*°• Georgiana •°*

By theogermain

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Georgie. 14 ans. Timide et orpheline jusqu'à qu'un riche marquis, Matthieu Beauman, décide de l'adopter et d... More

NOTE DE L'AUTEUR
*•*
•ƈɧą℘ıɬཞɛ ı•
•ƈɧą℘ıɬཞɛ II•
• ƈɧą℘ıɬཞɛ III •
• ƈɧą℘ıɬཞɛ IV •

•ƈɧą℘ıɬཞɛ V•

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By theogermain

Tout allait mal, très mal : je n'avais même pas fait trois pas dehors que la voiture derrière moi avait disparue. Matthieu s'était échappé discrètement, comme toujours. Les crêpes du petit déjeuner faisaient des acrobaties dans mon ventre et j'avais oublié ma plume chez moi.
Hier soir, après le départ de Léon et sa mère (qui ressemblait plus à une grande sœur) j'avais à peine dormie. Un sentiment constant de ne pas avoir été seule dans ma chambre m'avait brouillé l'esprit. Et puis cette Georgiana... elle me hantait. Décidément rien ne s'annonçait positif ici.
J'avalais ma salive anxieusement et serrais contre moi ma pile de trois cahier. Il y avait des étudiants de tout âge, comme je n'en avais jamais vus, tous regroupés en petits groupes de quatres ou cinqs. On pouvait dire que c'était mon premier jours d'école OFFICIEL. L'école était un très grand bâtiment carré, une sorte de cité de l'époque monarchique au milieu de laquelle un jardin avec de gaies pelouses était plantées. 
"DRINNNG"

L'énorme tas d'élèves était rassemblé sur la pelouse rectangulaire qui servait de cours de récréation.

"DRINNG" une seconde fois.

On s'arrêtait de brailler. Les plus jeunes cessèrent de courir dans tous les sens. Les   Collégiennes assises à bavarder en ricanant sur les bancs se turent. Les couples de lycéens enlacés arrêtèrent leurs actes charnels depuis les petits coins obscurs --

"DRINNG" une troisième fois. Je me demandais si ça allait jamais finir.

Cette fois-ci  tout le monde se sépara et se dirigea vers des portes, certains montèrent à l'étage,
d'autres filaient dans de longs couloirs. Une lourde main se posa sur mon épaule.

"Je suppose que vous êtes Georgiana Beauman." s'enquit une dame très grande aux cheveux attachés en un chignon au sommet du crâne.

J'hochai la tête.

"Suis moi, tu es en classe de 3ème2 avec Monsieur Delassus."

En montant les marches de l'escalier en bois dur et grinçant, je me maudissais d'avoir décliner la propositions de Matthieu qui était que je suive des cours à la maison avec une institutrice.

"Gianfilippo, voici Mlle Beauman, la nouvelle."

M.Delassus avait très gros ventre qui débordait de son pantalon, on dirait qu'il me voyait à peine à travers les verres épais de ses lunettes.

"Qu'est ce que t'attends ? L'apocalypse ? Entre et présente toi. Vite." Criait -il, impatiemment.

Un accueil très chaleureux. La femme dont je ne me souvenais plus du nom claqua la porte derrière elle en me faisant vibrer. J'osais à peine détourner mon regard vers la classe qui me mitraillait du regard.

"Mon prénom euh c'est Georgie, j'aieu 14 ans..." bredouillais-je en jetant sur le prof un regard voulant dire aidez-moi-tout-de-suite.

Il pointa une table vide à l'avant dernier rang du côté des garcons : "Va t'asseoir là bas pour le moment, on t'installera une chaise côté fille plus tard."

Toute la classe m'observait comme si j'étais une sorte de bête de foire.

Je glissai sur ma chaise, en posant mes trois livres sur la table, il manquait la trousse.

"M'sieur Delassus," fit le garçon à ma droite en regardant vers moi. "Quelque chose sent soudainement très mauvais par ici."

Une vague de murmures traversa la classe. Il était très maigre, moche avec un nez bossus. On aurait dit une sorcière. Je compris aussitôt que lui et moi n'allions jamais être amis ; mais maintenant les autres garçons autour de moi se pinçaient le nez. Les filles de l'autre côté se disaient des choses dans l'oreille. Le môme devant moi mima un mouvement de vomissement.

Nez bossu pivota sur son siège. "Est-ce votre idée de toilette bas-de-gamme ou venez-vous juste de chier dans vos collants ?"

L'affreux souvenir de mes chaussures pleines de boue que j'avais oubliées de laver hier claqua dans ma tête. Mes joues devinrent rouge écarlate, je voulais m'enfuir, cacher mon visage et pleurer.

"ORRHH" grogna tout à coup le prof en tapant brusquement sur son bureau, "j'ai encore oublié mon dossier dans la salle des professeurs !"

J'avais eu l'innocence de penser, pendant une fraction de secondes qu'il allait intervenir à mon sujet, sur la méchanceté de ces enfants. Mais non, il s'en fichait.

"Bon, quelqu'un veut bien aller le chercher ?" Il balaya la classe du regard, "JULIA ! Tiens, prends Beauman avec toi, tu lui montreras les parages."

Elle s'avança vers la porte, tel un soldat en entraînement, les yeux fixés sur un point au loin. Alleluia. Quelques garçons se retinrent de rire en me voyant, l'un d'eux chuchota : "prénom très original, Beauman."

Nous marchâmes cotes à cotes pendant un long moment, lorsque nous fûmes dans un long couloir de l'étage d'en bas, la fille se tourna abruptement vers moi :

"Mamma mia, je suis à côté de la nouvelle Mlle Beauman, I can't even believe it."

De grosses boucles anglaises brunes pendaient le long de ses joues. Elle portait une paire de lunettes à fine monture qui rendait son visage plus ou moins fin.

"Tu t'appelles comment déjà ? Tu sais que t'en a de la chance d'être ici ? A ce qu'il paraît tu viens de Paris ?"

Je voulut lui demander si elle avait un coefficient intellectuel négatif mais je me retint, par politesse.

"M...moi c'est Georgie, et toi?"

"Georgie? Waouw ! T'as presque le même prénom que Georgiana, l'ancienne. Moi c'est Julia Vitelli. Nice to meet you."

"Presque, oui...." répondis-je, nerveusement. Je n'avais pas presque le prénom de cette Georgiana mais j'avais EXACTEMENT le même !

"Ça n'a pas été trop dur pour toi de quitter tes parents ? Non en vrai je comprend parfaitement ton choix j'aurais fait de même pour habiter à Cindelinni." Elle gloussa, "dit moi, comment t'as fait pour séduire Matthieu ?"

Elle semblait excitée comme une puce, cette fois ci j'étais persuadée de son QI négatif.

Mes réponses étaient brèves et réservées. Julia commençait à devenir très rapidement casse-pieds.

"Tu sais on parle beaucoup de toi ici... enfin un peu partout."

"De moi ?" M'étonnais-je, "pourquoi de moi ?"

Ses yeux noirs fixaient maintenant ma poitrine.

"C'est quoi ça ?" Elle agrippa mon collier des doigts. Je reculais en repoussant sa main.

" Touche pas ! C'est à mes parents !"

"Mais regarde ton soleil n'est pas complet, je crois que tes parents on l'autre bout sur eux. Deux pendentifs qui se complètent pour en former un." Elle observa ses doigts pendant un long moment, "tu sais mes parents sont des bijoutiers à Londres donc je m'y connai—"

"Mais non ! Ils étaient trop pauvres pour acheter un soleil complet alors ils en ont prit un à moitié !"

Trop tard, on était déjà devant la salle des maîtres. Elle me fit signe d'attendre dehors. Je croisais les bras. Et si elle avait raison ? Et si mes parents avaient en ce moment sur eux l'autre moitié du soleil ? Peut-être que c'était un symbole, comme quelque chose que l'on garde pour se souvenir d'une personne. Non impossible... sinon ils m'auraient retrouvés, sinon je n'aurais jamais été orpheline.
Je sifflotait en admirant le plafond et rêvant de passer la journée ici, seule, loin de mes camarades de classes impitoyable et hideux, mais je savais par instinct que dès que la sonnerie allait retentir, ce couloir allait être inondé de grandes et de petites tête. On se bousculaient, se marcheraient sur les pieds et chahuteraient telle des bêtes sauvages. Tous pressés d'arriver en classe rapidement pour éviter l'heure de colle.
Soudain, les portes alignés le long du couloir se mirent à trembler puis le parquet en dessous de moi fit de même. Un courant d'air—

« DRINNG »

"Non d'un cheval vert ! Cet endroit est ensorcelé!" Soufflais-je.

Toutes les portes s'ouvrirent brusquement et comme je l'avais prédit ou plutôt prévu, on se poussait en hurlant et rigolant à tue-tête . Les nouveaux n'étaient pas épargnés. Je poussai quelques filles avec les bras pour m'approcher de la porte par laquelle Julia était rentrée mais aussitôt un garçon me bouscula en arrière.

"Aïe" cria une voix aiguë derrière moi.

Je fonçais de nouveau vers la porte mais impossible de marcher à contre-courant. Quelqu'un me pinça le mollet très fort.

"EXCUSA" tonna une fille dans mon oreille droite,"Ceci est censé être un COULOIR!"

On tira maintenant ma jupe.

"MAIS ENFIN MAIS TU VA ARRÊTER OUI?"

C'était un garçon d'environ dix ans, grassouillet et le nez couvert de taches de rousseurs, il avait l'air misérable dans sa veste de couleur crème et sa tâche de nourriture sous le col.

"Tu m'as écrasé le pied et je suis tombé ! Tu me dois quelques chose en pardon!"

"QUOI ?" craqua ma voix enrouée, "écoute j'ai pas le temps je dois aller à la salle des prof, lâche ma jupe s'il te plaît."

"Si tu pars je tire encore plus fort et elle va s'enlever. Tout le monde va te voir sans jupe."

Je soupirais, collée au mur pour laisser de la place aux passants. La seconde sonnerie retentit.

"Bon, qu'est-ce-que tu veux ?"

"Emmène moi aux toilettes, je veux faire pipi."

Pipi ? Je cachai ma bouche entre mes doigts pour m'empêcher de rire. Le couloir était à moitié vide. Des portes commencèrent à se fermer.

"Mais je ne sais pas où sont les toilettes, je suis nouvelle. Va falloir que tu demandes à quelqu'un d'autre."

Il tira ma jupe de plus belle. Je serrai ma taille, fébrilement, en jetant un coup d'œil rapide au groupe de garçon plus âgé qui discutaient devant une porte à quelques mètres de nous.

"Non ! C'est toi qui m'a fait écrasé le pied ! A cause de toi je suis tombé ! Il faut que tu m'emmène aux toilettes des grands garçons ! Je veux aller chez les grands !"

Je crus entrevoir, au bout du couloir, un visage familier... qui se rapprochait de nous... ma vision floue ne me permettait pas... LÉON ! Oh non pas ça ! Il ne m'avait pas reconnu, pas encore. Ce beau garçon qui me détestait sans aucune raison et qui m'avait menacé hier soir

Je lui tourna le dos rapidement pour pas qu'il voit mon visage et tira le petit par Le Bras.

"D'accord, calme, tu gagnes," haletais-je "où est-ce qu'il est ton truc ?"

C'était premier jour d'école, tout le monde me détestait , j'avais oublié ma trousse, une fille agaçante me posais des questions embarrassantes et a failli m'arracher l'unique souvenir de mes parents. Et puis, cerise sur le gâteau au lieu d'aller en cours comme tout le monde je me retrouvais devant les chiottes à aider un gosse à faire pipi.

"Dépêche toi, j'ai cours moi."

"Non tu viens à l'intérieur avec moi pour m'aider. J'ai peur chez les grands."

"Hein ? Mais tu vois bien que je n'ai pas le DROIT de rentrer dans les toilettes des GARÇONS, je t'attend ici."

"À trois, je hurle et dit à tout le monde que t'as essayé de m'étrangler parce que je ne t'ai pas montrer un chemin, un...deux..."

J'en croyais plus mes yeux. Un môme qui m'arrivait à la hanche essayait de me faire chanter. Mes poings se fermaient de fureur. Ce petit morveux capricieux méritait une bonne gifle, comme on en donnait dans mon orphelinat, bien pire même, une demi-journée enfermé dans le « cabinet noir » pour le calmer un peu.

"Deux ET DEMI..."

Je le poussa à l'intérieur et ferma la porte derrière. Il y avait plusieurs urinoirs accrochés au mur, de l'autre côté des cuvettes isolées par des portes et au fond un long lavabo avec un miroir.

"Pouah... l'odeur est infecte !" M'écriais-je, le coude couvrant mon nez.

"C'est l'odeur des vrai zhommes cha."

Il rentra dans une des toilette et ferma la porte. Je croisais les bras en réfléchissant sur la situation. Après que ce crétin ai fini de vider son réservoir de déjections humaines, comment faire pour retrouver ma classe ? Et Julia ? Elle devait sûrement être entrain de me chercher, ou peut-être elle était déjà rentrée. Ou bien même pire, ma classe aurait changé de salle, comme les autres. L'horreur !
J'imaginais Julia retourner la tête basse,« Je l'ai cherché partout,Monsieur Delassus, » avec un air de victime. « Mais rien, elle s'est évaporée en un rien de temps. »
De l'autre côté, la probabilité que quelqu'un entre dans ces toilettes était de 85% , prenant en compte que nous étions dans les toilettes des « grands » on pouvait dire que ma chance de croiser Léon,en ce moment même, était de 95% parce qu'il était dans le couloir et non pas en cours.

La porte derrière moi s'entrouvra et laissa dépasser le visage du morveux.

"Ehhm... j'arrive pas a faire quand quelqu'un m'écoute... Ça te dérangerait de faire un peu de bruit ?"

Arrgh. Bon sang qu'il se dépêche ! Si on restait encore plus de 2 minutes ici on allait finir asphyxié par l'odeur.

Je tapais des pieds bougrement en bouchant mes oreilles : "Marie avait un petit agneau, un petit agneau," le premier air qui m'était passé par la tête. "Marie avait un petit agneau, petit agneau..."

En voyant ma propre réflexion sur le miroir... on aurait dit un énergumène acharné, une folle possédée. Tant pis, personne me voyait.

"Je dérange QUELQU'UN?" S'enquit une voix comique derrière moi.

"Sa toison était blanche comme neige—"

Mon souffle se coupa. L'humiliation m'empêcha de dire quoi que ce soit. Ce qui devait arriver, arriva. Deux garçons moqueurs, suivi de Léon se tenaient devant l'entrée. En me voyant ses yeux s'écarquillèrent, surpris de me voir ici puis il posa une main sur son front et soupira.

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