T'as qu'à maigrir ! Tome 1 di...

By mogadarr

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Disponible chez Black ink Be Sweeter Pourra-t-elle (lui) résister ? Slim a une vie idyllique : un boulot qu... More

Avant-propos
Chapitre 1- 121 kg
Chapitre 2- 121,6kg
Chapitre 3- 121,6 kg
Chapitre 4- 122, 1 kg
Chapitre 5- 122,1 kg
Chapitre 6- 122 kg
Chapitre 7- 118,8 kg
Chapitre 8-118,8 kg
Chapitre 9- 118 kg

Chapitre 10- 117,9 kg

989 72 34
By mogadarr

Je relis plusieurs fois le dos de la boite de mes sachets de Milkshakes hyperprotéinés du programme Fat burning strong de chez Commando Gunter. Je suis contente car je suis dans la norme. Ma perte de cent gramme correspond bien à ce qu'on attend de cette formule et même si ce n'est qu'une perte minime, elle a eu lieu en une seule nuit.

Je m'empresse de faire couler le contenu de mon shaker dans ma gourde à l'effigie de Commando Gunter et glisse le tout dans mon sac à dos qui contient déjà mon litre cinq d'eau. Le temps de nouer mes baskets et de m'attacher les cheveux, me voilà déjà dehors et prête à me rendre chez Gunter qui m'attend dans une heure. Je n'ai quasiment pas dormi de la nuit. Dans ma tête, je me repassais inlassablement la scène avec Greg et cette demande de garde qui me flanque un violent coup de poing dans le bide chaque fois que j'y pense. J'ai passé ma soirée à surfer sur le net pour savoir comment j'allais me payer l'avocat qui s'occuperait de mon dossier. J'ai fini par m'assoupir sur le téléphone, le sommeil troublé par d'affreux cauchemars dans lesquels je me retrouvais seule, sans ma Lila aux grands yeux bleus. Ce matin, je suis un peu rassurée. Mon dossier d'aide juridictionnelle passera compte tenu de mes revenus modestes.

Alors que je sors de l'immeuble, je passe devant ma Twingo que je choisis de ne pas prendre ce matin. Dire que c'est Ulrich qui me l'a réparée, ce mec responsable d'avoir brisé une histoire d'amour aujourd'hui et d'avoir trahi un ami hier. Cet homme qui n'est jamais sympa avec moi, qui ne me voit que comme la grosse que je suis, pourquoi m'a-t-il aidée de la sorte ?

Incapable de comprendre les contradictions qui font d'Ulrich Kotits ce qu'il est, je tourne le dos à ma voiture pour partir d'un pas pressé en direction de Mérignac. Ces deux kilomètres de marche m'aideront peut-être à comprendre ce qu'est devenu ma vie.

***

La ville n'est pas encore réveillée mais chez Commando Gunter, tout le monde se trouve déjà en activité. Deux fois par semaines, la salle ne ferme pas, permettant aux insomniaques et aux accros au sport de se défouler soit dans les deux stages commandos qui rythment la nuit soit sur les machines disponibles. Marcher seule m'a fait un bien fou. Personne ne faisait trop attention à moi et pour une fois, je me suis sentie invisible et pas l'obèse que l'on montre du doigt.

En pénétrant dans la salle, je trouve Olivia et Christina occupées à ranger un lot de boites de substituts de repas derrière le comptoir. Leur activité se trouve bien évidemment ralentie par leur papotage stupide. Quand je m'avance vers elles et que je leur demande de me préparer mon lot de repas pour la semaine, toutes les deux échangent un regard que je n'aime pas du tout.

— Bon, qu'est-ce qui se passe, là ? commencé-je à m'emporter, forçant un type à l'allure de Rambo à stopper momentanément son développé couché.

— Euh...Gunter nous a demandé de ne pas vous servir, il faut voir ça avec lui.

— Mais qu'est-ce que c'est que ces histoires ? m'énervé-je tout à fait.

Une nouvelle fois, ces deux pimbêches de frangines échangent un regard couplé à un ricanement qui, là, me font péter une durite. Je leur signifie d'arrêter leur cirque en frappant le comptoir du plat de ma main. Mon geste a le mérite de les figer à la seconde.

— Euh...Ne...Nous, on ne sait rien, tremble Olivia sans sourire, cette fois.

— Ok ! J'ai justement rendez-vous avec Gunter ! Je le lui demanderai ! clamé-je satisfaite.

Je me dirige en express vers le bureau du mec de ma mère et frappe deux fois avant que la voix forte de Gunter ne m'autorise à y pénétrer. Lorsque j'ouvre la porte, j'ai l'impression de revivre la scène de mon arrivée ici avec un Gunter raide comme un piquet et un Ulrich tenant au millimètre près la même posture.

Sans rien dire, je prends place devant eux, le cœur battant sous l'émotion que me procure la présence d'Ulrich dans cette pièce. A nouveau, il est froid, distant. A nouveau, il ne me dit rien. A nouveau, son regard bleu acier ne me quitte pas tandis que son père prend la parole :

— Slim, cela fait un mois que tu as rejoint les rangs de Commando Gunter. Tu t'es montrée jusqu'ici très motivée et déterminée à perdre tes kilos superflus en ne refusant jamais l'exercice...

— Merci mais je...

— Seulement, tu ne peux pas continuer avec nous !

L'annonce de Gunter me casse en deux. Sans le vouloir, je jette un œil surpris à Ulrich qui cette fois ne me fixe plus et fixe devant lui un point invisible. Je comprends immédiatement qu'il est sans doute à l'origine de cette éviction. Un vent de panique me fait lever de ma chaise. Me retrouver hors de chez Commando Gunter, c'est devoir chercher ailleurs l'aide dont j'ai besoin et dire adieu aux passe-droits et aux tarifs préférentiels que m'offrait la relation de ma mère avec le patron.

— Je vous en prie ! m'offusqué-je, les mains appuyées sur le plateau du bureau. J'ai besoin de votre aide, surtout en ce moment ! Ne l'écoutez pas ! Votre fils a une dent contre moi depuis le début !

Essoufflée, j'attends en tremblant la décision de Gunter qui me fixe sans un sourire, tout comme le fait à nouveau le fiston, d'ailleurs.

— Slim, ta perte de poids est dangereuse. Ulrich m'a expliqué que contre sa volonté tu as adopté notre programme alimentaire le plus strict. Et en aucun cas nous ne voulons être associés à ce genre de pratique, c'est pourquoi, au départ, je voulais te renvoyer.

Je me rassois, attendant la suite de son laïus. Si j'ai bien entendu, ce n'est pas une mise à la porte qu'il me propose mais bel et bien un deal.

— Catherine m'a expliqué que tu avais besoin de l'aide de quelqu'un de sérieux à condition que ce ne soit pas cher.

D'accord, merci maman de me faire passer encore une fois pour une incapable...

— C'est donc pour cela que je t'ai fait venir pour t'expliquer qu'Ulrich continuera à te suivre pour ce qui est de l'entrainement sportif mais en ce qui concerne le plan nutritionnel, tu te rendras dans un institut spécialisé dans le type de régime que tu pratiques. Il y a aussi des soins minceur qui te seront profitables. J'ai déjà contacté la responsable, elle t'attend à 10 heures pour ton bilan personnalisé et le lancement de ton programme. Voilà l'adresse.

Gunter fait glisser jusqu'à moi une carte étonnamment rose bonbon que je récupère, les sourcils froncés.

Institut Femina

Spécialiste du soin minceur et de la perte de poids chez la femme

10 avenue de l'Yser

33700 Mérignac

Tram A Bus 30-33

Tel :05-56-16-90-55

Je relève les yeux pour trouver mes deux acolytes toujours parfaitement immobiles, attendant surement mon accord. Mes billes vont et viennent d'eux à la carte. Effectivement, je me dis que c'est peut-être mieux ainsi. Me trouver loin de cet endroit dans lequel j'ai toujours eu l'impression d'être une bête de foire me soulage, au final. Et surtout, cela va diviser par deux le temps que je passerai avec Ulrich. Plus jamais il ne me verra en sous-vêtements et plus jamais je ne vais devoir subir ses remarques assassines sur mon corps. En plus de cela, après les révélations de Stanley hier, c'est plus qu'une animosité que j'éprouve pour lui. C'est simple, je l'ai tout simplement en horreur.

— Maintenant, vous allez aller vous changer, m'ordonne Ulrich de son ton autoritaire. Je vous attends dans la salle de gym dans dix minutes.

Là-dessus, il s'en va me laissant seule avec son père qui le suit du regard avant de hocher négativement la tête. Je soupire en me levant, me préparant mentalement à partager le même air que ce coach aussi lunatique que con quand Gunter me lance :

— J'espère que...qu'Ulrich ne t'en fait pas trop baver. Je lui ai dit de se calmer avec toi.

Je me retourne pour découvrir un Gunter l'air sincèrement gêné. Son regard se fait fuyant alors que je reste là, à le fixer, la main encore posée sur la poignée de la porte.

— Chez Commando Gunter, reprend-il de ce même ton mal assuré, on doit se montrer dur envers les stagiaires mais c'est avant tout un rôle, un truc qui les pousse à se dépasser et qui les met dans une ambiance martiale. Seulement, je vois bien qu'Ulrich dépasse les bornes avec toi. Je te prie juste de l'en excuser. Il a un passé qui... enfin, excuse-le. Si tu sens le moindre souci, tu peux venir m'en parler.

Je reste quelques secondes à comprendre les paroles de Gunter. Au fond de moi, je meurs d'envie de lui demander ce qui fait que moi je sois la cible des folies de son fils mais je me rappelle aussitôt que ce passé, je le connais déjà. Ulrich n'est pas excusable et il ne fait rien pour l'être de toute façon. Je suis cependant très touchée par le geste de Gunter qui me ramène à Lila.
Un parent fait tout pour protéger son enfant.

— Pas de problème, Gunter. On se revoit chez maman et toi ?

— Oui, pas de souci, me répond-il en m'accordant son tout premier sourire. Elle doit t'appeler pour organiser la baby shower de ta sœur.

Oh, non. Pitié...

Je referme la porte et m'apprête à me diriger vers les vestiaires lorsque j'aperçois venant face à moi Ulrich et Christina. Ils sont en grande discussion et ne paraissent pas tout de suite faire attention à moi. Quand j'arrive à leur hauteur et nous nous croisons, je ne peux m'empêcher de relever le regard pour tomber directement dans celui de mon coach. Je ne sais pas pourquoi, mais je pense tout de suite à ce que Stanley m'a dit, à ce que Gunter m'a dit et sans cesse je le compare à ce mec avec lequel j'admets avoir ri un soir et qui m'a réparé ma voiture sans rien me demander en retour.

— Regarde ça Ulrich ! Notre Laurence Boccolini du pauvre te fait les gros yeux...

Le murmure de Christina ne m'ébranle plus. Encore deux heures et je ne reverrai plus sa face de rat.

En plus, connasse, Laurence Boccolini a maigri depuis !

***

— Gardez les fesses bien serrées, Slim.

Le gainage est un exercice que je pratique pour la première fois mais que j'apprécie. Conserver le postérieur serré et le ventre rentré m'aide à me contenir pour ne pas à avoir à balancer ses quatre vérités à Ulrich qui m'agace encore plus depuis qu'il ne joue même plus aux taquineries lourdes avec moi. C'est pourquoi, il suffit de pas grand-chose pour que mes automatismes ne reprennent le dessus.

— Je les garde serrées ! Si vous croyez que c'est facile !

— Taisez-vous et gardez la position, s'il vous plait !

Je sens qu'Ulrich a bien du mal à se tenir face à l'obèse que je suis. Je sens son œil glacé me parcourir, me jauger, et me détester. Mais pourquoi ? Une envie folle de lui faire péter une durite m'assaille d'un coup. Comme une gamine désobéissante, je me rassieds en le fixant droit dans les yeux dans l'espoir qu'il m'avoue lui-même ce qui l'horripile tant chez moi. Trois longues secondes s'écoulent avant que ce ne soit moi qui craque. Et puis zut ! J'avais juré de ne pas lui parler, de ne rien dire mais voir Ulrich la jouer le mec pro et sérieux me fout juste hors de moi.

— Je suis obèse et ça vous soule, avouez-le !

— Remettez-vous en position, tout de suite ! grogne-t-il.

— Oh, c'est bon ! Arrêtez de faire comme si je ne vous inspirais pas du dégout, Ulrich ! Je suis grosse, je le sais ! Mais vous, vous n'êtes qu'un salopard ! Vous voulez faire avec moi la même chose qu'avec Kandra mais c'est MON corps et j'en fais ce que je veux !

Ulrich me fixe de haut, debout, avant de s'accroupir pour mieux s'approcher de moi. Il est si proche cette fois que son haleine mentholée glisse sur mes lèvres comme pour les rafraichir. Je veux reculer mais je n'y arrive pas. Tel un charmeur de serpent, Ulrich me tétanise.

— Reprenez la position, murmure-t-il.

— N...non. Pas avant que vous me disiez p...pourquoi vous me détestez...

Ma voix se meurt dans ma gorge tandis que je considère cet adversaire qui me trouble tant. Encore une fois, son parfum trop fort et trop masculin me vrille l'esprit, m'empêche de penser correctement. Je sursaute quand sa main vient sans prévenir me saisir la nuque. C'est un geste qui pourrait paraitre brusque mais ce n'est pas du tout le cas. Sa douceur me surprend d'ailleurs davantage. Mes lèvres s'entrouvrent involontairement. Qu'est-ce qui m'arrive ?

— Je ne sais pas qui vous a parlé de Kandra mais cela ne vous regarde pas. Je ne vous déteste pas, Slim mais je déteste ce que vous êtes.

Sa voix sourde et chaude contraste avec ses propos choquants et encore une fois insultants à mon égard. Il se recule légèrement pour me détailler avant de sourire de manière ironique.

— Slim, je ne suis pas votre ennemi mais je ne suis pas non plus votre ami. Je fais mon job, c'est tout alors maintenant, reprenez la position.

Quand ses doigts quittent ma peau, la sensation de vide qu'ils laissent derrière eux me donne envie de m'arracher l'épiderme. Ulrich se remet debout, se saisit de son chronomètre en me fixant une dernière fois, attendant mon bon vouloir. Je déglutis mon trouble et me remets en mode gainage, pressée d'en finir et de partir loin de ce type bouffé par la haine de l'autre et ses propres secrets.

***

L'institut Fémina se situe heureusement à quelques pas de Commando Gunter ce qui m'a permis de ne pas arriver en retard au rendez-vous avec la responsable. Je reste quelques secondes à observer la façade rose girly du lieu. J'y pénètre, le cœur léger, tout de suite apaisée par la fragrance orangée et douce que je respire.

— Bonjour, madame ! Bienvenue chez Fémina ! Que puis-je faire pour vous ?

Je me retourne pour découvrir une jeune femme assise derrière un comptoir. Son large sourire m'encourage à l'imiter. Décidément, je suis à des années lumières de l'accueil glacial de chez Commando Gunter.

— J'ai rendez-vous avec la responsable, fais-je en m'approchant. Je suis Slim Mira.

Elle tapote sur son ordinateur de ses ongles aux mêmes teintes rosées que l'endroit avant de d'opiner du chef en me souriant à nouveau. Son piercing élégant près de la lèvre capte un instant mon attention. C'est fou ce que cette fille est classe.

— Vous avez rendez-vous avec Adelhaïd, confirme-t-elle. Je vais la prévenir. Voulez-vous boire quelque chose ?

Je jette un coup d'œil derrière elle en remarquant l'armée de bouteilles d'eau qui s'y trouve. Mon réflexe « régimien » se remet en action en les apercevant. J'accepte volontiers et l'observe me servir mon eau plate comme s'il s'agissait d'un grand cru. Elle se retire faisant danser autour d'elle ses boucles brunes impeccables et revient accompagnée d'une dame blonde, distinguée, la cinquantaine assumée, qui me sourit elle aussi.

— Bonjour, Slim. Je suis Adelhaïd mais toi tu peux m'appeler Adel.

Nul besoin de me demander pourquoi elle m'accorde cette familiarité. Je comprends tout de suite qu'avec ses yeux bleus piscine, ses cheveux blonds et son accent germanique, qu'il s'agit de la sœur de Gunter. Je lui serre la poignée qu'elle me tend et pénètre avec elle dans son bureau.

— Je sens que l'on va bien s'entendre, fait-elle. Vous avez un sourire magnifique !

Recevoir un compliment tel que celui-ci me surprend mais me fait un bien fou.

***

Selon Adel, je suis de silhouette gironde qui pourrait prétendre à un huit avec une perte de poids de vingt kilos. Allongée sur ce que j'appelle « la table d'opération », je fais les calculs. Si je perds vingt kilos, cela me rendrait à un poids d'environ 100 kg. 100kg, c'est beaucoup trop ! Même ici, on va m'empêcher d'aller aussi loin que je le voudrais ? Je ferme les yeux. Tout de suite, c'est l'image de ma Lila qui me revient. Je dois faire ça pour elle. Impressionner ce juge, lui prouver tout comme à Greg que je vais bien et que désormais, je contrôle.

Je contrôle.

Mais est-ce que je contrôlais quoi que ce soit quand je me suis laissée aller à apprécier la main d'Ulrich sur moi ? Bordel, qu'est-ce qu'il me prend de ressentir un truc pareil pour lui ?

La porte s'ouvre, interrompant ma séance répétitive de décryptage de ma vie mouvementée. Amélia, la fille qui m'a accueillie arrive avec un plaid sous le bras.

— On va procéder à de l'électrostimulation. Savez-vous ce que c'est ?

— Euh...pas vraiment.

Amélia me sourit encore, faisant briller sous la lumière douce des spots son piercing argenté.

— En fait, on va vous poser des électrodes qui vont vous envoyer un léger choc électrique. Ce courant va venir casser les cellules graisseuses qui vont être éliminées par les voies naturelles.

— Les voies naturelles ?

— Vous allez beaucoup uriner.

D'accord. Rien de nouveau puisque je suis devenue depuis un mois une véritable vessie sur pattes.

— Le bilan réalisé avec Adelhaïd n'a révélé aucune contre-indication et votre dossier médical de chez Commando Gunter n'a rien révélé de grave. Quelqu'un doit venir déposer l'original, tout à l'heure pour compléter votre dossier mais tout va bien, vous êtes en pleine santé.

Elle se baisse en vitesse pour ramasser des planches en plexiglass contenant des séries d'électrodes autocollantes. Au moment où elle commence à m'en disposer sur tous le corps, mon portable se met à sonner. Amélia stoppe son mouvement et perd un peu le rictus qu'elle avait scotché sur les lèvres depuis que je l'ai rencontrée.

— Désolée, fais-je en descendant de la table.

— Pas de problème, me répond-elle gentiment. Pensez juste à placer votre portable en vibreur mais ce sont des choses qui arrivent.

Je m'empare de mon engin pour y découvrir un message qui est en corrélation avec la gentillesse avec laquelle on me traite depuis que je suis chez Fémina.

**Stan : Coucou ma Slim. Envie de te voir. Je t'ai aperçue sortant de chez Commando Gunter mais je n'ai pas eu le temps de te saluer (le jogging te va à ravir, au fait). Olivia m'a indiqué que tu étais chez Fémina pour des soins et le suivi nutrition. Tu sors quand ?**

Je soupire comme une midinette ce qui fait ricaner Amélia qui, patiente, m'attend, deux électrodes scotchées au bout des doigts.

— Je me dépêche, lui indiqué-je, en grimaçant, gênée.

— Ne vous inquiétez pas. Quand on vous voit sourire comme ça, on se dit que le sms que vous avez reçu fait aussi partie du soin.

Je rigole en retour et m'empresse de pianoter ma réponse.

**Slim : Je sors d'ici une heure. Le soin dure 45 mn. Tu es adorable Stan.**

Je repose le téléphone et grimpe en vitesse sur la table pour m'y allonger à nouveau. Une fois toutes les électrodes collées et branchées, Amélia enclenche le programme. Elle se retire en prenant soin de tamiser la lumière.

— A tout à l'heure, fait-elle de sa voix douce.

Je ferme les yeux en souriant, bercée malgré moi par cette ambiance, la fragrance de la pièce et les paroles douces de cet homme qui devient petit à petit de plus en plus intéressant.

***

— Tout s'est bien passé ?

Pardon ? C'est une blague, j'espère ? Jamais, jamais je n'ai souffert comme ça ! J'ai passé 45 minutes à me tordre de douleur, tantôt chatouillée, tantôt électrocutée par ces foutues électrodes qu'Amélia retire à une vitesse impressionnante.

— Euh...oui...

Quelle hypocrite je fais ! Amélia n'est pas dupe et me sourit d'un air compatissant.

— Je sais, c'est un soin un peu douloureux mais vraiment efficace. Vous verrez.

Je ne réponds pas car j'y crois à moitié, de plus, j'ai une violente envie de pisser qui me pousse à me relever dès la dernière électrode ôtée. Je m'apprête à lui demander où se trouvent les toilettes quand le son d'un carillon vient m'interrompre.

— Je reviens tout de suite, madame Mira ! me lance Amélia en partant à la seconde.

Je souffle en me dandinant sur place. Qu'est-ce que je dois faire maintenant ? Dois-je me rhabiller ? Doit-elle m'indiquer quelque chose ? Et surtout, où sont ces foutues chiottes ?

Après une hésitation d'exactement cinq minutes pendant lesquelles Amélia me laisse orpheline de toute aide, je me décide à partir à la recherche de ces toilettes qui prennent l'image d'une oasis dans le désert.

Je tente de me rhabiller mais l'envie est trop forte. Si j'essaie encore quoi que ce soit, c'est sûr que je me fais pipi dessus. A pas lent, j'ouvre la porte et appelle pour n'obtenir aucune réponse. Haletante, contrôlant tant bien que mal ma vessie et mon périnée en essayant de me rappeler les exercices effectués pour le rééduquer après mon accouchement, je me décide à sortir de la pièce de soins.

— Respire, Slim, respire ! me murmuré-je à moi-même.

En fermant les yeux, cherchant au fond de moi une force incroyable, je me trémousse dans le corridor qui me parait tout à coup interminable. Je tourne à gauche, à droite et aperçois enfin la fameuse pièce, la pièce dont on se fout pas mal quand on n'en a pas besoin mais qu'on aimerait embrasser quand on n'en trouve pas (ok, j'exagère !).

Cette fois, je pète un sprint comme je n'en ai jamais eu de ma vie, bousculant quelqu'un au passage. J'ouvre en trombe la porte, baisse en vitesse ma culotte et relâche ce qui allait me faire éclater. C'est si bon que je ferme les yeux en poussant un long râle de satisfaction. Quand je choisis de les rouvrir, je découvre quelqu'un que franchement, non franchement je ne pensais pas revoir dans des circonstances pareilles.

— Voyons, Slim. Si aller aux toilettes vous procure un tel effet, je me dis que vous n'avez peut-être jamais eu d'orgasme de votre vie.

Ulrich ricane et comme pour baisser le rideau à son one man show de merde, il referme tranquillement la porte des toilettes, me laissant assise sur un trône qui est loin de faire de moi une reine.

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