Une sensation de plénitude m'envahit.
Jusqu'à qu'un éclat de voix retentit sauvagement :
- La meute du Nord a franchi nos frontières !
~~
Deux mains puissantes empoignèrent mes frêles épaules alors que je ne savais où poser les yeux devant toute cette soudaine agitation. Mon état de transe semblait bien lointain.
- Alicia !
Je levais mon regard bleu vers ceux verts de mon âme-sœur.
- Écoute-moi bien. Philippe va t'emmener à l'abri dans la maison. Tu n'en bougeras pas tant que je ne suis pas venu te chercher.
Un frisson me parcourut. Je ne voulais pas une nouvelle fois me retrouvait seule dans cette grande maison effrayante.
- Où est ta grand-mère ?
- Dans sa maison. Dit-il avec incompréhension, ne comprenant pas que je voulais un semblant de compagnie.
Ne me laissant pas le temps de m'expliquer, il ordonna au médecin de m'emmener. Il me prenait rapidement dans une étreinte avant de me poser un baiser sur le front.
Le médecin m'emmena dans la maison de Chris et me pria de ne pas sortir.
Je le regardais sortir avec une moue de tristesse.
Et me voilà dans le silence, malgré les bruits à l'extérieur. Écartée.
Je soufflais et poussais un cri de rage en m'allongeant.
Je restais un moment dans cette position avant d'entendre un bruit sourd. Je sursautais brutalement avant de me redresser, sur mes gardes.
Je parcourais le salon des yeux avant de me détendre légèrement, et allait décider de monter dans ma chambre, quand j'allais vers la cuisine pour me prendre quelque chose à manger.
Étrangement, j'avais très faim.
Mon ventre comblé, je revenais dans la grande salle. Alors que mon regard se baladait encore une fois naturellement, il se bloqua.
J'étais sûre qu'avant mon entrée dans la cuisine ce fauteuil n'était pas tourné comme il l'était maintenant. Cette effrayante constatation me serra la gorge de peur, je ne voulais pas que cette nuit seule recommence.
Cependant, je pense que ma prière ne fut pas assez sincère puisque quelques secondes plus tard, un autre bruit se fit entendre.
Ok, alors là je rigole plus.
Sans même voir l'étendue de mon prétendu courage, je me précipitais vers la porte d'entrée, l'ouvrais d'un grand geste et partait en courant sans me retourner.
Je ne resterais pas une minute de plus dans cette baraque hantée.
Seulement, la vision que j'eus en sortant, ne me plus pas davantage. La nuit était à son paroxysme et je n'y voyais quasiment rien.
Un silence inquiétant me faisait face. Seul le bruit du vent venait quelque fois le combler.
Ce calme me provoqua des frissons glacés.
Ou peut-être est-ce simplement la température.
Qui sait.
Je regardais autour de moi comme une idiote, essayant d'apercevoir ou d'entendre quelque chose. J'attendais cinq bonne minutes avant que le froid ne commence vraiment à me geler la peau. J'eus la pensée de rentrer raisonnablement dans la maison et aller me mettre devant un bon film. Mais sachant que mes amis se battaient à quelques centaines de mètres et que rester seule ne m'enchantais pas, je ne pouvais tout bonnement pas réaliser cette pensée.
Rester plus qu'à savoir quoi faire.
Une idée lumineuse me vint, mais je déchantais vite en ne voyant aucune maison allumée. Je n'allais pas faire toutes les habitations pour aller déranger la grand-mère de Chris.
Je me frottais énergiquement les bras avant de déglutir et commençait à m'éloigner du camp pour essayer de trouver quelqu'un.
Peut-être pourrais-je les aider ?
Ouais, non ne rêve pas trop Alicia. Tu vas sûrement les gêner plus qu'autre chose.
J'haussais les épaules de manière désinvolte face à cette constatation. Tant pis.
Et continuant sur ma belle pensée égoïste, je m'enfonçais dans un chemin.
*
Mais où étaient-ils ?
Cette phrase se répétait sans cesse dans mon esprit alors que je marchais depuis déjà dix minutes.
L'annonce avait été annoncé avec surprise. Comment avaient-ils pu s'éloigner autant ?
Je soupirais avant de me concentrer pour ne pas tomber à cause d'une racine d'arbre. Les bois ne m'avaient jamais semblé aussi mornes et effrayants.
Un hululement de hibou me fit sursauter et je jurais silencieusement contre l'animal.
Finalement, je m'arrêtais pour faire un tour sur moi-même et finir par conclure que j'étais perdue.
Un bien beau cliché, me diriez-vous.
Je tapais des pieds avant d'arranger mes cheveux. Allez concentre-toi, Al'.
Je plissais les yeux, essayant de discerner une lumière ou autre indication de vie environnante. Rien. Nada. Que dalle.
J'allais une nouvelle fois souffler de fatigue et de stress, avant que je n'entendes un long hurlement. Un hurlement de loup.
Sans vraiment savoir pourquoi, je souriais comme une folle avant de me précipiter vers la source du bruit, qui ne me semblait pas vraiment lointaine.
Pitié, pitié...
Après avoir couru comme une gazelle, je débouchais dans une gigantesque clairière. Je freinais maladroitement ma course folle avant de reprendre mon souffle bruyamment. Je gardais les yeux rivés au sol tout le long du processus avant de me relever lentement, une fois mon souffle récupéré.
Je regardais autour de moi. Des arbres, des arbres, des arbres, des loups, et encore des arbres.
Alala...
Stop.
Des loups ?
J'eus un sursaut en comprenant mon observation.
Je plissais une nouvelle fois les yeux et mon verdict fut sans appel.
J'étais en plein milieu d'une confrontation entre deux meutes.
La vie est belle, non ?
Les grognements des loups se firent entendre, sûrement pas vraiment content qu'on les interrompe.
J'essayais de reconnaître de quel côté était la meute de mon âme-sœur, sachant qu'il n'y avait pas des combats de meutes à chaque coin de rue, Chris devait être vers l'un des deux côtés.
Je ne bougeais toujours pas d'un pouce et continuais à regarder lentement de chaque côté.
Mais quand quelqu'un de ma meute allait-il se bouger le cul pour venir me chercher ?!
Plusieurs secondes passèrent, quand un loup décida de me faire vite fait dégager de là. Il s'avança dangereusement, m'indiquant de déguerpir rapidement si je ne voulais pas y passer.
Instinctivement je reculais mais les avertissements de l'autre meute empêchèrent mes jambes de continuer.
J'étais immanquablement bloquée.
Je devais me rendre à l'évidence : la meute de Chris n'était pas là.
A croire que cette zone était infestée de loups agressifs et bagarreurs.
Soudainement un grognement arrêta le loup dans son avancée vers ma personne.
Étrangement ce grognement était moins sourd et moins masculin.
Je cherchais des yeux le loup à l'origine de cette intervention, avant de voir avancer un loup brun aux yeux oranges perçants.
Un Bêta.
Il fit un signe de tête au loup pour le faire reculer. Ce qu'il fit sans discuter.
Il posa ensuite son regard sombre sur moi.
La meute derrière moi ne faisait plus aucun bruit, alors qu'il continuait toujours de me fixer.
Un silence prenait place et j'eus toutes les peines à ne pas amorcer un mouvement pour partir en courant.
Finalement, le loup brun se détourna et se mît dos à moi.
J'allais relâcher mon souffle quand je vis son corps se mouvoir et bougeait horriblement.
Ses os craquèrent et sa peau s'étira.
Quelques secondes plus tard, un corps humain nu me fit face.
Immédiatement, un autre loup apporta un peignoir pour la couvrir.
Car oui, ce n'était pas un homme.
A part s'il aimait les cheveux en bas du dos.
La silhouette se couvrit de l'habit avant de se retourner vers moi.
Mon air sembla se raréfier à l'intérieur de mes poumons.
Pourquoi ?
Que faisait-elle là ?
- Salut Alicia, ça faisait longtemps.
Son sourire en coin ne semblait plus aussi taquin et innocent que celui qu'elle affichait autrefois.
Son aura semblait différente.
Ses yeux sombres me provoquèrent des frissons désagréables.
- Tania ?
Sss
PS : la publication des chapitres sera plus aléatoire, comme les cours reprennent.