Note :
Pour rappel, je ne veux rien savoir des futurs épisodes (pas de titres d'épisodes, de noms de persos, d'éléments de grande ou moindre importance, RIEN). Merci de me pas me spoiler dans les commentaires.
S'il y a des épisodes récemment diffusés, il est également possible que je ne sois pas à jour. Alors au besoin demandez-moi où j'en suis avant d'en parler dans les commentaires de mes fics.
Merci.
***
Avec l'arrivée de Volpina, le combat bascule dans l'anarchie la plus totale.
Incapables de discerner les attaques réelles des illusions, Chat Noir et Ladybug doivent faire preuve d'une attention de tous les instants pour éviter de se faire prendre au piège. Chaque gigantesque sphère de papier peut s'avérer n'être qu'une diversion destinée à masquer le véritable assaut, chaque volée d'enveloppe peut dissimuler aussi bien des projectiles tranchants comme des lames de rasoir que des leurres qu'ils s'épuisent à esquiver en vain.
Rapidement, les deux héros réalisent qu'ils ne peuvent même pas se fier à leur environnement.
Visiblement inspirée par leur précédent affrontement, Volpina prend un malin plaisir à créer de faux étages et de prétendus bâtiments pour mieux perturber ses ennemis lors de leurs tentatives de retraite.
Plus d'une fois, Ladybug se retrouve à devoir esquiver une attaque en catastrophe après avoir tenté d'enrouler le câble de son yo-yo autour d'une cheminée chimérique.
Plus d'une fois, Chat Noir tente de bondir sur le sommet d'un toit pour finalement atterrir précipitamment plusieurs mètres plus bas en découvrant que le bâtiment en question n'était qu'une nouvelle illusion.
Ils ne peuvent jamais, jamais se fier à ce qu'ils voient.
Pas tant qu'ils ne l'ont pas touché.
Cette contrainte qui s'ajoute à une situation déjà plus que périlleuse draine leur concentration à une vitesse alarmante. Ils doivent faire attention à tout. Le super-vilain. Volpina. Leurs propres déplacements. Les illusions. Les attaques, qu'ils ne peuvent se permettre d'ignorer même s'ils sont parfois presque certains qu'il ne s'agit là que d'une diversion.
(Presque. C'est bien là le problème.)
Ils ont tous deux tellement, tellement de choses à surveiller, alors que Ladybug peine déjà à rester pleinement focalisée sur la bataille et que Chat Noir se consume d'inquiétude pour sa partenaire.
Si le combat s'éternise trop longtemps, ils finiront par commettre une erreur.
C'est l'évidence même.
Et alors que l'affrontement se poursuit de plus belle, Chat Noir note avec un désagréable frisson que la majorité des attaques se concentre sur sa coéquipière.
Est-ce pour la priver de toute occasion d'utiliser son Lucky Charm, si décisif au cœur de la bataille ?
Est-ce que parce que leurs ennemis la savent particulièrement vulnérable après la catastrophe qui vient de frapper sa famille ?
Il l'ignore.
Mais quoi qu'il en soit, les voir agir ainsi l'emplit d'un profond sentiment de rage.
Ladybug se bat avec toute la vaillance du monde. Il le sait mieux que personne. Mais sa pâleur, ses gestes fébriles et ses regards désespérés trahissent les terribles efforts qu'elle doit déployer pour réussir à accomplir son devoir sans s'effondrer sur elle-même.
Alors, pour elle, Chat Noir fait tout ce qu'il peut pour abréger au plus vite ce combat infernal. Il frappe, bondit, prend mille risques plus inconsidérés les uns que les autres. Malheureusement pour lui, le facteur et Volpina résistent avec brio. Ils attaquent, attaquent, attaquent sans cesse, rendant la situation chaque fois un peu plus périlleuse pour les deux héros.
Impossible pour Chat Noir et Ladybug d'avoir ne serait-ce qu'une seconde de répit.
Finalement, c'est presque sur un coup de chance que Ladybug trouve enfin l'opportunité d'invoquer son pouvoir.
Une attaque manquée de Volpina, une sphère de papier détruite par un Cataclysme judicieusement placé de la part de Chat Noir, un instant de flottement du vilain, et soudain, pour la première fois, l'héroïne entrevoit une ouverture.
« Non ! », s'exclame Volpina dans un cri de rage.
Mais trop tard.
Il ne faut qu'une fraction de seconde à Ladybug pour lancer son yo-yo dans les airs et, de quelques mots, faire brusquement apparaître une myriade de coccinelles.
Les insectes rouges et noirs surgissent du néant et tourbillonnent à toute vitesse au-dessus de la tête de Ladybug. Puis, à peine un battement de cils plus tard, ils s'évanouissent dans une nuée d'étincelles, laissant un ressort géant retomber lourdement entre les mains de la jeune femme.
Ladybug soupèse machinalement l'objet, tout en jetant un regard perplexe autour d'elle.
Que faire de cette spirale de métal, si grande qu'elle lui arrive largement à la taille ?
Ses yeux se posent tour à tour sur une infinité de véhicules, de bâtiments, d'objets en tous genres, à la recherche de la plus infime bribe d'inspiration. Mais rien. Pas l'ombre idée, pas l'embryon d'un plan.
Allez, concentre-toi, se répète Ladybug pour ce qui lui semble être la millième fois. Concentre-toi.
Il faut qu'elle trouve.
Alors que la jeune femme continue de chercher désespérément quelle utilisation faire de son encombrant Lucky Charm, Chat Noir atterrit souplement à ses côtés, bâton tournoyant tel un bouclier pour intercepter une nouvelle salve de lettres fondant droit sur eux.
Une fois cette nouvelle attaque contrée, le jeune homme tourne brièvement la tête vers sa partenaire.
« Un ressort ? », s'exclame-t-il en découvrant l'objet qu'elle tient en main. « Qu'est-ce qu'on est censés faire de ça ? »
« Je n'en sais absolument rien », rétorque Ladybug en se mordant machinalement la lèvre inférieure.
Ses immenses yeux bleus ne cessent de bouger, à droite, à gauche, en haut, en bas, parcourant frénétiquement les alentours à la recherche de l'inspiration salvatrice.
Devinant le désarroi de la jeune femme, Chat Noir balaye à son tour les environs du regard.
« On peut essayer d'emprisonner le super-vilain dedans ? », suggère-t-il à sa coéquipière, tout en désignant le ressort géant du doigt. « Ou le taper avec ? Ou le propulser contre un mur ? »
Cette dernière remarque est l'étincelle qui manquait au cerveau de Ladybug pour s'illuminer enfin.
« Propulser ! », s'exclame-t-elle en claquant triomphalement des doigts. « On peut se servir du ressort pour renvoyer une des boules de papier géantes vers le vilain ! »
« Un retour à l'envoyeur ? », résume Chat Noir en lui jetant un coup d'œil inquisiteur.
Voyant Ladybug hocher frénétiquement la tête en signe d'approbation, il redresse instinctivement ses épaules, regard à présent rivé sur le facteur.
« Ok, on fait comme ça ! »
Chat Noir et Ladybug redoublent d'effort alors que la bataille reprend de plus belle.
Le temps est désormais un luxe qu'il ne peuvent plus se permettre. Pas alors qu'ils ont tous deux utilisé leur pouvoir et qu'ils doivent maintenant composer avec le décompte implacable qui les sépare de leur prochaine détransformation.
Ils doivent neutraliser leurs ennemis le plus vite possible.
Ils n'ont pas le choix.
À cette nouvelle difficulté et à toutes celles qu'ils rencontraient déjà s'ajoute également celle de trouver le bon lieu et le bon moment pour mettre leur plan en application. Renvoyer l'une de ses sphères au facteur peut sembler simple sur le papier – sans mauvais jeu de mot -, mais dans la pratique, les choses sont beaucoup plus délicates à mettre en œuvre.
Leur riposte doit non seulement être parfaitement coordonnée avec l'attaque du super-vilain, mais aussi prendre place à un endroit particulièrement stratégique.
S'ils agissent trop tôt, trop tard, ou à un emplacement où ils ne pourront pas positionner le ressort de façon à ce que ce dernier renvoie la balle exactement dans la bonne direction, alors ils courent purement et simplement à la catastrophe.
Au mieux, ils risquent de dévoiler leur plan à leurs ennemis et se voir dans l'impossibilité de retenter leur chance.
Au pire, ils peuvent finir grièvement blessés ou pire encore.
Ils n'ont quasiment aucune marge de manœuvre et strictement aucun droit à l'erreur.
Il en va de leur survie.
Le combat continue de faire rage sans que Chat Noir et Ladybug ne réussissent à trouver l'opportunité d'appliquer leur plan.
Chaque fois, quelque chose vient contrecarrer leurs projets au dernier instant. Volpina, qui assène un coup si violent qu'ils se retrouvent obligés de parer au lieu de pouvoir mettre leur ressort en place. Le facteur, qui se déplace hors de portée de la moindre contre-attaque. Les sphères de papier, envoyées trop vite, dans la mauvaise direction, ou encore qui se retrouvent délaissées au profit d'une salve d'enveloppe parfaitement inutiles pour eux.
Pourtant, les deux héros font de leur mieux pour forcer leurs chances.
Ils se positionnent stratégiquement en prennant soin de toujours se tenir debout devant un mur parfaitement plat – et parfaitement calibré pour la riposte qu'ils désespérèrent de pouvoir mettre en place -, tentent de tenir Volpina à l'écart et de provoquer le facteur, mais en vain.
Leurs ennemis déjouent tous leurs pronostics.
Encore, et encore.
Et pendant ce temps, les secondes s'égrènent à une vitesse alarmante.
Rarement Chat Noir et Ladybug n'ont eu autant l'impression d'avoir une épée dansant au-dessus de leur tête, prête à s'abattre sur eux dès la fin de cet angoissant décompte. Les bips réguliers qui s'élèvent de leurs miraculous ne font rien pour atténuer ce sentiment d'urgence.
Un signal de la bague de Chat Noir.
Une sphère envoyée dans l'alignement d'un buisson, où tout appui du ressort est impossible.
Une attaque de Volpina au plus mauvais moment.
Une autre tentative avortée.
Un bip des boucles d'oreille de Ladybug.
Et ces secondes qui filent, filent, filent, aussi vite que de l'eau coulant entre leurs doigts.
« Il faut faire vite ! », lance Chat Noir en jetant un énième coup d'œil alarmé à son miraculous.
À ce rythme, jamais ils ne s'en sortiront.
« Oui », approuve Ladybug d'une voix tendue.
Chat Noir pare un violent coup de flûte de Volpina à l'aide de son bâton tout en cherchant le facteur du regard. Il l'aperçoit un peu plus loin, visiblement occupé à invoquer l'une de ces larges sphères dont ils ont tant besoin pour leur contre-attaque.
D'un geste, il désigne l'homme à Ladybug.
La jeune femme hoche brièvement la tête et, d'un bond, se positionne stratégiquement dos à un bâtiment et quelques dizaines de mètres face au vilain.
Le mur devant laquelle elle se trouve n'est pas parfaitement plat, mais Chat Noir et elle ne peuvent guère se permettre de faire les difficiles.
Le temps presse.
Ils doivent agir, et ils doivent le faire maintenant.
« Tu ne perds rien pour attendre, Ladybug ! », lui hurle le super-vilain depuis l'autre extrémité de la rue.
Puis, d'un geste qu'elle l'a déjà vu faire des dizaines de fois, il abaisse les bras pour donner l'ordre à sa boule de papier de se mettre en mouvement. L'énorme masse sphérique se met à rouler en direction de Ladybug, vite, vite, toujours plus vite, chargeant sur le bitume tel un taureau en furie.
« C'est le moment », lance Chat Noir en atterrissant aux côtés de sa coéquipière.
« Oui », approuve la jeune femme dans un souffle.
Regard rivé à la boule qui fonce sur elle, Ladybug resserre instinctivement ses doigts autour du métal froid de son ressort.
C'est leur chance. L'occasion que Chat Noir guettaient depuis l'instant où elle a invoqué son Lucky Charm. L'opportunité de se défaire enfin de ce facteur infernal et de contraindre Volpina à se battre seule.
Mais malgré tout, elle ne peut réussir à se défaire d'un profond sentiment de malaise.
Elle oublie quelque chose, elle en est sûre.
Quelque chose d'essentiel.
Mais quoi ?
En temps normal, elle aurait sûrement déjà su le dire. Mais là, elle peine à réfléchir. Elle le sait. Elle le sent. Son cerveau est engourdi, épuisé par les efforts titanesques qu'elle a dû déployer depuis...
Une image de son père ensanglanté lui apparaît brièvement à l'esprit. Durant une fraction de seconde, à peine, avant qu'elle ne la chasse de ses pensées de toutes ses forces.
Concentre-toi, se répète-t-elle en serrant rageusement les dents. Concentre-toi.
Concentre. Toi.
Son regard se pose sur la sphère de papier qui dévale la rue à toute vitesse.
Sur le vilain, qu'elle entraperçoit à peine derrière.
Que peut-elle bien rater ?
Comme attirés par un aimant, ses yeux reviennent sur l'immense boule qui fond sur elle. Et soudain, une intuition fulgurante traverse son esprit.
« Chat, lance ton bâton sur la balle ! », hurle-t-elle de toute la force de ses poumons.
Le jeune homme s'exécute sans hésiter une seconde.
Son bâton fend les airs en tournoyant sur lui-même, touche la boule de papier...
... et la traverse alors qu'elle s'évanouit dans un nuage de fumée orange.
Poursuivant sur sa lancée, l'arme atteint le super-vilain et le fait disparaître de la même manière, puis revient entre les doigts de Chat Noir après avoir exécuté une gracieuse courbe digne d'un boomerang.
Ladybug sent un filet de sueur glacée descendre lentement entre ses omoplates.
Une diversion. Son intuition ne l'a pas trompée.
À ses côtés, Chat Noir laisse échapper un juron en arrivant à l'exacte même conclusion.
Il tourne la tête à droite, à gauche, tous ses sens en alerte. Si ce faux vilain et cette sphère chimérique n'étaient qu'une illusion, c'est qu'une véritable attaque se prépare certainement quelque part.
Et il doit trouver où.
Vite, avant qu'il ne soit trop tard.
Soudain, le jeune homme aperçoit une seconde sphère, qui dévale une rue située sur sa gauche pour foncer droit sur Ladybug et lui. D'un geste fluide, il décrit un large arc-de-cercle avec son bras et lance son arme sur l'énorme masse de papier.
Le bâton fend les airs à toute vitesse et ricoche contre sa cible.
Une sensation de triomphe et de soulagement mêlés gonfle dans la poitrine de Chat Noir.
Cette fois, ce n'est pas une illusion.
« Ma Lady, par ici ! », hurle-t-il en désignant la gigantesque balle du doigt.
Alertée par le cri de son coéquipier, Ladybug tourne vivement la tête dans la direction que lui indique Chat Noir.
Et immédiatement, elle réalise qu'elle se trouve face à un problème crucial. Le mur devant lequel elle se trouve convenait pour la première attaque, mais à présent que le vilain et la boule de papier se situent sur sa gauche, elle doit trouver un nouveau bâtiment contre lequel faire reposer son ressort.
« Il faut qu'on bouge ! », s'exclame-t-elle d'une voix blanche.
Sans perdre un instant, les deux héros s'élancent du côté opposé à celle de la balle. Ils dévalent la rue à toutes jambes avant de piler brusquement devant une vaste rangée d'immeubles.
Le souffle court, Ladybug jette un bref regard derrière elle.
La boule, le vilain et la surface du mur au pied duquel elle se trouve à présent sont parfaitement alignés.
C'est le moment ou jamais.
Elle n'aura pas d'autres chance.
Les doigts tremblants de nervosité, elle plaque l'une des extrémités du ressort contre la pierre et relève aussitôt les yeux vers sa cible. Ses gestes doivent être d'une précision absolue. Si elle lâche le ressort trop tôt, ce dernier tombera au sol sans pouvoir servir à quoi que ce soit. Si elle part trop tard, l'attaque la frappera de plein fouet.
Regard rivé sur la boule qui fonce sur eux, Chat Noir se place face à elle, mains elles aussi agrippées à la pièce de métal.
« On dégage à mon signal », lui lance-t-il d'une voix tendue.
« Ok », réplique aussitôt Ladybug.
Devant elle, la menace se fait de plus en plus pressante. La sphère de papier continue sa cavalcade infernale, avalant les derniers mètres restant dans un grondement sourd.
Ladybug tressaille tout à coup alors que Chat Noir lance un compte à rebours.
« Trois. »
« Deux. »
« Un. »
« Maintenant ! »
Les deux héros bondissent sur le côté à l'instant même où la boule touche l'extrémité du ressort.
Écrasé par l'énorme masse de papier, le métal se compresse, se déforme...
Pendant une fraction de seconde, le temps semble suspendu.
Plus un geste.
Plus un bruit.
... et soudain, le ressort se détend.
Vite, fort, dans un claquement sec.
Propulsée par une force d'une violence digne de celle du canon d'un fusil, la balle remonte la rue à toute vitesse.
Elle remonte la rue dans l'exact chemin inverse que celui qu'elle vient d'effectuer, passant en un éclair devant l'immeuble au pied duquel Ladybug s'était arrêtée dans un premier temps. Elle fonce, fonce encore, se précipitant vers un facteur aux yeux écarquillés de surprise.
Stupéfait par cette riposte inattendue, le super-vilain reste un instant sans réagir.
Et quand il lève enfin les bras pour tenter de stopper cette course folle, il est trop tard.
La boule le heurte de plein fouet, l'envoyant voler plusieurs mètres en arrière. L'homme s'écrase au sol dans un bruit sourd et reste un instant à terre, complètement sonné.
Profitant de cette occasion, les deux héros se ruent à ses côtés. Il ne faut qu'une seconde à Chat Noir pour déchirer la sacoche de son adversaire à l'aide de ses griffes, et une autre seconde encore à Ladybug pour purifier l'akuma qui s'y était logé.
Enfin.
À présent débarrassés ce vilain particulièrement redoutable, Chat Noir et Ladybug se tournent vers Volpina.
La jeune femme se tient un peu plus d'une dizaine de mètres plus loin, livide de rage. La neutralisation de son allié est une cuisante défaite pour elle. C'est une évidence. Et à deux contre un, Chat Noir et Ladybug ont désormais leur chance.
Certes, il leur reste à peine plus d'une minute avant de se détransformer. Mais c'est suffisant pour leur permettre d'opérer une retraite temporaire, de se cacher le temps que leurs kwamis reprennent leurs forces et de revenir pour défier leur ennemie. Privée du soutien du super-vilain, Volpina se retrouverait alors dans une situation plus que périlleuse.
Ils le savent.
Et Volpina le sait aussi.
La jeune femme ne perd pas un instant pour porter sa flûte à ses lèvres, invoquer ses traditionnels doubles et fuir le champ de bataille.
Chat Noir et Ladybug ne font même pas l'effort de tenter de la poursuivre.
Cet affrontement a drainé les moindres de leurs forces et exacerbé leurs émotions jusqu'aux limites du supportable.
Et surtout, en cet instant précis, Ladybug n'a plus qu'un objectif en tête, et un seul.
Elle doit sauver Paris.
Elle doit guérir son père.
Tournant précipitamment les talons, la jeune femme court à toutes jambes vers son ressort rouge à pois noirs. Elle s'en empare de ses doigts tremblants et, d'un geste fébrile, le lance vers les cieux pour rendre à la capitale son apparence d'avant l'attaque.
Puis, sans un mot, sans un regard, elle s'élance dans les airs et quitte à son tour les lieux de l'affrontement.
Ladybug atterrit sur le toit d'un immeuble faisant face à la boulangerie à peine quelques minutes et une retransformation plus tard, suivie de près pas son coéquipier. Le regard posé sur la devanture intacte du magasin, elle reste un instant immobile, paralysée par la peur de ce qu'elle va découvrir.
Son pouvoir miraculeux restaure tout.
Elle le sait.
Elle le sait, elle le sait, elle le sait.
Mais une petite voix insidieuse lui susurre mille scénarios catastrophiques à l'oreille et une indicible terreur la glace jusqu'au plus profond de ses os.
Il y avait tellement de sang...
Et si, finalement, sa magie avait ses limites ?
Et si son père avait été blessé jusqu'à l'irréparable ?
Et si elle était arrivée trop tard ?
Tout autant de questions qui s'enroulent autour de sa gorge, se glissent dans ses poumons, et l'étouffent, l'étranglent, la paralysent.
Écartelée entre ses peurs les plus primitives et un optimisme auquel elle n'ose se raccrocher, Ladybug se sent curieusement dissociée de la réalité. Il lui semble que l'univers tout entier s'est figé dans une bulle d'horreur et d'espoir fou.
Hors de l'espace, hors du temps, hors de tout ce qui n'est pas son père en parfaite santé.
Elle n'entend pas la voix inquiète de Chat Noir, ne sent pas la main réconfortante qu'il pose sur son épaule.
Puis, tout à coup, elle aperçoit son père.
Vivant.
Debout.
Indemne.
Et soudain, le monde se remet à tourner.
Les larmes aux yeux, Ladybug voit son père étreindre sa mère. Elle l'entend même la réconforter en s'exclamant que tout va bien, et ce son merveilleux résonne à ses oreilles comme la plus belle musique qui soit.
Jamais elle n'aurait cru qu'un spectacle si simple l'émouvoir à ce point.
Vivant, chante son cœur à chaque pulsation. Il est vivant.
Mais le soulagement qui déferle violemment sur la jeune héroïne est si puissant, si intense qu'il rend la perspective de ce qui aurait pu se passer encore plus terrifiante.
Aujourd'hui, elle a failli perdre son père.
Et bien qu'il n'y ait rien au monde qu'elle voudrait plus en cet instant que de se précipiter vers lui pour le serrer dans ses bras, elle ne trouve pas la force de se détransformer pour aller le rejoindre.
C'est trop.
Trop de tension.
Trop de détresse.
Trop de peur.
Trop d'efforts pour ne pas craquer.
Trop, trop, trop, trop.
Le fragile barrage que Ladybug avait péniblement réussi à ériger dans son esprit pour se protéger de ses angoisses s'effondre à présent comme un château de carte, emporté par un raz-de-marée d'émotions irrépressible.
Privée de la moindre défense, frappée de plein fouet par ces sentiments d'une puissance dévastatrice, Ladybug réagit par pur instinct.
Elle tourne les talons et s'enfuit.