Nous rentrâmes et les autres partirent. Nous ne pûmes pas les prévenir de ce qui les attendait car ils étaient déjà dans leur voiture quand nous arrivâmes. Ils nous avaient vus arriver et ne voulaient pas tarder. Je montais les marches menant à sa chambre et il me suivit. Je me laissai tomber sur le lit et commençai à réfléchir à nos interrogatoires. Je savais que la police ne nous mettrait pas au courant au fur et à mesure. Mais je voulais savoir. À ce moment, je me fis une promesse, je découvrirais la vérité, avec ou sans eux. Je l'avais déjà faite à quelqu'un cette promesse, mais je me la refis à moi-même. Shawn se laissa tomber à côté de moi, et comme par réflexe, je me calai contre lui, la tête dans le creux de son épaule. Je me tournai vers lui, et lui demandai :
- Que leur a tu dis ?
- La vérité, pourquoi ? Pas toi, demanda-t-il choqué.
- Bien sûr que si. C'est juste que je ne suis pas sûre qu'ils nous disent où en est l'enquête petit à petit... Et s'ils l'arrêtent sans résultat, je ne veux pas abandonner.
- Ah oui, d'accord... Je veux connaître la vérité aussi.
Il me raconta tout, mais je n'étais pas plus avancée. Toute la soirée, je réfléchis à quoi pouvait leur servir la réponse de telle ou telle question. Je n'avançais presque pas, et me retrouvai juste avec un gros mal de crâne. Avant que la nuit ne soit tombée, nous reçûmes un nouveau coup de fil. Ce fut Karen qui répondit, c'était la police. Nous descendîmes au salon pour connaître les nouvelles. Ils avaient changé d'opinion. Un couteau avait été retrouvé, avec ses empreintes dessus. D'après eux, elle s'était suicidée avec. Nous restâmes tous estomaqués par cette nouvelle. Ce fut Aaron qui répondit en premier :
- Non. C'est impossible...
- Je suis navré, répondit la voix au téléphone.
- Mais, C'EST impossible. Elle aimait la vie, elle était toujours heureuse,m'exclamai-je.
- Elle le cachait peut-être, ne voulant pas vous inquiéter.
- On l'aurait remarqué...
- C'est normal que vous ayez du mal à l'accepter. Mais c'est la vérité, l'enquête a été fermé... Toutes mes condoléances. Au revoir.
Plus personne ne parla et l'agent de police raccrocha. Je regardai tour à tour les visages autour de moi. Toutes ces personnes que je connaissais depuis si longtemps, pleuraient à présent. Je sentis mes larmes couler à leurs tours sur mes joues. Nous ne bougions pas, trop triste pour faire le moindre mouvement. Aaron se laissa tomber par terre, et je fis de même peu après, puis ce fut le tour de Shawn. Les parents de ce dernier, Karen et Manuel, titubèrent jusqu'à leur chambre à côté. J'essayai de réfléchir mais n'y arrivai pas. Je n'avais qu'un mot en tête : impossible. Je finis par me relever, Shawn fit de même, puis il tendit sa main à son beau-frère pour l'aider à se relever. Ce dernier l'accepta machinalement et nous remontâmes tous trois à l'étage, avant de nous séparer en haut des marches. Nous entrâmes dans notre chambre, et regardâmes le lit sans bouger. La vision, toujours flou, les yeux pleins de larmes. Nous finîmes par nous asseoir l'un à côté de l'autre sur le côté du lit le plus proche. Je me rapprochai de lui, voulant le réconforter autant que me réconforter. Je posai mes doigts sur son poignet, et sous eux, je sentis les pulsations de son coeur. Ça peut paraître étrange, mais cela me remonta un peu le moral. Je sentais la vie en lui. Il passa son bras autour de moi et me serra contre lui, et nous continuâmes de pleurer, lui dans mes cheveux, moi sur son torse.