Cocktail molotov

By lakacla

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Duo amoureux, un cocktail de passion, de proximité, une explosion ! Le courage d'assumer cette différence, de... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Bonus
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Bonus
Chapitre 13
Hello
Chapitre 14
Chapitre 15
Bonus
le cadeau
Épilogue
Album et remerciements
FAQ

Chapitre 9

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By lakacla

Les bisbilles sont parties intégrantes de la vie en général et la vie de couple en particulier. La différence se trouve dans la manière de les élucider.

-Que fais-tu Barbara ? Demande Éric en entrant dans leur chambre.

La maman de Yolande range son téléphone sous son oreiller puis s'essuie les larmes.

-Rien chéri. Je me suis allongée un moment. Ma cheville me faisait souffrir il y a un instant.

-Tu as appliqué la pommade prescrite par le médecin ?

-Bien sûr et ça m'a soulagé. Répond-elle en esquissant un sourire forcé.

-Tu as pleuré Barbara. Tes joues sont rosies et tu as les yeux larmoyants. Tu es sûre que tu vas bien ?

Elle s'effondre à cause de la question qu'il faut éviter de poser en pareille circonstance. Son mari s'inquiète. Il l'a laissé évacuer toute la tristesse accumulée. Ça lui a pris quelques minutes avant de se débarrasser une fois pour toute de ces larmes.

Elle sort de sa cachette son téléphone, le déverrouille puis lui montre l'image qui s'y trouve.

Éric Dupuy fixe l'image, ne comprenant pas ou refusant de comprendre qui était cette petite merveille pétillante de bonheur avec ce sourire craquant et ses yeux malicieux.

-C'est notre petite-fille Éric. Elle s'appelle Dalanda et elle vient de souffler sa troisième bougie.

-Où as-tu eu cette photo ? Tu es toujours en contact avec Yolande ? Demande-t-il après un long silence.

Sa voix est si empreinte d'émotions qu'il parle tout bas.

-Non c'est mon frère qui me l'a envoyée. Lui, il lui parle très souvent.

-Barbara...

-S'il te plaît Éric. L'interrompt-elle Tu m'en as trop demandé. Yolande est sortie de mes entrailles, elle restera toujours une partie de moi. Elle me manque, je ne peux plus le cacher. Dalanda, c'est notre sang. Ça se voit tellement. Il est vrai qu'on est en désaccord avec notre fille mais tu ne penses pas qu'il est temps de se repentir, d'accepter son choix puisqu'un enfant est né de cette union. Il n'y a plus moyen de lui faire comprendre notre position. Rentrons au Sénégal pour nous réconcilier et devenir la famille soudée que nous étions.

Éric venait de verser sa larme malgré l'incessante retenue dont il a fait preuve. Sa femme se blottit contre lui, il n'arrive pas à retrouver ses esprits. Cette enfant, il la voit même quand il ferme les yeux.

-Tu sais bien que Yolande était ma prunelle. Elle m'a déçu quand elle a tenu à défendre ce pseudo amour qu'elle portait à ce... Je veux qu'elle regrette ce choix et vienne d'elle-même nous présenter ses excuses. Laissons notre fille se casser la gueule, ainsi elle saura qu'il faut respecter et écouter ses parents.

-Cette fois non, pas après presque 4 ans. Et si nous nous étions trompés. José Manuel, mon frère m'a révélé qu'elle est très heureuse dans son foyer. J'ai l'impression que tu souhaites sa chute afin d'alimenter ton ego. Qu'est-ce qui est plus important Éric ? Tu viens de dire qu'elle compte plus que tout pour toi alors accepte. Je regrette ce que nous avons fait. Elle avait besoin de nous et nous l'avons renié. Elle doit se sentir orpheline alors que nenni. J'ai envie de la revoir, Éric. J'ai envie de connaître ma petite-fille. La vie est courte, il faut profiter de ce bonheur que Dieu nous offre et jeter aux oubliettes ces absurdes pensées qu'on a eu tout ce temps.

L'ancien capitaine se lève irrité.

-Débarrasse toi de cette image et ôte de ta tête cette histoire comme quoi nous devons retourner au Sénégal. Ma décision est irrévocable. Yolande Erika n'est plus ma fille.

Il se retourne pour partir quand Barbara lui lance ce qui lui a glacé le sang.

-Avec ou sans toi, j'irai. J'en ai jusque là de mettre mon opinion en bas au profit de tes décisions.

-Je déchirerai tous tes papiers s'il le faut. Tonne le Français.

-Je vais m'en trouver d'autres. Tu ne comprends pas que rien ne me fera reculer.

-Si tu poursuis ce projet, je te quitte Barbara Oliveira.

Cette dernière place sa main sur son buste, les yeux grands ouverts. Éric en profite pour s'en aller.

****

La déliquescence des valeurs, la dépravation des moeurs minent la société actuellement. La jeunesse perd de sa superbe à cause de cette nécessité à ressembler à quelqu'un d'autre, un autre qui détient une culture qui est différente et incompatible avec cette éducation reçue par nos aïeux.

Enracinement puis ouverture, pronons-nous. Est ce qu'il y a toujours des racines ? S'ouvrir à quoi ?

Qu'est-ce que nous copions chez l'américain, l'européen ou l'asiatique. L'avons-nous analysé ? Est-il en adéquation avec cet enseignement dispensé depuis la naissance.

Beaucoup peinent à comprendre que l'étranger n'est pas le Diable, que l'européen ne change pas les us et coutumes de ces enfants. Il a tendance à être diabolisé or cette société occidentale forme des modèles, des Idoles qui marquent leur histoire.

Pour éviter de tergiverser, il faudrait juste se limiter à l'habillement. À quoi pensent ces jeunes gens quand ils s'habillent de manière si... Inqualifiable. Seins au dehors, cuisses dénudés, ventres et nombrils dévoilés.

Où est la simplicité ? La classe ? La prestance ?

Et toutes ces vidéos et photos prises après. Vont-elles être supprimées pour de vrai ? Si, par malheur, il y a disparition ou décès. Quelles images seront publiées ? Riment-elles avec le respect ?

D'aucuns verront cette série d'interrogations comme un Jugement fait à leur encontre. Cependant ils s'enfonceraient dans leur bêtise.
Les valeurs africaines exigent ce respect de soi, le respect de son corps et de sa couleur de peau, la texture de ses cheveux. Si chacun mettait en exergue un seul de ses atouts naturels, sans complexe, nous n'en serions pas là.

L'albinos avec ses cheveux jaunes,
La personne souffrant de dermatose montrant fièrement ses tâches roses sur sa peau et ses lèvres.
Les cheveux crépus, les sourcils fournies, la peau sombre.
Il y a forcément une manière d'être belle selon ses aptitudes.

Ils ont fait croire que c'était moche, pour vous rabaisser. Ils ont crié La tabula rasa (table rase), un continent acculturé. Encore pour faire semer le doute partout.

Oh combien ils ont tort !
Ils se battent pour avoir la chance qu'on a, déboursant un pactole pour ces formes sulfureuses dont ces noires sont dotées et ce teint résistant à tout.

La connaissance de soi, l'acceptation de soi et la confiance en soi : une jeunesse doit cheminer avec ce type de pensée.

Se contenter de ce que l'on a. Se limiter à ce que ses parents peuvent lui offrir. Ne pas regarder ce que son compagnon obtient. Essayer de l'avoir vaille que vaille pour une satisfaction de courte durée. Mériter son dû, c'est un facteur poussant à la réussite, ça aiguise le courage pour qu'à court terme, ces moments de galère ne soient que de mauvais souvenirs.

Il y a deux options. La vie facile et la bataille. Se battre pour être quelqu'un, choisir la facilité pour du "buzz".

Ils le quémandent tous et c'est si éphémère comme son nom l'indique (le bruit fait par une abeille ). Pourtant il y a mieux, demeurer dans l'esprit du monde entier. Par des actes humanitaires, le don de soi, le sacrifice pour sa nation. Bref cette participation pour la bonne marche de son pays, son continent sous toutes ses formes.

~

Dalanda et ses parents étaient au restaurant ce soir pour dîner. Bashir devait rentrer le lendemain matin et il voulait faire plaisir aux deux femmes de sa vie.

À l'autre bout, un groupe de jeunes entre 15 et 17 ans fumaient sans gêne, une bouteille de vin trônant fièrement au milieu. Les filles sur les genoux des garçons chuchotaient toujours, regardant de temps en temps du côté de la table de la famille Niane. En fait, c'est Bashir qui les intéressait spécialement. Elles voulaient attirer son attention en faisant le plus de bruit mais il était occupé à couper la viande à sa fille, acceptant ses caprices. Erika les regardait elle, voulant les intimider.

-Tu ne manges pas Babe ? Ton plat est resté intact. Remarque Bashir lorsque Dalanda a demandé à aller aux toilettes.

-J'évite les dîners Sunshine. Je suis trop grosse. Dit-elle en tirant la bouche.

-Tant que j'arrive à te porter, je ne te trouverai pas grosse. Tes formes me font un effet... Ouh.
Il se mord la lèvre puis lui fait un clin d'oeil.

-Et mes joues ?

-Je n'aime pas les femmes qui n'ont pas confiance en elle Erika. Dit-il en la regardant sérieusement.

-Ce n'est pas ça...

-Si ! La maternité a ses conséquences, en plus tu prends la pilule. Le changement corporel, ça arrive à tout le monde donc arrête de te plaindre tout le temps. Pense à ces personnes qui ont perdu la vue, qui ont des problèmes pour manger, qui ne peuvent pas parler de leur douleur ou exprimer leur besoin. Le poids représente un détail et je ne peux pas toujours te rassurer.

-Ne me gronde pas s'il te plaît.

Elle lui fait un smack rapide. Son époux rit puis pique une bonne part de viande grillée et lui donne une bouchée. Elle termine très vite son plat.

-Papa ? Glace... Réclame Dalanda en montrant du doigt le glacier.

-Attends un peu chérie. Tu n'as même pas terminé ton dîner. Dit Yoyo.

-Sourna, (j'ai assez mangé).

-Laisse nous terminer, ainsi nous dégusterons ensemble cette glace. Amadoue la mère.

-Veux pas maman. Glace tout de suite.

Elle croise les bras et tire la même tronche que celle de sa grand-mère quand Yolande passe devant elle.

-Ramata ! On fait ce que j'ai dit. Bois ton jus de fruits avant que je ne me fâche. Bashir, parle à ta fille...

-Vanille-chocolat, ça te va ? Demande le marin, la tête tournée vers sa princesse.

-Bashir ! S'étonne Erika. Tu es sensé m'appuyer.

Il fait signe au serveur avant de la regarder.

-Je rentre demain Babe.

-Et après ?

-On est venus ici pour lui faire plaisir. Qu'elle mange la glace tout de suite ou en même temps que nous, c'est pareil

-Elle me tient tête et fait l'enfant impoli. Ça ne te choque pas ?

-Elle n'a que 3 ans. Mon bébé n'est pas impoli.

-Tu ne m'aides pas. Tu es entrain de l'habituer à quelque chose qui prendra fin quand tu nous laisseras. Aimer sa fille et avoir peur d'elle sont opposés.

-Nous pouvons l'éduquer avec douceur. Je voudrai offrir à ma fille ce dont je n'ai jamais bénéficié, l'amour et la complicité avec mes parents.

-Je... Commence le pédiatre.

-On terminera cette discussion à la maison.

Le serveur venait de remettre à Dalanda un cornet de glace. Elle sourit puis pose un bisou sur la joue de son père.

Plus tard, l'addition payée la micro famille Niane prend la route. Amadou portait sa fille dans ses bras et la main de Yolande était dans la sienne.
Dans la voiture, il conduisait tranquillement, jetant des coups d'oeil à sa fille qui était installée dans sa chaise spéciale. Elle somnolait pendant que sa mère engloutissait deux gros beignets à la crème.

-Je pensais que ce sera pour le petit-déjeuner de demain.

-Je n'ai pas pu résister. Sourit-elle.

-Tu devrais faire du sport le soir ou les week-end.

-Voilà ! Même toi, tu dis que je suis grosse.

-Non ! C'est pour ta santé. Tu manges mal : c'est trop gras. La viande, le fromage, la crème, la pâte. Il n'y a pas que ça comme nourriture.

-J'essaie de faire un régime mais la nuit j'ai tellement faim que je suis obligée de me remplir la panse avec les biscuits de Dalanda, le reste du paquet de chips, le pot de Nutella et le pain de mie. Je me dis qu'on vit une seule fois ou que je pourrai mourir de faim et quand je suis rassasiée, je m'en veux. J'ai juste envie de me mettre une baffe.

Bashir éclate de rire.

-Donc c'est toi qui...

-Ne m'accuse pas Dou. S'il n'y a que ça comme nourriture, je ne vais pas manger mes cheveux quand même.

-Essaie un jour, peut-être que ça te servira de déjeuner.

Elle lui donne un coup de coude et lui continuait de se moquer.

-Je t'aime. Sort-elle soudain. J'aime ma vie, celle que je partage avec toi. J'adore ton rire, tes blagues. Cette allégresse qui colore notre famille, je veux qu'elle reste intact. Certes tu as ton fort caractère et ton franc-parler, ta jalousie et un soupçon d'impatience mais tu restes la meilleure personne que je connaisse.

-Erika ! Je... Je ne sais même pas quoi dire.

-Tu me fais tous les jours des déclarations plus belles que ça. Je voulais juste exprimer ce que je ressens aujourd'hui.

Bashir se gare correctement puis capture ses lèvres l'emportant dans une tornade d'émotions, un séisme de désir et un tremblement de terre passionnel.

-Papa, maman. Murmure Dalanda.

Ils se séparent rapidement. Heureusement qu'il faisait sombre, donc elle n'a rien pu voir.

-Viens ici, mon ange. Tu es réveillée ?

Le fils Niane entre dans la maison avec sa fille et sa femme se charge de verrouiller les portes de la voiture.

Leur journée était longue et fabuleuse. Très tôt, ils ont quitté la maison. Ils sont allés au supermarché pour le goûter de la petite. Bashir tenait à remplir le frigo avant son départ pour une ration d'au moins un mois. Entre chips, chocolats, petits beurres et autres petites gâteries, il n'y en avait que pour elle.
Ensuite, ils ont fait un pique-nique dans le parc zoologique de Hann. Le dîner a clôturé tout cela.

-Bonsooooiiiiiir... Disent-ils en choeur à l'endroit de toute la famille qui était dans le salon de Dame Marietou.

Les autres répondent de manière inaudible. Ils s'asseyent un instant pour discuter un peu avec eux.

-Va donner la main à Mémé. Dit Yolande à sa fille.

-Non ! Refuse la métisse en calant sa tête contre le cou de son frère.

-Mais pourquoi ?

-Elle va me bousculer. Répond-elle. Tout le monde l'a entendu.

-Ramata Dalanda ! S'offusque Erika.

-De quoi tu parles bébé ? S'intéresse son père.

-Mémé m'a poussée un jour, tu n'étais pas à la maison. Elle m'a fait mal. Explique-t-elle.

-Maman, tu as entendu ce que Dalanda vient de dire.

-C'est faux. Crie-t-elle. Sa dom bi doul rek lay Def comme ndeyame. Ta fille est une menteuse comme sa mère.

-Je suis désolée de te dire qu'elle ne ment pas maman. Si elle dit que tu l'as fait, alors c'est vrai.

-Amadou Hé, intervient Cheikh Omar. Tu te prends pour qui ?

-Ne t'en mêles pas Grand. Tu as des choses plus importantes à régler et nous savons tous les deux de quoi je parle.

Cheikh se rassoit immédiatement, fixant la télévision.

-Amadou Bashir Niane, c'est à toi que je parle. Ta femme et toi m'avez fait subir multiples affronts. Si vous voulez la paix, éduquez votre enfant, dites lui que je ne suis pas n'importe qui.

-Sokhna Marietou, interpelle Pa Malado. Ne menace pas mon fils. Tu en as assez fait maintenant. Dalanda est de ton sang. Je suis au courant de tout. Toute la haine que tu portais à sa mère, tu le lui transmets. Arrête maintenant. Je te défends de lui faire du mal. Je ne veux plus que tu aies un quelconque accrochage avec elle. Je porte toujours le pantalon dans cette maison.

Elle quitte le salon en pleurs reniflant brutalement. Sa troupe la suit jusque dans la chambre.

****

-Il fallait m'en parler Erika. Dit calmement Bashir en s'asseyant sur le lit.

-J'ai oublié. Se limite sa femme.

-Je ne te crois pas.
Quand je te demande des nouvelles de Dalanda, tu me dis qu'elle va bien et qu'elle s'amuse avec les autres alors que personne ne la considère comme un membre de cette famille. Il a fallu que tout sorte ce soir pour que je sache tout.

-J'évite de me plaindre à tout bout de champ.

-Si je n'étais pas si loin d'elle, elle ne vivrait pas tout ça.

Elle hausse les épaules seulement.
Munie de deux cotons tiges, elle met sa tête sur sa cuisse pour lui curer les oreilles. Pendant qu'elle s'occupe de lui, il se met à faire des va et vient entre sa cheville et sa cuisse. Elle en avait des frissons.

Des coups à la porte l'arrêtent dans son jeu de séduction. Yolande passe un boléro sur elle puis va ouvrir. Comme elle s'y attendait, c'était Dalanda qui voulait passer la nuit avec son papa. Naturellement, celui-ci n'a pas décliné. Il l'a installée avec sa doudoune au milieu du lit.

-Si on lui donnait un petit frère puisqu'elle en réclame tous les jours, elle allait rester dans sa chambre. Dit Bashir, tout bas.

-C'est elle qui veut un frère ou toi qui souhaites avoir un autre enfant ?

-Penses y Babe. Je sais qu'on avait convenu d'attendre qu'elle ait 4 ans mais s'il te plaît arrête cette contraception.

-J'irai voir Rachida cette semaine. Dit-elle en encerclant ses bras autour de son cou.

-Sérieux ?

Il sourit, n'y croyant pas.

-On aurait pu s'entraîner si ta soi-disant princesse était restée dans sa chambre. Siffle-t-elle en se détachant.

-Ne me fais pas ça Erika. Se plaint-il

Il bave presque en la regardant se déhancher jusqu'à la douche.

-Papa, viens à côté de moi.

Sa fille le ramène à la réalité, il exécute sa demande. Il l'a bordée pendant un petit moment l'esprit kidnappé par cette chasse d'eau et l'image créée dans sa tête du corps nu de sa Reine sous le jet.

Un portable sonne. C'est celui de Yoyo. Il regarde le nom de l'appelant : Cyril Caillaud. Ça ne lui rappelle personne.
Il laisse sonner, cogitant toujours.

Erika sort de la douche au même moment, s'essuyant les cheveux. Le téléphone sonne encore. Elle le récupère pour répondre. Elle va dans le salon, ce qui inquiète Bashir. Yolande parle toujours au téléphone en sa présence. Il la suit.

-Je dois te laisser Cyril. Mon mari est à la maison ce soir. Nous reparlerons de tout ça demain s'il te plaît... D'accord. Passe une agréable nuit... Oui Bisous.

-Erika ! Appelle le jeune Sénégalais derrière elle.

-Tu m'as fait peur Sunshine. Dit-elle en se tenant la poitrine.

-Qui est ce Cyril Caillaud ?

-Tu ne le connais pas.

-C'est parce que je ne le connais pas et que c'est toi qui le connais que je te pose la question.

-C'est un collègue Bashir. Rien d'autre.

-Un collègue qui t'appelle à minuit ? Ce n'est pas la première fois qu'il le fait. Donc tu profites de mon absence pour parler à d'autres hommes, la nuit en plus.

-Ne tire pas de conclusion alors que tu ne connais pas le fond du problème.

-Laisse tomber Erika. Il se laisse tomber sur le fauteuil.

-Il vient de divorcer. Il avait besoin de quelqu'un à qui parler. Nous nous sommes vus en ville alors que je déjeunais avec Ndella. Il s'est joint à nous et il s'est confié. Nous avons échangé nos contacts et quand il se sent mal, il m'appelle. Ce soir, il a beaucoup pleuré et il avait besoin de se soulager.

-Tu es psychologue ou pédiatre ?

-Arrête Bashir. Elle s'assoit elle aussi à califourchon sur lui. Elle essaie de l'embrasser mais il la repousse.

-Pourquoi tu ne m'en as jamais parlé ?

-C'est entre lui et moi.

-Ah ! ( Il se tient le menton).
Tu te fous vraiment de moi Erika. Alors là vraiment. Une femme mariée et qui se respecte, qui respecte son mari éteint son téléphone à cette heure. Elle est assez ferme pour ne pas laisser un imbécile fragile communiquer avec elle n'importe où et n'importe quand.
Tu voulais que je te dise que tu es gentille, que tu es toujours prête à aider ton prochain dans la discrétion. Non ! Le revers de la médaille c'est ce qui me fait mal en ce moment, ton manque de considération.

-Je mets ça sur le compte de ta jalousie Bashir.

-C'est plus profond que ça. Crie-t-il en la dégageant pour se lever.

-Parle doucement Dou. La petite risque de se réveiller.

-Tu dois revoir ton comportement Erika Niane. La distance est déjà un frein, le manque de confiance pourrait s'installer et ce serait de ta faute.

-Ne sois pas paranoïaque Bashir. Je n'ai rien fait de mal, personnellement.

-Paranoïa ? Quelle paranoïa ? Je suis dans mon droit de te faire une scène. Je ne sais même pas le type de relation que vous entretenez.

-Tu m'accuses d'adultère ?

-J'ai des doutes. Voilà ! Tu es contente ? Je veux que tu arrêtes de parler avec lui, supprime son numéro. C'est un ordre, ne t'avise pas de me contredire.

-On aurait pu en parler sans que tu ne sois dans cet état. J'admets qu'il n'aurait pas dû appeler à cette heure mais il reste un camarade de promotion et un collègue. Je ne peux pas du jour au lendemain couper les ponts avec lui.

-Je n'accepterai pas qu'un petit con se paie ma tête. Tu es à moi Erika (il la prend par la taille pour coller son corps contre le sien). Si tu me trompes, je vous tue tous les deux.

-Je ne te trompe pas putain. Elle met sa main devant sa bouche, regrettant déjà le gros mot.

Bashir la plante au milieu du salon pour aller se coucher.

****

-Une semaine Ndella ! Ça fait une semaine que mon mari est fâché pour un malentendu.

-Il abuse. Reconnaît-elle.

-Il est rentré sans me parler. Je lui ai fait son petit déjeuner, il n'y a pas touché. Il est parti sans me dire au revoir ou me donner un bisou sachant qu'on ne se reverra pas de si tôt. Quand il appelle ces derniers jours, il demande juste comment je vais puis veut parler à Dalanda. Il coupe tout juste après. J'ai essayé de lui parler, de m'excuser mais il reste de marbre.

-Je ne comprends pas les hommes moi, le mien exige que j'arrête mon travail pour le rejoindre en Suisse.

-Il en parle toujours ?

-Il n'est pas prêt de lâcher. J'ai toute ma vie ici, mon travail me plaît et mes enfants sont habitués à cette vie. Hier soir, il a menacé de me les prendre en déposant leurs papiers. Comme ça si je me retrouve seule, je penserai à venir aussi. Tu trouves qu'il est juste ?

-Du tout ! Je te parle de mes problèmes alors que le tien est pire.

-Je suis stressée. Je ne suis plus tranquille car nos discussions finissent par des reproches et bouderies.

-Comment régler nos petites querelles de ménage ?

-Je me pose la même question.


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Vous les aidez ?

Que doit faire Yolande ?

Et Ndella ?

Vos impressions...

À suivre...

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