Je sors de la salle de bains, les cheveux tout trempés, j'aurais dû demander à Rumina d'aller dans un salon de coiffure, ils ont bien repoussé. Flame, lui, l'a fait et ça met en valeur ses yeux lorsqu'il a les cheveux courts.
Arwen entre dans le dortoir, elle reste souvent dans la chambre des commères. Je voudrais quand même lui dire quelques mots avant de partir.
― Arwen...
Elle me regarde avec une rage affirmée que j'en suis choquée.
― Tu es... toujours fâchée ?
Elle entrouvre la bouche.
― Si je suis toujours fâchée ? ! ricane-t-elle durement. Tu m'as menti ! (Elle se dirige dans sa chambre). Tu m'as caché plein des choses ! Ton père qui était soi-disant officier ! En fait, c'était un mensonge ! Il dirige une grande entreprise d'opium ! Je crois qu'on n'a plus rien à se dire !
― Eh, j'ai tout autant été surprise de le savoir ! Je n'ai pas revu mon père depuis que je suis ici ! Je pensais qu'il était toujours soldat !
― Arrête ! Tu me mens encore ! Je ne peux plus te croire !
― Je suis désolée, Arwen... Je te le jure, je ne le savais pas !
Elle retire son sac de voyage dans son armoire puis me fixe.
― Eh le matin où tu es sortie, d'où est-ce que tu venais ?
― Je suis allée voir... quelqu'un, Mais je ne peux rien dire... C'est compliqué...
― C'est compliqué ? s'écrie-t-elle. Je suis sûre qu'Alaska et Fiendril sont au courant ! Tu passes ton temps à fixer leur front ! J'suis sûre que vous communiquez par télépathie !
Je ne réponds rien.
Elle me fixe et rougie de colère.
― C'est bien ce que je pensais ! Il n'empêche qu'elles connaissent tes secrets alors que moi... Je te connais depuis le primaire ! Moi, j'étais censée être ta meilleure amie !
J'avale ma salive, elle n'a pas tort, mais les choses qui se sont passées sur Tétra, les infectés, elle a tout oublié... Et pour sa sécurité, je ne peux rien lui révéler.
― Quand le moment viendra, je te dirais tout, mais pour le moment, c'est trop dangereux.
Elle secoue la tête, sceptique.
— Non, il n'y aura plus de prochaine fois, Améthys. Nous allons dans différentes divisions et nous ne nous reverrons plus jamais. Nous n'avons plus rien à nous dire.
Mes yeux deviennent humides alors qu'elle commence à faire ses affaires faisant comme si je n'existais pas.
Je la laisse alors et rentre dans mon aquarium.
Je m'allonge sur le lit, livide, et je laisse mon regard errer dans le vide. Le temps passe, les lumières s'éteignent, je me lève et enfile mes chaussures. Je rejoins Flame dans les buissons, et saute dans ses bras.
― Ça ne pas va ? interroge-t-il d'une voix douce.
― Avec Arwen, tu sais... elle m'a surpris la dernière fois quand nous avons passé la nuit ensemble et je lui ai menti, alors... elle me fait la tête depuis. Et ça ne s'est pas arrangé aujourd'hui. Toute ma vie je lui ai menti au sujet de ma famille... de mes pouvoirs... Je n'ai jamais voulu ça mais...
Il me presse contre lui.
― Je sais, tu n'avais pas le choix, confie-t-il, mais je suis sûre que ça s'arrangera.
Je cligne des paupières pour effacer les larmes qui envahissent mes yeux.
― Oui, si elle réussit cette épreuve... J'ai peur qu'il lui arrive quelque chose... Avec Océane qui est infectée et les missions dont on ne sait rien...
―Si tu veux, je veillerai sur elle.
Je redresse la tête et le regarde.
― Merci. C'est très gentil de ta part.
Il me sourit et pose un baiser sur mon front.
— Au fait... j'espère que tu n'es pas jaloux parce que... j'ai passé la journée avec Rumina ?
Il pouffe de rire.
― Ça a dû être plus plaisant pour toi que pour moi. Mais non, ça va. À vrai dire, j'ai été surpris de la voir. Je ne m'y attendais pas.
― Oui, moi non plus, d'autant plus que ton père est venu te raccompagner ! J'ai eu peur qu'il s'aperçoive...
― Moi-aussi... N'empêche, il a dû... enfin je ne sais pas... Mes parents étaient imprégnés, je sais que ce n'est qu'un clone mais... il l'a quand même bien dévisagé.
― Tout le monde l'a regardée, elle était vraiment magnifique ! Intelligente, forte et courageuse.
Flame retire un de ses gants et pose sa main sur mon visage pour caresser ma joue. Son regard est à la fois doux et triste. On dirait presque que ses yeux sont humides.
― Toi aussi t'es intelligente et forte. Il faut juste que tu aies confiance en toi.
— Oui, justement c'est en cours d'apprentissage.
Il glousse puis laisse place à un regard sérieux.
— Améthys, les officiers, ne fait confiance à aucun d'entre eux, ok ?
— Oui.
— Cache leur ton don de guérison, n'utilise pas tes pouvoirs ultimes.
― Oui, ne t'inquiète pas, dis-je, en croisant mes doigts derrière son dos.
― Ne pas m'inquiéter ! ? Tu ne fais jamais ce que je te dis.
Je ris puis pose ma tête contre sa poitrine. Ses mains se resserrent sur moi, comme s'il voulait me garder. C'est vraiment notre dernière nuit aussi réelle qu'elle puisse paraître. Demain, nous serons séparés.