Le cœur lourd, il abandonne ses compagnons de toujours pour s'isoler.
A nouveau, c'est le regard triste et inquiet qu'il le laisse partir. Sans le retenir. Sans un mot. C'est dans un silence froid qu'il rentre chez lui.
Encore une fois, il entend son oncle hurler sur sa cousine Hinata. Il la plaint mais pas vraiment. Elle n'avait qu'à être plus forte. « Elle n'avait qu'à » était son excuse toute trouver pour justifier les accès de colère de son oncle paternel. Son paternel ? Il n'était plus. Il était mort pour protéger le père d'Hinata. Il avait pris sa place. Pour Neji, ce n'était pas justifier. Le temps s'était écoulé et la famille ne semblait plus se souvenir de lui, bien qu'une photo de lui trône fièrement sur le mur de la pièce du Conseil.
Il fit abstraction des hurlements de son oncle et montait les escaliers le pas lourd. Depuis quelque temps, un étrange sentiment lui pesait. Il pensait avoir fait le deuil de son père. Il pensait...
Il avait cru que ce rapprocher de sa cousine lui ferait prendre conscience de sa stupide haine. Il avait cru qu'affronter Naruto lui avait été bénéfique. Il avait cru...
Il entra dans sa chambre, sous le grincement de sa porte de chambre, qu'il referma doucement. Le moral est lourd, peut-être trop lourd pour lui. Peut-être est-il mieux de ne rien dire.
Ses proches lui ont souvent fait ce reproche, de ne pas se confier assez. Ils voudraient gratter cette écorce et lui faire fondre ses glaciers. Apercevoir ce qui se cache derrière ce regard sombre et distant. Ils savent que la façade masque une âme plombée d'épuisement.
Il est discret, il reste secret. Mais peut-être a-t-il ses raisons, de laisser peu parler sa bouche. Peut-être est-ce préférable qu'ils ne sachent jamais ses douleurs. Que dans sa tête, le noir a pris le pas sur toutes les couleurs. Peut-être est-ce mieux qu'ils ne sachent rien ou peut-être a-t-il une peur bleue qu'ils ne comprennent pas ce qui l'atteint.
S'ils savaient le nombre de fois où il n'a fait que désirer la mort. Qu'il est faible au fond de lui, il ne cesse de raviver la torche. Il n'attend qu'un signe de Dieu.
Il est perdu ici-bas, il ne cesse de respirer le feu. Alors il s'évade dans sa tête, quelque part. A regarder le ciel et l'implorer d'écarter sa brume.
Alors il souffre et se tait.
A quoi ça sert qu'ils sachent que sur ses routes il se perd ? Il en veut au monde de tout son être parce qu'on a profané ses rêves. Il repose quasi en paix dans une Terre trop chargée de guerre.
Oui, il souffre et se tait, il arrive même qu'il en pleure.
Il s'en fout, il sait que n'importe quel homme à bout de nerfs le fait. Il n'a aucune honte à avouer qu'il ne sait pas où il en est. Qu'il cherche à le cacher mais qu'au fond de lui c'est un gars trop sensible. Qu'il craint que cette vie ne puisse jamais lui correspondre. Il sait qu'à n'importe quel moment de sa vie il risque le dérapage, qu'il peut perdre le peu qu'il lui reste en un simple coup de vent. Il joue le jeu de l'existence. Il accepte et se prosterne, il n'opère que peu de résistance. Pourquoi le mal ne la jamais quitté ? Derrière chacun de ses sourires, il y a mille peurs en toile de fond.
Oui, il souffre et se tait.
Il se cherche, à mesure que passe le temps. Mais par fierté il maquille ses blessures avec des tâches d'encre.
Il souffre et se tait.
Une dernière fois, il attrape sa plume et se plonge dans l'écriture. Sa bouche reste close.
Il souffre et se tait.
Cela sera son dernier mot...
« Souvenez-vous que je vous aime autant qu'un homme le peut, mais elle aussi m'est indispensable.
Elle qui a cette beauté sauvage dont personne ne veut, qui a fait goûter la folie même aux plus grands sages.
Au départ, je l'aie fuie.
Je n'ai pas directement compris son langage.
Je n'ai vu que les épines de la rose, pas les pétales ni les fruits.
Ils se dévoilent sans doute lorsque l'on prend de l'âge.
Elle et moi, on ne fait rien de mal.
C'est étrange, je ne sais pas ce que les autres voient.
On parle de tout et de rien, ensemble on se trimbale.
J'avoue que ça me dérange lorsqu'elle me parle un petit peu trop de moi.
Ensemble on rit, on rêve.
A deux on cherche des yeux dans les étoiles ce que les cieux m'ont pris.
Rappelez-vous toujours à quel point je vous aime mais sachez aussi que jusque là c'est elle qui m'a le mieux compris.
Elle me connaît depuis tout petit, elle a remplacé mon père, elle s'est souvent cachée sous le lit.
Elle est ma plus vieille compagne, le temps qui passe la cultive.
J'ai cru pouvoir faire ma vie sans elle mais j'étais stupide.
Observe bien au fond de mes yeux, elle s'est incrustée.
Approche... Vois comme elle a sculpté son visage dans mes pupilles.
Ce sera bientôt l'heure d'y aller, ma tendre solitude me rappelle.
Je sens le parfum de ma fleur damnée.
C'est à nouveau l'heure d'y aller, ma solitude me rappelle.
Elle est ma tendre fleur damnée. Elle me rappelle...
Au fond, je l'aime peut-être un petit peu trop je pense, car dès qu'elle me réclame, je ne peux pas ne pas y aller.
Sur le champ, je pars lui accorder une autre danse et je sais que je ne serai jamais son unique cavalier.
Oui, je l'accepte.
Je la laisse m'emporter.
Je sais à quel point notre amour est fragile.
Au départ je subissais, je ne pouvais pas la supporter mais on s'aime passionnément depuis ce fameux jour où je l'ai choisie.
Ma solitude préfère que je parle peu.
Elle dit que pour les rêves le verbe est prédation.
Elle sait que le silence est le langage de Dieu que tout le reste n'est que mauvaise interprétation.
Elle aime se faufiler dans mes entrailles de regards, elle dit que j'ai le chant d'un animal blessé, elle sait que je ne me sens à ma place nulle part, que jusqu'ici elle seule a su m'apprivoiser.
Je vous aime autant qu'un homme le peut mais dès qu'elle me réclame, ce n'est pas ma faute, je tremble.
Qu'importe le temps et qu'importe le lieu, sur le champ je pars lui accorder une autre danse...
j'y vais... j'vais... »
***
Texte qui m'a été lourdement inspiré par les textes de l'artiste Scylla.
Pour la partie narrative j'ai utilisé "douleur muette" et pour la lettre "Solitude" (Texte inchangé).
Je vous invite à écouté ses deux merveilles qui sont dictés d'une force incroyable, par cet artiste de talent.