Le mariage archi-faux de Ludw...

By KumaJeanne

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Faire venir une Kardashian à Champigny-sur-Poitou, trou perdu de 50 habitants ? Impossible ! Pourtant, Maëlle... More

Chapitre 1 : L'arnaque parfaite
Chapitre 2 : Raviolis vapeur
Chapitre 3 : Confrontation nocturne
Chapitre 4 : Marianne et Ginette
Chapitre 5 : Château sur la colline
Chapitre 6 : Culpabilité goût barbecue
Chapitre 7 : Faires-parts et jalousie
Chapitre 8 : En-haut de l'arbre
Chapitre 9 : Bains matinaux
Chapitre 10 : Manque d'air et robes à froufrous
Chapitre 11 : Entraînements
Chapitre 12 (partie 1) : La Kardashian
Chapitre 12 (partie 2) : La Kardashian
Chapitre 13 : Diva(s)
Chapitre 14 : Caddie sur la colline
Chapitre 15 (partie 1) : Le secret de Ludwig
Chapitre 15 (partie 2) : Bains de minuit
Chapitre 16 (partie 1) : Playlists
Chapitre 16 (partie 2) : Michel Sardou & sentiments
Chapitre 17 : Flirt pluvieux
Chapitre 18 : Résignation et Mimolette
Chapitre 19 : Placide
Chapitre 21 : Course-poursuite et soutien-gorge
Chapitre 22 : La despote et l'endormi
Chapitre final (partie 1) : Sur le parking de Saint-Gapour
Chapitre final (partie 2) : Le mariage pas si faux de Ludwig & Maëlle
Bonus : Le premier chapitre en BD ! (version 1)

Chapitre 20 : Ultimatum en pâte à sel

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By KumaJeanne

Je n'arrive jamais à finir mes raviolis vapeur. Assis à la table de la cuisine familiale, je mâchonne les petites poches de pâtes remplies de sanglier braisé sans appétit.

« Maëlle, est-ce que tu veux finir... » je commence.

Ah, oui. C'est vrai. Maëlle n'est pas là. Je suis tout seul. Ça provoque en moi une sensation de vide désagréable.

Je repousse le panier vapeur encore à moitié de raviolis vers le mur de la cuisine contre lequel est appuyée la table. Entre mes doigts, je tripote un bout de papier que j'ai retrouvé dans un tiroir, en cherchant mes partitions. C'est une lettre : le papier est jauni par le temps, l'encre est délavée, mais les mots dessus n'ont pas disparu – tout comme ils n'ont jamais disparu de ma tête.

Rentre en Chine avec ton gosse, la bouffeuse de clebs.

Quand mon père est rentré de Chine avec Maman et moi, quand j'avais environ trois ans, on recevait ce genre de lettres tous les jours. Mon père devait épouser une autre fille du village, sa famille l'a mal pris et elle avait monté une véritable campagne de diffamation contre nous et le restaurant. Tout y passait : le sanglier des raviolis serait en réalité du chat crevé, ma mère obligerait les clients à manger avec des baguettes à la place des fourchettes et moi, le gosse métis, je ne serais qu'un débile passant son temps à arracher les ailes des mouches.

Mes parents ne m'ont jamais montré ces lettres. Si j'ai celle-ci en ma possession, c'est parce qu'un jour, je suis tombée sur l'une d'entre elles alors qu'une personne qui ne ressemblait pas du tout au facteur venait de la déposer dans notre boîte. J'ai gardé celle-là, mais je sais qu'il y en avait des centaines d'autres.

Ça expliquait beaucoup de choses, à commencer par pourquoi aucun enfant ne voulait s'asseoir à côté de moi à l'école.

J'étais seul. Puis un jour, une gamine aux cheveux noirs et bouclés s'est assise à côté de moi.

« C'est vrai que tu passes ton temps à arracher les ailes des mouches ? »

Je n'ai pas répondu. C'était faux, de toute façon.

« Est-ce que tu crois que tu pourrais le faire pour moi ? On mettrait les ailes dans le café de mon oncle Pouillot, ce serait marrant. »

C'est comme ça que je suis devenu le protégé de Maëlle, la fille de la maire-adjointe. Indirectement, elle nous a tous sauvés : en devenant mon amie, elle a fait découvrir la cuisine du restaurant, jusque-là au point mort, à sa famille. Avec le bouche-à-oreille de sa mère, l'influente maire adjointe, l'Auberge de la Grange a pu redresser la barre et jouir d'un succès jusque-là inégalé.

Je replie la lettre.

Pour remercier Maëlle, j'ai toujours fait tout ce qu'elle me demandait. Je suis monté aux arbres pour embêter des oiseaux qui sifflaient trop près de sa fenêtre. Je l'ai aidée à voler des tracteurs. J'ai déguisé des chèvres. J'avais un peu peur de la réaction des propriétaires des chèvres, des arbres et des tracteurs, mais Maëlle me souriait, alors je le faisais. Je ne faisais plus tout ça pour la remercier, mais parce que ses sourires me procuraient une sensation agréable dans le ventre et parce que quand je réussissais, elle me serrait dans ses bras.

J'étais amoureux. Depuis combien de temps ? Je ne sais plus. Très longtemps. Je m'en suis rendu compte quand je lui ai proposé de m'épouser, comme ça, à la boulangerie.

Mon téléphone vibre, faisant trembler la table, mais je ne le déverrouille pas. Je sais ce que c'est : c'est un mail de cet agent musical à qui elle a envoyé ma démo.

Je ne veux pas leur répondre. Pas quand Maëlle a pris la décision à ma place. Rien que d'y penser, ma tête bourdonne. L'idée que mon futur ne soit pas auprès d'elle était déjà assez douloureuse, mais le fait que Maëlle l'ait décidé personnellement me donne envie de casser quelque chose.

Peut-être qu'elle aussi, finalement, me voyait juste comme un gamin stupide passant son temps à arracher les ailes des mouches.

« Ludwig ? Tu ne finis pas tes raviolis ? » fait la voix de ma mère dans l'entrée.

Maman porte encore son tablier floqué avec le logo de l'Auberge de la Grange. Elle est toujours aussi belle. Toujours aussi dévouée au restaurant, qui est devenu l'œuvre de sa vie alors qu'elle est si loin de là d'où elle vient.

Je regarde les raviolis que Maëlle finit toujours, habituellement.

« Mange, fils. Ton mariage a lieu demain. Regarde ! Notre tante Li de Singapour t'a même envoyé un hongbao pour ton nouveau foyer. »

Elle pose devant moi une enveloppe rouge que je sais déjà pleine d'argent, du même genre que ceux que j'ai reçu à chaque Nouvel An chinois. Ma mère me sourit. Elle est la seule qui ne s'est pas étonnée face à ma décision de demander Maëlle en mariage.

J'attrape le hongbao à deux mains, comme le veut la convenance. Une fois, ma mère en a donné une à Maëlle, et elle l'a pris à une main. J'avais dû lui enseigner comment recevoir ses étrennes poliment, et elle était devenue aussi rouge que l'enveloppe qu'elle venait de recevoir.

Tout me rappelle Maëlle. Même les hongbao. Je sais que c'est malpoli d'ouvrir la fameuse enveloppe écarlate devant celui qui vous la donne, mais je me demande combien elle peut contenir. Jusqu'où elle me permettrait d'aller.

J'ai besoin d'aller dans un endroit qui ne me rappelle pas Maëlle.

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« Maëlle ! Ouvre cette porte ! Je t'interdis de t'enfermer dans ma réserve ! braille Maëva.

-Jamais ! Je ne peux plus aller chez Ludwig ! Je ne peux même plus pleurer sous ma propre couette ! Alors laissez-moi au moins me morfondre dans un endroit où je me sens bien !

-Arrête ton cinéma ou je Alphonse va défoncer la porte ! gronde Maëva.

-Hein ? Maëva, tu as vu comment cette porte est balè... commence Alphonse avant de s'interrompre après un « smack » que je devine être une baffe sur sa joue. Enfin, heu ! Oui ! Je vais défoncer la porte !

-Essaye, tiens ! »

Boum. Cri de douleur. La porte ne bouge pas. J'engloutis une nouvelle bouchée de religieuse en ricanant sans aucune joie.

« Et ça se dit capitaine de l'équipe de rugby ?

-Laisse-moi faire. » fait une nouvelle voix derrière la porte.

BOUM. Pas de cri de douleur, cette fois. La porte s'ouvre d'un coup, sur la silhouette de Marianne qui vient de la défoncer d'un coup d'épaule.

« Heureusement qu'on a quelqu'un de fort parmi nous, pas vrai Alphonse ? ironise Maëva.

-Oh mon Dieu, Maëlle... » soupire Marianne en s'avançant vers moi.

Oui, bon. M'étant barricadée dans la réserve de Maëva à défaut de pouvoir pleurer de tout mon soûl sous une couette, je dois avoir l'air finaude, dans mes vêtements de la veille, entourée de boîte de gâteaux vides. Je m'étais promis de n'en manger qu'un, mais une seule mignardise, ça ne comble pas un cœur brisé. Ni deux, ni trois, ni vingt d'ailleurs. Le pire dans tout ça, c'est que pendant que j'engloutissais toutes ces viennoiseries, je n'ai cessé de penser que c'était bien une des seules bêtises que je n'ai pas réalisées en vingt-et-un ans de vie à Champigny-sur-Poitou. J'aurais pu la faire avec Ludwig, ça aurait été le braquage du siècle – et il m'aurait laissé finir ses pâtisseries.

Oh non. Ça y est, les larmes coulent à nouveau le long de mes joues.

« Cent euros. Cent euros de pâtisseries, estime Maëva en ramassant les boîtes. Voilà le prix d'une rupture amoureuse, je suppose.

-Rupture ? répète Alphonse, interloqué.

-Maëva, choisis mieux tes mots ! Regarde cette pauvre Maëlle ! » la sermonne Marianne alors que mes larmes redoublent d'intensité.

Marianne m'attire contre elle et je m'accroche à sa musculature de colosse. Elle me tapote maladroitement le dos – par tapoter, entendre frapper comme un butor – alors que je m'applique à détremper sa veste d'extérieur qui sent encore le foin. Elle est terriblement forte, mais bizarrement, ça me rassénère : j'ai l'impression d'être réconfortée par une ourse des montagnes.

« Mais alors... Le mariage... réalise Alphonse alors que Marianne me sort gentiment de la réserve, Maëva sur les talons.

-Est-ce qu'on peut arrêter de parler de mariage cinq minutes ? je hoquète.

-Sachant qu'il est censé avoir lieu demain, ça risque d'être difficile. »

Je relève la tête de l'épaule de Marianne, à moitié éblouie par le soleil que je n'ai pas vu depuis plusieurs heures. Oh non. Derrière le comptoir se tient Spike, comme toujours tiré aux quatre épingles. Il est seul, sans sa fiancée ni Zoe Kardashian qui doit toujours être chez moi, et se tient derrière le comptoir comme s'il s'apprêtait à réclamer une baguette. Pourtant, quelque chose semble avoir changé chez lui – mais je suis bien trop troublée pour me rendre compte de ce que ça pourrait être. Je le fusille du regard alors que Maëva met en marche une cafetière dans l'arrière-boutique :

« Vous êtes venu remuer le couteau dans la plaie, c'est ça ?

-Je suis venu vous demander ce que vous comptiez faire.

-Ce que je compte faire ? Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? »

Spike se masse les tempes, comme si j'étais demeurée et que je lui infligeais une terrible migraine. J'ai bien envie de lui jeter le café brûlant que Maëva me fourre entre les mains à la figure, mais tout à coup, il sort :

« Bas-les-masques, à présent. Je sais que quelque chose ne tourne pas rond avec cette histoire de mariage, depuis le début.

-Hein ?

-Votre façon de vous comporter avec votre fiancé, le fait que le mariage soit organisé à la dernière minute... Dès le barbecue, j'ai compris que quelque chose n'allait pas. »

Le barbecue... J'ai l'impression que c'était il y a une éternité. C'est vrai qu'à ce moment-là, Spike était encore plus acariâtre que maintenant, et qu'il m'avait demandé pourquoi je menais un double jeu.

Mon cœur s'accélère. Comme si les choses pouvaient encore empirer !

« Je peux tout expli...

-Pas la peine. Je ne veux pas savoir, me coupe-t-il.

-Pourquoi ?

-Parce que les choses ont changé. J'ai été le témoin malgré moi de la naissance de vos sentiments pour votre fiancé. Quant à ce dernier... eh bien, il vous aime, visiblement depuis un long moment.

-Oh... Le grand Spike se serait-il laissé émouvoir ? s'amuse Maëva en remplissant les tasses – quelle heure est-il, d'ailleurs ?

-Pas du tout ! proteste Spike.

-Laisse, c'est cette histoire de salaire et de prime qui le turlupine... je soupire en me rappelant que Spike lui-même ne peut pas se marier à cause de ses problèmes d'argent. Je suis désolée, mais...

-Ce n'est pas ça ! »

Les oreilles de l'agent virent au cramoisi, et tout à coup, je remarque ce qui est différent chez Spike : son costume. Son habituel costume anthracite, qu'il n'a jamais quitté même après des soirées de beuverie au bar de Ginette ou après avoir été malmené par Kaspar l'Allemand, est légèrement différent. Sa poche de costume est brodée d'une matière que je connais bien : la toile de jute du costume traditionnel du village. Je reconnais la patte de la tenancière du bar.

« Je... Beaucoup de gens attendent ce mariage, d'accord ? Le village est morne, il ne se réunit que peu de fois par an... et beaucoup d'habitants espéraient faire de cette noce un évènement grandiose. Malgré moi, je leur ai promis que ce serait le cas... et je n'aime pas faillir à mes promesses. »

Les mots de l'oncle Pouillot me reviennent en mémoire : « Maëlle et Ludwig pourraient se marier nus sur une crotte de chèvre qu'on viendrait quand même ! ». Cette fois-ci, c'est au tour de mes oreilles de virer au rouge. Pour beaucoup d'habitants, Ludwig et moi sommes les cadets d'une grande famille. Ça aurait été l'occasion de les revoir une dernière fois, de célébrer le fait qu'on s'apprécie, tous ensemble, mais...

« ...Quand bien même ? je marmonne. Vous savez comme moi ce qu'il s'est passé. Ludwig et moi, on ne se parle plus. On ne s'était jamais disputés jusque-là, et...

-Et alors ?

-Hein ? Vous êtes sourd, Spike ?

-Absolument pas. En revanche, je vous connais. Vous êtes la gamine la plus têtue et la plus tordue que j'ai jamais rencontrée, Maëlle. »

J'ouvre la bouche pour protester, avant de tiquer. Spike a changé son sentencieux « Mademoiselle Blanchard » pour « Maëlle ». Il m'adresse un petit sourire.

« Quand la situation ne va pas dans votre sens, vous trouvez toujours une solution, pas vrai ? »

Je sens mes joues chauffer alors que la porte de la boulangerie s'ouvre en grand, faisant tinter la sonnette d'entrée. Zoe Kardashian, apprêtée comme pour le grand soir et fulminante, vient de faire son apparition dans l'embrasure. Elle est talonnée par Beryl et une assistante qu'elle avait ramenée dans son sillage, qui tient une trousse à maquillage.

« Maëlle ! I can't believe que tu m'obliges à me déplacer en pleins préparatifs pour ma tenue de demain ! Est-ce que tu as bien envoyé la démo ?

-Oui, et on sait comment ça a fini ! répond sarcastiquement Maëva à ma place.

-Eh bien, ils viennent de me relancer, comme quoi Ludwig ne leur aurait toujours pas répondu ? Are you gonna do something ? »

Silence. Zoe Kardashian tique. Apparemment, non, elle ne sait pas comment ça a fini, car en voyant ma tête et mes yeux gonflés, elle pousse un : « Oh.

-Oui, « oh ». Je n'aurais pas dit mieux, je bougonne.

-Tu vas le laisser refuser cette opportunité ? »

Je croise les bras, refusant de répondre. J'ai envie de m'enfouir sous ma propre honte : je suis certaine que si Ludwig avait pris la décision d'envoyer seul sa démo, il aurait répondu immédiatement. A la place, à cause de ma bêtise, il hésite et est en train de tirer un trait sur son avenir dans la chanson. Je suis vraiment trop idiote.

Zoe Kardashian m'observe me murer dans le silence, ignorant royalement les regards énamourés de mon frère, avant de lever un sourcil :

« Est-ce que tu te rends compte que j'ai promis à mes followers de suivre en direct les débuts de Ludwig grâce à my knowledge du français ?

-C'est censé me faire quelque chose ?

-Let's reformulate. Si Ludwig accepte avant la cérémonie, je vous offre un petit pactole pour ses débuts en guise de wedding present. Je suis même prête à jouer de mon réseau pour ses débuts. »

Je redresse la tête lorsque j'entends les mots « wedding present » - cadeau de mariage. Dans toute cette affaire, j'avais oublié le but principal de mon invitation pour Zoe Kardashian, de toute l'organisation de ce faux mariage : le cadeau. Je ne m'étais jamais demandé ce que Zoe pourrait bien nous offrir, songeant juste qu'elle ferait chauffer la carte bleue.

« Et s'il ne fait pas ? je demande.

-Alphonse-darling (mon frère se dandine d'un pied sur l'autre) m'a aidé à apprendre ce que vous les français appelez la « pâte à sel ». Une figurine de myself dans cette matière, ça ira ? » propose-t-elle en observant son ongle dont la manucure a pris un vilain coup à force de cavaler dans la campagne.

Elle dit ça avec un tel sérieux que nous mettons plusieurs secondes avant de réaliser qu'elle vient de d'opposer un début glorieux pour Ludwig d'un côté, et une figurine de sa personne en pâte à sel de l'autre. On nage dans un délire des plus total – avec, pour commencer, la question lancinante de quand Alphonse a pu apprendre à Zoe le concept de la pâte à sel.

« Miss Kardashian... gémit Spike, dépassé.

-En d'autres termes, c'est un ultimatum ? résume Maëva.

-Business is business, ma chérie.

-Un pactole pour Ludwig... ou de la pâte à sel. » soupèse Marianne, un peu hébétée.

Elle échange un regard avec Maëva et éclatent d'un rire nerveux, l'air de se dire « on n'en est plus à ça près. ». Pour ma part, je n'ai pas le temps de rire. Je me dirige vers la porte.

« Maëlle, où est-ce que tu vas ? fait la rugbywoman en me suivant.

-Voir Ludwig.

-Tu as peur que ton glorieux futur hors de Champigny se termine en figurine de pâte à sel ? demande Maëva qui a du mal à se remettre de son fou rire.

-Ce n'est pas pour mon futur que je m'inquiète ! »

Alors que je pousse la poignée de la porte, je manque de me cogner dans une Ginette pressée et haletante. On dirait qu'elle vient de piquer un sprint.

« Maëlle ! Je te cherchais !

-Bon sang, ce n'est plus une boulangerie, ici, c'est un hall de gare ! commente Maëva.

-Un hall de gare, précisément ! C'est Ludwig ! »

Ginette agite un reçu sous mes yeux. Un reçu pour un billet de train. Quoi, vous vous étonnez encore qu'on puisse acheter des billets de train chez Ginette ? Elle les vend au départ de Butte-la-Gaillarde, la ville dotée d'une gare la plus proche, entre ses grilles de loto, ses morceaux de bidoche et ses pintes de bière.

« Je me suis dit que je devais te prévenir ! halète-t-elle. Ludwig s'en va ! Son train part dans une heure !

-Quoi, c'est lui qui a acheté ce billet ? Mais pour aller où ?

-Je ne sais pas bien, il a marmonné quelque chose concernant Singapour...

-Singapour ? » nous répétons tous en chœur.

Branle-bas de combat. Tout à coup, tout le monde – Marianne, Alphonse, Maëva, Spike, Beryl et même la maquilleuse - est massé autour de moi et du reçu comme s'il s'agissait du Saint-Graal. Tout le monde à part Zoe Kardashian évidemment, qui trépigne sur place de joie en couinant : « How exciting ! »

« Singapour ? répète Marianne.

-Qu'est-ce qu'il irait fiche à Singapour ?

-Mais c'est horriblement loin ! grogne Maëva. Et ce reçu qui n'indique pas où son train doit arriver !

-Je sais ! Il faut prendre la voiture et aller à Orly ! Let's go to Paris ! s'énerve Beryl.

-Paris ? Mais on n'aura jamais le temps ! Et puis, s'il allait à l'autre aéroport ? Tu sais, Charles-de-Gaulle ? Ou même une simple gare parisienne ?

-Maëlle, dites quelque chose ! » m'exhorte Spike.

Même l'agent d'habitude si rationnel a les yeux brillants. Tout à coup, tout le monde se tourne vers moi. Pourtant, je les ignore. Mes yeux restent rivés sur le reçu. Et soudain, je relève la tête.

« Pas besoin d'aller aussi loin. Je sais où aller. »

------------------

Hellooooo ! J'espère que le chapitre vous aura plu ! Je me suis beaucoup amusée à l'écrire, en tout cas. Est-ce que le point de vue de Ludwig vous a semblé crédible ? J'attends vos retours ! 

Alors, où va se rendre Maëlle ? Ludwig est-il vraiment en route pour Singapour ?

Pour la petite anecdote, est-ce que certains d'entre vous connaîtraient le manga Kiss Him Not Me ? Dans ce manga, un des garçons, Asuma Mutsumi, est particulièrement doux, tranquille, un peu coupé du monde... et en relisant ce manga, je me suis rendue compte que je me suis grandement inspirée de lui et de son caractère pour Ludwig ! Bref, en hommage à l'ancêtre de mon personnage, une petite image. N'hésitez pas à aller lire ce manga ou regarder son adaptation en anime, c'est très drôle !

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