Le repas se passait pour le moment dans une pseudo bonne humeur.
La Mère d'Isabella n'avait pas encore fait de commentaires sur leur couple, Amelia commençait à se détendre assez pour discuter avec le Père de l'Italienne du trio, celui-ci se montrant particulièrement intéressé par ses cours pour apprendre le piano qu'elle avait commencé il y a quelques semaines.
Il avait lui-même fait du piano quand il était plus jeune, mais plus du piano classique, sa Mère ayant voulu lui donner une bonne éducation.
Il avait abandonné un peu plus tard, afin de jouer au football, comme tous ses amis, mais il le regrettait maintenant.
- Vous devriez reprendre, sourit doucement Amelia, il n'est jamais trop tard pour apprendre quoi que ce soit, c'est ce que mon Père dit toujours.
- Je pourrais oui, c'est vrai que j'ai bien plus de temps pour moi maintenant que je n'ai plus aucun de mes petits monstres à la maison. Je vais me renseigner sur des cours.
- N'hésitez pas à me tenir au courant de votre avancé, je pourrais partager certaines partitions avec vous par la suite.
- Je le ferait.
Et puis ensuite Eduardo c'était doucement penché en direction de sa fille, avant de lui murmurer un simple :
- Je comprends pourquoi tu l'aimes autant, elle est adorable cette petite.
Ce qui avait suffi pour faire rougir Amy, qui comme toujours avait du mal à réellement comprendre que l'on puisse lui faire un compliment quelconque, même si elle le méritait.
- Tu vois ! Je te l'avais dit !
- Mais je devais me faire mon propre avis, après tout on parle de Mio Pulcino, je devais m'assurer que tu avais de bonnes personnes pour prendre soin de toi.
- Attends... Mio Pulcino ? Est-ce que ton Père t'appelle vraiment mon Poussin ? Intervint Ella, qui avait suivi jusqu'ici la conversation dans un silence relatif, ce qui était assez inhabituel pour elle, il fallait bien l'avouer.
La Professeure d'Anglais suivait depuis plusieurs semaines des cours d'Italien en secret, tout comme Amelia, les deux jeunes femmes souhaitant en connaitre plus sur la culture de leur petite amie et sur la langue maternelle de la jeune femme.
- Comment sais-tu ça ?
- Tu sais que je suis douée avec les langues, tu pensais vraiment pouvoir me cacher ce surnom encore longtemps ? C'est siiii mignon !
Isabella leva les yeux au ciel devant la moue moqueuse de sa petite amie, ainsi que l'étincelle dans son regard.
Ella avait trouvé un nouveau sujet de moquerie et elle n'allait pas le lâcher de sitôt.
- Est-ce qu'il y a une chance que tu n'utilises jamais ce surnom ?
- Pas une seule chance, désolée Mio Pulcino, rétorqua-t-elle en abusant de l'accent, faisant sourire Amy.
- Elles sont toujours comme ça ? Demanda Eduardo, interrompant ce qui allait sans aucun doute être une nouvelle joute verbale entre Ella et Isabella.
- Oh oui, répondit Amelia, faisant semblait d'être blasée, et là encore, c'est soft, leurs duels verbaux sont très drôles à suivre, j'ai acheté une réserve de pop-corn juste pour ce genre de moments.
- Hey ! S'exclamèrent d'une seule et même voix l'Américaine et l'Italienne du trio, faisant rire toute la tablée, sauf peut-être la Mère d'Isabella, tandis qu'au même moment, celle qu'Ella surnommait le microbe se réveillait de sa sieste et se mettait à pleurer, alertant toute la table.
- Tu veux t'en occuper Ella ? Demanda Gabriella, l'unique réponse qu'elle recevant étant un regard d'horreur, je suppose que cela veut dire non ?
- Isabella, est-ce que tu peux dire à ta sœur que je ne toucherais pas à cette mandragore avant qu'elle ne sache parler, marcher et aller aux toilettes par elle-même ?
Amelia ne put s'empêcher d'éclater de rire, Ella se tournant dans sa direction avant de lui tirer la langue.
- Tu veux peut-être t'en occuper à ma place Amelia Delcourt ? Demanda Ella, tout en se levant pour se placer derrière sa petite amie, posant un baiser sur sa joue.
La question fut tout ce qui suffit à calmer les rires d'Amy, qui secoua la tête avec horreur.
- Je n'ai rien fait pour mériter une telle punition !
- Tu vois ! Donc ne te moques pas trop de moi, je crois que nous sommes d'accord sur le sujet.
- J'ai rigolé à cause de l'appellation Mandragore. Je viens d'imaginer la petite en train d'être plongée dans un pot de terre pour la faire taire.
- Je n'avais pas pensé aussi loin.
- J'ai une imagination débordante, tu le sais.
- Je m'en rends compte oui.
Ella vit la sœur d'Isabella se pencher en direction de sa sœur, avant de lui souffler un truc au creux de l'oreille, la danseuse lui répondant en haussant les épaules.
- Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que ça parlait de nous ? Murmura Ella en passant ses bras autour des épaules d'Amelia.
- Parce que ça parlait de nous ?
- Je crois qu'on n'a pas vraiment marqué de point en refusant de s'occuper du Microbe.
- Je pense malheureusement que tu as raison. Mais dis-toi que nous en aurions marqués encore moins s'il lui était arrivé quelque chose pendant qu'on s'en occupait.
- Amelia Delcourt, la voix de la sagesse, lança avec un amusement certain Ella, avant de jeter un coup d'œil à Isabella qui les regardait toutes les deux avec interrogation, un souci Mio Pulcino ?
- Papa ! C'est de ta faute ! J'espère que tu t'en rends compte !
- Je ne vois pas du tout de quoi tu parles.
Regardant Isabella lever les yeux au ciel, Ella ne put s'empêcher de rire, Amelia se joignant à elle.
- Isabelle chérie, j'adore ton Père !
- Le contraire m'aurait étonné !
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Le reste de la soirée se passa plutôt bien.
La Mère d'Isabella n'avait quasiment pas ouvert la bouche de tout le repas, comme si elle refusait de reconnaitre la présence des âmes-sœurs de sa fille, ce qui avait tendance à jeter un froid sur la tablée, quand une question lui était posée.
Mais ce n'était pas plus mal si on écoutait la danseuse, au moins elle n'avait pas essayé de provoquer de scènes au restaurant.
Entrant finalement dans l'appartement qu'elles partageaient plus ou moins toutes les trois, Ella ne tarda pas à se laisser tomber sur le canapé, soupirant de bien être, fermant les yeux.
- Je vais avoir besoin d'une semaine pour me remettre de ça.
- J'ai bien peur que tu n'aies pas une semaine Amore Mio. Nous les revoyons demain.
- Noooo, why ?
Un léger rire sortit d'entre les lèvres de la plus jeune du trio, tandis qu'elle se laissait tomber sur le canapé aux côtés de sa petite amie.
- Je vote pour une semaine de congé également. Je pense que le simple faites que je n'ai pas fini par faire une crise de panique suffit à la mériter totalement.
- Tu fais passer ma famille pour des monstres, ils ne sont pas si horribles que ça.
- J'aime bien ton Père, répondit Amelia, Ella acquiesçant à ses côtés.
- J'approuve, j'aime bien ton Père aussi. Mais tes sœurs me filent la frousse, surtout la plus jeune, elle a essayé de me refiler le Microbe au moins 3 fois et ça la faisait rire quand je la regardais avec les yeux un peu trop écarquillés.
- Ma nièce n'est pas si terrible que ça...
- Tu plaisantes ? Elle a vomi deux fois et elle a bavé autant qu'un escargot sur une feuille de salade. C'est terrible ! Grimaça l'Américaine, faisant rire Amelia, tandis qu'Isabella levait les yeux au ciel.
- Ça serait si terrible que ça ? Un bébé ? Pour nous trois ?
- Duh... Tu connais ma position sur le sujet, ce n'est pas la première fois que tu me poses la question. Si ça ne sait pas parler, marcher, s'essuyer les fesses tout seul, ça ne m'intéresse pas.
- Amy...
- Je suis désolée Is', mais sur ce sujet je suis d'accord avec Ella, je n'ai jamais été très enfants en bas âge, là où tout le monde de mon âge allait garder des bébés et des enfants en bas âge, je restais le plus loin possible d'eux...
- Vous êtes des cas désespérés, soupira l'Italienne, avant de venir s'asseoir à côté de ses copines.
- Mais tu nous aimes, répondit Ella, tout en prenant la blonde du trio dans ses bras, espérant lui faire changer de sujet.
Elle était consciente que la conversation n'avait pas été dans le sens qu'espérait la danseuse, mais elle ne pouvait pas juste lui dire "oui" pour lui faire plaisir.
De plus, ce n'était pas vraiment la première fois qu'elles avaient cette conversation et cela même alors qu'Amelia n'était même pas encore dans leur vie.
Et la réponse de la Professeure était toujours la même :
"No Baby".
La jeune femme était d'accord pour faire beaucoup de compromis sur plus ou moins tout dans leur relation et leur vie de couple, mais les bébés n'étaient pas l'un d'eux.
Ella était consciente qu'un jour elles devraient toutes les trois avoir une vraie conversation sérieuse à ce sujet, afin de savoir ce qu'elles feraient dans un futur plus ou moins proche, mais aujourd'hui n'était clairement pas le jour.
Tout d'abord, elles étaient bien trop fatiguées pour ça et en plus, leur relation à toutes les trois n'était pas encore tout à fait installée.
Amelia, bien qu'elle passe la plupart de ses nuits avec elles, n'avait pas encore tout à fait emménagée, préférant garder encore un peu son indépendance.
Et même sans cela, leur relation était encore toute nouvelle, quand elle voyait des enfants dans sa vie, elle ne les voyait pas si jeune, elle les voyait bien plus tard, une fois qu'elle aurait eu le temps de vivre un peu, de découvrir le monde avec ses âmes-sœurs et surtout, elle les voyait grand, pas bébés...
- Bien sûr que je vous aime, il faut bien ça pour que je puisse vous supporter, rétorqua avec amusement Isabella, posant un baiser sur la joue d'Ella, avant de se contorsionner pour atteindre la joue d'Amelia, la ratant de peu, ses lèvres atterrissant sur celles de la plus jeune du trio, celle-ci soupirant de bien être, se détendant dans le baiser.
- Hey ! Je vais être jalouse !
Terminant le baiser, Isabella se replaça correctement sur le canapé, avant de rétorquer par un :
- J'estime que tu n'as aucun droit d'être jalouse quand tu es celle qui a eu le droit au premier baiser d'Amy.
- Tu ne vas pas me le ressortir à chaque fois ça !
- Oh si et ne me dis pas que tu ne le ferais pas si j'avais été celle qui avait eu le droit à ce fameux premier baiser.
Ella allait ouvrit la bouche pour répondre, mais Amelia l'en empêcha, posant ses lèvres doucement sur celles de l'Américaine.
- Vous n'allez pas recommencer à vous chamailler, je suis bien trop fatiguée pour vous écouter là, bailla la Française juste après avoir terminé sa phrase.
- Je pense que c'est le moment d'aller se préparer pour aller dormir... Je prends la salle de bain en première ! Ajouta Isabella, se levant en quittant la pièce presque immédiatement, ne laissant pas le temps à ses deux âmes-sœurs de se plaindre.
- Est-ce qu'elle vient juste de ?
- Ouai, soupira Amelia, se plaçant confortablement contre Ella, comme toujours...
- Un jour nous réussirons à la battre sur son propre terrain.
- Continuons à y croire...
Le silence s'installa entre les deux jeunes femmes, confortable, à tel point qu'Ella se sentait tout doucement partir dans les bras de Morphée...
- Elle n'arrêtera pas hein ? Retentit la voix d'Amelia, faisant froncer les sourcils à l'Américaine.
- Comment ça ?
- Isabella... J'ai l'impression que le sujet des bébés revient de plus en plus sur le tapis... C'est encore pire depuis qu'elle a demandé à sa famille de venir pour une visite...
- Ouai... Je ne suis donc pas la seule à l'avoir remarqué...
- C'est quoi le plan donc ?
- Le plan ?
- Je ne veux pas d'enfant, ou en tout cas pas tout de suite... Les bébés ce n'est vraiment pas mon truc et visiblement toi non plus, donc, je te le demande, c'est quoi le plan ?
- Il n'y a pas de plan.
- Tu n'as pas de plan ?
- Je n'ai pas de plan, acquiesça Ella, je sais qu'il va falloir que l'on en parle avec elle sérieusement un jour, mais j'espère retarder l'échéance le plus possible.
- Et je croyais être la froussarde de notre trouple, s'amusa Amelia, mais il semblerait qu'au final tu sois la poule mouillée !
- Hey ! Je ne te permets pas !
- Et bien je me le permets toute seule !
- Que veux-tu que je lui dise ? Non, je vais reformuler, que veux-tu que nous lui disions ? Parce qu'après tout, maintenant tu es dans le même bateau que moi.
- Je ne dis pas que nous devons lui parler demain. Mais je pense qu'il sera bon de lui parler une fois que sa famille sera repartie, que nous soyons toutes d'accord sur comment va se poursuivre la suite de notre relation.
Ella était soufflée par la maturité d'Amelia à cet instant.
Jamais elle n'aurait pensé que la jeune femme serait celle qui proposerait une discussion frontale.
- Je pense que tu as raison, attendons que sa famille ne soit plus dans le coin, ça évitera à ses sœurs de se mêler de nos affaires.
- Nous avons donc un accord.
Le silence se fit à nouveau dans la pièce, rapidement interrompu par Isabella revenant dans la pièce, son pyjama pilou-pilou enfilé.
Les trois jeunes femmes avaient reçu des pyjamas assortis à Noël de la part des parents d'Amelia et Isabella adorait vraiment le sien, elle qui avait toujours froid la nuit.
- Je vous laisse la salle de bain, avant que vous ne vous endormiez sur le canapé.
Amelia n'attendit pas pour se lever, se dirigeant à son tour en direction de la salle de bain.
- Je te laisse garder Ella réveillée, sinon je pense qu'elle va finir par dormir sur le canapé.
- Ne t'en fait pas, je veille sur elle, lui assura Isabella, mais visiblement elle fit un mauvais travail à cela, parce que se fut la dernière phrase que l'Américaine entendit avant de s'endormir, la journée et la soirée forte en émotion ayant eu raison d'elle...