Il la regarda passer devant lui entourée de ses amis qui lui parlaient, un sourire rempli de splendeur sur les lèvres. Elle ne l'avait pas remarqué, entourée de toutes ces personnes qui semblaient l'aimer avec force. Et pourquoi l'aurait-elle remarqué? Elle était populaire parmi les siens, tellement couvée et aimée qu'elle n'avait pas besoin de quoique ce soit de plus. Elle était tellement splendide et tellement lumineuse qu'on ne pouvait que l'aimer. Elle était comme un soleil autour duquel les gens ne pouvaient pas s'empêcher de graviter.
Ce sourire radieux... Ce sourire radieux donnait presque de la joie dans le cœur fatigué de l'homme. Il n'avait jamais vu un sourire aussi bienveillant et aussi rempli d'amour et de joie de vivre. Il n'avait jamais vu des lèvres aussi fines et aussi gracieusement dessinées avant celles-ci. Elles étaient colorées, du rose vif et pastel que pouvaient avoir les plus belles fleurs qui s'épanouissaient sous le soleil. Elles donnaient des sourires pleines de vigueur et de rires, qui faisaient sourire de joie et d'amour les gens qui l'entouraient. Ce sourire était plus attractif que les rayons du soleil qui brillaient pourtant de mille feux, au cours de cette journée qui était douce et pleins de chaleur bienfaisante.
Elle regardait une de ses amies, avec ses grands yeux qui renvoyaient autant d'amour et de joie de vivre que ces lèvres, pleins de rires et de lumière. Ils semblaient briller de mille feux, mieux que toutes les plus belles émeraudes du monde, à qui ils avaient emprunté leur couleur profonde et pleins d'éclairs.
Elle avait des yeux tellement grands et tellement doux qu'on avait envie qu'ils se posent sur soi afin d'être caressé par elle. Et les gens qui se trouvaient autour d'elle semblaient s'en rendre compte puisqu'ils ne cessaient de rechercher son regard. Ce maquillage plein de noirceur qu'elle mettait pour faire ressortir la profondeur de ses yeux ne faisait que renforcer la magnificence de ses yeux, tout comme il semblait mettre en avant la finesse de chacun de ses traits, détaillés par les rayons du soleil qui venaient la recouvrir.
Son visage avait des traits de porcelaine, une peau lisse et délicate qui ne semblait pas subir les mauvais effets de la vie, même si cette peau était halée, montrant les longs moments qu'elle pouvait passer à profiter des rayons que le jeune homme avait du mal à supporter. Et ses cheveux foncés ne faisaient que renforcer cette impression de finesse: elle avait de longs cheveux qui semblaient être couleur prune, mais d'un prune qui virait parfois au noir, et qui tombaient autour de son visage en une cascade de boucles plus parfaites afin de venir mourir dans le creux de ses reins. Malgré-cela, la lumière semblait se refléter dans ses cheveux, et ces reflets avaient quelque chose d'étincelant et de parfait. Elle ne ressemblait à aucune femme qu'il avait pu apercevoir jusqu'à présent...
La manière dont elle s'habillait et mettait en avant les formes de son corps était une source d'étonnement pour lui: une jupe aux contours amples et lâches, venant mourir sur ses genoux, mettait en avant la finesse de ses jambes; une espèce de débardeur aux bretelles fines et au décolleté plongeant, mettait en avant la beauté de ses formes: des hanches marquées, une taille fine et des seins rebondis. Tout en elle reflétait la délicatesse. Elle était tellement lumineuse que ça en était éblouissant pour cet homme habitué à l'obscurité. Tout en elle n'était que splendeur. Et il se doutait bien que c'était elle qu'il devait rencontrer.
Lui, était le contraire de cette jeune femme. Et c'était pour cela qu'elle ne le remarquait pas! Les yeux émeraudes de cette personne reflétaient le soleil, les yeux noirs de l'homme reflétaient l'obscurité. Ils étaient plus noirs que la pire des ombres. Ils étaient profonds et noirs. Il imaginait qu'ils devaient paraître durs et hostiles pour les personnes qui vivaient en plein soleil. Ils étaient légèrement petits, légèrement en forme d'amande, ce qui rendaient son regard encore plus dur et sombre.
Et, ils s'alliaient avec le reste de son visage, un visage dur et carré, dont les os de la mâchoire étaient apparents et rendaient l'ensemble de son visage hostile. Ses lèvres étaient foncées, plus marrons qu'autre chose, et incapables de former le moindre sourire. Il avait de courts cheveux noirs qui tombaient en bataille sur son front et sur sa nuque, rendant son visage plus ombrageux. Tout en lui reflétait l'obscurité, sans même qu'il ne puisse faire quoi que ce soit pour changer l'apparence qu'il avait.
Certes, de par l'éducation qu'il avait eue, il avait un corps athlétique, qu'il habillait avec un simple jean noir et un t-shirt tout aussi noir. Sa peau était halée, mais elle ne se voyait plus sous toutes les marques qu'il pouvait avoir sur les bras et sur le torse. Il savait qu'il avait été couvert de phrases dans plusieurs langues. Et il savait que cette allure qu'il avait avec ses yeux noirs, ses cheveux noirs et tous ces tatouages, faisait peur aux gens qu'il croisait.
Il vit la jeune femme le dépasser tout en continuant de parler avec ses amis et continuer de marcher pendant quelques minutes avant de s'arrêter, comme si elle venait d'être frappée par la foudre. Elle se retourna et aperçut l'homme, qui était appuyé contre l'un des murs de la rue, les bras croisés sous ses bras.
Elle se mit à le regarder, le fixant dans les yeux avec une intensité qui le mit mal-à-l'aise. Ses yeux étaient tellement intenses et tellement lumineux qu'il avait l'impression de plonger ses yeux dans le cœur d'un soleil. Il se sentait mis à nu, comme si la jeune femme essayait de voir en lui quelque chose qu'il ne comprenait pas. Elle essayait de savoir qui il était et ce qu'il faisait dans l'endroit où elle vivait. Elle cherchait des réponses en lui, mais ne semblait pas les trouver.
L'homme était secret. Il cachait ses sentiments. Alors cette jeune femme, malgré toutes les capacités qu'elle semblait avoir pour comprendre et lire dans le cœur des gens, ne pouvait pas savoir ce qu'il faisait là. Lui-même, ne le savait pas. Un des responsables de son institut lui avait dit de se rendre dans cet endroit et qu'il allait comprendre le sens de sa mission et ce qu'il devait faire.
Il n'avait pas compris ce que cela voulait dire, mais il avait été piqué dans sa curiosité. Et quelque chose en lui lui répétait que cette femme était la raison pour laquelle il était là. Elle était la seule qui se démarquait de la masse de gens qui ne cessait de passer devant lui. Il ne savait pas ce qu'il se passait dans la tête de la jeune femme: se demandait-elle s'il était un danger pour elle? Il n'en avait aucune idée, mais il commençait à se demander ce qu'elle avait en tête. Il avait envie d'entamer une conversation avec elle afin de savoir ce qu'elle pensait lorsqu'elle apercevait un visage aussi obscur.
La jeune femme commença à s'approcher du jeune homme sans cesser de le regarder droit dans les yeux, comme si elle était attirée par lui. Mais avant qu'elle n'ait eu le temps d'arriver jusqu'à lui, il entendit une moto se mettre à vrombir dans le lointain, se rapprochant d'eux. L'homme détourna son regard de la jeune femme et commença à regarder la route, sentant une inquiétude intense au fond de son âme...
Avant qu'il n'ait pu avoir la moindre réaction, il vit une moto aussi noire que la nuit, imposante et large, arriver à leur hauteur.
Le conducteur de la moto semblait être un homme, mais il n'en était pas sûr puisqu'il portait une combinaison de motard intégrale noire et un casque noirci qui ne laissait pas paraître les traits de son visage.
Le second était un homme qui avait son âge et qui ne portait ni casque ni protection, souriant au jeune homme. Il y avait quelque chose de cruel dans les yeux. Pourquoi était-il là? Personne de leur institut n'avait le droit devenir dans ce genre d'endroits, à moins d'y être envoyé. Alors, pourquoi avait-il décidé de braver les interdits? Était-ce à cause de la présence de l'homme, ou à cause de la présence de la jeune femme?
Le regard de l'homme se déposa sur les mains de l'homme sur la moto, il comprit avec horreur ce qui allait se passer. Dans les mains de l'homme, se trouvait un fusil mitrailleur. L'homme sut que c'était la jeune femme qui était visée et ne pouvait pas se résoudre à rester inactif face à ce qu'il se passait. Il savait qu'il devait la sauver.
Il entendit la jeune femme se mettre à hurler d'une voix claire, semblant se rendre compte de l'arme dans les mains de l'homme. Ce dernier commença à tirer dans la foule, se mettant à tuer toutes les personnes qui se trouvaient autour de la jeune femme. Certaines personnes s'écroulaient au sol dans des cris de douleur, touchées par des balles de l'arme, certains blessés, d'autres morts. Des gens se mettaient à courir dans tous les sens, affolés, essayant de se cacher dans les magasins et dans les allées des immeubles.
Tout n'était plus que confusion. Tout n'était plus que désespérance. Pourquoi avait-il décidé de tuer tellement de personnes? Il était devenu fou. Il n'y avait pas d'autre explication à ce chaos sanglant. Il ne le comprenait pas. Pourquoi faisait-il cela si son but n'était que de tuer une seule personne?
Instinctivement, au bout de quelques secondes à peine, l'homme se mit en route. La jeune femme continuait de hurler, tout en se mettant à courir aussi vite qu'elle le pouvait avec ses talons hauts. Cet homme allait la poursuivre jusqu'à ce qu'elle meure. Elle pouvait courir. Cela n'allait servir à rien. Il fallait que quelqu'un la protège. Il fallait qu'elle reste près de lui. Il se fichait de ce que ses responsables lui disaient: cette jeune femme avait besoin de son aide.
Il se mit à la poursuite de la jeune femme, faisant son maximum pour éviter les gens qui couraient et ceux qui étaient étendus sur le sol. En quelques pas, il réussit à la rattraper.
Mais il ne fut pas assez rapide. Une balle siffla à côté de l'homme et vint se loger dans le bas du dos de la jeune femme. Elle poussa une plainte remplie de douleur avant des'écrouler sur le sol.
Avec difficulté, elle réussit à placer ses mains en avant avant la fin de sa chute, afin d'éviter à son visage de percuter le sol. Mais elle s'écroula sur le bitume, secouée de spasmes. Ces gens-là, lorsqu'ils étaient blessés, une partie de leur lumière commençait à s'éloigner d'eux. Ils devenaient plus sombres. C'était comme la fin d'un monde. Il l'avait appris à l'institut. Qu'allait-elle devenir maintenant qu'elle n'était plus un être de lumière pure? On ne pouvait pas supprimer ces êtres, même si on en était les ennemis. Il y avait des règles. Et l'homme qui était sur la moto ne les respectaient pas.
Il ne pouvait pas laisser faire une telle chose: ce serait le déclenchement d'une guerre dont personne ne voulait.
L'homme arriva à hauteur de la jeune femme et se rendit compte que les balles avaient arrêté de siffler. Il imaginait que l'homme devait avoir fini ses munitions et qu'il devait être en train de recharger son arme.
Il se baissa dans sa direction et la fit se retourner sur le dos, afin de pouvoir voir son visage. Celle-ci se mit à regarder l'homme avec intensité, tout en haletant. Elle avait mal. Elle avait besoin de soins. Et l'homme ne voyait qu'un seul endroit pour la mettre à l'abri, le temps qu'il comprennent ce qu'il se passait. Pour le moment, le plus important était qu'il la sauve et qu'il la soigne.
Malgré la blessure qu'elle avait, elle était belle. Elle avait cette étincelle brillante dans les yeux, cette lumière qui ne cessait d'éclairer son visage avec une intensité emplie de splendeur. Sa lumière ne semblait pas vouloir s'éteindre. Elle brillait toujours avec force. Peut-être qu'il y avait de l'espoir pour elle d'aller mieux? Il savait que ces êtres n'étaient pas faits pour la violence. Il savait qu'ils la rejetaient. Et quand il voyait la délicatesse de cette jeune femme, il ne pouvait pas s'empêcher de comprendre pourquoi...
_Tu es venu pour me tuer, c'est ça, murmura la jeune femme entre deux quintes de toux? Tu es venu me supprimer? Qu'est-ce que je t'ai fait de mal? Je n'ai jamais fait de mal à qui que ce soit. Pourquoi est-ce que tu voudrais me faire le moindre mal?
_Je ne suis pas venu te tuer, répondit l'homme d'une voix froide. Je suis venu pour t'aider... Sans attendre la moindre réponse de la jeune femme, il se baissa et passa ses mains en dessous des genoux et des épaules afin de la porter contre son torse. Automatiquement, elle passa ses bras autour du cou de l'homme. Il devait se dépêcher. Cette femme était en train de perdre son sang.
D'autant plus que l'homme sur la moto devait avoir fini de recharger son arme et qu'il allait se remettre à tirer. Le connaissant, le fait d'avoir l'un des siens dans sa ligne de mire n'allait pas lui poser problème. Il n'allait pas hésiter à le tuer. Il ne s'agissait pas seulement de sauver la vie de cet ange dont il ne comprenait pas la luminescence. Il s'agissait aussi de sauver sa propre vie.
Sans attendre, il serra un peu plus la jeune femme dans ses bras et se mit à courir loin de cet endroit, tandis que les balles se remettaient à siffler. Il fallait qu'il sauve la jeune femme. C'était la seule chose qui allait lui permettre de comprendre ce que cet homme voulait et ce que cette femme avait de particulier.
Et pour ce faire, il savait qu'il allait devoir effacer tous les souvenirs de cet être.Dans son institut, c'était le seul moyen qu'elle avait de survivre.
Ce qu'il venait de se passer n'était pas la fin de cette histoire. Ce n'était que le début... Et, il ne comptait pas abandonner cette jeune femme à son sort...