Court chapitre pour les raisons énumérées dans le dernier segment. Bonne lecture !
Chapitre 53.
— Avant toute chose, tu dois me promettre de laisser Isaac tranquille et de ne pas le mêler à tes plans douteux. Laisse les gringos tranquilles.
Wayne plissa les yeux. Ça lui faisait bizarre d'entendre Chaz employer un terme espagnol, mais son visiteur mettait cartes sur table. La discussion était sérieuse et il le lui signifiait de cette façon. Tous les deux savaient que Wayne n'utilisait l'espagnol seulement comme langue de commerce. C'était utile avec les Mexicains. De plus, c'était pratique pour ne pas se faire comprendre des gardiens. Malheureusement, Chaz ne connaissait que quelques mots ici ou là. Il ne pouvait pas soutenir une conversation, mais c'était juste assez pour dire qu'il ne blaguait pas.
— Isaac ? demanda-t-il, l'air de rien. Ce n'est qu'un ami.
L'Afro-américain secoua la tête.
— Ne joue pas au con avec moi. Il ne fait pas partie de notre monde. Il est innocent.
— Tu es devenu quoi ? Le sauveur de la veuve et de l'orphelin ? se moqua Wayne. J'ai toujours corrompu les innocents et tu ne vas pas me faire croire que tu n'as jamais joué le rôle du petit diable sur leur épaule non plus !
Chaz se renfrogna.
— C'est différent. C'est ce que je demande et je te jure que tu ne le regretteras pas : mes informations sont pertinentes. Je suis certain que tu en feras bon usage.
— Isaac est comme un papillon qui tourne autour du feu...
Disant cela, Wayne reprit son briquet et alluma la flamme juste sous ses yeux.
— Il va se brûler les ailes..., rajouta-t-il, le regard fixé sur la flammèche qui dansait, que ce soit avec toi ou avec moi. Il aime la chaleur du feu, même s'il n'en a pas encore conscience.
Isaac avait, sans aucun doute, un certain goût pour le danger. Ça avait sans doute joué quand il avait décidé d'accepter de passer de la drogue à la frontière. Il fallait de sacrées couilles – ou un grand désespoir – pour tenter un truc pareil. Gare aux non-habitués : les douaniers étaient formés pour repérer ce genre de petits passeurs occasionnels qui tremblaient rien qu'à l'idée d'être interrogé.
— Et je sais que tu aimes le goût du sang. J'ai de quoi le satisfaire, mais avant... jure que tu ne le mêleras plus à tous tes plans foireux.
— Tu lui as dit de ne pas s'approcher de moi, hein ?
Chaz eut un rictus.
— Qui ne l'aurait pas fait ?
Wayne eut un rire désabusé.
— Je lui ai dit de se méfier de toi.
Il était difficile de déterminer lequel d'entre eux était le plus dangereux. Chaz était plus violent et physique, tandis que Wayne était du genre sournois et manipuleur.
— Alors, nous sommes à égalité.
— Il n'a écouté aucun de nos avis, visiblement.
— Il est têtu : c'est ce qui me plaît.
Wayne se mordit la lèvre, amusé.
— Si j'ai besoin de m'en prendre à toi : je saurai où frapper désormais. C'est lui qui te plaît ou seulement son cul ?
Chaz fusilla son interlocuteur du regard.
— Nous nous éloignons du sujet. Tu veux ces infos, oui ou non ? J'irai les offrir à quelqu'un d'autre si tu n'es pas intéressé.
Wayne se mordit la langue. Il scruta son vis-à-vis du regard, cherchant à percevoir si ça en valait le coup. Chaz ne viendrait pas le voir pour rien. La plupart du temps, ils s'évitaient. Cette information devait être importante.
— C'est bon, finit-il par céder en levant les mains. Je le jure : je ne toucherai pas à ton précieux Isaac.
L'Afro-américain leva les yeux, il se pinça les lèvres et resta, quelques secondes durant, silencieux. Si Wayne ne respectait pas sa parole, il prendrait plaisir à le tuer. Il s'était déjà battu avec Taylor et Johnsson dans les dernières semaines, alors ce n'était pas comme si ajouter un nouveau nom à sa liste serait problématique... Par son regard, il s'assura de le faire savoir à sont interlocuteur qui ne broncha pas.
— Très bien. Mes sources sont sûres : Wilds, le nouveau, est un agent infiltré du FBI.
Sitôt sa bombe lâchée, Chaz contempla son effet sur le visage de Wayne, puis il tourna les talons et disparut de la cellule aussi vite qu'il était arrivé. Bientôt, Wilds ne serait plus un problème...
Laissé à sa solitude, Wayne resta le regard fixé sur la porte pendant plusieurs secondes, puis un lent sourire étira ses traits.
— Game over, murmura-t-il pour lui-même.