondes quand mon regard tombe sur ma main gauche.
Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit l'homme en face de moi intervient.
- Que t'est-il arrivé à la main?
- Je... Je ne me souviens pas de comment j'aurais pu me faire une telle chose... lui répondis-je étonnée
Il m'attrape la main les sourcils froncés à son tour.
Soudain je me rappelle que tout à l'heure je suis tombée et que dans ma chute mon pot de teinture s'est cassé.
- Je... Je suis tombée tout à l'heure et un pot en verre s'est cassé à côté de moi... bégayais-je gênée
Je rejette un rapide coup d'œil à ma main: un bout de verre s'est glisser dans la paume de cette dernière et du sang dégouline le long de mes doigts.
Je ne comprends pas, depuis tout à l'heure je ne me suis pas rendue compte que j'étais blessée.
Je ne sais pas pourquoi, peut-être à la vue du sang, mais je sens une boule se former dans le creux de ma gorge.
- Y a-t-il une infirmerie ici? Il faut vraiment que l'on te retire ça tout de suite si tu ne veux pas que ce soit encore plus douloureux. me dit l'homme en face de moi le regard grave
- Normalement l'infirmière n'est pas là aujourd'hui. dis-je le cœur aux bords des lèvres
- Ça va? me demande monsieur Jackson avec un air inquiet
Et comme toujours, cette question me fais craquer, des larmes commencent à couler sur mes joues et pourtant, je ne souffre pas, je n'ai pas mal.
Le fait que les filles me poussent sans aucunes raisons doit sûrement être la cause de tout ça, je n'en peux plus de toutes ces moqueries et de tous ces regards mauvais que me jettent les autres enfants.
Je m'essuie les yeux avec ma main valide mais contrairement à ce que je voudrais, les larmes continuent de couler sur mes joues.
J'ai tellement honte de pleurer devant un inconnu c'est sûr maintenant mes chances d'être adoptée sont nulles.
- Ne pleure pas sweetheart, tout va bien se passer je te le promets. me dit monsieur Jackson en me prenant dans ses bras
Je suis d'abord tendue et effrayée qu'un inconnu me prenne dans ses bras, mais je me laisse bien vite aller à mes larmes. Il me caresse lentement les cheveux en me répétant que tout va bien se passer.
En ce moment même la honte coule dans mes veines, je ne comprends pas pourquoi je pleure et pourquoi j'accepte que cet homme me prenne dans ses bras.
Je pourrais le repouser mais ses bras autour de moi ont quelque chose d'appaisant et de réconfortant. Après tout depuis combien de temps n'ais-je pas eu droit à un câlin.
Une fois calmée, je sens discrètement son parfum et je rougis en me rendant compte qu'il sent bon, très bon. Un mélange de lessive et de parfum masculin.
Ma timidité reviens d'un seul coup au grand galop et je m'écarte de cet homme qui pourrait peut-être m'adopter enfin après ce qui vient de se passer je ne crois pas trop que cela soit envisageable.
- Je... Je excusez-moi. dis-je aussi rouge que ma main
- Pourquoi t'excuses tu?
- Je ne sais pas... dis-je dans un souffle avant de compléter par:
- Vous vouliez juste que je vous indique la direction du bureau de monsieur Williams et maintenant vous vous retrouver à devoir me consoler.
- Qui a dit que cela me dérangeait de te consoler, tu as le droit d'être triste d'avoir mal il n'y a rien de grave à cela tu sais. me dit-il avec un regard paternel
L'envie de pleurer une seconde fois me noue la gorge mais je ne veux pas encore une fois me laisser dominer par mes émotions.
Je lui souffle un petit merci. Mais il rétorque encore par une question avec un petit sourire espiègle.
- Pourquoi me remercies-tu?
J'hésite encore une fois mais devant le mur d'ignorance qui se dresse devant moi je réponds que je ne sais pas.
Il rigole ce qui me fait rougir encore plus, il me donne envie de disparaître six pieds sous terre.
- Ne sois pas gênée ou timide avec moi sweetheart je ne te veux aucun mal.
Je glisse mes mains à l'intérieur de mes manches: ma timidité a atteint son plus haut niveau.
- Tu ne devrais pas faire ça tu risques d'enfoncer le bout de verre plus profondément dans ta main, on devrait chercher quelqu'un qui pourrait te l'enlever je ne veux pas que tu finisses avec une infection.
J'hésite à lui indiquer la direction de l'infirmerie pendant plusieurs secondes avant de me souvenir qu'il a dû effectuer plusieurs tests et plusieurs inspections avant de venir ici. Je décide de faire confiance à monsieur Williams et aux tests qu'il réalise pour savoir si un individu est un danger pour les enfants ou non.
Il me demande une dernière fois si tout va bien et j'acquiesce en hochant la tête.
Nous avançons doucement en direction du bureau de, Jill, l'infirmière de l'orphelinat.
Par chance son cabinet se trouve de l'autre côté du hall, il faut passer derrière les escaliers, ce qui nous mène à un couloir et le porte juste en face est celle de l'infirmerie.
Je lève ma main pour toquer contre la porte mais monsieur Jackson m'en empêche et le fait à ma place.
Devant mon incompréhension il me dit:
- Tu risques de te faire mal.
Je ne sais pas si je dois le remercier ou le prendre mal .
Finalement un petit sourire viens flotter sur mes lèvres, je baisse automatiquement la tête et regarde mes pieds comme si ils étaient les choses les plus intéressantes au monde.
- Tu n'as pas à être gênée ou timide quand je suis là ou quand je te parle, je ne te veux aucun mal je te le promets.
Alors que j'allais répondre la porte s'ouvre dans un grincement et Jill apparaît devant nous.
- Bonjour Lily, comment vas-tu ma grande? me demande la vieille infirmière
- Je vais bien. dis-je avec un petit sourire forcé
- Puis-je savoir qui vous êtes. demande la femme âgée en direction de monsieur Jackson.
- Je suis Matthew, Matthew Jackson. répond-t-il en lui tendant sa main
La bonne femme la lui serre en retour avant de lui demander:
- C'est vous qui venez aujourd'hui pour adopter un de nos chères enfants, n'est-ce pas?
- Oui c'est exact. lui répond-t-il plein d'assurance
Elle se tourne vers moi et me dit d'une voix douce:
- Pourquoi es-tu venue me voir ma chérie.
- Je... je me suis fait mal tout à l'heure, je suis tombée et j'ai cassé un pot en verre, un bout s'est enfoncé dans ma main.
- Non non non quelles misères te sont encore arrivées, tu es tombée toute seule?
Je sens l'homme à côté de moi me regarder alors que je me mords la lèvre ne voulant pas révéler ce qu'il c'est réellement passé.
- Oui j'ai trébuché en sortant de la salle de bain.
Je vois bien que Jill ne me crois pas mais elle ne rajoute rien.
- Entre ma grande je vais te retirer ça tout de suite.
Elle s'écarte du passage et je lance un regard furtif à monsieur Jackson avant de m'engouffrer à l'intérieur.
Jill arrive une minute plus tard, elle me demande de m'installer sur sa table d'auscultation avant de se couper elle même au milieu de sa phrase.
Je me gratte le bras nerveusement en la regardant apeurée.
- Excuse-moi ma grande viens-là. me dit-elle compatissante en montrant la chaise près de son bureau.
Je m'y installe immédiatement et la vieille infirmière ramène tout ce qu'il faut à côté de moi.
Pendant qu'elle prend l'initiative de me raconter des choses diverses et variées, elle me retire le petit bout en verre, logé dans ma main, sans oublier de me désinfecter à la fin.
- Tu as de la chance ma grande il ne s'était pas enfoncé très profondément. Tu n'auras pas besoin de points de sutures, dans deux trois jours tu auras une jolie croûte et dans un peu plus d'une semaine tu n'auras plus rien. Je vais te faire un bandage comme ça tu ne risque pas d'avoir des infections ou de saigner encore une fois.
Une fois qu'elle a fini de me soigner je la remercie avec un grand sourire et lui signale les bouts de verre à l'étage supérieur avant de sortir.
Je suis étonnée de voir l'homme qui m'a accompagné assis sur une chaise devant l'infirmerie.
- Que que faites-vous ici? dis-je étonnée et toujours autant intimidée par son assurance
- Je t'attendais je voulais m'assurer que tout allait bien. me dit-il comme si c'était la chose la plus normale du monde
Quand il se lève je me rends compte qu'il est vraiment très grand et que je suis vraiment très petite.
- C'est gentil merci mais ne vous en faites pas tout va bien. dis-je dans un souffle
Il m'ébouriffe les cheveux et son audace m'impressionne.
- Je pense que tu peux me tutoyer maintenant, non?
J'ose lui adresser un petit sourire et lui répond que cela me mettrai effectivement plus à l'aise.
Il regarde sa montre et je demande curieuse
- Quelle heure est-il?
- Il est 10h28, je suis presque en retard pour mon rendez-vous avec monsieur Williams.
- Ohh désolée. dis-je en me rendant compte que si il est en retard ce sera de ma faute
- Tu n'as pas besoin de t'excuser à chaque fois que je te dis quelque chose si je suis en retard ce n'est pas de ta faute c'est moi qui ai choisi de t'accompagner et non toi qui m'a forcé.
O Dios Mios.
Je rougis de la tête aux pieds devant la force de caractère de l'homme en face de moi.
- S'il te plaît ne te sens pas mal par ce que je viens de te dire, ce n'était pas le but.
J'hoche la tête et nous commençons à marcher en direction du bureau de monsieur Williams pour la deuxième fois.
Une fois devant son bureau, Matthew, enfin monsieur Jackson toque à la porte et cette fois-ci cette dernière s'ouvre.
Quand le directeur de mon orphelinat nous voit, il nous adresse un grand sourire.
- J'ai bien cru que vous alliez être en retard. dit-il en s'adressant au futur adopteur
- Ne vous en faites pas je ne suis jamais en retard.
Me sentant de trop je prends l'initiative de vouloir m'en aller.
- Je... Je crois que je vais y aller. dis-je tout de même un peu gênée
- Et bien à tout à l'heure Lily, les autres sont dans la salle principal tu devrais les rejoindre nous n'allons pas tarder à arriver. me dit le directeur de l'orphelinat avec un petit sourire
Monsieur Jackson me regarde et je ne serais pas dire ce qu'il pense en ce moment.
- Ça a été un plaisir de te rencontrer. me dit-il au même moment
Je prends cette phrase comme formule de politesse, il ne peux pas avoir été ravi de me rencontrer alors qu'il a dû m'accompagner à l'infirmerie parce que je m'étais enfoncée bêtement un bout de verre dans la main.
Je leur fais un petit signe de la main avant de me retourner et de partir.
Lorsque j'arrive dans la salle la plus grande de l'orphelinat, qui se trouve juste en face des escaliers du grand hall, je m'arrête quelques secondes et souffle un grand coup.
Quand je me retrouve à l'intérieur de la pièce beaucoup de regards et de têtes se tournent dans ma direction. Je fais comme si je n'avais rien vu et inspecte rapidement la pièce d'un regard.
Les tables qui prennent habituellement une grande partie de cette pièce ont toutes été retirées et une estrade a été montée dans le fond de la pièce, des chaises sont positionnées devant. La plupart sont déjà occupées et principalement par des filles.
Il n'y a pas beaucoup de chaises sûrement une vingtaine, ce qui signifie que malgré qu'il veuille discuter avec nous Matthew as déjà fait une présélection.
Je fronce les sourcils ne comprenant alors pas pourquoi je suis ici. Pourquoi m'a-t-il choisi parmi tous les enfants de cet orphelinat ?
Je secoue la tête vaguement avant de m'asseoir sur une des chaises du fond de la pièce, une des seules libres d'ailleurs.
Le stresse commence alors à monter en moi et ce n'est pas bon signe, je serre les manches de mon pull de toutes mes forces.
Avant de baisser la tête les joues rouges et de prier intérieurement pour que cette journée se finisse rapidement.
Au bout de quelques minutes, les portes de la grande salle s'ouvrent et Monsieur Williams, accompagné de Monsieur Jackson s'engouffrent à l'intérieur.
Je leur jette un coup d'oeil furtif avant de me retourner, toujours autant stressée.
Quand ils passent à côté de moi, Monsieur Jackson ralenti sa marche et me fais un petit sourire qui me donne l'impression que mon coeur est plongé dans une source chaude.
Lui et Mr Williams arrivent rapidement aux pieds de l'estrade provisoire. Ils empruntent les petits escaliers qui se situent sur le côté gauche de cette dernière pour se retrouver aux yeux de tous.
Ils se placent au centre et attendent le silence avant de commencer.
- Bonjour à toutes et à tous! s'exclame Monsieur Jackson le regard balayant la pièce le sourire aux lèvres
La plupart des personnes dans la salle lui retourne sa salutation en cœur mais je n'en fais pas parti.
Comme à mon habitude j'observe les personnes présentent autour de moi.
Tous les regards sans exceptions son braqués sur l'homme qui s'apprête à parler.
Il n'y a aucun son dans la salle, ce qui peut paraître étonnant.
L'atmosphère est lourde et l'impression que tout le monde retient son souffle me saute aux yeux.
C'est comme si la vingtaine de personnes présentent respiraient en harmonie, comme une seule et même personne.
L'homme au centre de l'attention brise alors ce silence.
- Je suis Mr Jackson, mais je crois que vous le savez tous. dit-il sur un ton calme et maîtrisé saupoudré d'humour
Quelques personnes dans la salle se laissent aller à un léger rire avant qu'il ne reprenne:
- Comme vous l'a expliqué Mr Williams, je suis ici pour adopter l'un ou l'une d'entre vous.
Pour que tout se passe bien et que je ne fasse pas mon choix à la vas vite, j'aimerais que vous vous présentiez, rapidement, chacun votre tour.
Bien évidemment le respect et requis pour cet exercice, vous devait être capable d'écouter vos camarades se présenter sans causer d'interruption.
J'arrive à sentir qu'il pèse chacun de ses mots pour que nous ne puissions qu'être intéressés par ses paroles. Il est doué et sait ce qu'il fait, comme s'il avait déjà fait ça toute sa vie.
Il fait alors signe à quelqu'un de commencer à parler. Très vite, les présentations s'enchaînent et le temps qui les accompagne ne fait qu'accélérer à son tour.
Sans le vouloir je me plonge dans mes pensées, inintéressée par les présentations de personnes n'ayant aucunes considérations pour moi.
Une heure est peut être passée depuis le début de cet exercice et peut être même plus mais qu'importe.
Soudain tous les regards de la salle se braquent sur moi et mes yeux s'équarquillent, je ne suis pas prête!
Monsieur Jackson me fait signe de me lever mais mes jambes restent désespérément ancrées dans le sol.
Mes genoux se mettent alors à trembler incontrôlablement et des sueurs froides coulent le long de mon échine.
C'est à mon tour de me lever et de parler... C'est à mon tour de me lever et de parler... C'est à mon tour de me lever et de parler.
Je me répète cette phrases plusieurs fois dans l'espoir de faire réagir mon corps mais rien n'y fais... Je suis complètement paralysée.
Je commence à paniquer et les battements de mon cœur résonnent dans mes tempes. Je sens mes joues chauffer et je relève le tête apeurée.
Monsieur Jackson et Monsieur Williams me regardent tous deux inquiets.
Je joue avec mon bandage avant de me stopper en sentant une douleur aiguë prendre par de ma main.
Je croise les doigts en effectuant une rapide prière et jetant un dernier coup d'oeil à l'estrade.
Je me hisse lentement sur mes jambes ne me rendant pas compte de l'effort que je réalise.
Une fois mon regard situé entre mes deux pieds j'entrouvre les lèvres et respire timidement.
Je peux le faire.
Je peux y arriver.
Mes lèvres se mettent alors à trembler, la panique commence à refaire surface.
Je les mordille et prononce quelques mots presque inaudibles:
- Sa... Salut... M... Moi c'est Lily.
Je me mords l'intérieur des joues de toutes mes forces n'appréciant ni la position ni le situation dans laquelle je me trouve.
Ne me dit pas que ces imbéciles t'effraient ma belle. Je croyais t'avoir endurci...
Mes yeux s'ouvrent grand quand cette voix vient résonner au plus profond de mon âme.
Je me lance immédiatement dans une présentation oral préférant mille fois les regards et le stresse que me procure cette salle à sa voix et à la peur qu'elle engendre en moi.
- J'ai... J'ai 19 ans... Je... Suis... Née le 14 février 1999... Un peu cliché je sais... Ça fait... douze ans... ans ... que je suis ici... Je n'ai ja... jamais eu... d'amis... Aime bien... chanter et... et le... le rose.
Je cligne des yeux et je sens des larmes glisser sur mes joues. NON. C'est pas vrai... Je suis un vrai fardeau.
Un sanglot s'échappe d'entre mes lèvres et je me rassois immédiatement la tête définitivement baissée.
Une fois que je suis persuadée qu'ils ont tous détourné leur attention de moi. Je me lève le plus rapidement possible et quitte la salle. J'ai le temps d'apercevoir quelques visages choqués avant que la porte ne se referme sur eux.
J'avance d'un pas pressé vers la cours de l'orphelinat. J'ouvre la grande porte fenêtre et l'air frais me fouette le visage en un claquement de doigts.
Je cours me réfugier dans ma cachette préférée, sous un saule pleureur. Je m'affaisse contre ce vieil arbre et mes jambes cèdent sous mon poids.
L'écorce de l'arbre me griffe le cou et les jambes emais je ne ressens aucunes douleurs.
Je fixe le ciel pendant plusieurs secondes alors que sur mes joues une vrai tornade de larmes tourbillonne sans s'arrêter.
J'adore les nuages...
Ils sont si beaux...
Qu'est ce que j'aime les observer...
Mi mama adorait les prendre en photos, cela pouvait alors durer une après-midi entière. Une après-midi à observer la beauté du ciel avec ma mère, je pourrais tout donner pour revivre même pendant quelques secondes ces instants.
Je réalise alors par la même occasion que mes chances d'être adopter viennent d'être brisées.
Et mes pleurs qui étaient jusqu'à là silencieux se transforment en énormes sanglots à peine cachés.
J'enfouis mon visage entre mes genoux me laissant aller à mes pleurs.
Qu'est ce que je suis ridicule!
Ce n'est pas comme ça que je risque de prendre ma vie en main.
Mais mon coeur me fait tellement mal...
Mes pleurs redoublent, je tente de vider mon esprit, mais rien n'y fait.
Tu es si faible.
Je suis lamentable.
Je me comporte comme une petite fille.
Tout me paraît si dur.
Je me ressaisis et essuie mes larmes d'un revers de manche.
Au lieu d'être la à me morfondre j'aurais dû rester dans cette salle.
Je fais preuve d'un grand manque de respect envers monsieur Jackson qui a eu l'amabilité de m'aider ce matin.
Je me recroqueville sur moi même, honteuse, glissant mes mains dans mes cheveux.
Le claquement d'une porte me fais sursauter et j'entrouvre les yeux.
Ma tête me fais affreusement mal, comme si un marteau piqueur allumé s'y trouvait.
Le bout de mon nez me pique légèrement et un étau vient enserrer ma gorge. Je recommence à pleurer silencieusement et je ne n'arrive pas, malgré moi à stopper cette nouvelle vague de chagrin.
Une silhouette s'arrête juste devant moi et je reconnais immédiatement le costume de Monsieur Jackson.
Il se baisse et pose l'une de ses mains sur mes genoux. Je sens qu'à travers mes larmes je rougis furieusement.
Il me fait relever la tête avant de s'assoir à mes côtés. Il glisse quelques unes de mes mèches rebelles derrière mon oreille droite avant de passer son pouce sur les larmes devalant mes joues.
Je fais tout pour éviter son regard et cela semble marcher pendant quelques secondes.
- Ça va sweetheart? me demande-t- il dans un souffle
Je tourne automatiquement mes yeux vers lui, le regard empli de larmes.
Une chose est sûre désormais, ses yeux sont bleus et non verts.
Je ferme les yeux pour tenter de calmer mes pleurs.
Deux bras m'encerclent et je me sens à l'abri du danger pour la première fois depuis bien longtemps.
Monsieur Jackson me caresse les cheveux, en me murmurant des paroles réconfortantes pour m'aider à me calmer.
En douze ans c'est le premier geste affectueux au quel j'ai eu droit.
Le temps passe et même lorsque je suis calmée, aucun de nous ne parle: je crois qu'on trouve tous les deux ce silence agréable.
Je me sens bien, ici, dans ses bras c'est tellement reposant.
J'inspire discrètement son parfums et cette proximité me procure un léger frisson.
Au fur est à mesure que le temps avance ma tête vient se déposer sur son épaule et mes yeux se ferment lentement.
Alors que je commence tout juste à m'endormir l'homme à mes côtés me secoue délicatement l'épaule.
Un sourire flotte sur ses lèvres et les coins de mes lèvres tressaillent avant de se relever.
Il m'avoue alors:
- Je suis content de te voir sourire de nouveau sweetheart, ton sourire m'avait manqué...
- Je... Euh... Mer... Merci... bégaillais-je prise de cours
- Qu'est ce que je t'ai dit tout à l'heure? me dit-il un peu plus sérieux les sourcils légèrement froncés
- De... De ne pas être timide avec toi? dis-je incertaine
- Oui exact... Alors fait attention s'il te plait... Me répond-t-il le ton plus doux
J'hoche la tête et me décolle de lui.
Je réajuste me tenue en tapotant aux endroits sales avant de lui adresser un petit sourire timide le teint rougis.
- J'ai quelques chose à te donner. me dit-il dans un souffle
Je penche ma tête sur le côté et fronce les sourcils, que peut-il bien vouloir me donner?
Il se retourne et attrape quelque chose derrière lui.
Il me tend alors un dossier avec un sourire en coin.
Je l'attrape et tente de paraître indifférente quand sa main frôle la mienne.
Je lui jette en dernier coup d'œil avant que mes yeux ne balayent du regard l'objet entre mes mains.
Soudain mon cœur chute de trois étages et mon souffle se coupe.
Je tente d'assimiler toutes les nouvelles informations en ma possession le cœur battant.
Quand je lis l'énorme titre écrit en gras au centre du dossier, une vingtaine de larmes inondent mon visage.
Il n'y a plus aucuns doutes.
Je n'ai même pas de mots.
Pour le moment je ne peut faire qu'une chose... Pleurer.
Mes jambes tremblantes cèdent sous mon poids et je pose mes deux mains sur le sol, le souffle court.
- Hé doucement respire sweetheart. me dit l'homme en face de moi en déposant l'une de ses mains dans mon dos, inquiet
Mince... Je ne suis pas en train de rêver. C'est enfin arrivé.
Matthew me caresse le dos pour essayer de m'aider à me calmer.
À mes pleurs ce sont ajoutés des hoquets hystériques.
Je tente d'essuyer mes larmes avec le revers de mes manches mais rien y fait. Je n'arrive pas à retenir mes émotions, c'est trop pour moi.
J'ai l'impression de revivre, je suis tellement heureuse!
Je me redresse sur mes talons et saute littéralement au cou de monsieur Jackson.
Il se retrouve très vite trempé mais ne dit rien, il se contente juste de me serrer contre lui.
Je n'ai toujours pas les mots pour exprimer ma joie et ma surprise.
- Mer...ci... Merci... Mer...ci... lui soufflais-je à l'oreille entre plusieurs sanglots
- Ne me remercie pas maintenant, lis d'abord ce dossier. me répond-t-il la voix douce avec un accent anglo-saxon prononcé
Je me recule et il tente d'essuyer mes larmes.
Je pose mes fesses sur le sol avant de croiser les jambes. L'herbe vient chatouiller l'intérieur de mes cuisses, ce qui me fait légèrement froncer les sourcils.
Je lève la tête vers le ciel et souffle un grand coup. Un vent léger vient me décoiffer, et je prend alors conscience que tout ceci ne vient pas de mon imagination mais est au contraire bien réel.
Matthew me retend le dossier qui m'avait échappé des mains et je l'attrape délicatement.
Je souffle une nouvelle fois avant d'enfin poser les yeux dessus une nouvelle fois.
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DOSSIER D'ADOPTION D'UN ÉLÈVE DE L'ORPHELINAT GREENHOUSE
Ce dossier sera présenté à un élève de l'orphelinat GreenHouse, si un adulte extérieur à l'établissement, décide de devenir son/sa tuteur/tutrice légal/légale.
Pour pouvoir adopter cet enfant le futur tuteur légal, doit remplir toutes les conditions requises:
- Le futur parents doit avoir entre 21 et 55 ans.
- Il doit avoir un domicile fixe, où l'enfant aura la place de vivre et de s'épanouir. Tout domicile sera inspecté par le directeur de l'établissement, en personne, de façon à ce qu'il juge personnellement et impartiellement la qualité domicile.
- Dans sa nouvelle demeure l'enfant devra pourvoir compter sur une personne qui sait lire, parler anglais et écrire.
- Il n'est pas nécessaire que le futur tuteur soit marié pour adopter.
- Il ne doit pas avoir de casier judiciaire.
- Il ne doit pas non plus prendre des substances illicites, des tests seront effectués sur pour vérifier qu'il n'en consomme pas régulièrement.
- Le tuteur doit être capable d'aider son futur enfant à faire ses devoirs et à travailler de la maison.
- Si l'enfant est adopté, il prendra automatiquement le nom de son tuteur.
- Il doit avoir les moyens de satisfaire et de nourrir cet enfant. Et donc d'avoir une situation financière stable.
- Si le futur tuteur a déjà des enfants alors l'enfant qu'il souhaite adopter doit rencontrer à plusieurs reprises ces derniers, avant d'emménager avec le tuteur. Si l'enfant qu'il souhaite adopter ne s'entend pas avec ses enfants alors l'adoption sera annulée.
Toutes les conditions doivent être respecter par le futur tuteur légal. L'enfant qu'il souhaite adopter, doit être en accord avec ce choix et non contre. Le premier mois de l'adoption le directeur passera une fois par semaine au domicile du tuteur légal, mais ces rendez-vous ne seront pas fixe, ce qui fait que le tuteur ne sera en aucun cas au courant de ces visites. Si tous les dossiers ont bien étaient lu par le futur tuteur et l'enfant concerné, alors l'enfant n'a plus qu'à décider seul de sa réponse. Si il accepte ce dossier il n'a qu'à signer en bas de cette feuille avec son nouveau tuteur légal. Si l'enfant n'est pas en accord avec cette adoption il n'a qu'à déchirer le dossier ci-joint en deux. Si le dossier est accepté l'enfant peut partir vivre chez son nouveau tuteur légal à n'importe quel moment.
Formulaire réalisé par la direction de l'orphelinat GreenHouse, et approuvé par la direction des orphelinats des États-Unis et de l'Ohio. Cordialement.
Signature du directeur
de l'établissement:
Signature du
nouveau tuteur légal:
Signature de l'enfant
concerné:
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Mes doigts continuent de glisser entre les feuilles du dossier malgré ma lecture terminée.
Je n'en reviens toujours pas...
Il n'y a plus aucunes traces de larmes sur mes joues mais pourtant je ne souris plus non plus.
Tu vas être adopté Lily.
Tu ne seras plus orpheline.
Tu auras un parent.
Cet endroit, ces gens, feront parti du passé. Ton passé.
Tu vas pouvoir avancer, grâce à cette homme.
Tu auras un chez toi...
- Lily?
Je relève la tête vers l'homme qui m'a interpelé.
- Oui... dis-je dans un souffle
- Tout vas bien? me demande-t-il inquiet
- Je... Je crois... Que je ne réalise pas... ce qu'il m'arrive. avouais-je le regard vide
Il me regarde avec un petit sourire avant de me dire qu'il n'y a rien d'étonnant.
- Que veux tu faire ma grande?
- Partir?
- Et bien ça peu se faire si tu acceptes de venir avec moi, je sais que tout ça va te faire beaucoup de changement mais je serais là avec toi et même si l'on ne se connaît pas très bien pour le moment, mon petit doigt me dit que l'on va très bien s'entendre tous les deux.
Il se lève pendant qu'il fini sa dernière phrase et je ne peux qu'être suspendue à ses lèvres et boire chacunes de ses paroles.
Cet homme... J'ai confiance en lui.
Enfin je crois que c'est de la confiance je n'en suis pas encore sûre.
- D'accord. dis-je en le regardant
- D'accord quoi? me dit-il en rigolant.
Son rire... Il est... Si beau.
- Je veux bien venir avec vou... toi. lui dis-je avec un grand sourire
Il m'adresse un petit sourire en retour en me tendant sa main pour m'aider à me relever. Je le regarde fascinée avant de finir très vite sur mes deux jambes.
Je sers le dossier dans mes mains, de toutes mes forces, ne voulant pas le perdre.
Matthew Jackson commence à avancer et je le suis sans tarder.
En quelques enjambées il se retrouve devant la porte fenêtre et j'ai bien du mal à le suivre avec mes petites jambes. Je le vois sourire mais il ne dis rien.
Il ouvre la porte et me la tient à mon passage, galant à ce que je vois.
Je lui souffle un petit merci avant que nous ne reprenions notre marche.
Une fois dans le grand haul, nous croisons beaucoup de monde, la plupart se dirigeant vers la cantine pour aller manger.
Je sens plusieurs regards se tourner dans ma direction me mettant mal à l'aise. Je me gratte l'arrière de la tête avant de baisser cette dernière en essayant de me faire toute petite.
- Tu veux que je monte avec toi chercher tes affaires sweetheart? s'écrit Matthew pour que je l'entende malgré ce brouhaha
- Oui je veux bien s'il te plait. lui demandais-je ayant trop peur de croiser Samantha ou Abigaïl
Je sens une grande main venir se poser dans le creux de mon dos, ce qui provoque la contraction de tous le muscles de mon corps. Je déteste être touchée. Je décide de faire un effort et de serrer les dents. Il me met déjà moins mal à l'aise que d'autre.
Une fois dans ma chambre, je lui fais une rapide présentation de cette dernière. Il me promet alors que chez lui j'aurais ma propre chambre.
- Veux tu que je t'attende devant pendant que tu fais ta valise?
- Je veux bien si ça ne te dérange pas s'il te plait... dis-je gênée
- Ça ne me dérange pas du tout ne t'en fais pas. me dit-il avec un petit clin d'oeil
Il sort immédiatement et referme la porte dernière lui.
Je souffle un grand coup avant de tourner sur moi même.
Je quitte enfin cet endroit, je n'y crois pas!
Je décide de ne pas tarder et commence immédiatement à faire ma valise.
Je sais déjà ce que je vais mettre dedans: mes vêtements, une photo de mes parents et moi, et ce dossier.
Oui je sais c'est peu mais je ne veux pas bourrer ma valise de vieux souvenirs et en plus ce sont les seules choses que je possède.
De toute façon je veux recommencer ma vie et prendre un nouveau départ.
Je ferme ma valise et mon coeur se sert quand je réalise qu'elle paraît vraiment vide et que je n'ai pas de souvenirs matériels auxquels m'attacher.
Je dépose ma valise sur mon lit, ou plutôt mon ancien lit et pars ouvrir la porte.
- J'ai fini. dis-je avec un petit sourire.
- Déjà?! T'as été rapide. me répond mon interlocuteur avec de grands yeux, étonné
- J'avais vraiment pas beaucoup d'affaires tu sais... dis-je en me grattant le front
Matthew entre pour la deuxième dans ma chambre avant de refermer la porte.
Il va s'asseoir à côté de ma valise, et mon lit grinçant lui fait serrer les dents.
L'envie de rire vient me chatouille l'estomac mais je me retiens de justesse.
Je vais m'asseoir sur le lit en face de lui et lui demande un peu hésitante:
- Et si on signait ce dossier?
- Tu as raison monsieur Williams a déjà signé, on aurait dû le faire tout à l'heure, je commence déjà à être un mauvais tuteur. dit-il avec un immense sourire qui me fait légèrement rire
Il sort un stylo de la poche intérieur de sa veste et me le tend.
Je cherche entre les lignes les endroits qui ont besoins de ma signature. Puis une fois tout signé je le passe à Matthew qui fait de même.
- Alors prête à quitter cet endroit mademoiselle Jackson?
- Si c'est avec vous, oui. dis-je avec un petit ton aristocratique
Il rigole devant l'intonation que j'ai utilisé et je rougis avant de rire avec lui.
Ma rencontre du jour se lève et me tend sa main le regard flamboyant.
À partir d'aujourd'hui je m'engage à faire confiance à cet homme.
J'attrape sa main sans hésiter une seule seconde, comme on attrape une seconde chance s'offrant à nous.
En quelques minutes nous nous retrouvons devant la porte de sortie de l'orphelinat.
Nous sommes pourtant passer voir monsieur Williams et Jill avant de partir, les seules personnes avec qui je m'entendais un temps soit peu ici.
Mais j'ai l'impression que tout c'est passé en une fraction de seconde, en un battement de cil.
Pour la première depuis des années je décide de croire en une vie meilleure. Grâce à cet homme, que je ne connais pas encore.
Matthew Jackson ouvre la porte et se retrouve au centre d'un halot de lumière, comme un ange au milieu d'une peinture. Es ce mon ange gardien?
Je souffle prenant mon courage à deux mains, je peux le faire, je peux faire une croix sur tout ce que je connais, pour me créer un nouveau monde. Je l'ai déjà fait, non?
Je passe l'entre de la porte, préférant me dire que ma vie vient de recommencer.
Et c'est face au soleil aveuglant m'empêchant de voir où je vais que j'attrape la main de l'homme responsable de mon futur bonheur.
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Enfin?
Comment avez vous trouvé ce chapitre mes chéris?