Les souvenirs de notre rencontre me reviennent en tête ; lorsque Khalis l'a poussé dans les escaliers et que j'ai essayé de l'aider.. Azzedine, à beaucoup changer, il a la tête d'un ex – taulard, les yeux gonflés par les cernes et sûrement l'insomnie, il ne vit pas dans ce quartier mais il y passe du temps malgré les menaces qu'ils recevaient de plusieurs personnes. Une barbe contourne son menton, les cheveux mal peignés et les yeux différent de d'habitude, il a quelque chose de changer en lui, mais je n'arrive pas à cerner ce que c'est.. il me regarde comme quelqu'un qui croise un fantôme.
Moi : « Salem aleïkoum Azzedine. »
« Waleykoum salem, alors j'me suis pas trompé c'est bien toi. »
Moi : « Oui c'est moi. »
Il se gratte la nuque, comme si il se sentait mal à l'aise, son comportement me surprends un peu. Il a même changer la façon dont il parle. C'est comme si j'ai à faire à une autre personne. Il esquisse un sourire que je qualifie de sincère, ce sourire est le même qu'il arborait lorsqu'on jouait dans la neige comme des enfants. Il pose ces yeux sur le petit qui est dans mes bras, ensuite repose ces yeux sur moi, je les baisse instinctivement, je n'arrive plus à soutenir le regard d'un homme qui n'est pas mon frère ou Saddam. Je trouve ça très irrespectueux, et malsain.
« Tu t'est mariée, avec un enfant et tout psarthek. Je peux voir le bébé ? »
Moi : « Bien sûr. »
Il se penche vers le petit, et caresse son nez. Attayâb sentant ces mains sur lui, bouge tout doucement sans ouvrir les yeux, et arbore un petit sourire, qui me transporte dans un autre monde. Ce petit ange est devenue mon bonheur.
« Il s'appelle ? »
Moi : « Attayâb Ahmed. Tu te trompes dans tes interprétations. »
« Tu commences avec ton langage de française. »
Moi : « Et toi avec tes reproches ? »
« Hassoul, t'avais disparue, t'était où ? Tu t'est enfuie pour te marier en cachette ? »
Moi : « Me marié ? Pas du tout, seulement changer d'air. »
« Et tu nous reviens comme une fleur ? »
Moi : « Quelqu'un a besoin de moi et je me dois d'être là. Et de ton côté ? »
« Je sors du trou. »
Moi : « C'était prévu ? Avec tout ce que tu faisais, t'y a passé combien de temps ? »
« Six mois. En vrai la prison, c'est pas comme dehors, je regrette wallah. »
Moi : « Tu prends conscience que maintenant ? Al hamdûllillah alors si tu regrette, maintenant essaye de faire quelque chose de ta vie. »
« C'est facile à dire mais pas à faire, depuis tout à l'heure on parle mais tu me présente pas ta pote là. »
Moi : « Ah ouais désolé.. Nelhâna, j'te présente Azzedine, Azzedine, Nelhâna. »
« Enchanté. » dit Nelhâna. »
« Ah ouais une marseillaise. »
« Toulousaine. » répond – t – elle.
« C'est la même, vous avez l'accent du sud. »
Moi : « Bref, il y a le petit qui tremble, on va rentré »
« Ah ouais, on s'capte si ton mari veut bien. »
Moi : « Combien de fois, je dois te répéter que je ne suis pas mariée. »
« Il est a qui le petit alors ? »
Moi : « À Sheima. »
« Ah ouais ? Elle s'est marié avec Ahmed, j'ai entendu ça. »
Moi : « Oui. »
« D'ailleurs il est où ce hataye ? »
Moi : « T'est pas au courant ? »
« De quoi ? »
J'ai baissée la tête, les larmes commencent à me monter.. et j'ai tout simplement lâché un « Allah y Rahmo ». J'arrive pas à me faire à l'idée que ma sœur est veuve, que en si peu de temps elle a perdue son mari, pour des histoires de drogue, ou de dette ; j'aurais jamais pensé qu'elle finirai ainsi, une femme déprimée par la perte de son mari et refuser de prendre son enfant dans ces bras. Souvent, certains ne se rendent pas compte de la chance qu'ils ont de vivre, une vie différente de ceux entre les murs de ces tours grandiose, certains ce plaignent de ne pas avoir une pair de basket de marque, alors qu'ici les enfants ce plaignent de ne pas manger ce qu'ils veulent, ils se contente de pair de chaussure acheté au marché, et quand ils ont les moyens les parents essayent de faire plaisir à leurs enfants en leur offrant un mini téléphone, certes pas à la mode mais c'est déjà ça.
Deux ans en arrière, je pensais la voir mariée à l'homme qu'elle aime, un homme pieux, sans soucis.. mais c'était pas son destin, et on ne peux pas le contester.
Son regard neutre, me fait comprendre qu'il n'est pas choqué de ce qui s'est passé, on dirait que pour eux perdre une personne est banal, ça touche un instant mais après la vie reprend son cours normal, sauf pour les proches, je trouve ça regrettable. L'âme humaine est rempli de défaut qu'on ne peut s'empêcher de pointer du doigt, et on en oublie leur qualité ; c'est ce qui se passe dans ce monde rempli d'amertume.
En quelques jours, dans ma tête j'ai grandis en maturité, j'ai compris l'importance de la vie en ayant dans mes bras ce nouveau – né, c'est incroyable comment Dieu peut prendre une âme et en insuffler une autre, c'est ce qui s'est passé pour Ahmed et son fils, Allah à ôter la vie au père pour donner la vie au fils ; c'est pour ça que j'ai tenu à lui donner le nom de son père, c'est quelque chose qu'on ne doit pas oublier. La mort met tout le monde d'accord : cette expression est véridique.
Deux jours sont passés, et je n'ai pas bougé de mon appartement, avec Nelhâna on fait tout pour que le petit ne manque pas d'amour. Je pense même qu'on l'étouffe avec tout l'amour qu'on lui administre, c'est pas croyable ! Si il pouvait prendre la parole, je pense qu'il nous dirait de le laisser respirer.
Un soir comme les autres, Phénix est venu nous rendre visite : toujours la même dégaine cette homme, à la vue du petit son visage à changer. Il est euphorique à l'idée de voir cette enfant, c'est comme si jamais de sa vie il n'avait vu un bébé de ces propres yeux, il n'a pas hésité à le prendre dans ces bras ; on penserait qu'il a fait ça toute sa vie hors que il m'a confirmé que non.
« Ça sera un bon plus tard ce petit. »
Moi : « Insha'Allah, ça sera un honnête homme. »
« T'inquiète même pas pour ça. Touche le pas ! »
Moi : « Hein ? »
« Laisse moi lui parler wesh. »
Moi : « C'est bon, il va pas s'en volé. »
« C'est toi là ! Arrête de l'étouffer, je suis sûre vous l'enfermez. »
Moi : « J'avoue qu'on sort pas beaucoup, mais il est encore fragile, oublie pas qu'il est né avant l'heure. »
« C'est un dur ce petit, ça se voit à sa tête, té – ma il sourit, ça veut dire que j'ai raison.. azy tape m'en une. »
J'étais amusé de le voir comme ça ; à un moment je l'ai vu lui chuchoté quelque chose à l'oreille, et en l'entendant récité l'adhân, ça m'a fait chaud au cœur.. normalement à la naissance d'un enfant, le père doit lui récité l'appel à la prière et personne ne lui avait fait ça. J'ai vu l'âme d'un père dans la voix, et les yeux de Saddam à ce moment là, les vibrations de sa voix était si douce, et à la fois puissante qu'on penserait que c'est un Imam ; jamais je ne l'ai entendu lire du coran ou autre récitation religieuse, les seuls chose que j'ai pu entendre venant de lui c'était du Rap, et toujours avec la même violence et la même rage : il dénonce sa vie de vermine comme il dirait, mais à ce moment précis c'était une autre facette de lui que je n'ai jamais vu, ni entendu qui a fait l'effet d'une bombe dans mon cœur. J'en avais la chair de poule, mes poils se hissés...
Moi : « Masha'Allah.. »
« Fallait que quelqu'un le face non ? »
Moi : « Oui, et toi tu l'a fait, ça prouve ta grandeur, je t'admire de plus en plus. »
« Faut pas admiré un voyou comme moi, j'aime pas ça et tu le sais très bien. Il s'appelle comment déjà ? »
Moi : « Attayâb Ahmed. »
« Je retrouve Ahmed alors. »
Moi : « Tu le retrouve mais pas de la même façon, lui ne sera pas plongé dans l'illicite comme son père, lui ne sera pas endetté, lui sera un grand homme qui rendra fière sa mère ainsi que son entourage et je prierai pour ça. »
« Éloignez le d'ici alors. »
Moi : « Ça servirai à quoi de l'éloigner de ce quartier ? Lui cacher son passé, lui cacher d'où il vient ? Ça ne servirai à rien, il doit juste connaître les vrai principe de la vie et non ceux de la rue.. sa mère lorsqu'elle se rétablira lui apprendra beaucoup de chose bon pour lui et ça sera quelqu'un de bien Insha'Allah, je fais des invocations chaque jours pour qu'il n'emprunte pas un chemin semé d'épines. »
« Tu as peut – être raison, mais tu sais qu'il soit bien élevé ou pas, il choisira lui même la voie qu'il veut emprunté, tu m'a vu moi, j'ai deux choix, le rap ou le hram et j'ai choisi les deux ; dans la vie tout le monde à un choix à faire, même si il n'est pas engraîner par des gens, en voyant la souffrance de ces gens, ou même de sa mère la tentation sera trop forte et il pourrait plonger dans ce monde où tous ces jeunes sont, et moi je veux pas de ça wallah, même Ahmed le voudrait pas. »
Moi : « Comme tu dis, on a le choix entre deux monde, et si on a la foi ou quelqu'un qui nous soutiens on prendra un bon chemin tu ne penses pas ? Si tu avais de la famille, ou même une personne que t'aime et qui t'aime pour te tirer les oreilles et t'expliquer c'est quoi la vie, tu ne penses pas que ta vie serait mieux ? »
« Je sais pas wallah. En tout cas ça sens le vécu par ici. »
Nelhâna rentre dans la pièce, les yeux gonflés, elle n'a pas eu de long sommeille cette petite..
« Kaïli, t'a pas vu les serviettes hygiéniques ? »
En se rendant compte de la présence de Phénix, elle est devenue toute rouge ; et moi j'étais morte de rire, le fait de la voir dans cet état. J'avoue que c'est la honte de dire ça, devant un homme. Elle se frotte les yeux, comme pour voir si elle ne rêve pas et repars en direction de la chambre le plus rapidement possible.
« Ta pote la marseillaise, elle voit pas ou quoi ? Déjà c'est quoi hygiéniques ? »
Je me suis plié en deux, heureusement qu'il n'a rien compris, sinon ça serait encore plus troublant pour Nelhâna. Saddam, lui il me regarde avec un regard d'incompréhension, puis se met à parler avec Ahmed tandis que moi je rigolais. Nelhâna est revenue toute gêné, et lui a tendu la main.
« Bien la marseillaise ? »
« Toulousaine, et oui je vais bien merci. »
« Pourquoi t'étais toute rouge, j'ai rien capté wallah ? »
Moi : « Cherches pas. »
« Oui, cherches pas. »
« Vous êtes folle j'ai juré.. té – ma Ahmed t'est entouré de malade. »
Moi : « Merci pour le compliment. »
« Azi va faire son biberon il a faim. »
Moi : « T'est bizarre toi, il vient tout juste de manger Phénix. »
« Il a faim ! »
Moi : « Tu psychote toi. »
« Va le faire là, je vais bientôt bougé. »
Je suis partie faire son lait, pour faire plaisir à Saddam, mais j'ai pas compris vu que le petit a manger il y a pas très longtemps de ça. Je lui emmène le biberon fait, et je m'assois près d'eux.
« Ouvre la bouche bonhomme. »
Cette image était très beau et émouvant en même temps ; c'est comme un père donnant à manger à son fils même si ce n'est pas le cas, j'en ai eu l'impression. Attayâb était en train de manger et ça m'a fait sourire parce que jamais il n'a mangé deux fois.
« Alors il a pas faim là ? Bande de radine ! Il doit prendre du muscle le petit. »
« C'est Kaïli elle dit que c'est pas bon de lui donner deux fois. »
Moi : « Nel pourquoi tu mens ? On n'y a jamais pensé et puis il est fragile ! »
« T'est trop protectrice ! »
Moi : « Et toi ? Si tu pouvais tu l'emmènerai dans le lit avec nous ! »
« N'importe quoi ! »
« Des migraines, vos gueules, il veut dormir là. Je sais pas comment il fait pour vous supporter. »
Après que le petit s'est endormi, Phénix est partie en me disant qu'il allait revenir. En fermant la porte, je me rends compte qu'il a oublié son portable sur le canapé. Je cherche pas à courir derrière lui, car je sais qu'il va revenir le chercher. Une heure passe, et le petit s'est réveillée, je suis partie le prendre et en même temps quelqu'un frappe à la porte..
Moi : « Nel c'est qui ?»
Personne ne me réponds.
Moi : « Nel ? C'est Phénix ? »
Tout en avançant, j'arrange la couverture qui entoure Attayâb. Je lève les yeux arrivée au salon, et je le trouve lui devant moi ; l'expression de son visage j'arrive pas à le cerner. Il s'approche de moi et du petit sous les yeux de Nelhâna, et me prend l'enfant des bras. Je m'y suis pas attendu à son apparition dans mon appartement, que je le laisse le prendre. Il arbore un sourire qui fait illuminé son visage ; ce n'est plus le même, il respire la vie et non la mort.