« L'histoire est le témoin du passé, du présent et du futur. »
Elle est la seule à subsister, à survivre dans le temps. Elle est la seule à connaître la vérité ; à savoir ce qu'il s'est passé, ce qu'il se passe, et ce qu'il se passera. Elle est le témoin des siècles, la vie même de la mémoire, la maîtresse de la vie... Cependant, aux mains de certaines personnes, elle peut être blasphémée, manipulée, modifiée. Et l'histoire n'est ainsi plus réelle. Elle n'est plus réelle car certaines personnes ont fait en sorte de la manipuler à leur avantage. Et suite à ça il faut démêler le vrai du faux, une étape hasardeuse, prêtant à la confusion. C'est pour cela qu'il faut être sûr, si on ne souhaite pas se tromper et être pris dans cet engrenage sans fin. Il faut être sûr de la vérité, sûr de ses sources, sûr de l'authenticité de la personne qui nous la conte. Sinon on est pris au piège, dans une boucle infernale de mensonges...
Un silence de mort règne dans l'amphi-théâtre tandis que j'observe la disposition de la salle. Elle est en forme de demi cercle parfaitement dessiné, et le bureau du professeur se trouve sur une estrade perchée à quelques centimètres du sol. Sur ce bureaux se trouve de nombreux papiers et dossiers, empilés les uns sur les autres. Tous les bureaux sont en bois de chêne et sculptés au niveau des pieds. Tout est impeccablement nettoyé et d'une raffinerie sans précédent, dépassant toutes les plus belles luxures du monde. Le plafond blanc présente des moulures en forme de soleil accompagné de ses rayons, se rejoignant tous ensemble au sain d'une peinture centrale représentant une scène tragique de l'Effondrement. Celle-ci montre la bataille de Voïl, la plus sanglante de l'histoire. Elle représente à la perfection la férocité avec laquelle nos braves chevaliers, se mêlants à tous les habitants qui ont pris les armes, repoussent nos plus grands ennemis. Leurs visages sont crispés, prêts à affronter la mort, indiquant ainsi le courage avec lequel ils se sont battus.
Cette époque est terrible, certes, mais je crois que j'aurais aimé participer à cette bataille si importante, prouvant ainsi ma fougue et ma valeur. J'aurais aimé prouver ô combien je peux faire de grandes choses...
« Bien ! » fait soudainement le Professeur, me sortant ainsi de mes pensées lointaines. « Aujourd'hui, pour ce premier jour, nous allons revoir les bases de notre histoire. »
Des murmures outrés fusèrent au sein de la grande salle. Des protestations éclatent, montrant ainsi la frustration des élèves.
« Professeur ! Si je peux me permettre, sans être désobligeant, nous connaissons l'histoire par cœur. Nous la connaissons depuis notre plus tendre enfance, nous avons été bercés par ce conte alors que nous n'étions que des nourrissons. Pensez-vous qu'il soit vraiment nécessaire de...
- Taisez-vous Mr Stofgan ! A moins que vous ne souhaiteriez faire cours à ma place ? »
Le jeune homme qui venait de protester était Rick Stofgan. Il était grand aux yeux foncés avec des reflets d'or, et avait des cheveux bruns impeccablement coupés. Je le connaissais depuis mes 9 ans. Il était très intelligent mais un peu maladroit et son franc parler lui avait déjà coûté plusieurs ennuis.
« Poursuivons ! 454 millions d'années...C'est l'âge de notre belle mais petite planète...45 milles ans...C'est à cette date là que nous sommes apparus. Hostile en apparence, la planète Typhan a permi à notre peuple de se développer, et quand je dis à notre peuple, je parle de tous les Typhins [la race que nous sommes] présent sur cette planète.
Notre histoire remonte à des années, que dis-je, des centaines d'années. Mais nous n'aborderont pas ces époques aujourd'hui ! Poursuivons ! Vers 19 avant l'Effondrement, les Atlans et les Kephs vivaient en paix, au sein de cette île même. Dites-vous bien que l'île de Kephos existait déjà mais n'était pas encore peuplée. Les deux qui ne faisaient qu'un se partageaient les ressources, les biens, les richesses...Mais à l'aube de chaque bienfaisance se dresse inévitablement une malfaisance. Dans notre peuple prospère ce dressait un petit groupe de résistants, rebelles, qui se plaignaient de notre parfait mode de gouvernement ! Ils voulaient plus d'action, plus de vie, plus de guerre ; ils souhaitent retrouver notre mode de vie barbare de l'Ère Primaire. »
Des rires moqueurs fusent de partout autour de moi après les derniers mots du Professeur Stawinski.
« Ce groupe rebelle s'est agrandit au fil des ans, à notre plus grand désarroi, jusqu'à former plus d'un tiers de notre population. Ils se faisaient appeler les Rebellés, et quiconque qui refusait de se plier à leurs règles était atrocement assassiné sous les yeux désespérés de leur famille. Heureusement notre bon roi de l'époque, Xephilius Ier, décida d'intervenir. Il fit appel à toute les armées disponibles, non pervertie. Tous soldats d'outre-mer s'allièrent avec le royaume d'Atlana pour combattre ses êtres ignobles et dépourvus de bon sens. Mais cela prit dix-neuf ans...Dix neuf longues années à attendre...
- Pourquoi cela a-t-il prit tant de temps ? » s'indigna un élève.
« Ah ! Vous voyez que vous ne connaissez pas tous les détails de notre histoire ! Alors maintenant que vous m'avez fait preuve de votre ignorance, je vous prierais de bien vouloir vous TAIRE ! »
Plus aucun bruit ne fuse alors. On regarde le Professeur avec des yeux ronds. Aucun n'ose bavarder de nouveau. Il avait fait preuve d'un tel énervement que nous avions désormais tous peur de l'interrompre, et, étant de race combative, nous ne savons pas quelle pourrait être sa prochaine réaction. Personne.
« Merci de ne plus m'interrompre ! Et pour répondre à votre question, mademoiselle, sachez qu'une armée ne se construit pas du jour au lendemain, comme ça, d'un claquement de doigts. Il subsistait des soldats, Atlana avait une armée...Mais au sein de cette armée figurait des traitres, qui dévoilait chaque petite information à l'ennemi, afin de nous retarder. Et je vous ferais remarquer que, même si toutes les îles vivaient en bonne entente, cela ne voulait pas dire qu'elle formait une coalition. Il a donc fallu signer des pactes, des traités et bien d'autres documents formels pour parvenir à unir tous les royaumes, jusqu'à n'en former plus qu'un, plus soudé que jamais. Ensembles, nos diverses ancêtres ont repoussé la menace. Après s'être battus et avoir repoussé une grande partie des Rebellés, ils ont rassemblé tous les survivants et les ont exiler sur l'île de Kephos. Nos ancêtres ont fait en sorte qu'il ne reste aucun traîtres...Grâce à eux ! Cette période fut glorieuse pour les Atlans, mais elle resta tout de même atroce, horrible, sanguinaire...De partout se dressait des cadavres, des blessés, des veuves, des orphelins...Cette période que je vous conte s'appelle l'Effondrement. Comme vous avez pu le constater, une scène de guerre est représentée sur ce magnifique plafond. »
Tous les élèves lèvent la tête pour regarder cette splendide peinture et s'extasier devant celle-ci, sauf moi. Je ne la trouve pas "resplendissante", comme ils le disent, mais plutôt d'une vanité incroyable. Ils semblent oublier qu'il n'ont pas réussi à se débarrasser des Kephs si facilement, et se vantent de tous les mérites en s'octroyant une peinture glorifiant leurs soldats. Pathétique.
« L'Effondrement a été appelé ainsi afin de se souvenir que malgré notre société parfaite, il subsiste des failles, et ce à cause de quelques personnes qui ne pensent pas comme nous. Nos peuple, désormais ne formant qu'un, ont décidé que les années débuterait à partir de cette période. Aujourd'hui, nous sommes en l'an 46 après l'Effondrement, et nous nous remettons doucement mais sûrement de cette tragédie. Cependant vous savez également que notre histoire ne s'arrête pas là : il y a dix ans de cela, les Kephs ont essayé de revenir sur l'île d'Atlana, de l'attaquer et de la soumettre. Que leur est-il passer par la tête pour avoir l'idée de se confronter aux Nations Atlanes ? Je n'en ai aucune idée ! Fort heureusement nous les avons encore une fois repoussés sur leur île sordide. Cette guerre qui a duré plus d'un an, fut aussi atroce que l'Effondrement. Nous l'appelons la bataille de Ghÿ. Cette bataille fut marquée par son ensanglantement terrible. »
Le Professeur déglutit et reprit un peu de souffle avant de continuer son histoire.
« Pour conclure, les Rebellés n'auraient jamais dû se rassembler. Ils ont cru pouvoir former une armée, ils ont cru pouvoir nous battre grâce à leur insolence et leur absence de bon sens...Mais ils ne se doutaient pas qu'un châtiment pire que la mort les attendraient. L'île de Kephs -où l'île du Mal- est une île horrible. D'après la légende, elle aurait été radioactive suite à sa création, et personne ne sait ce qu'il en ait. Personne à part les Rebellés -désormais portant le nom de l'île. Nous ne savons pas si ils ont muté. Nous ne savons pas ce qu'il est advenu d'eux...Il y a des rumeurs, mais personne ne peut les approuver ou non. Ne vous inquiétez pas chers élèves ! J'ai une bonne nouvelle pour vous : vous allez assister à l'aube d'une nouvelle ère, d'une nouveauté ! Notre bon gouvernement va s'assurer, depuis la nouvelle réforme passée cette année, qu'un émissaire serait envoyé tous les ans afin d'en apprendre plus quand à leur évolution, et ainsi avoir un total contrôle sur la planète. Et j'ai un scoop qui devrait vous faire frissonner ! Cet émissaire, désigné au tirage au sors, n'est autre que notre cher Prince Jonasthan, héritier illégitime du trône, étudiant en première année à l'EBI-NA, fils cadet de notre Roi, et petit frère de notre Princesse présente dans cette salle même ! »
Des cris choqués fusent dans toute la salle, suite à la révélation du Professeur Stawinski. Plusieurs mains se posent sur les miennes et les serrent très fort, en signe de soutien. Je n'entends rien. Je ne ressens rien. Je ne vois rien. Ma bouche est entrouverte, je ne sais quoi dire. Je suis incapable de réagir, incapable de comprendre ce qu'il se passe, incapable de réaliser la gravité de la situation. J'ai l'impression que je vais m'écrouler dans une fraction de seconde. Mon cœur rate un battement. Soudain je prends conscience...Les larmes me montent aux yeux. Mon petit frère va être envoyé aux enfers...