Jim Morrison

By Casti3lle

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À la base, j'avais pas envie de me retrouver à Paris. Mais bon, j'allais pas cracher sur l'opportunité. Je la... More

Prologue. « Y'aura pas de retour en arrière »
Chapitre 1. « Hey brother ! There's an endless road to rediscover »
Chapitre 2. « Si t'as des soucis, j'ai les mêmes aussi »
Chapitre 3. « Witchy woman, she got the moon in her eye »
Chapitre 4. « Run run runaway, runaway baby, before I put my spell on you »
Chapitre 5. « I wanna do what I want anywhere »
Chapitre 6. « Si le bigo est dans ta ville dis à tes cousins on y va »
Chapitre 7. « I'm walking on sunshine »
Chapitre 8. « Voilà du bon son pour rouler la nuit »
Chapitre 9. « Fais tes bails on fait les nôtres »
Chapitre 10. « Et le ciel de Paris a son secret pour lui »
Chapitre 11. « Regarde comme il fait chaud dehors, faut sortir s'aérer »
Chapitre 12. « This thing called love, I must get round to it »
Chapitre 13. « Everybody wants to be an astronaut »
Chapitre 14. « And in the end, I'd do it all again »
Chapitre 15. « On a acquis le statut d'famille »
Chapitre 16. « Vodka, Bourbon, Champagne, Rosé, Rosé, Rosé, ouais »
Chapitre 17. « Ben hier t'étais pas bourré. Ouais, t'étais pire »
Chapitre 18. « Bigo rime avec hypnose »
Chapitre 19. « So long we go, his welfare is my concern »
Chapitre 20. « Come as you are, as you were, as I want you to be »
Chapitre 21. « Don't stop me now, I'm having such a good time »
Chapitre 22. « This is what it feels like when you become one of the drunks »
Chapitre 23. « Searching for a new high, high as the sun, uncomfortably numb »
Chapitre 24. « À chaque fois j'me dis qu'ce sera la dernière »
Chapitre 25. « I don't know how I got this way, I know it's not alright »
Chapitre 26. « À quoi ça sert la vie, à voir ses frères partir ? »
Chapitre 27. « I'm a lonely sailor lost at sea drifting with the tide »
Chapitre 28. « It's easier to run, replacing this pain with something numb »
Chapitre 29. « Trop de colère et de tristesse »
Chapitre 30. « Friend, please don't take your life away from me »
Chapitre 31. « Workin' on our night moves »
Chapitre 32. « Tu sais me piquer, tu fais monter ma rage »
Chapitre 33. « Just because of you, I'm beging on you, you know it's for you »
Chapitre 34. « Prêt à croiser l'épée pour la voir danser l'été »
Chapitre 35. « Petit frère veut grandir trop vite »
Chapitre 36. « You keep me hungry while you eat me alive »
Chapitre 37. « Hey, I'm gonna get you too, another bites the dust »
Chapitre 38. « Now she's stronger than you know »
Chapitre 39. « Dans les recoins du cerveau existe une case sombre »
Chapitre 40. « The last thing that I had heard you were doin' just fine »
Chapitre 41. « Mon pote est mort là sans même me dire "Au revoir" »
Chapitre 42. « It's warmer in the morning than what it is at night »
Chapitre 43. « You'll never feel happy, until you try »
Chapitre 44. « J'suis chanteur, je chante pour mes copains »
Chapitre 45. « Beaucoup de choix, une seule décision »
Chapitre 46. « In time I want to be you best friend »
Chapitre 47. « I wanna know what you're doin' after the show »
Chapitre 48. « Don't fuck with my love »
Chapitre 49. « Sometimes I feel like I trusted you too well »
Chapitre 50. « Say goodbye to all your friends »
Chapitre 51. « Do you got room for one more troubled soul ? »
Chapitre 52. « I love the way you wake me up »
Chapitre 53. « Moi j'm'étonne même plus quand tu pètes un câble »
Chapitre 54. « C'est pas la fin du monde et ça ira »
Chapitre 55. « I see a bad moon a-rising »
Chapitre 56. « On n'est pas du même groupe sanguin »
Chapitre 57. « Des fois, ma grand-mère sort un rôti de son sac à main »
Chapitre 58. « Mon grand-père il roule les "R", il a l'accent de son patelin »
Chapitre 59. « Si mes parents voyaient, à quoi j'm'employais »
Chapitre 60. « You were an angel in the shape of my mum »
Chapitre 61. « Va-t'en, pourquoi t'attends ? T'as que vingt ans »
Chapitre 62. « And the last known survivor stalks his prey in the night »
Chapitre 63. « Take it away, I never had it anyway »
FAQ
Chapitre 64. « Don't think twice, it's all right »
Chapitre 65. « No you'll never gonna make this far »
Chapitre 66. « My mind's on fire , imprisoned by the thoughts of what you do »
Chapitre 67. « I'm tryin' to tell you I love you , in each and every way »
Chapitre 68. « Laisses tomber les filles, un jour c'est toi qu'on laissera »
Chapitre 69. « J'suis en apesanteur, tout me semble sans gravité »
Chapitre 70. « I got this feeling and it's deep in my bah-tay »
Chapitre 71. « Some people do it by the book but I prefer to go by feel »
Chapitre 72. « Fallait que je tombe sur les meilleurs »
Petite parenthèse (Casti3lle passion Sims)
Chapitre 73. « How would you feel, if I told you I loved you ? »
Chapitre 74. « Pour ma famille, mon clan, j'suis prêt à tout niquer »
Chapitre 75. « Il y a autant de vérités que de gens pour la contempler »
Chapitre 76. « I'd pick a guy like you for everyone »
Chapitre 77. « Laisse les gamins qui jouent, y'a rien qui bouge »
Chapitre 78. « She's a killer queen ; gunpowder, gelatine »
Chapitre 79. « Every step that I take is another mistake to you »
Chapitre 80. «Want the markings made on my skin to mean something to me again»
Chapitre 81. « And I wanna fight, but I can't contend »
Chapitre 82. « My poor heart aches with every step you take »
Chapitre 83. « Tellement jaloux, j'préférerais presque que tu sois moche »
Chapitre 84 . « There is still a light that shines on me »
Chapitre 85. « Do anything for the one I love »
Chapitre 86. « J'vais faire rimer l'éternité 'vec la fraternité »
Chapitre 87. « Personne n'agit avec perfection »
Chapitre 88. « Afraid to say what was on my mind »
Chapitre 89. « I'll be there for you »
Chapitre 90. « What about all the peace »
Chapitre 91. « Collision de pensées qui secoue ma tête »
Chapitre 92. « Tout c'qu'on veut c'est être à la maison »
Chapitre 93. « Chez nous on ne change pas une équipe tout court »
Chapitre 94. « Take my hand, let's have a blast »
Chapitre 95. « J'irai jusqu'au bout pour rendre les miens fiers »
Chapitre 96. « Let it be Christmas everyday »
Chapitre 97. « Regarde la vie qu'on mène, on fait ça que pour la famille »
Chapitre 98. « And I thought of us back to the time you were lying next to me »
Chapitre 99. « When life leaves us blind , love keeps us kind »
Chapitre 101. « We're building it up to break it back down »
Chapitre 102. « Don't let me be gone »
Chapitre 103. « Si t'as pas fait ton sac, elle viendra t'chercher quand même »
Chapitre 104. « Please don't go... I love you so »
Chapitre 105. « I try to picture me without you but I can't »
Chapitre 106. « Hey Jude, don't make it bad »
Chapitre 107. « I'm T.N.T. I'm dynamite ; T.N.T. and I'll win the fight »
Chapitre 108. « Don't need money, don't take fame »
Chapitre 109. « J'ai pas peur de la mort, j'ai peur de l'agonie »
Chapitre 110. « Comme un fils, je t'aimerai qu'importe le prix »
Chapitre 111. « Je connais mes talents . Ton corps, mes lèvres, un matelas »
Chapitre 112. « Quand j'dis: "Tout va bien" je mens »
Chapitre 113. « Mon ami, dans la vie, il faut travailler »
Chapitre 114. « Bientôt j'me barre au Mexique »
Chapitre 115. « Môme jusqu'à la mort, y'a aucun remède »
Chapitre 116. « Dire "je t'aime" c'est dur, même si le compte y est »
Chapitre 117. « On ride comme Doums et Adèle »
Chapitre 118. « We don't have to breed »
Chapitre 119. « Don't let me forget what it is to belong »
Chapitre 120. « La vie c'est random mon gava »
Chapitre 121. « Mon album s'appellera "Grand Cru" »
Chapitre 122 : « Si t'as des amis, ça ira »
Chapitre 123. « Savourer chaque bouchée jusqu'au dernier repas »
Chapitre 124. « Et y'a ces rêves qui m'empêchent de dormir »
Chapitre 125. « I'm tired , of tending to this fire »
Chapitre 126. « I've got you brother »
Chapitre 127. « How I wish, how I wish you were here »
Chapitre 128 « In time, I will leave the city... »
Chapitre 129 «... For now, I will stay alive »
Chapitre 130. « I don't believe that anybody feels the way I do about you now »
Chapitre 131. « Je suis en vie, et ça n'a pas de prix »
Chapitre 132. « I've traveled all this way for something »
Épilogue : « There are things that we can have but can't keep »
Remerciements et beaucoup de bla-bla
Suite
BONUS 1 : Épilogue 2
BONUS 2 : « Jude Pierre Tyler Castelle-Clarkson »
BONUS 3 : « Je vous aime, mais vous êtes vraiment des putain de beusenots »
BONUS 4 : « Sont quand même pas moches ces p'tits »
BONUS 5 - 1/? : « S'ils sont mal élevés on pourra s'en prendre qu'à nous-mêmes »
BONUS 5 2/? : « Tout le monde préfère Elma »
BONUS 5 - 3/? : « T'aurais cru qu'on allait finir ensemble ? »
BONUS 5 - 4/? : « Maëlle Savane Isabelle Duprés-Clarkson, j'ai une idée »
BONUS 5 - 5/6 : « Dans tous les cas j'serai toujours super fier de toi »

Chapitre 100. « God was never on your side »

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By Casti3lle

Le réveil du lendemain fut extrêmement difficile. J'avais passé une nuit horrible, vraiment horrible.

Une nuit peuplée de cauchemars.

C'était dingue comme un simple décès faisait ressortir ma plus grande peur : la mort. Ce n'était que dans des moments tragiques que je me souvenais à quel point elle me faisait perdre tous mes moyens. De femme forte, je passais inexorablement au statut d'enfant effrayé au contact de la mort. Pourtant avec toutes celles que j'avais connu, tout portait à croire que j'étais censée l'accueillir comme une amie, l'acceptant comme une sorte de fatalité pour tous les gens qui m'entourent.

Sohel avait dormis toute la fin de la nuit avec moi, et il n'avait apparemment pas été réveillé une seule fois par mes légers sursauts ou ma respiration saccadée. Je m'étais servie de lui comme d'un doudou pour éloigner mes mauvais rêves et me rendormir. En une seule nuit nous avions échangé les rôles : il était devenu le grand frère protecteur et j'étais devenue la petite fille qu'il fallait protéger.

Mon premier cauchemar fut tout simplement la vision de Raphaël dans un lit d'hôpital, un masque d'oxygène sur le visage, la respiration faible, un léger sourire sur le visage. Il était entouré par toute notre famille et nos amis, et tout le monde rigolait. J'avais l'impression que j'étais la seule à comprendre la raison pour laquelle nous étions tous réunis, et je bouillonnais intérieurement sans pouvoir parler. Puis Raphaël s'était éteint, mes jambes s'étaient dérobé sous moi, j'avais hurlé, et tout le monde était parti en riant.

Quelques autres cauchemars du même genre s'en étaient suivi, mettant en scène diverses morts de personnes différentes : Sohel, Ken, Tarek, mon père, Alice. 

Je n'avais jamais fait autant de cauchemars en une seule nuit, et à chaque fois que je regardais l'heure en espérant que le soleil soit levé, il semblait s'être écoulé seulement quelques minutes entre chaque coup d'œil au réveil. C'était fou ce que le temps passait vite dans les rêves.

Le pire de tous, celui qui m'avait fait me réveiller en sursaut et en sueur - Dieu merci Sohel était déjà réveillé et partis à l'école - mettait en scène Deen. Je m'étais disputée avec lui, et Eff Gee m'appelait pour me dire de venir à l'hôpital. Quand j'y arrivais, Ivan se jetait sur moi pour me prendre dans ses bras, et par dessus son épaule j'apercevais un Maxime en pleurs. Ivan n'avait même pas besoin de parler pour que je comprenne ; Deen n'était plus de ce monde. Alors je m'effondrais et me promettais de ne jamais plus aimer.

Ce fut donc avec joie qu'après cette nuit mouvementée je me levai pour retrouver la lumière du jour. Tellement plus rassurant le soleil. Pourtant nous n'étions pas plus à l'abris de la mort le jour que la nuit.

J'étais totalement épuisée, mais rien n'aurait pu me maintenir au lit plus longtemps, j'avais besoin de me changer les idées. Je savais que j'aurai peur de me rendormir pendant encore quelques jours.

Aussitôt levée, je décidai de me rouler un pète ; j'en avais réellement besoin.

Je râlai en découvrant mon paquet de feuilles vide, et dû donc me rabattre sur celles de mon père ; même s'il ne fumait plus qu'occasionnellement, j'espérais que la petite boîte qu'il gardait caché dans sa chambre contenait au moins une slim.

Ce fut donc défoncée que j'arpentai les pièces de la maison, admirant nos photos de familles et les dessins des enfants. Je finis ma petite visite par la chambre que mon jumeau et moi nous partagions depuis la naissance de Zoé.

Mon père n'avait voulu se débarrasser de rien et avait donc bougé les affaires de mon frère dans ma chambre. Les murs étaient donc tapissés de posters de rock, de joueurs de baseball ou encore de photos de Tarek, Hugo, Ali et nous. Dans la petite bibliothèque, on pouvait trouver une multitude d'ouvrages entassés les uns sur les autres par manque de place : une collection très importante de mangas, des romans à foison, des vulgarisations scientifiques, des bandes dessinées ou encore des livres pour enfants.

Sohel venait maintenant souvent y emprunter des mangas - mes préférés plutôt que ceux de Raph - ou faisait semblant de comprendre les ouvrages de physique quantique de mon jumeau.

Un sourire débile sur le visage après avoir contemplé pendant un temps infini un exemplaire du Seigneur des Anneaux en piteux état (c'était le roman préféré de mon frère, et les tranches abîmées de chaque livre pouvait témoigner du nombre de fois où il avait lu la saga), je me dirigeai dans la cuisine pour préparer mon petit déjeuner. 

Là, je tombai nez-à-nez avec un post-it jaune sur lequel plusieurs écritures différents figuraient. Je fus d'abord toute attendrie par celle de Sohel : « Bonne journé Mel, je taime ». Puis je reconnus celle de mon père : « I know you, and I know you've changed your mind over night. But call him please, tell him how you feel. I want my little girl to be happy. Love you nugget »

« Je te connais, et je sais que tu as changé d'avis pendant la nuit. Mais appelle-le s'il te plaît, dis-lui ce que tu ressens. Je veux que ma petite fille soit heureuse. » Il avait même rajouté le petit surnom qu'il me donnait en anglais lorsque j'étais petite : « nugget ».

Il avait raison : j'avais bel et bien changé d'avis pendant la nuit. J'étais partie me coucher en étant déterminée à rappeler Deen le lendemain pour tout lui expliquer, mais mon cauchemar m'avait fait prendre une toute autre décision. Les choses seraient mieux ainsi.

Le temps de quelques secondes, je songeai que mes séances chez le psychologues m'auraient peut-être servi si je les avais continué. Nous avions beaucoup travaillé sur ma peur de l'abandon, et je l'avais depuis longtemps dépassé. Mais je n'avais pourtant jamais exprimé ma deuxième grande peur et je ne pus m'empêcher de penser que si je l'avais fait, les choses seraient peut-être beaucoup plus simple aujourd'hui.

Mais les choses seraient aussi beaucoup plus simple si ce putain de Dieu n'avait pas retiré autant de merveilleuses personnes de nos vies.

La sonnerie du téléphone de la maison retentit soudainement, me faisant sortir des méandres de mes pensées. Je remerciai la personne au bout du fil mentalement ; laisser mon esprit vagabonder aussi longtemps lorsque je n'étais pas eu meilleur de ma forme était une grosse erreur.

Malgré mon état d'esprit, je ne pus m'empêcher de sourire en voyant le nom de Kamel s'afficher sur le petit écran.

– Allô ?

– Allô ma belle ? Comment tu vas ?

– Bien et toi ? Comment tu savais que c'était moi ?

– Alors déjà je reconnaîtrais la voix de ma filleule entre mille, et puis ton père m'a dit que t'étais là.

Je fermai les yeux d'avance avec appréhension, craignant ce que mon père avait bien pu lui dire.

– Il t'a dit quoi ? demandai-je finalement avec hésitation.

– Que t'étais revenue parce que t'allais pas trop bien à cause de soucis avec ton gars et que t'étais toute seule chez lui aujourd'hui.

Je me sentie soulagée ; je savais que je pouvais faire confiance à mon père, mais je lui étais tout de même reconnaissante de ne pas avoir décris mon état lorsque j'avais débarqué chez lui hier, en tombant littéralement dans ses bras. Il me connaissait beaucoup trop bien et savait que je ne supportais pas d'avoir l'air faible. Tout comme lui en fait.

– Du coup j'appelle pour savoir comment tu te sens, continua Kamel.

– Ça va, j'avais juste besoin de me retrouver loin de Paris.

– Je sais que tu mens ma belle. Tu sais que tu peux toujours me parler ?

Oui, je le savais. Kamel avait toujours été comme un deuxième père.

Lui, Adam, mon père et d'autres amis à lui formaient un groupe de choc, et tous avaient aidé mes parents lorsque nous étions arrivé, puis encore plus lorsque mon père s'était retrouvé seul. Mais Adam et Kamel avaient toujours été les plus présents, venant souvent nous chercher à l'école, nous faisant faire tout un tas d'activités, ou nous gardant avec eux. Puis lorsqu'Adam était parti, suivit peu de temps après par ma mère, Kamel s'était démené pour que mon frère et moi soyons les plus heureux possibles.

Même si le rôle de parrain ne voulait pas dire grand chose de nos jours, Kamel avait toujours tout fait pour avoir une relation privilégiée avec moi. Il m'avait parfois gardé des heures endormie contre lui devant la télé lorsque ma mère me manquait, m'avait écouté déblatérer sur ma vie de petite fille sans jamais se plaindre, avait écouté mes problèmes d'adolescentes et m'avait donné des conseils, s'était déjà mis dans des états de colère intense lorsqu'il apprenait que je m'étais fait frapper - alors que j'étais celle qui déclenchait les bagarres la plupart du temps. Il avait passé des nuits aux urgences aux côtés de mon père lorsque Raphaël allait mal, me rassurant en me gardant près de lui, alors qu'il travaillait tôt sur des chantiers le lendemain matin. Il s'était battu comme personne aux côté de mon père pour que ce-dernier récupère ma garde et celle de Raph. Il nous avait foutu mille raclées en apprenant pour nos petites activités qui nous faisait gagner de l'argent facile, nous faisant la morale pendant des heures en prenant son groupe d'ami - mon père inclu - comme exemple à ne pas suivre.

En tout point, Kamel était un deuxième père. Alors oui, je savais que je pouvais lui parler. Mais je n'en avais pas envie, je refusais de lui montrer à quel point j'étais brisée.

Parce que c'est ce que j'étais au fond, même si j'arrivais à me persuader du contraire avec une facilité déconcertante. 

Je montrais une façade joyeuse tout autour de moi, et je l'étais la plupart du temps. Mais mes proches pensaient que mes blessures étaient depuis longtemps guéries, que les années m'avaient changée et que je ne souffrais plus. 

Alors je refusais de leur faire de la peine en leur montrant que j'allais beaucoup plus mal que ce que je voulais bien leur laisser voir. En leur montrant à quel point toutes ces tragédies m'avaient détruite.

Et puis leur montrer, c'était aussi en prendre totalement conscience moi-même ; pourtant j'aimais vivre dans le déni en me disant que je n'allais pas si mal que ça et que j'étais parvenue à me reconstruire.

– Je sais Kamel, dis-je enfin. Mais y'a pas grand chose à dire, je suis plus avec Deen, c'est tout. C'est juste une rupture comme une autre tu sais, rien de bien grave. Ça va passer.

Ma gorge eut l'intelligence de ne se serrer qu'après mon dernier mot prononcé. Non, ce n'était clairement pas une rupture comme une autre, et non, ça n'allait pas passer.

– Il t'a fait du mal ? l'entendis-je s'énerver. S'il t'a fait du mal je te jure que je lui arrache les couilles !

Je ne pus m'empêcher de rigoler ; là j'avais retrouvé le Kamel de mon adolescence :

– Non non t'inquiètes, ricanai-je, puis avec plus de sérieux : c'est plutôt le contraire en fait.

Kamel soupira dans le combiné, puis il enchaîna d'un ton assez doux que je ne lui connaissais pas beaucoup :

– Tu veux passer à la maison ? Ou au kebab ce midi ? J'aimerais bien te voir pour être sûr que tu vas bien ma belle...

Mes paupières se fermèrent toute seule ; je m'en voulais de l'inquiéter autant, lui qui se battait généralement les couilles de tout.

– Je verrai, dis-je simplement, sachant très bien que je ne passerai pas même si je mourrais d'envie qu'il me prenne dans ses bras. Je pense que je vais aller courir pour me vider la tête, et après j'ai un train en début d'après-midi donc je suis pas sûre de pouvoir. Mais j'essaierai.

– D'accord, soupira-t-il. Mais prend soin de toi Mel, s'il te plaît.

– Promis.

– Et reviens me voir un jour, lança-t-il sur un ton plus détendu. T'es à Dijon et même pas ça prévient ! WAllah j'ai pris soin de toi toute ton enfance, y'a un âge où la filleule doit prendre soin de son vieux parrain !

– T'as quarante ans Kamel, ricanai-je.

– Oui, et ben pour quelqu'un qui a autant abusé de toutes les merdes possibles pendant sa jeunesse, c'est vieux.

Nous plaisantâmes encore quelques minutes, et Kamel parvint à me fait rire plus d'une fois, me remettant énormément de baume au cœur. Cet homme avait dû être une source de joie énorme au quotidien pour mes parents.

– Bon allez, je vais te laisser courir ma belle. Fais attention à toi, et embrasse ton frère pour moi.

– Ce sera fait ! Et Kamel ! lançai-je précipitamment avant qu'il ne raccroche. Je... Merci.

Et encore, c'était beaucoup trop faible pour lui exprimer à quel point je lui étais reconnaissante d'être là à tous les stades de ma vie.

– C'est mon boulot Mel. Et je vais te dire un truc ultra cucul qu'il y a que tes darons qui savent : même si on m'avait pas nommé parrain, la première fois que je vous ai vu ton frère et toi je savais que j'étais prêt à crever pour vous. Alors me remercie pas, c'est mon rôle.

Une petite larme me picota l'œil et je ne pus retenir un sourire géant en raccrochant. J'avais peut-être eu une vie compliquée jusqu'à maintenant, mais que ce soit à Dijon ou à Paris, j'avais la chance d'être entourée par des gens merveilleux.

Je pris ensuite mon petit déjeuner, l'esprit toujours embrumé par mes pensées sombres malgré l'appel de mon parrain. Je décidai donc de me dépêcher d'enfiler mes affaires de sport, ne supportant plus de me voir aussi déprimée : il fallait que je cours pour effacer tous ces sentiments nocifs.

Aussitôt arrivée dans la forêt près de chez moi, je me sentis comme un poisson dans l'eau. Qu'est-ce que j'aimais cet endroit ! C'était pour moi l'un des plus beau sur terre.

J'entamai une montée plutôt rude au milieu de cailloux, donnant de grandes impulsions sur mes jambes. Bordel, qu'est-ce que ça m'avait manqué ! J'étais bien loin des trottoirs plats de Paris. Mes chaussures s'enfonçaient ici dans la boue qu'avait créée la neige en fondant et mes pieds prenaient appuis sur divers morceaux de rochers, manquant parfois de glisser. Je pouvais sentir la fraîcheur de l'hiver sur tout mon corps, l'odeur de la forêt et les faibles rayons du soleil de février sur mon visage.

J'en aurais presque oublié ma présence ici en pleine semaine alors que je devrais me présenter à un entraînement le lendemain.

J'avais tellement peur de rappeler Deen.

J'avais aimé Alexis, il était maintenant partit. 

Je l'avais perdu bien avant, et je n'avais plus aucun sentiment amoureux pour lui depuis longtemps, mais le choc de l'annonce de sa mort m'avait automatiquement ramené à Deen, celui dont j'étais folle amoureuse.

Je savais que je serais incapable de le perdre. Voilà pourquoi j'avais rompu avec lui. Parce que je préférais le quitter maintenant et faire cesser mes sentiments au fur et à mesure du temps, plutôt que de le perdre tragiquement un jour.

Pourtant je savais au fond de moi que c'était idiot. Parce que malgré tout, je savais que quoi qu'il se passe entre nous, j'aimerai toujours Deen. Et aussi parce qu'il pouvait très bien ne rien lui arriver.

Mais ce con s'était foutu dans un accident de voiture quelques mois en arrière ! Qu'est-ce que j'aurais fait s'il lui était arrivé quelque chose ? Je n'osais même pas imaginer cette éventualité.

J'avais perdu trop de monde, et je n'avais jamais eu de sentiments aussi forts que ceux que j'avais pour Deen. Voilà pourquoi je flippais comme une malade. Parce que j'avais l'habitude de perdre des membres de ma famille, j'avais l'habitude de perdre des amis, mais je ne savais pas perdre les personnes dont j'étais amoureuse. Comme quoi, Deen avait peut-être raison en me reprochant ma peur de l'engagement. Il n'avait simplement pas mis le doigt sur les bonnes causes de cette peur.

Plus je courais, plus je me dépassais, et plus j'étais convaincue qu'il fallait que je le rappelle. Cette envie de me dépasser ne s'appliquait pas seulement à la course ; je pouvais le faire, je pouvais surmonter ma peur, je pouvais m'autoriser à aimer sans penser au pire. J'étais plus forte que ma peur merde ! J'étais une Clarkson !

Un sourire déterminé pris place sur mon visage lorsque ma décision fut prise après une dizaine de kilomètres de course : dès que je serai rentrée, je sauterai dans un train et débarquerai chez Deen pour tout lui expliquer et lui dire à quel point je l'aimais.

Mais cette pensée n'eut pas le temps de germer assez dans mon esprit.

Alors qu'Invasion raisonnait dans mes oreilles, un énorme choc me propulsa en avant et une violente décharge parcouru ma colonne vertébrale de long en large. 

Je n'eus pas le temps de me retourner pour jeter un œil à mon assaillant : le choc et ma course combinés me dirigèrent tout droit vers le fossé, dans lequel je trébuchai violemment une première fois, me rattrapant presque. Puis mes jambes me lâchèrent, je crus entendre un crac!, peut-être même deux, et de nombreuses branches me griffèrent les bras et les jambes, déchirant mes vêtements.

La chute me parut interminable, et elle le fut : mon corps, embarqué par la pente, ne fut plus qu'un pantin dans les mains de mère nature. Les rochers, les rondins et les buissons le dirigeaient eux-même.

Je n'eus même pas le temps de me dire que ça y était, c'était la fin, que le deuxième ou le troisième coup à ma tête posa un voile noir devant mes yeux, ne me laissant jamais entrevoir la fin de ce cauchemar.

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