Les Royaumes d'Eredjan 1 - La...

By marinecrivain

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Saillans et Elenith, Nord et Sud de l'Île d'Eredjan, deux royaumes qui s'affontrent depuis cinq siècles, deux... More

Avant tout
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Partie 3
Partie 4
Partie 5
Partie 6
Partie 7
Partie 8
Partie 9
Partie 10
Partie 11
Partie 12
Partie 13
Partie 14
Partie 15
Partie 16
Partie 17
Partie 18
Partie 19
Partie 20
Partie 21
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Partie 32
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Partie 34
Partie 35
Partie 36

Partie 1

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By marinecrivain


- Capitaine !

Le hurlement arracha Eliam à son sommeil. Au même instant, le drap suspendu dans lequel il s'était endormi se retourna. Il atterrit brusquement sur le sol, face contre terre, laissant échapper un grognement de mécontentement. Il leva les yeux sur sa cabine qui essuyait une violente tempête. Les rares objets qu'il n'avait pas pris soin de ranger gisaient à terre. Entièrement couverte de boiseries, du sol au plafond, la cabine du capitaine était petite et modestement meublée d'une table de travail, d'une lourde malle à vêtements et d'un lit encastré entre deux armoires remplies de livres d'aventures et de traités de navigation. Ce couchage, Eliam le délaissait quotidiennement au profit du large hamac qu'il avait suspendu au milieu de la pièce. Alors qu'il tentait d'émerger, on cria de nouveau :

- Capitaine !

- J'arrive, grogna le jeune homme, tout à fait réveillé.

Il se releva vivement et attrapa une poutrelle pour rester debout. Il se félicita de s'être endormi habillé et chaussé, car avec la houle qui secouait le navire il aurait été bien en peine d'enfiler ses bottes de cuir. Il saisit sa dague et la glissa dans son ceinturon. Il monta les quelques marches qui le séparaient du pont. Quand il enfonça la porte, une violente bourrasque faillit à nouveau lui faire mordre la poussière.

- Capitaine, on a besoin de toi au gouvernail ! s'écria Shilar avant de grimper à la grand voile.

Eliam courut jusqu'à la barre. Il avait passé la première partie de la nuit sur le pont. Quand le vent était tombé, ralentissant le voilier, il était allé prendre quelques heures de repos. Mais entre-temps, une brise d'ouest s'était levée et le navire avait pris plus d'avance que prévu sur sa trajectoire. Désone tentait d'éloigner le navire des falaises sans y parvenir. Eliam l'aida à braquer la frégate. Le coup de vent qui suivit fut si violent qu'ils crurent que le bateau allait se renverser. Mais le Mandragore se redressa. Ils prirent la direction du nord car plus ils approchaient du Cap de Nuites, plus ils avaient du mal à manœuvrer. Les hommes couraient le long du pont, actionnant les voiles du trois mâts avec adresse et rapidité. Une nouvelle vague s'abattit sur le navire avec une telle violence que Désone tomba sur Eliam, qui saisit le bras de son ami juste avant qu'il ne passe par-dessus bord. Le jeune capitaine le hissa jusqu'à lui en se cramponnant au gouvernail. Sur le pont, Shilar et cinq marins ne parvenaient plus à manœuvrer la grand voile.

- Je vais les aider, sors-nous de cet enfer ! hurla Désone avant de s'élancer sur le pont.

Eliam s'accrocha à la barre, il fallait qu'il parvienne à tirer le navire hors des courants du Cap. A l'Est, l'aube se levait doucement, une nouvelle bourrasque secoua le Mandragore. Le jeune homme était trempé jusqu'aux os. Une large mèche de ses cheveux bruns barrait son visage doré par le soleil. Son ample chemise de coton clair lui collait à la peau laissant saillir chacun des muscles de son torse. Ses prunelles agate étincelaient de malice dans la lumière du matin, car malgré le danger il ne se sentait jamais aussi libre qu'aux commandes de sa frégate. Rapide, légère, elle lui donnait le sentiment de ne plus avoir de limites, que ses rêves n'avaient plus aucune frontière. Soudainement, aussi vite qu'elle s'était levée, la tempête s'en fut. La mer reprenant son calme, Eliam put voir le soulagement sur le visage de chacun des membres de l'équipage. Il inspira profondément et ses poumons s'emplirent de la brume matinale.

Mais à nouveau, un hurlement retentit sur le navire. Une main se posa sur l'épaule du jeune capitaine. Il se retourna sur Désone, ses cheveux blonds hirsutes tranchaient avec son visage aux traits impassibles.

- Capitaine, nous avons repéré un navire ennemi, lui dit-il.

- Flotte d'Elenith ?

- A vérifier, mais c'est probable.

- Très bien, fais charger l'artillerie, dis aux hommes de se tenir prêts, nous allons lui donner la chasse !

- Bien, répondit son ami avant de filer sur le pont.

Eliam sourit, ce serait une journée comme il les aime. La frégate filait à toute allure vers le navire ennemi, le capitaine reconnut l'étendard aux couleurs chatoyantes d'Elenith. Désone revint à cet instant, flanqué de Shilar et Lalikine. Ses trois lieutenants étaient aussi impatients que lui. Ils virent le navire de commerce tenter une manœuvre pour échapper au Mandragore. Sur les mers du Nord, tous les équipages connaissaient la frégate du Royaume de Saillans, sa rapidité et la vaillance de ses marins. Shilar, le géant aux longs cheveux blonds éclata d'un rire tonitruant :

- Trop tard, bande de bâtards !

- Leur navire est lourdement chargé, nous les aurons rattrapés d'ici la fin de journée, constata Eliam.

- Nos poches seront pleines avant l'aube, s'écria Lalikine.

Eliam laissa la barre à Désone et descendit dans sa cabine, sortit deux pistolets de sa malle, et les glissa au creux de ses reins. Il récupéra son épée. Puis il se rendit dans la cale de son navire. Autour de lui, la rangée de canonnières était chargée, ses marins parés. Il remonta sur le pont et rejoignit ses lieutenants à la barre.

Les quatre amis se tenaient face à la brise, le regard figé dans la même direction. Enfants, ils avaient fait les quatre cents coups sur les terres de Saillans, aujourd'hui ils défendaient ardemment ses rivages.

- Capitaine, regarde donc ça, dit Shilar en tendant la longue vue à Eliam.

Le jeune homme la saisit et la braqua sur le navire ennemi.

- Depuis quand Elenith arme-t-elle ses navires de commerce de canons ? remarqua Eliam

- Tu plaisantes? s'écria Lalikine

- Regarde par toi-même.

- Cette bande de chiens en a peut-être assez de prendre des roustes, dit Shilar en prenant la longue vue à Lalikine.

- Bon, on fonce quand même, pleine face ? demanda Désone à Eliam.

- Non, nous n'allons pas prendre de risque inutile, ralentissons pour les garder à bonne distance. Nous n'attaquerons qu'à la nuit noire pour leur laisser le moins d'angle d'attaque, répondit le Capitaine.

La chasse se poursuivit toute la journée, Eliam jouait avec la voilure et le gouvernail pour rester dans le giron du navire d'Elenith sans être à sa portée. Il sentait l'atmosphère électrique qui régnait sur le Mandragore, l'attente exacerbait la soif de combat de ses marins. Puis peu à peu, le crépuscule embrasa l'horizon. Eliam ne fit allumer aucune des lumières du vaisseau et fit déployer la grand voile pour bénéficier entièrement de l'allure portante. Le jeune Capitaine s'assura que chacun était à sa place, et regarda le Mandragore s'approcher du navire d'Elenith tout en gardant un oeil sur le chef des signaux. Ses trois lieutenants se tenaient à ses côtés, Désone à la barre, tandis qu'ils prenaient le vaisseau ennemi de vitesse, tout en se gardant de l'approcher de trop prêt. Un silence de mort régnait sur le pont. Même si le navire d'Elenith se savait chassé, le Mandragore devait tenter de le prendre par surprise.

Quand ils eurent suffisamment pris d'avance, Eliam fit un geste vers le chef des signaux puis à Désone. L'instant d'après, le Mandragore virait de bord, tandis que Lalikine sautait sur le pont puis dans la cale. Quelques minutes plus tard, le rugissement des canonnières retentit, brisant le silence de la nuit, répandant une lourde odeur de poudre dans l'atmosphère, suivi du chaos de bois brisé et des hurlements des marins d'Elenith. La réplique ne se fit pas attendre prouvant que le navire marchand se tenait sur le pied de guerre.

- Désone, à bâbord toute, hurla Eliam.

Le lieutenant vira immédiatement de bord, fonçant droit sur le navire d'Elenith. Le Mandragore parvint à éviter une partie du tir. Mais un boulet de canon coupa la drisse qui maintenait le pavillon à la corne. Aussitôt, Eliam ordonna à un matelot de grimper pour passer une drisse. Puis il remonta vers le gaillard d'arrière, et se mit à aboyer ses ordres :

- Canonniers ! Prêts à tirer !

Aussitôt, la voix de Lalikine retentit dans la cale, répétant l'ordre.

- Tous les marins sur le pont, armes au poing.

Une nouvelle salve retentit, les boulets de canons ne firent que frôler le Mandragore, mais Eliam savait que la prochaine leur serait fatale, plus il approchait, plus il devenait une cible facile. Comme pour confirmer ses pensées, le temps se leva brusquement et la lune se mit à briller sur la mer, illuminant le Mandragore. A la prochaine salve de canon, le navire d'Elenith ne tirerait plus au hasard.

Eliam bondit sur le pont et courut jusqu'au gaillard d'avant pour évaluer la distance qui séparait son navire du flanc du vaisseau ennemi. A cet instant, il était pétri de ce sentiment étrange de trac et d'excitation. Il aimait l'ivresse de l'attaque, la fraternité des hommes dans la bataille. Mais ce qu'il adorait par-dessus tout c'était gagner, gagner une nouvelle part de gloire pour le Mandragore, pour son équipage, pour Saillans. Le sentiment de liberté extrême qu'il ressentait à cet instant était bien plus fort que la peur de la mort. De l'adrénaline pure coulait dans ses veines, stimulant chacun de ses sens, le rendant plus instinctif, plus habile, plus rapide.

- Marins, le temps est venu. Accrochez-vous nous allons les éperonner, s'écria-t-il à l'attention de l'équipage, tout en regagnant le centre du bateau pour pouvoir se tenir au grand mât.

Le choc fut terrible, le fracas du bois, les hurlements des marins adverses, les ordres désordonnés d'un capitaine qui réagissait trop tard. Eliam sentit l'éperonnage dans ses paumes rivées au bois de son navire et dans chacun de ses muscles. Puis il s'arracha à son appui en hurlant le cri de guerre de Saillans : « A cœur vaillant ! ». Il fut suivit puis reprit par chaque marin, comme un coup de tonnerre dans le ciel étoilé des côtes nord du Royaume de Saillans. Il amorça la détente de son mousquet. Son épée, dans son fourreau prête à être dégainée. Il saisit d'une main un hauban, se hissant sur la rambarde extérieure de son navire. Un seul regard sur le pont ennemi lui suffit pour constater que la violence de l'éperonnage avait complètement désorganisé l'équipage Elenith qui ne songeait plus qu'à fuir. Il tourna la tête et vit Shilar à ses côtés, un sourire carnassier aux lèvres. Puis les deux compères sautèrent sur le pont ennemi.


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ECHEC ET MAT By

Fanfiction

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pour tout vous dire, moi même je ne sais pas comment je vais vous faire une description...du coup....bonne lecture!!!