En cette belle journée d'automne, Perséphone avait dut s'absenter quelques heures de chez elle afin de rendre visite à sa mère. Elle avait donc confié son fils unique à la nymphe qui vivait avec eux et s'en était allée malgré un mauvais pressentiment. Mina et Cyobès jouaient donc ensemble à l'extérieur de la maison pour occuper l'enfant en attendant le retour de sa mère.
Ils étaient en pleine partie de cache-cache lorsqu'une voiture couleur d'or s'arrêta dans le chemin de terre qui menait à l'entrée de la maison. Mina, intriguée s'avança vers le visiteur.
- Bonjour monsieur, que puis-je faire pour vous? Demanda-t-elle sur la défensive.
- Ah, bonjour beauté! Je cherche Perséphone, me serais-je trompé d'adresse? Répondit le visiteur en adoptant un air tout à fait charmant.
- Madame n'est pas ici, puis-je prendre un message?
- Ce n'est pas la peine, il fit un clin d'œil à la nymphe, je suis quelqu'un de patient. Sans demander quelque permission que ce soit le visiteur impromptu alla s'asseoir dans le jardin bordant la maison.
- Excusez-moi mais, qui êtes-vous?
- Oh mais tu es toute excusé ma jolie, je suis Apollon, Dieu des arts et de la lumière. Mina se crispa à ses dire, mince! Il fallait absolument qu'elle trouve un moyen de faire partir cet homme avant qu'il ne voit Cyobès et avant que sa maîtresse ne rentre.
- Je ne penses pas que vous vouliez attendre aussi longtemps monsieur, votre temps est précieux et madame ne rentrera pas avant plusieurs jours. Tenta la nymphe dans le but de le faire partir.
- Ah oui, en es-tu sûre ma chère? Rétorqua le Dieu avec un air hautain.
La nymphe serra les poings, elle devait se débarrasser de lui et vite. Elle allait rétorquer mais...
- Mina, qu'est-ce que tu fais? On ne joue plus? Demanda l'enfant d'à peine 4 ans avec une petite moue en s'approchant d'elle.
La nymphe serra d'autant plus les poings. Il ne fallait surtout pas que qui que ce soit apprenne l'existence du petit et voilà que le pire de tous était désormais au courant...
Apollon de son côté fut plutôt surpris. Cet enfant ressemblait trait pour trait à Perséphone aux détails près que sa peau était bleu, que ses cheveux était blanc avec des reflets bleus et que ses yeux étaient rouges. Le Dieu serra les dents. Ainsi donc elle lui avait désobéit, elle s'était traînée dans le lit d'Hadès. S'il était déjà en colère de découvrir qu'elle s'était enfuie dans le monde des mortels pour lui échapper, il fut d'autant plus furieux de constater qu'elle n'était en plus pas réellement sous son emprise. Il dissimula sa fureur par un sourire rayonnant.
- Bonjour petit, comment t'appelles-tu?
- Bonjour monsieur, fit timidement l'enfant, je m'appelle Cyobès. Qui êtes-vous?
- Je suis Apollon, un bon ami de ta maman. Mina serra les dents en entendant cela.
- Oh... si vous êtes ami avec ma maman, vous pouvez jouer avec nous?
La nymphe voulu protester mais elle était coincée. Perséphone mettait un point d'honneur à tenir son fils éloigné des vices de ce monde et elle ne pouvait donc pas maltraiter celui qui se prétendait être l'ami de sa maîtresse sans que l'enfant ne se questionne. D'autant qu'il ignorait tout de cet homme.
À contre cœur la nymphe laissa donc le Dieu s'intégrer au jeu. Bien mal lui en prit puisque dès qu'Apollon se retrouva seul avec l'enfant il fit tout son possible pour l'entraîner avec lui au loin.
- Tu dois beaucoup t'ennuyer ici, n'as-tu jamais rêvé de découvrir d'autres lieux?
- Quoi comme lieux, c'est très joli ici, c'est chez moi.
- Oh oui, c'est jolie, mais je connais bien mieux. Que dirais-tu de découvrir l'Olympe, c'est là-bas que j'habite. L'enfant commença à secouer la tête négativement. Ne t'en fais pas, ta maman est d'accord.
- Non c'est pas vrai! Maman elle m'a toujours interdit d'aller sur l'Olympe. Elle dit qu'il y a des personnes dangereuses et méchantes là-bas.
- Tu me trouves méchant?
- Non mais...
- Alors qu'est-ce que tu risque avec moi?
Voyant que l'enfant s'obstinait, le Dieu décida d'employer la manière forte. Ainsi il empoigna le petit par le col de son T-shirt et l'entraîna jusqu'à sa voiture où il le jeta sur les siège arrière. Il démarra en trombe pour ne pas que la nymphe ait le temps de lee retenir. Celle-ci ayant entendu les cris de son protégé se précipita mais il était déjà trop tard. Elle s'élança donc vers la maison dans le but de trouver un moyen de contacter sa maîtresse.
***
Cyobès, voyant que cela ne menait à rien, s'était arrêté de hurler. Il attendait d'avoir une possibilité pour s'enfuir.
Cette possibilité lui fut offerte lorsque, arrivant à la destination qu'il avait choisi, sûr de lui Apollon le fit sortir. Il le jeta au sol après lui avoir donner un grand coup au visage et se détourna pour fermer sa voiture. Le petit en profita et parti à toutes jambe.
Le Dieu jura et s'élança à sa poursuite. Il rattrapa l'enfant sans grande peine et s'apprêta à lui saisir le bras lorsque, au prix d'un effort supplémentaire celui-ci lui échappa par la voie des cieux. Le petit s'était envolé, Apollon jura et s'en alla de l'endroit malfamé où il l'avait conduit. Avec un peu de chance le gosse allait se perdre et finir par mourir de faim quelque part.
Cyobès ne savait pas où il allait, il ne savait pas où il était et ne savait pas non plus comment rentrer à la maison. Il errait au grès d'Éole et se retrouva finalement dans un endroit où le soleil ne s'aventurait pas. Piqué par la curiosité, l'enfant explora les lieux jusqu'à ce que, épuisé d'avoir tant volé, il s'écrase au sol inconscient.
***
Hadès rentrait chez lui en compagnie d'Hécate. Ils avaient à discuter d'affaires importantes ne concernant que de loin la vie de l'entreprise. Il se gara devant chez lui et les deux Dieux s'extirpèrent du véhicule. Ils se dirigèrent vers l'entrée de la maison et furent étonnés de trouver, sur le pas de la porte une petite forme qui semblait inanimée.
Hécate se pencha dessus et retint un cris de surprise et de stupeur. Elle connaissait cette petite forme, il s'agissait du fils de Perséphone, Cyobès. Il n'avait pas l'air en très bon état. La déesse attrapa le jeune enfant dans ses bras et, se tournant vers son patron et ami, s'exclama :
- Il faut faire quelque chose, vite, il est en piteux état!
Sans savoir de quoi il retournait, Hadès laissa entrer Hécate ainsi que son fardeau et l'aida à le soigner. L'enfant était toujours inconscient mais bien vivant. En fait, il semblait dormir.
Une fois qu'il fut soigné, les deux adultes s'installèrent au salon pour parler affaire. Cyobès dormais la tête sur les jambes d'Hécate.
Le petit s'éveilla enfin après quelques heures. Il sursauta lorsqu'il vit qu'il n'était pas dans sa chambre. Il ne savait pas où il était et commençait un peu à paniquer quand il sentit une main dans ses cheveux.
- Calmes toi mon grand, tu es en sécurité, tout va bien. L'enfant se retourna et sauta dans les bras de celle qui venait de lui parler.
- Hécate! S'exclama-t-il, heureux de voir un visage connu et amical.
L'étreinte dura un certain temps jusqu'à ce qu'Hadès n'intervienne pour comprendre ce qu'il se passait. Hécate lui dit simplement qu'elle connaissait très bien la mère du petit et demanda à celui-ci comment il avait atterris ici. Cyobès leur expliqua la situation. Une fois qu'il eut fini, Hécate soupira.
- On va te ramener à la maison, ta mère doit être terriblement inquiète.
Il hocha la tête et suivi les adultes (Hécate ayant forcé Hadès à les suivre) dans l'une des voitures noires du Roi. Hécate s'installa à la place du conducteur prétextant qu'elle connaissait la route et tous les trois se mirent en route pour le monde des mortels.
***
Lorsqu'ils arrivèrent devant chez Perséphone, Hécate laissa Hadès récupérer l'enfant à l'arrière et, alors qu'il attendait qu'elle sorte, démarra en trombe. Le Roi soupira.
- Ben, pourquoi elle s'en va Hécate? Demanda le petit, toujours dans ses bras.
- Si seulement je le savais, lui répondit le Roi. Bien, allons-y, ta mère doit être très inquiète.
L'enfant ne répondit pas et se contenta de poser sa tête dans le creux du cou de l'homme. Celui-ci sourit et s'avança vers la maison. Hadès sonna à la porte sans savoir ce qui l'attendait derrière.
Ce fut Mina qui vint lui ouvrir. La nymphe se retrouva bouche bée devant le spectacle qui s'offrait à elle. Le Roi des Enfers se trouvait devant elle, un Cyobès tout souriant niché dans ses bras. Le Dieu semblait tenter de protéger l'enfant de tous les dangers. Mina sourit soulagée et laissa entrer le Roi dans la demeure. Elle se détourna ensuite et s'élança à la recherche de sa maîtresse pour la prévenir.
Perséphone arriva en hâte dans l'entrée de sa maison. Elle eut un instant d'hésitation lorsqu'elle aperçu Hadès tenant son enfant contre lui. Elle fut cependant vite détournée de cela lorsque le petit s'écria en courant vers elle.
- Maman! Il se serra contre elle.
- Oh mon petit cœur, la Déesse s'accroupit pour le prendre dans ses bras, ou étais-tu passé, nous t'avons cherché partout.
- Il y a un méchant monsieur qui m'a emmené de force avec lui. Il voulait m'emmener à l'Olympe mais comme j'ai pas le droit d'y aller, je me suis enfui et après je me suis envolé. Ensuite je me suis retrouvé chez ce gentil monsieur et il y avait Hécate aussi et ils m'ont ramené à la maison. Déblatéra l'enfant en souriant. Sa mère le serra fortement contre elle et l'observa sous toutes les coutures.
- Va manger mon cœur, Mina a dû te préparer ton repas, j'arrive.
L'enfant hocha la tête et s'en alla après être allé remercier et embrasser son sauveur. Les deux Dieux restèrent un moment en silence, gênés. Perséphone rompit finalement le silence.
- Merci de m'avoir ramené mon fils, je suppose que tu avais bien d'autres occupations que de prendre soin de lui.
- Arrêtes, c'est normal je n'allait pas le laisser errer aux Enfers comme ça. Tu n'as pas besoin de me remercier, j'aurais agis pareil pour n'importe quel autre enfant. D'ailleurs j'ignorait qu'il s'agissait de ton fils avant de te voir.
Le silence revint encore avant que, succombant à sa curiosité et avec une pointe de jalousie, Hadès ne demande :
- Puis-je te demander qui est son père, si ce n'est pas trop indiscret bien-sûr. Perséphone baissa la tête pas vraiment sûre de vouloir lui répondre.
- Ce n'est pas indiscret, dit-elle finalement sans pour autant le lui dire. Voudrais-tu rester dîner, en témoignage de ma reconnaissance? Lui demanda-t-elle à la place.
Le Dieu fut pris au dépourvu, il accepta finalement et tout deux se dirigèrent vers la salle à manger où Cyobès venait de finir son repas. Perséphone s'absenta quelques minutes pour lui faire faire sa toilette et le mettre au lit, libérant ainsi Mina et laissant Hadès seul dans la maison.
Lorsque la Déesse du printemps revint, les deux Dieux mangèrent en silence. Aucun d'eux n'osait parler. Il buvaient une boisson chaude lorsque finalement Hadès se décida à reprendre la parole.
- Alors, euh... tu ne m'as pas répondu, qui est son père? Vous ne vivez pas ensemble? Perséphone détourna les yeux. Elle voulait vraiment tout lui dire mais la menace d'Apollon pesait toujours sur elle. Elle repensa à la journée d'aujourd'hui et se rendit compte que quoi qu'elle fasse son bourreau trouverait toujours un moyen de lui mettre la pression, elle devait réagir et se défendre. Elle n'était pas sûre qu'il ose s'attaquer à Hadès et Cyobès serait sûrement bien plus en sécurité avec son père. Hadès baissa la tête il n'attendait plus de réponse à sa question lorsque celle-ci vint.
- Non, nous ne vivons pas ensemble, c'est une longue histoire mais je pensais le protéger en lui cachant la vérité. Le fait est qu'il n'a sûrement pas besoin de cela pour se protéger, je...
- Tu n'es pas obligée de me le dire, je ne voudrais pas m'immiscer comme cela dans tes affaires.
- Ce ne sont pas seulement mes affaires, ce sont les tiennes aussi. Tu es son père Hadès. Avoua finalement la jeune Déesse avec apprehension.
Le Roi des Enfers manqua de s'étouffer avec sa gorgée de liquide. Il leva la tête vers Perséphone cherchant à savoir s'il avait été victime d'une hallucination auditive ou s'il avait bel et bien entendu ce qu'il avait entendu. Les deux Dieux se regardèrent quelques instants en silence. Perséphone lui expliqua ensuite tout ce qu'il s'était passé, le viol qu'elle avait subi d'Apollon, les menaces de celui-ci, sa grossesse et la confirmation du fait qu'il était lui-même le père de son enfant. Par la suite, le Roi des Enfers l'observa intensément quelques instants avant de brusquement se rapprocher d'elle et d'enfin, l'embrasser langoureusement. Perséphone ne se fit pas prier pour répondre à ce baiser qu'elle n'osait plus espérer.
Les deux amants se retrouvèrent et se délectèrent toute la nuit l'un de l'autre. Aucun d'entre eux n'avait put oublier et tourner la page. Tous deux n'attendaient que de se retrouver enfin.
***
Lorsque le jour se releva, qu'Hélios reprit sa course, Hadès et Perséphone dormaient paisiblement, serrés l'un contre l'autre. Perséphone était décidée. Elle n'allait plus laisser la peur de voir Apollon s'en prendre à sa famille l'empêcher de vivre. Même mieux, le jeune Dieu allait payer pour ce qu'il lui avait fait.
C'est ainsi que Cyobès appris, sans être réellement surpris et avec une grande joie (il aimait vraiment bien ce gentil monsieur et ses chiens étaient trop mignons), qu'Hadès était son père. C'est ainsi également que Perséphone fit son retour sur l'Olympe en demandant l'aide d'Héra contre Apollon. Hadès allait solliciter les moires dans le même but.
Après quelques mois, Apollon avait finalement reçu un châtiment digne de ce nom et il lui était fait interdiction de s'approcher de Perséphone ou de l'un de ses enfants.
Un peu plus tard, Hadès demanda officiellement à Perséphone de devenir sa Reine. Ils se marièrent en comité restreint et se promirent de s'aimer pour le restant de l'éternité.
Quelques années plus tard, la petite famille accueilli deux nouveaux membres : Hélés et Séléh. Cyobès jura qu'il ferait toujours tout pour protéger ses petites soeur.
La petite famille resta toujours soudée et aimante envers chacun de ses membres. Ils vécurent plus qu'heureux jusqu'à la fin des temps.
-Fin-