(30.01) /!\ Fin du bac blanc !!!!!!!
ENVOIE UN MESSAGE À ARTHUR-LE-VIEUX PLEASEEEEEEEEE (-Elo)
***
-T'as mis combien à la question deux de l'exercice trois ?
-Douze 'x' moins cinquante-neuf virgule un, je crois. Et toi ?
-Oh merde, j'ai mis Algérie.
Les bavardages enthousiasmés à la fin des épreuves du bac, c'était quelque chose.
Et encore, ce n'est que le blanc ! pensa Clare.
Dans l'ensemble, elle pensait s'en être assez bien sortie. Par contre, comme prévu, elle avait complètement foiré son épreuve de physique. En dehors de son numéro de candidat, elle n'avait presque rien écrit.
-Sinon vous voulez venir chez-moi ce soir ? proposa Garance, une fille de la classe, en débarquant de nulle part. J'organise une soirée pour fêter la fin des révisions, et tout et tout.
Elo échangea un regard blasé avec Clare, qui signifiait 'je doute qu'elle ait révisé quoi que ce soit'. Puis, elle lui lança un deuxième regard, qui lui demandait silencieusement si elle était d'accord pour aller à cette fête.
-Pourquoi pas, dit finalement Clare.
-On doit amener quelque chose ? demanda Elo.
-Si vous avez des jolies bouteilles au frais, je dis pas non.
-Des bouteilles ? Des bouteilles, genre, de soda ? demanda Clare en fronçant les sourcils.
Elo lui donna un coup de coude tandis que Garance la dévisageait sans savoir si elle devait rire ou non.
-Haha, quel humour, répliqua Elo. Je piquerai des trucs à mon père, t'inquiète.
-Ok, je vous enverrai l'adresse sur Insta. À ce soir ! dit Garance avant de s'éloigner.
Elo se tourna alors vers son amie et pencha la tête d'un ton réprobateur.
-'Des bouteilles de soda', sérieux ? demanda la brune, son carré plongeant caressant ses joues.
-Ben... Oui ? dit Clare en arquant un sourcil.
Elo la dévisagea sans rien dire, puis un immense sourire vint étirer ses lèvres.
-Tu sais que je t'aime, toi, dit-elle en passant son bras sous celui de sa meilleure amie.
Et Clare lui sourit, parce que tout ce qu'elle savait faire en moment c'était sourire quand elle ne savait pas quoi dire.
...
-Pas très ouf, commenta le frère d'Elo en pénétrant dans la chambre sans prévenir alors qu'elles se préparaient pour la soirée.
-Ta gueule et dégage, répliqua sèchement la brune en lui envoyant une brosse à cheveux au visage.
-Très amical, commenta Justin en attrapant une agrafeuse qui traînait sur l'immense bureau de sa sœur. Vous allez où comme ça ?
-À une soirée, répondit sa sœur d'un ton méfiant.
Clare n'avait jamais compris comment on pouvait insulter son frère ou sa sœur et pourtant s'aimer autant que ces deux-là. Elle s'était souvent demandé ce que ça pouvait bien faire comme sensation d'être la plus petite, celle qu'on remarque, la chouchoute, et non le 'test', le brouillon, le cobaye des parents.
-Chez Garance ? demanda Justin en lançant l'agrafeuse en l'air avant de la rattraper.
Clare écarquilla légèrement les yeux, inquiète du sort de ses doigts. Pourtant, chose étonnante étant donné qu'il ne regardait même pas, il continuait de lancer le petit dispositif et de le réceptionner parfaitement sans se couper une phalange.
-Oui, soupira Elo. Tu t'entraînes pour devenir inspecteur de police ?
-Quel humour. Non, je me disais juste que j'allais peut-être y aller à cette soirée, moi aussi, dit le garçon d'un air taquin.
-T'es même pas invité, dit Elo d'une voix blasée en se mettant du rouge à lèvres, les yeux rivés sur son miroir.
-Et alors ?
Pendant qu'Elo n'arrêtait pas de dire à son frère que c'était 'injuste', qu'il venait 'toujours la faire chier' alors qu'elle ne va, je cite 'presque jamais jamais genre une fois par an ou peut-être deux à une soirée'.
Finalement, quand Justin quitta la pièce, personne ne savait s'il allait se pointer chez Garance.
-Allez viens, on y va avant qu'il me séquestre pour que je lui passe l'adresse, grogna Elo.
Clare la suivit dans le couloir en tirant sur sa jupe, regrettant déjà de l'avoir mise. Malgré le fait qu'elle était très jolie, elle n'en portait jamais parce qu'elle avait toujours peur que les gens la jugent à cause de sa longueur, de son style ou de sa couleur. Une bête histoire de regard des autres, en fin de compte.
-Buvez pas trop hein, recommanda le père d'Elo dans la voiture. Sinon vous aurez une gueule de bois d'enfer demain, et vous découvrirez que c'est pas top top.
Clare se tut, surprise. Jamais son père n'aurait fait une telle remarque, ça c'est certain.
-Bonne soirée les gonz' ! blagua Igor en déverrouillant les portières.
Elo roula des yeux en lui souhaitant bonne soirée et entraîna Clare hors de l'habitacle. Dehors, on entendait légèrement la musique qui détonnait dans la maison et quelques personnes fumaient je-ne-sais-quoi sur le côté près de la haie.
Quand elles pénétrèrent à l'intérieur, Clare sentit tout de suite les basses de la musique résonner dans sa cage thoracique. Elle déposa sa veste à côté de celle d'Elo sur la rampe de l'escalier et attrapa la main de son amie avant de la suivre dans le salon où grouillaient déjà beaucoup de personnes.
-Oh non, y'a les potes de mon frère ! s'exclama Elo. Ça veut dire que cet imbécile va bientôt rappliquer.
Clare s'apprêtait à lui répondre quand son regard se posa sur Arthur, qui se tenait parmi le groupe et rigolait avec eux, un gobelet rouge à la main.
-Oh fuck, lâcha Clare en se détournant aussitôt, les joues brûlantes.
-Quoi ? demanda Elo.
-Arthur est là, répondit la blonde entre ses dents pour ne pas parler trop fort.
-Non, sérieux ?! s'exclama son amie en regardant autour d'elle très peu discrètement.
-Arrête, il va te voir ! dit Clare en lui tirant le bras pour l'emmener plus loin.
-C'est un peu le but, dit son amie en souriant. Il faut qu'il te voie et qu'il vienne te parler !
-Non merci. Quand je suis face à lui, je me sens complètement débile et j'arrive pas à aligner quatre mots sans rougir, répliqua Clare en se passant une main dans les cheveux d'un geste stressé.
-T'inquiète pas, de toute façon il a pas l'air de... Oh, il t'a vu ! DOUBLE OH, il vient vers nous !! s'écria son amie, les yeux tellement écarquillés qu'ils semblaient sortir de ses orbites.
Pitié faîtes qu'il veuille dire bonjour à quelqu'un d'autre, pitié, pitié, pitié... pensa Clare.
Soudain, les yeux d'Elo redevinrent normaux et elle commença à parler du bac blanc comme si de rien était. Clare pensa presque qu'Arthur avait changé de trajectoire, mais elle avait pensé trop vite. En effet, moins d'un quart de seconde plus tard, une main se posait gentiment sur son épaule.
Le cœur battant, elle se tourna vers lui en priant pour qu'il ne remarque pas qu'elle suait comme elle n'avait jamais sué de sa vie -même pendant les horribles cours d'athlétisme de la sadique Mme Galet ce n'était jamais allé jusqu'à un tel niveau, c'est pour dire.
-Oh, Arthur, salut, je t'avais pas vu, dit-elle d'une voix étranglée et pas du tout crédible.
Il sourit en arquant un sourcil, puis se pencha vers elle avant de dire :
-Je t'ai vue me regarder, tu sais.
Quand il se recula, elle eut l'impression d'avoir été foudroyée sur place.
-Ah, ben c'est, euh, non, je regardais.... Je, euh, je regardais, euh, le, euh, la... commença-elle.
-Moi c'est Éloane, mais on m'appelle Elo dans le ter-ter, intervint son amie pour couper court à la catastrophe ambulante qu'était sa meilleure amie.
-Salut, moi c'est Arthur, se présenta gentiment le brun en souriant.
Clare constata qu'il avait même des fossettes. Merde, est-ce que chaque fois qu'elle allait le voir elle allait lui trouver de nouveaux attraits ?
Non, non, non. Il ne s'intéressera jamais à toi, de toute façon.
-Tu veux qu'on aille discuter dehors ? proposa-il en se tournant vers Clare.
La blonde eut l'impression qu'on venait de lui arracher le cœur à mains nues tant elle était surprise.
Lui ? Elle ? DEHORS ?!!!!!!!!
-Oui elle veut bien ! répondit Elo à sa place en la poussant gentiment en avant. Allez vite, parce qu'il fait drôlement chaud ici !
Clare finit par hocher la tête, et suivit docilement le brun dans la foule. Elo lui fit signe en levant ses pouces pour l'encourager, mais Clare se sentait toujours aussi stressée.
C'est bizarre d'angoisser juste parce qu'un garçon veut discuter dehors avec moi. Je suis pas normale, pensa-elle.
Quand elle arriva dehors elle sentit aussitôt le froid enserrer son corps, comme si on venait de la coincer dans un filet de pêche. Mais malgré tout, elle suivit le garçon comme si elle était parfaitement à l'aise avec cette température de merde et le suivit jusqu'à la clôture, où il s'adossa.
-Alors Clare, qui es-tu ? demanda-il d'un air énigmatique.
Elle pensa tout d'abord à lui répondre qu'elle était simplement une goutte d'eau dans l'océan que les autres avaient crée pour elle, mais elle décida simplement de dire :
-Une fille.
Il rigola en secouant la tête, amusé par sa réponse.
-Quoi, qu'est-ce que j'aurais dû répondre ? dit-elle, les mots s'échappant de ses lèvres sans qu'elle n'arrive à les retenir.
-Je sais pas... Ton âge, ce que tu veux faire plus tard, ou un truc philosophique hyper poussé, genre.
-Bon, alors repose ta question.
Elle fut elle-même étonnée par son audace, mais tenta de ne pas le laisser paraître.
-Alors Clare, qui es-tu ? répéta le garçon avec son éternel immense sourire joyeux.
-Une fille de dix-sept ans qui n'a pour l'instant aucun avenir, ni dans rien ni dans la philosophie.
Arthur éclata alors de rire, ce qui emplit le cœur de la jeune fille d'une chaleur étrange.
-Tu sais... Je fais jamais ça d'habitude, mais j'ai l'impression que tu es une fille spéciale, alors... commença-il d'un air soudainement embarrassé, les pommettes rouges.
Il marqua une petite pause, pause pendant laquelle Clare craint qu'il entende son cœur battre trop fort.
-Et puis, mes potes me tueront si je ne te le demande pas, ajouta-il.
Clare ria malgré elle, ce qui sembla détendre Arthur.
-Est-ce que ça te dirait de sortir avec moi un de ces jours ? demanda-il d'une traite.
La blonde avait l'impression d'être dans une réalité parallèle. Elle était soudainement devenue quelqu'un d'autre, une fille sûre d'elle qui osait dire avec un sourire en coin :
-T'as parlé un peu vite, j'ai pas bien compris. Tu voudrais pas répéter ?
Arthur sourit à son tour, et répéta plus lentement :
-Est-ce que ça te dirait de sortir avec moi un de ces jours ?
Alors Clare sourit, un immense sourire, mais pas parce qu'elle ne savait pas quoi dire.
-Ça me dirait, oui.